Évolution ou Révolution ?

Le 21 mai 2020, Anne Soupa, théo­lo­gienne et
bibliste pro­gres­siste de 73 ans, annon­çait sa can­di­da­ture
à la suc­ces­sion du car­di­nal Barbarin pour
pro­vo­quer une prise de conscience devant l’invisibilité
des femmes dans l’Église.

Le 21 mai 2020, Anne Soupa, théo­lo­gienne et bibliste pro­gres­siste de 73 ans, annon­çait sa can­di­da­ture à la suc­ces­sion du car­di­nal Barbarin pour pro­vo­quer une prise de conscience devant l’invisibilité des femmes dans l’Église. Anne Soupa est connue pour son mili­tan­tisme fémi­niste dans l’Église. En 2008, suite aux pro­pos dépla­cés du car­di­nal Vingt-​Trois (« le tout ce n’est pas d’a­voir une jupe, c’est d’a­voir quelque chose dans la tête »), elle avait fon­dé avec Christine Pedotti le Comité de la jupe dont le but prin­ci­pal était de « pro­mou­voir l’égalité des femmes et des hommes dans la gou­ver­nance des com­mu­nau­tés reli­gieuses, en par­ti­cu­lier au sein de l’Église catho­lique. »

Son appel en mai 2020 à « toutes les femmes bri­dées à can­di­da­ter par­tout où elles se sentent appe­lées » fut sui­vi ce 22 juillet, par la créa­tion du col­lec­tif Toutes apôtres !. En pos­tu­lant à des fonc­tions réser­vées aux clercs par le droit canon, sept femmes, se reven­di­quant – très modes­te­ment – de « la place de Marie-​Madeleine », remirent au nonce un dos­sier per­son­nel où après une pro­fes­sion de foi, elles expo­saient cha­cune la fonc­tion à laquelle elles pos­tu­laient (nonce, évêque, curé !…) et le type de ser­vice qu’elles pré­ten­daient être en droit d’assumer.

Notons par­mi ces sept can­di­dates fémi­nistes aux pro­fils très divers, une femme divor­cée, mère et grand mère, appe­lée à la pré­di­ca­tion, une spé­cia­liste de l’intelligence émo­tion­nelle et du mana­ge­ment posi­tif, appe­lée à être diacre tout comme cette mas­so­thé­ra­peute, « assi­gnée homme à sa nais­sance » … Sans oublier la femme déjà prêtre (?) can­di­date à deve­nir curé… Faut-​il consi­dé­rer la démarche d’Anne Soupa comme une autre pro­vo­ca­tion qu’il faut igno­rer ? De fait, cette ini­tia­tive n’a sus­ci­té jusque-​là aucune réac­tion de la part des auto­ri­tés ecclé­sias­tiques. Seule la réponse de Sandra Bureau, pro­fes­seur du sémi­naire Saint-​Irénée de Lyon, publiée fin juin dans une tri­bune du Figaro s’ins­crit en faux avec l’hy­per média­ti­sa­tion de ces can­di­da­tures : « Il faut avoir plus de goût pour la polé­mique que pour la véri­té, et somme toute peu de culture chré­tienne pour se lais­ser prendre à l’argumentation de Mme Soupa… Si le droit affirme que seul un homme (vir) peut être ordon­né, c’est parce que Dieu, en son Fils, s’est fait homme, parce qu’il a épou­sé une huma­ni­té sin­gu­lière, mas­cu­line (vir). Ni l’Église, ni son droit, ne sont au-​dessus de ce que Dieu veut et fait, et ce fai­sant de ce qu’il nous dit qu’il est et de ce qu’il nous dit que nous sommes… si “les femmes ne peuvent être prêtres” ce n’est pas une décon­si­dé­ra­tion de la femme, c’est peut-​être même sa consi­dé­ra­tion la plus haute, en ne vou­lant pas faire des femmes ce qu’elles ne sont pas, des hommes – contrai­re­ment à notre civi­li­sa­tion occi­den­tale qui ne voit l’avènement de la femme que dans son éga­li­té pour ne pas dire sa confu­sion avec l’homme. »

Pour mieux connaître les inten­tions d’Anne Soupa, nous uti­li­se­rons les docu­ments sui­vants : la décla­ra­tion de 2018 à l’occasion des 10 ans du comi­té de la jupe, la can­di­da­ture d’Anne Soupa de mai 2020 à la suc­ces­sion du Cardinal Barbarin, l’ex­pli­ca­tion de la pre­mière célé­bra­tion du dit comi­té en juin 2020, et le com­mu­ni­qué du col­lec­tif toutes apôtres ! de juillet 2020.

Une histoire nouvelle

Si les reven­di­ca­tions fémi­nistes ne sont pas nou­velles, jusqu’à Pie XII, elles ne trou­vaient pas d’écho dans l’Église. Pourquoi ? Simple conser­va­tisme, selon Anne Soupa. Non, l’ecclésiologie tra­di­tion­nelle était ferme dans ses prin­cipes. Si Anne Soupa peut aujourd’­hui se per­mettre un tel coup d’é­clat, c’est parce la nou­velle Église, dans sa folie de vivre à l’u­nis­son avec la socié­té, a adop­té la séman­tique propre au fémi­nisme, et s’est habi­tuée à déni­grer sa propre his­toire. Il y a cepen­dant des actes de magis­tère récents ; il faut les rap­pe­ler car seuls ils sont l’Autorité, et seuls, ils disent, non pas l’opinion d’untel, mais la pen­sée et la dis­ci­pline de l’Église.

  • 1976. Déclaration Inter insi­gniores de la Congrégation pour la doc­trine de la foi (CDF) à qui Paul VI a deman­dé de cla­ri­fier ce point : l’Église ne se consi­dère pas auto­ri­sée à admettre les femmes à l’ordination sacerdotale.
  • 1988. Lettre apos­to­lique Mulieris digni­ta­tem. Pour Jean-​Paul II, en n’appelant que des hommes à être ses Apôtres, le Christ a agi d’une manière tota­le­ment libre et sou­ve­raine. Il l’a fait dans la liber­té même avec laquelle il a mis en valeur la digni­té et la voca­tion de la femme…
  • 1994. Lettre Ordinatio sacer­do­ta­lis. Pour Jean-​Paul II, la doc­trine qui exclut la femme du sacer­doce réclame un assen­ti­ment défi­ni­tif des fidèles.
  • 2004. L’instruction Redemptionis sacra­men­tum argu­mente l’assignation de la pré­di­ca­tion au seul sacer­doce ordonné. 
  • 2018. Une note de la CDF réitère la doc­trine de l’Église pla­cée sous le signe de l’infaillibilité du magistère.

Une faiblesse tyrannique acceptée

Une telle mul­ti­pli­ca­tion de rap­pels devrait nous ras­su­rer, sauf que pour une per­sonne comme Anne Soupa, influen­ceuse et mili­tante convain­cue, ces défenses n’en sont pas. N’est-​elle pas théo­lo­gienne ? En révi­sion­niste de la dis­ci­pline catho­lique, elle est déci­dée à opé­rer non pas une réforme mais la « révo­lu­tion coper­ni­cienne » de l’Église. Portée par la mode et tirant sa force des fai­blesses de l’Église actuelle, elle crée des asso­cia­tions, fait des confé­rences, fédère autour de sa cause les contraires… peu importe, il suf­fit à cha­cun « de mettre en par­tage ses idées ».

En abor­dant le « pro­blème et le rôle » du laï­cat dans l’Église (Lumen gen­tium), Vatican II déve­lop­pait la doc­trine du sacer­doce uni­ver­sel des bap­ti­sés et ouvrait inévi­ta­ble­ment le pro­blème de la place des femmes. L’argumentation de Paul VI et Jean-​Paul II pour rap­pe­ler l’im­pos­si­bi­li­té d’or­don­ner des femmes est elle-​même en rup­ture avec le lan­gage anté­rieur : en effet la rai­son prin­ci­pale pour laquelle la dis­ci­pline anté­rieure refu­sait le sacer­doce aux femmes était que l’ins­ti­tu­tion divine du Christ, donc le droit posi­tif révé­lé, était conforme au droit natu­rel (tel que Dieu avait vou­lu que l’homme et la femme soit dans la créa­tion, d’un point de vue poli­tique et domes­tique). Paul VI et Jean-​Paul II en fai­sant volon­tai­re­ment abs­trac­tion de ce droit natu­rel, ne donnent comme argu­ment que l’ins­ti­tu­tion divine… ce qu’Anne Soupa n’a pas de mal à com­prendre comme une simple conve­nance « utile à l’Église ».

Convaincue de devoir reprendre la séman­tique des mili­tants fémi­nistes, l’Église en a adop­té les pro­blé­ma­tiques. C’est ain­si que l’élévation de grandes saintes à la digni­té de doc­teur de l’Église fut com­prise comme un effort de pari­té. Et cela mit un peu plus de confu­sion sur la notion d’enseignement dans l’Église. Seul le sacer­doce donne le triple pou­voir pour les fonc­tions sacrées du culte, les fonc­tions d’en­sei­gne­ment, et celles du gou­ver­ne­ment… le sacer­doce est une charge qui donne auto­ri­té, et cela est de droit divin.

La porte est ouverte

Effort de pari­té ou consé­quence de la démo­gra­phique des fidèles ? de nom­breux postes dans l’Église, de la simple ges­tion admi­nis­tra­tive aux postes jus­qu’a­lors réser­vés aux clercs, sont confiés aux femmes. Ainsi dans les conseils parois­siaux ou dio­cé­sains, les femmes sont majo­ri­taires. Sans doute, l’Église peut confier des pou­voirs de droit ecclé­sias­tique à des femmes, comme aux supé­rieures de congré­ga­tions fémi­nines, mais à la condi­tion que la nature de ces pou­voirs résulte de déci­sions humaines ; mais dès que ce qui est gou­ver­né est le corps mys­tique du Christ, ce pou­voir de droit divin ne peut être dis­tinct du pou­voir sur le corps phy­sique du Christ, que donne le sacre­ment de l’Ordre. Cette ten­dance est confir­mée par la pré­sence de femmes non consa­crées dans les ser­vices du Saint-​Siège. En 2008, Benoît XVI avait nom­mé 25 expertes ou audi­trices pour assis­ter au synode des évêques, sur un thème qui ne l’exigeait pas, la Parole de Dieu. Il en fut de même à la pre­mière ses­sion du synode sur la famille. 

Cette pra­tique deve­nue habi­tuelle affai­blit un peu plus les exi­gences cano­niques. Que fait de plus un clerc qu’un laïc com­pé­tant dans les affaires liées au pou­voir de juri­dic­tion ? Matériellement rien, sauf que l’Église n’est pas une socié­té natu­relle et c’est toute la dif­fé­rence. Les rebon­dis­se­ments quant au dia­co­nat fémi­nin sont symp­to­ma­tiques. Sortie de son tabou, l’éventualité de sa res­tau­ra­tion bute encore sur la ques­tion de savoir si il y avait une ordi­na­tion, comme pour les diacres, ou non. Mais usque­quo ? La pra­tique de l’Église avait pour­tant tran­ché, mais quand le « magis­tère » se fait fi de la tra­di­tion, il ne lui reste plus que de se pro­non­cer avec auto­ri­té. La com­mis­sion de 2016 qui s’était sépa­rée sans posi­tion com­mune va être relan­cée… avec de nou­veaux membres. « Dans les faits, sou­ligne un vicaire géné­ral, cer­taines femmes sont objec­ti­ve­ment des dia­co­nesses. Un jour, des évi­dences finissent par s’imposer et cela devrait bien trou­ver sa forme ins­ti­tu­tion­nelle et litur­gique ». L’affaire est enten­due mais déjà la solu­tion ne satis­fe­ra pas.

La porte est ouverte. Les évêques ama­zo­niens, lors du récent Synode, ont expri­mé l’urgence de confier des minis­tères « pour les hommes et les femmes de manière équi­table » au nom du sacer­doce des bap­ti­sés : ils n’a­vaient que quelques fuseaux horaires d’a­vance… en sep­tembre der­nier, le pape se dévoi­lait en évo­quant, dans le der­nier motu pro­prio sur la parole de Dieu, la néces­si­té de for­mer cer­tains fidèles à être de véri­tables annon­cia­teurs de la Parole avec une pré­pa­ra­tion adé­quate, comme cela se pro­duit de manière désor­mais habi­tuelle pour les aco­lytes ou les ministres extra­or­di­naires de la com­mu­nion. Veulent-​elles vrai­ment être prêtres ? c’est plus sub­tile : faire comme les clercs, deve­nir calife à la place du calife n’est pas notre ambi­tion ? En invo­quant l’invisibilité des femmes dans l’Église et « parce qu’à Lyon, quatre arche­vêques suc­ces­sifs, Mgrs Decourtray, Billé, Balland, Barbarin, ont failli dans leur tâche pre­mière de pro­té­ger leurs com­mu­nau­tés des pré­da­teurs, Anne Soupa entend redon­ner une légi­ti­mi­té au corps épis­co­pal… et redon­ner confiance aux « catho­liques du dio­cèse de Lyon, laïcs et prêtres, qui aspirent tous à une parole vraie, libé­rée, dans une com­mu­nau­té sou­dée ». Et cela, selon notre can­di­date, n’est pos­sible que par l’ouverture de l’Église aux femmes… de quoi nous lais­ser sceptique !

La révolution en marche

Cherche-​t-​elle uni­que­ment à par­ti­ci­per au gou­ver­ne­ment de l’Église ? « Gouverner un dio­cèse ne requiert d’être prêtre que parce que le droit canon en a déci­dé ain­si… Depuis la plus haute anti­qui­té, l’évêque (l’« épi­scope ») est un sur­veillant, un pro­tec­teur qui observe et veille sur la cohé­sion et la rec­ti­tude doc­tri­nale d’un ensemble de com­mu­nau­tés ». Elle veut plus, elle veut une église sans la hié­rar­chie éta­blie par le Christ. Le « tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâti­rai mon Église », doit prendre en compte le sacer­doce com­mun des bap­ti­sés. Ne par­lons plus d’Ordre dans l’Église, mais de minis­tères : ils sont « un ser­vice, un appel de l’Esprit ». L’église dont elle rêve n’est plus l’Église enti­té sur­na­tu­relle et royaume de la grâce, de droit divin, mais une église pneu­ma­tique (de pneu­ma, esprit), où seule l’inspiration de l’Esprit est le prin­cipe et où l’organisation est celle d’une ONG. Ainsi nos sept cham­pionnes jus­ti­fient leur démarche par une motion de l’Esprit : « en régime catho­lique, on ne can­di­date pas… on est appe­lé ! » En excluant les femmes, les clercs ont contre­dit l’Esprit ! « l’obstacle à l’ouverture aux femmes, et plus lar­ge­ment aux non ordonné.e.s, n’est pas spi­ri­tuel, il est poli­tique et cultu­rel ».

« Que nous nous consi­dé­rions tous et toutes comme des célé­brants, demande-​t-​elle lors de la pre­mière célé­bra­tion du comi­té de la jupe… parce qu’il n’y a pas de pré­sident de cette célé­bra­tion, parce que c’est l’assemblée qui célèbre toute entière ». Le sacer­doce com­mun des bap­ti­sés valo­ri­sé par Vatican II lui per­met de nier la réa­li­té du sacer­doce ins­ti­tué par Notre-​Seigneur lors de la der­nière Cène : « Les Douze com­pa­gnons de Jésus n’étaient pas prêtres, Pierre était même marié ». Et repre­nant les thèses révi­sion­nistes du théo­lo­gien Joseph Moingt, elle affirme qu’il n’y a pas de sacer­doce sacré avant le IIIème siècle ! « Quand on consulte les récits des ori­gines chré­tiennes, on n’observe aucune trace d’une dis­tinc­tion entre per­sonnes consa­crées et non consa­crées … Le cahier des charges d’une ins­ti­tu­tion sacer­do­tale est vide… la fonc­tion­na­li­té du sacer­doce est livrée à l’herméneutique de l’Église, qui la défi­nit selon ses besoins ». 

Selon Anne Soupa, les clercs fondent leur auto­ri­té dans l’Église sur la culpa­bi­li­té qu’ils mettent dans les esprits et leur « grande four­be­rie » fut de faire de l’eu­cha­ris­tie un sacri­fice : « Le prêtre prend ain­si une posi­tion d’intercesseur comme il l’était par­fois dans le Premier Testament. Il règne sur le chœur, deve­nu son espace de média­tion entre l’assemblée et Dieu… Il faut bien voir que, tout en visant à favo­ri­ser des voca­tions pres­by­té­rales, ces dis­po­si­tions clivent en fonc­tion de la « pure­té ». Le peuple, glo­ba­le­ment, serait impur, les femmes encore davantage… »

Pour elle, il faut redon­ner à l’eu­cha­ris­tie son sens pri­mi­tif : « au pre­mier siècle le repas du sei­gneur était une pra­tique domes­tique et laïque, puisque tout était laïc. Avoir mis la main sur l’eucharistie est une sorte de coup de force des clercs et aujourd’hui c’est une confis­ca­tion car ce bien appar­tient à tout le peuple de Dieu… » L’eucharistie est « la célé­bra­tion de la résur­rec­tion, le mémo­rial du matin de Pâques » et pour cela, il n’y a pas besoin d’ordre sacré : « la résur­rec­tion donc la pré­sence du Christ, n’apporte aucun béné­fice secon­daire au corps des prêtres. »

Une Église qui a perdu le surnaturel

Il y a plus que du fémi­nisme dans la pen­sée d’Anne Soupa. En la lisant, on constate qu’elle ne fait aucun cas de l’ordre sur­na­tu­rel. Comme une mala­die auto immune contre laquelle l’é­glise actuelle ne peut rien, sa pen­sée est le pro­duit d’é­tudes théo­lo­giques non catho­liques, mais aus­si le fruit de la nou­velle messe. 

L’avilissement de l’Eucharistie, écri­vait Romano Amerio, est le phé­no­mène le plus mar­quant de l’Église contem­po­raine. C’est, en der­nière ana­lyse, l’effet de la perte de la foi à son carac­tère sub­stan­tiel et objec­tif. Si l’Eucharistie n’est que célé­bra­tion d’une mémoire… elle des­cend de son trône éle­vé et s’aligne sur les rites connus en eth­no­gra­phie des reli­gions, de repas sacré pour s’identifier au dieu… il n’y a pas là ce qui est propre au mys­tère chré­tien où Dieu est réel­le­ment pré­sent et où on le prend.

Lors de la pre­mière célé­bra­tion du comi­té de la jupe, elle rap­pel­le­ra les deux prin­cipes de l’eu­cha­ris­tie : « la libé­ra­tion de la ser­vi­tude et la pré­sence du res­sus­ci­té par­mi nous », en écou­tant la parole de Dieu et en la man­geant : « comme l’avait fait l’auteur du livre de l’apocalypse qui a man­gé le petit livre et cette parole de Dieu sera notre nourriture. »

Une der­nière ques­tion : qui est cause de quoi ? Cette pous­sée pari­taire n’est-​elle qu’une réso­nance des pro­blèmes socié­taux, ou ne serait-​elle pas le nou­veau che­val de Troie des enne­mis de l’Église ? Le fémi­nisme existe depuis les tri­co­teuses de la révo­lu­tion : contre l’aristocratie et son héré­di­té mas­cu­line d’abord, contre la doc­trine chré­tienne de la faute ori­gi­nelle, ensuite. Est-​ce une coïn­ci­dence si Anne Soupa fut reçue le 28 sep­tembre der­nier, à la facul­té d’Aix-en-Provence par le Grand Collège des Rites écos­sais et le Grand Orient de France, en com­pa­gnie, entre autres, de Daniela Touati, rab­bin libé­rale à Lyon, Cécile Plaa, pas­teure de l’église pro­tes­tante unie de France à Marseille et de Hédia Koju Ferjani, nonne boud­dhiste de la tra­di­tion Zen Soto, sur le thème Femmes en reli­gion, reli­gions de femme ? Si la maçon­ne­rie n’est pas fémi­niste dans ses tra­di­tions et dans son his­toire, les ini­tiés savent atti­ser les flammes sou­ter­raines, et « contre l’in­fâme », tous les moyens de sape sont bons. Nos digni­taires actuels aiment jouer à s’approcher du foyer incan­des­cent… le pas­sé ne leur a‑t-​il pas suf­fi ? si le bra­sier prend, il débor­de­ra les pro­pa­ga­teurs de ces idées libé­rales ; inca­pables d’agir ensuite si ce n’est pour main­te­nir leur pré­séance, ils seront anéan­tis par ce mer­veilleux enthousiasme.

Sortons des fausses pro­blé­ma­tiques : s’il n’y a plus de messe, ce n’est pas parce qu’il n’y a plus de prêtre. C’est au contraire parce qu’il n’y a plus la messe de tou­jours ou qu’elle est sou­mise aux condi­tions modernes, qu’il n’y a plus de prêtre. Quant au fémi­nisme, il est en fait un mas­cu­li­nisme, une volon­té avé­rée de déna­tu­rer toute masculinité…

A suivre…

Abbé Vincent Bétin

Source : L’Aigle de Lyon n°362