Communiqué du District de France du 29 octobre 2005 : l’abbé Pierre

Suresnes , le 29 octobre 2005

Une dépêche de l’AFP du 26 octobre nous apprend que « l’ab­bé Pierre parle avec fran­chise de sexua­li­té et d’ho­mo­pa­ren­ta­li­té. Il reste à 93 ans une figure favo­rite des Français, pense que le céli­bat des prêtres ne doit plus être obli­ga­toire, évoque ses expé­riences sexuelles et se montre ouvert sur l’ho­mo­pa­ren­ta­li­té, dans un livre inti­tu­lé « Mon Dieu ..pour­quoi ? »

L« Hebdomadaire Le Point cite les « bonnes pages » du der­nier ava­tar lit­té­raire de ce prêtre arché­type de tout ce que le moder­nisme peut pro­duire de plus gau­chi­sant et de plus dévié de la pen­sée chrétienne :

- « ll sera le héros d’un documentaire-​fiction du cinéaste Claude Pinoteau, pré­vu sur France 2 à Noël. En atten­dant, ce prêtre hors norme, qui – depuis un demi-​siècle – est l’une des per­son­na­li­tés pré­fé­rées des Français, revient sur le devant de la scène à tra­vers un livre à la forme sobre et au fond explosif.
– Cet opus­cule est le fruit de plu­sieurs conver­sa­tions (une cin­quan­taine sur un an) de l’ab­bé Pierre avec Frédéric Lenoir, écri­vain et direc­teur du maga­zine Le Monde des reli­gions. C’est sans doute là l’ou­vrage le plus intime qu’il ait publié ces der­nières années. A 93 ans, le fon­da­teur d’Emmaüs revient, en effet, aux sources de son enga­ge­ment : le mys­tère de la foi.
– Méditant sur le bon­heur, l’a­mour, le péché ou l’en­fer, l’an­cien capu­cin frère Philippe, en une petite cen­taine de pages, entraîne ses lec­teurs vers les mys­tères de l’Eucharistie ou de la Sainte Trinité, sur les traces de Jésus, Bouddha ou du jésuite Teilhard de Chardin. Au pas­sage, il bous­cule le dogme catho­lique sur des ques­tions qui agitent la socié­té et – mez­za voce – les rangs des chré­tiens. »
(Jérôme Cordelier).

Voici quelque uns des pro­pos tenus par l’ab­bé Pierre :

- « Pourquoi refu­ser à des femmes l’ac­cès aux minis­tères ordon­nés ? Je n’ai jamais com­pris pour­quoi Jean-​Paul II et le car­di­nal Ratzinger avaient affir­mé que jamais l’Eglise n’or­don­ne­rait des femmes. »
– « Je com­prends le désir sin­cère de nom­breux couples homo­sexuels, qui ont sou­vent vécu leur amour dans l’ex­clu­sion et la clan­des­ti­ni­té, de faire recon­naître celui-​ci par la socié­té. Jusqu’à son décès, j’ai eu comme secré­taire le père Peretti, qui ne fai­sait pas mys­tère de son homo­sexua­li­té et qui est l’un des fon­da­teurs d’une asso­cia­tion chré­tienne pour la recon­nais­sance de l’ho­mo­sexua­li­té : David et Jonathan. J’ai récem­ment ren­con­tré les membres de cette asso­cia­tion. Je leur ai dit que le mot « mariage » était trop pro­fon­dé­ment enra­ci­né dans la conscience col­lec­tive comme l’u­nion d’un homme et d’une femme pour qu’on puisse comme cela, du jour au len­de­main, uti­li­ser le même mot pour un couple de même sexe. Cela crée­rait un trau­ma­tisme et une désta­bi­li­sa­tion sociale forte. Pourquoi ne pas uti­li­ser le mot d” »alliance », tout aus­si beau et moins étroi­te­ment mar­qué dans l’u­sage social ? »
– « Je connais des prêtres qui vivent en concu­bi­nage avec une femme qu’ils aiment depuis des années et qui acceptent bien cette situa­tion. Ils conti­nuent d’être de bons prêtres. Cela pose la ques­tion cru­ciale pour l’Eglise du mariage des prêtres et de l’or­di­na­tion d’hommes mariés. »
– « Je ne serais pas éton­né qu’au cours de son pon­ti­fi­cat Benoît XVI prenne deux mesures jugées libé­rales : per­mettre aux divor­cés rema­riés de com­mu­nier et ordon­ner prêtre des « anciens », des hommes mariés qui ont déjà éle­vé leurs enfants. »
– « Jésus marié à Marie Madeleine ? « Cette hypo­thèse ne trouble nul­le­ment ma foi. Autrement dit, je m’é­lève contre ceux qui affirment qu’il est impos­sible que Jésus ait eu des rela­tions sexuelles au nom de sa divinité. »

Nous atten­dions la réac­tion des Evêques de France face à cet « égout col­lec­teur de toutes les héré­sies » qu’est deve­nue la pen­sée de l’ab­bé Pierre. Elle n’a pas tardé…sous la forme d’un com­mu­ni­qué à la Ponce Pilate signée de Marie-​Caroline de Marliave, direc­trice de la com­mu­ni­ca­tion de la Conférence des Evêques de France :

« Ce livre qui se veut grand public pose un cer­tain nombre de ques­tions. Comme beau­coup de points sont abor­dés sur un for­mat court, les approxi­ma­tions sont nom­breuses. Je mets de côté le pas­sage sur la chas­te­té : c’est un témoi­gnage per­son­nel. Le synode des évêques, qui vient de s’a­che­ver, a rap­pel­lé « l’im­por­tance du don ines­ti­mable du céli­bat ecclésiastique ».
Ramener la ques­tion de la place des femmes dans l’Eglise à l’ac­cès au sacer­doce, c’est réflé­chir en termes de pou­voir. Cela revient à déve­lop­per une vision clé­ri­cale, qui omet l’ap­port des femmes à la vie de l’Eglise. Dans ce cha­pitre, un point d’ar­gu­men­ta­tion est par­ti­cu­liè­re­ment gênant : dis­so­cier le Christ de Jésus remet en cause le cœur de la foi chrétienne.
Les ques­tions liées à l’ho­mo­sexua­li­té sont abor­dées non sans déma­go­gie. L’adoption d’en­fants par des couples homo­sexuels n’est pas seule­ment un pro­blème de confort psychologique.
Est-​ce rendre jus­tice à la foi chré­tienne, et à la soif des croyants et non-​croyants, que d’en don­ner une lec­ture qui ne choque pas et qui en gomme les aspé­ri­tés ? Dans ce livre, tous les points dif­fi­ciles sont rabo­tés. Les auteurs vont dans le sens du vent. La faute sans doute à la briè­ve­té du format… »

C’est tout ce que l’Eglise de France a offi­ciel­le­ment trou­vé à dire sur les pro­pos pro­pre­ment héré­tiques, blas­phé­ma­teurs et insul­tants à l’é­gard de Notre-​Seigneur pro­fé­rés par l’un de ses membres le plus média­tique et le plus médiatisé.

Les scan­dales viennent s’ad­di­tion­ner les uns aux autres. Est-​ce une rai­son pour se las­ser de pro­tes­ter ? Nous ne le croyons pas. Les outrages contre la reli­gion doivent encore et tou­jours être dénon­cés comme tels pour la gloire de Dieu et pour que les consciences droites soient confor­tées dans leur juste indignation.

Nous encou­ra­geons aus­si nos fidèles et nos lec­teurs à expri­mer leur pro­tes­ta­tion contre ces nou­veaux blas­phèmes auprès de la Conférence Episcopale de France.

Abbé Régis de Cacqueray†,
Supérieur du District de France

Capucin de Morgon

Le Père Joseph fut ancien­ne­ment l’ab­bé Régis de Cacqueray-​Valménier, FSSPX. Il a été ordon­né dans la FSSPX en 1992 et a exer­cé la charge de Supérieur du District de France durant deux fois six années de 2002 à 2014. Il quitte son poste avec l’ac­cord de ses supé­rieurs le 15 août 2014 pour prendre le che­min du cloître au Couvent Saint François de Morgon.