Commentaire sur le « Compendium » du CEC

Le catéchisme du concile Vatican II

« Comment accueillir un caté­chisme de forme tra­di­tion­nelle par ques­tions et réponses, com­po­sé et pro­mul­gué par un nou­veau pape à la solide répu­ta­tion conser­va­trice, caté­chisme qui semble déplaire for­te­ment aux pro­gres­sistes et pro­vo­quer des grin­ce­ments de dents chez cer­tains évêques français ? »

Le 28 juin der­nier, le pape Benoît XVI signait la lettre apos­to­lique pro­mul­guant le Compendium du Catéchisme de l’Église catho­lique (titré Catéchisme de l’Église catho­lique abré­gé dans son édi­tion fran­çaise). Il s’a­git du pre­mier acte majeur du pon­ti­fi­cat, dans la mesure où la clas­sique ency­clique inau­gu­rale n’a pas encore été publiée.
Cet ouvrage caté­ché­tique est pro­fon­dé­ment l’acte du nou­veau pon­tife, il exprime sa pen­sée intime et la direc­tion qu’il entend don­ner à l’Église au seuil du troi­sième mil­lé­naire. On se sou­vient, en effet, que le car­di­nal Ratzinger avait été le maître d’ouvre du Catéchisme de l’Église catho­lique pro­mul­gué en 1992 par le pape Jean-​Paul II. Or, il a été aus­si le maître d’ouvre de son Compendium, deman­dé par le Congrès caté­ché­tique inter­na­tio­nal de 2002, en sorte qu’il signe sous son nom car­di­na­lice l’in­tro­duc­tion de l’ou­vrage en date du 20 mars 2005. Depuis 1983 et ses confé­rences à Lyon et à Paris qui avaient tant déplu aux évêques fran­çais, nous savons d’ailleurs que la ques­tion du caté­chisme est cen­trale pour Josef Ratzinger deve­nu Benoît XVI.

Une heureuse surprise

Lorsque enfin on peut avoir ce fameux Compendium entre les mains, on éprouve une heu­reuse sur­prise. Le volume est agré­men­té de belles images du patri­moine de l’i­co­no­gra­phie chré­tienne, qui marquent la pro­gres­sion et les arti­cu­la­tions de l’ex­po­sé. Le style est clair et dense, favo­ri­sant la net­te­té de la pen­sée. Pour la plus grande joie de l’es­prit atta­ché à la tra­di­tion caté­ché­tique, le Compendium pro­cède par ques­tions et réponses brèves, ce qui est beau­coup plus agréable que le style un peu touf­fu du Catéchisme de 1992.

La dis­tri­bu­tion des par­ties est faite selon le sché­ma même du Catéchisme du concile de Trente, que Jean Madiran a par­fai­te­ment résu­mé par la for­mule des « trois connais­sances néces­saires au salut (et la doc­trine des sacre­ments sans les­quels ces trois connais­sances res­te­raient ordi­nai­re­ment inef­fi­caces) » (Lettre à Paul VI du 27 octobre 1972).

Tandis que le Catéchisme de 1992 écra­sait son lec­teur sous des cen­taines de réfé­rences à Vatican II, on peut par­cou­rir les 216 pages et les 598 ques­tions du Compendium sans décou­vrir un seul ren­voi au fameux « Concile » : c’est un véri­table sou­la­ge­ment pour l’âme. A la place de ce fatras conci­liaire, ce sont de belles cita­tions des Pères de l’Église et des saints qui sont offertes à notre médi­ta­tion et rythment les expo­sés un peu plus tech­niques. Non pas, d’ailleurs, que le style soit abs­cons : évi­tant tout jar­gon, l’ou­vrage pro­pose une for­mu­la­tion simple et pré­cise, acces­sible, selon les mots de Benoît XVI,

« à toute per­sonne qui, vivant dans un monde inco­hé­rent et aux mul­tiples mes­sages, désire connaître le Chemin de la Vie, la Vérité confiée par Dieu à l’Église de son Fils. »

En par­cou­rant ce Compendium, on y découvre beau­coup d’ex­po­sés clas­siques et bien venus de la doc­trine catho­lique, avec par­fois des expres­sions heu­reuses et des cita­tions habi­le­ment choi­sies. Pour le mon­trer, il suf­fit de repro­duire la pre­mière question :

« Quel est le des­sein de Dieu sur l’homme ? Infiniment par­fait et bien­heu­reux en lui-​même, Dieu, dans un des­sein de pure bon­té, a libre­ment créé l’homme pour le rendre par­ti­ci­pant de sa vie bien­heu­reuse. Lorsque les temps furent accom­plis, Dieu le Père a envoyé son Fils comme Rédempteur et Sauveur des hommes tom­bés dans le péché, pour les appe­ler dans son Église et pour leur don­ner d’être ses fils adop­tifs par l’ac­tion de l’Esprit-​Saint et les héri­tiers de son éter­ni­té bienheureuse. »

On res­pire là l’air vivi­fiant de la foi catho­lique, tel que nous le trou­vons dans le Catéchisme du concile de Trente et ses abré­gés, au pre­mier rang des­quels le Catéchisme de saint Pie X.

Au regard de ces qua­li­tés évi­dentes, en consi­dé­rant l’air pin­cé et décon­fit de cer­tains membres de l’é­pis­co­pat fran­çais, comme les com­men­taires grin­çants des pro­gres­sistes avé­rés, on ima­gine sans peine que les évêques, les prêtres et les fidèles un tant soit peu atta­chés à la tra­di­tion catho­lique vont vou­loir oppo­ser ce caté­chisme (et ses for­mules per­cu­tantes et syn­thé­tiques) aux révo­lu­tion­naires ecclé­sias­tiques de tout poil.

Est-​ce à dire alors, comme a cru bon de le faire une revue de « contre-​réforme catho­lique », que ce Compendium, « après qua­rante ans d’a­po­sta­sie », consti­tue « une géniale instauration-​restauration de la Révélation divine pour le salut d’un monde en per­di­tion », « une divine contre-​attaque », « une nou­velle édi­tion du Catéchisme, revue et cor­ri­gée de toutes ses erreurs », en sorte que « nous pou­vons, nous devons aban­don­ner aujourd’­hui tout soup­çon et bien apprendre notre leçon » ? Nous en serions heu­reux, mille fois bien­heu­reux : car ce serait le signe indu­bi­table que la crise de l’Église dont nous souf­frons si vive­ment, et qui est si pré­ju­di­ciable au salut des âmes, amorce sa décrue et com­mence à se résorber.

Deuxième lecture

Oui, ce serait pour nous une joie immense de rece­voir des mains du nou­veau pape Benoît XVI, accom­plis­sant ain­si sa mis­sion de « confir­mer ses frères », un expo­sé sûr de la foi catho­lique dont les âmes de tous les catho­liques, et les nôtres en par­ti­cu­lier, pour­raient vivre sans aucun obs­tacle. Malheureusement, après l’en­thou­siasme de la pre­mière lec­ture rapide et super­fi­cielle, vient le temps de la lec­ture appro­fon­die, la plume à la main. Et là, le bel édi­fice qui nous avait séduits au pre­mier abord révèle ses failles, ses lézardes et ses dangers.

Nous l’a­vons dit plus haut, le Compendium ne pro­pose aucune « réfé­rence » à Vatican II, en sorte qu’on pour­rait croire qu’il n’en fait aucune « cita­tion ». Mais en com­pa­rant les textes, on constate que c’est le contraire qui est vrai : en de nom­breux endroits, le Compendium consti­tue un recueil de phrases (sans guille­mets) habi­le­ment extraites du Concile, et véhi­cu­lant toutes ses erreurs.

A la ques­tion 152, par exemple, l’Église est défi­nie « signe et ins­tru­ment de la récon­ci­lia­tion et de la com­mu­nion de toute l’hu­ma­ni­té avec Dieu et de l’u­ni­té de tout le genre humain ». Il s’a­git d’une cita­tion du Lumen gen­tium 1, bien dif­fé­rente de la défi­ni­tion pro­po­sée par le Catéchisme de saint Pie X :

« L’Église catho­lique est la socié­té ou réunion de tous les bap­ti­sés qui, vivant sur la terre, pro­fessent la même foi et la même loi de Jésus-​Christ, par­ti­cipent aux mêmes sacre­ments et obéissent aux pas­teurs légi­times, prin­ci­pa­le­ment au Pontife romain. »

Les ques­tions 161–170 sont un par­fait résu­mé, presque entiè­re­ment com­po­sé de cita­tions lit­té­rales, de toutes les erreurs de l’o­cu­mé­nisme et du dia­logue inter-​religieux conte­nues dans la consti­tu­tion sur l’Église Lumen gen­tium, dans le décret sur l’o­cu­mé­nisme Unitatis redin­te­gra­tio et dans la décla­ra­tion sur les reli­gions non chré­tiennes Nostra ætate : l’Église du Christ « sub­siste dans » l’Église catho­lique par laquelle seule on peut « atteindre la plé­ni­tude des moyens du salut » ; les bap­ti­sés non catho­liques sont « dans une cer­taine com­mu­nion, bien qu’im­par­faite » avec l’Église ; il faut recon­naître que « ce qu’il y a de bon et de vrai dans les autres reli­gions vient de Dieu » ; en sorte que « tous les hommes, sous diverses formes, appar­tiennent ou sont ordon­nés à l’u­ni­té catho­lique du peuple de Dieu », etc.

La fausse col­lé­gia­li­té pro­mue par Lumen gen­tium et mal com­bat­tue par la Nota præ­via est clai­re­ment ensei­gnée dans les ques­tions 180 et 182.

Un résumé de Vatican II

Lorsqu’on aborde la deuxième par­tie, « La célé­bra­tion du mys­tère chré­tien », on se trouve tout sim­ple­ment devant la consti­tu­tion sur la litur­gie Sacrosanctum conci­lium, citée à lon­gueur de phrase sous cette forme de caté­chisme. Or, c’est de cette consti­tu­tion qu’est sor­tie la catas­tro­phique réforme litur­gique qui a lit­té­ra­le­ment rava­gé l’Église.
La ques­tion 293 reprend le décret sur les Églises orien­tales Orientalium eccle­sia­rum en son numé­ro 27 pour admettre à la com­mu­nion les schis­ma­tiques orien­taux, et même tous les bap­ti­sés non catho­liques « qui mani­festent la foi catho­lique à l’é­gard du sacrement ».

Conformément à la consti­tu­tion Gaudium et spes, le Compendium, en ses ques­tions 338, 456 et 496, inverse les deux fins du mariage, alors que Pie XII décla­rait en 1951, de la manière la plus solen­nelle, que leur ordre était direc­te­ment fon­dé sur la volon­té de Dieu et rati­fié par le magis­tère constant de l’Église.

Si la ques­tion 365 est une dou­teuse défi­ni­tion de la liber­té, les ques­tions 373 et 444 sont un « remar­quable » résu­mé de la doc­trine essen­tiel­le­ment fausse de la pré­ten­due « liber­té reli­gieuse » conte­nue dans la décla­ra­tion Dignitatis humanæ.
Nous pour­rions conti­nuer ain­si long­temps. Le concile Vatican II n’ap­pa­raît pas visi­ble­ment dans le Compendium, tout sim­ple­ment parce qu’il en est la trame, la sub­stance, la rai­son d’être. On peut dire que nous tenons, en ce texte, le résu­mé le mieux fait et le plus auto­ri­sé du fameux Concile, c’est-​à-​dire le plus violent et le plus insi­dieux poi­son pour l’âme cré­dule qui pen­se­rait se trou­ver en pré­sence d’un expo­sé objec­tif de la foi catho­lique. Comme le Catéchisme du concile de Trente exprime la doc­trine tra­di­tion­nelle rap­pe­lée par le concile de Trente, le Compendium exprime la doc­trine nou­velle et fausse inven­tée par le concile Vatican II.

Ambiguïtés et omissions

Outre ces erreurs tirées direc­te­ment de Vatican II, le Compendium contient de nom­breuses autres erreurs, des impré­ci­sions, des ambi­guï­tés, des inver­sions, de mau­vaises tra­duc­tions (« Ne nous sou­mets pas à la ten­ta­tion » dans le Notre Père, « De même nature » dans le Credo), sur les­quelles il n’est pas pos­sible de nous attar­der. Ne citons que la défi­ni­tion, pour le moins ori­gi­nale, que le Compendium donne de la « belle ver­tu », comme par­laient nos pères : « La chas­te­té est l’in­té­gra­tion réus­sie de la sexua­li­té dans la per­sonne. » On peut vrai­ment dire que le chré­tien est éclai­ré dans son com­bat spi­ri­tuel face aux ten­ta­tions d’im­pu­re­té, grâce à cette définition !

Mais le Compendium four­mille éga­le­ment d’o­mis­sions plus ou moins graves, qui risquent de n’être guère remar­quées et vont donc endor­mir la vigi­lance de la foi dans une sécu­ri­té trom­peuse et mor­telle. Citons-​en sim­ple­ment une. Dans sa par­tie consa­crée à l’Eucharistie, le Catéchisme du concile de Trente consacre qua­torze ques­tions (ce qui n’est déjà pas beau­coup) au sublime mys­tère du sacri­fice de la messe. Or, dans les ques­tions 271–294 du Compendium consa­crées à l’Eucharistie, on peut dire que la sacri­fice de la messe est pra­ti­que­ment escamoté.

Trois étages

Comment expli­quer cette contra­dic­tion entre deux lec­tures suc­ces­sives du même texte ? Par la nature même du Compendium, que nous avons abor­dé sans avoir consi­dé­ré d’a­bord son but et son dessein.

Le pape Benoît XVI, dans sa lettre apos­to­lique de pré­sen­ta­tion, en défi­nit fort clai­re­ment la nature :

« Le Compendium (.) est une syn­thèse fidèle et sûre du Catéchisme de l’Église catho­lique. (.) Dans sa struc­ture, dans son conte­nu et dans son lan­gage, il reflète fidè­le­ment le Catéchisme de l’Église catholique. »

Cette défi­ni­tion est exacte, il n’est pas dif­fi­cile de le véri­fier : outre le fait que ce sont les mêmes per­sonnes qui ont réa­li­sé, dans le même esprit, le Catéchisme et son Compendium, ce der­nier donne sys­té­ma­ti­que­ment les numé­ros du Catéchisme dont il est le résu­mé, ce qui per­met une com­pa­rai­son facile et convaincante.

De ce fait, for­mel­le­ment, le juge­ment à por­ter sur le Compendium découle de celui déjà por­té sur le Catéchisme de 1992 (cf. Le nou­veau Catéchisme de l’Église catho­lique est-​il catho­lique ?, Clovis, 1993).

Le texte de 1992 se défi­nis­sait ainsi :

« Ce Catéchisme a pour but de pré­sen­ter un expo­sé orga­nique et syn­thé­tique des conte­nus essen­tiels et fon­da­men­taux de la doc­trine catho­lique tant sur la foi que sur la morale, à la lumière du concile Vatican II et de l’en­semble de la Tradition de l’Église(édition fran­çaise Mame-​Plon, 1992, p. 13). »

Il existe donc trois « étages » dans le Compendium, comme dans le Catéchisme dont il est le résu­mé : à la base, la doc­trine catho­lique ; mais cette doc­trine est « relue » à la lumière de Vatican II ; ce filtre du Concile étant lui-​même ins­crit (autant que cela est pos­sible) dans la conti­nui­té de la Tradition.

Il n’est donc pas éton­nant de décou­vrir dans le Compendium beau­coup d’ex­po­sés clas­siques et bien venus de la doc­trine catho­lique : c’est la base.

Mais ces expo­sés doc­tri­naux appa­rem­ment clas­siques sont sou­vent viciés, peu ou prou, par des doc­trines nou­velles ensei­gnées par Vatican II, des points de vue inso­lites par rap­port à l’es­prit de foi, des atté­nua­tions ou accen­tua­tions qui ne cor­res­pondent guère à la tra­di­tion catho­lique telle qu’elle s’est expri­mée durant vingt siècles : c’est la « relec­ture » de la doc­trine catho­lique à la lumière du Concile.

Retrouver le vrai Concile ?

Toutefois, il convient de remar­quer que ce filtre de Vatican II n’est pas celui qui a « explo­sé » dans les années 60 et 70, ouvrant la porte à toutes sortes d’a­bus, d’ex­cès voire de folies (comme les 80 000 prêtres qui ont défro­qué entre 1962 et 1982, par exemple). On sent, au contraire, un sou­ci de pré­ci­sion, un désir d’é­li­mi­na­tion d’er­reurs pos­sibles ou d’in­ter­pré­ta­tions mal­en­con­treuses, une volon­té d’en­ra­ci­ne­ment le plus fort pos­sible dans la tra­di­tion ecclé­siale, de conti­nui­té avec le pas­sé : c’est l’es­prit du Concile inter­pré­té « dans une fidèle conti­nui­té avec la Tradition bimil­lé­naire de l’Église », selon les paroles de Benoît XVI dans son pre­mier mes­sage après le conclave.

Le car­di­nal Ratzinger, prin­ci­pal col­la­bo­ra­teur au plan doc­tri­nal du pape Jean-​Paul II, déjà che­ville ouvrière du Catéchisme, et deve­nu récem­ment le pape Benoît XVI, a expri­mé à de nom­breuses reprises son des­sein à pro­pos de Vatican II. Il s’a­git pour lui de rece­voir plei­ne­ment ce concile, « don de l’Esprit-​Saint à l’Église », mais en « retrou­vant le vrai Concile » au-​delà d’un pré­ten­du « esprit du Concile » deve­nu un « super dogme », de façon à plei­ne­ment « ins­crire et enra­ci­ner Vatican II dans la Tradition de l’Église ». Incontestablement, le Compendium fait par­tie de ce des­sein, comme déjà le Catéchisme.

Selon que l’on consi­dère l’un ou l’autre « étage » du Compendium, le juge­ment dif­fère : posi­tif en ce qui concerne la doc­trine catho­lique clas­sique ; néga­tif en ce qui concerne les erreurs du Concile qui y affleurent ; dubi­ta­tif en ce qui concerne la pos­si­bi­li­té réelle d’ins­crire le Concile dans la Tradition. Cependant, nous dit l’a­dage, « Bonum ex inte­gra cau­sa, malum ex quo­cumque defec­tu », « Le bien vient d’une chose intègre, le mal d’un défaut quel­conque » : le Compendium, étant vicié par le filtre des erreurs conci­liaires, ne peut être jugé pure­ment et sim­ple­ment bon.

Le catéchisme du Concile

Quel juge­ment final por­ter alors sur ce Compendium ?
Si l’on regarde ce qu’il com­bat, le bilan est plu­tôt posi­tif. Par rap­port aux excès, aux erreurs, aux dévia­tions des super-​progressistes, il pré­cise, il cla­ri­fie, il éli­mine et même il lui arrive de condam­ner. En ce sens, il réa­lise un tra­vail utile, et l’on peut pen­ser à tous ceux qui, dans l’Église, se ser­vi­ront de ce Compendium pour faire bar­rage aux erreurs et pro­mou­voir des valeurs plus traditionnelles.

Mais ceci n’est pas l’u­nique consi­dé­ra­tion à avoir sur cet ouvrage, ni même la prin­ci­pale : c’est du côté de ce que prône posi­ti­ve­ment le Compendium qu’il faut se tour­ner pour le juger en toute véri­té. Or, par rap­port à la véri­table Tradition de l’Église, le Compendium enra­cine, il sta­bi­lise, il for­ti­fie les idées et les erreurs du Concile.

On peut reprendre pour ce Compendium ce que Jean-​Paul II disait de façon extrê­me­ment claire le 7 décembre 1992 à pro­pos du Catéchisme dont il est le résumé :

« [Je vous remer­cie pour] le soin que vous avez appor­té à la pré­sen­ta­tion du conte­nu de la foi de façon conforme à la véri­té biblique, à la tra­di­tion authen­tique de l’Église et en par­ti­cu­lier aux ensei­gne­ments du concile Vatican II (.). C’est un don pro­phé­tique, et il expose cette véri­té à la lumière du concile Vatican II. »

Et le lendemain :

« Ce caté­chisme post­con­ci­liaire qui consti­tue un com­pen­dium de la véri­té annon­cée par l’Église dans le monde entier, est le fruit le plus mûr et le plus com­plet de l’en­sei­gne­ment conciliaire. »

Il est donc clair que le Compendium, s’il est uti­li­sé tel qu’il est rédi­gé et dans l’es­prit selon lequel il a été rédi­gé, contri­bue­ra à impré­gner les esprits de la doc­trine de Vatican II.

La véri­té nous contraint donc à dire que le Compendium du Catéchisme de l’Église catho­lique, consi­dé­ré selon sa nature propre, n’est pas un bon ouvrage, même s’il peut avoir des consé­quences acci­den­tel­le­ment et occa­sion­nel­le­ment posi­tives (en ce qu’il sera sans doute uti­li­sé, ad homi­nem, pour contre­car­rer cer­taines erreurs encore plus graves).

Un verre à moitié plein ?

Toutefois, un phé­no­mène ins­crit dans l’his­toire ne doit pas être éva­lué exclu­si­ve­ment par ses causes intrin­sèques : sa posi­tion dans le dérou­le­ment du temps est un élé­ment non négli­geable du juge­ment à por­ter sur lui. Par exemple, la por­tée et le sens d’une loi limi­tant la vitesse à 100 km/​h sur une route, même si cette loi pos­sède sa nature propre, sont modi­fiés selon qu’il s’a­git d’une aug­men­ta­tion de la vitesse par rap­port à une vitesse de 90 km/​h auto­ri­sée pré­cé­dem­ment ou d’une réduc­tion de cette vitesse par rap­port à une vitesse de 110 km/​h auto­ri­sée précédemment.

L’avenir seul, à tra­vers le dérou­le­ment du pon­ti­fi­cat tout juste com­men­cé de Benoît XVI, pour­ra nous révé­ler la place qu’au­ra occu­pée ce Compendium dans l’é­vo­lu­tion de l’Église. Si l’es­prit conci­liaire conti­nue de se répandre de plus en plus loin et de plus en plus pro­fond, notam­ment par le biais de ce Compendium, il se sera agi d’une nou­velle étape, et pas de la moindre, de l’auto-​destruction de l’Église. Mais si, au contraire, l’es­prit conci­liaire a atteint son point le plus haut dans le pas­sé, et que ce Compendium consti­tue un pas dans le retour vers la Tradition, il pour­ra s’être agi d’un évé­ne­ment heu­reux, même s’il est de soi insuffisant.

Toutefois, si la paru­tion de ce Compendium entraîne une cer­taine amé­lio­ra­tion de la situa­tion, ce sera parce que ce texte sera moins mau­vais que ceux qu’il est appe­lé à rem­pla­cer dans l’en­sei­gne­ment post­con­ci­liaire. Aux véri­tables catho­liques, en revanche, qui peuvent avoir accès à la doc­trine sûre et authen­tique de l’Église, ce Compendium est tout à fait inutile.

Nous nous abs­tien­drons donc d’u­ti­li­ser ce Compendium, comme d’ailleurs le Catéchisme de l’Église catho­lique, nous atta­chant fidè­le­ment au caté­chisme de tou­jours, fon­dé sur le Catéchisme du concile de Trente, et l’é­tu­diant avec zèle et esprit sur­na­tu­rel, afin de gar­der la foi au milieu de cette crise ter­rible que nous traversons.

Maison Saint-​Pie X de Suresnes
Le 3 sep­tembre 2005
En la fête de saint Pie X.

Le « Compendium » 2005 du CEC (96 pages)

La ver­sion du Compendium du Catéchisme de l’Eglise Catholique en for­mat pdf