Stuttgart : Entretien du 29 septembre 2011 avec M. l’abbé Niklaus Pfüger

Basilique Sainte-Marie-Majeure - 14 mars 2013 - Le Pape François priant devant la chasse de saint Pie V, le lendemain même de son élection, en la chapelle sixtine construite par Sixte V et dédiée à saint Pie V

Sur le site du dis­trict d’Allemagne, M. l’abbé Niklaus Pfluger, pre­mier Assistant géné­ral de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X, a répon­du le 29 sep­tembre 2011 à quelques ques­tions concer­nant la réunion du 14 sep­tembre à Rome et les docu­ments remis au Supérieur géné­ral de la Fraternité.

On sait qu’il a été remis un Préambule doc­tri­nal d’un grand inté­rêt. Bien que vous soyez tenu à la confi­den­tia­li­té sur le conte­nu de ce docu­ment, pouvez-​vous nous dire com­ment vous voyez ce texte ?

Le texte pro­po­sé admet de notre côté des cor­rec­tions. Et cela est néces­saire, ne serait-​ce que pour clai­re­ment et défi­ni­ti­ve­ment éli­mi­ner la moindre ombre d’ambiguïté ou de mal­en­ten­du. A pré­sent il nous revient d’apporter à Rome une réponse qui reflète notre posi­tion et mani­feste sans ambi­guï­té les pré­oc­cu­pa­tions de la Tradition. Du fait de notre mis­sion de fidé­li­té à la Tradition catho­lique, nous nous devons de ne pas faire de com­pro­mis. Les fidèles, et encore plus les prêtres, savent très bien que les offres romaines faites par le pas­sé aux dif­fé­rentes com­mu­nau­tés conser­va­trices étaient inac­cep­tables. Si main­te­nant Rome fait une offre à la Fraternité, il faut que ce soit clai­re­ment et sans équi­voque pour le bien de l’Eglise, et que cela accé­lère le retour à la Tradition. Nous fai­sons nôtre la pen­sée et la manière d’agir de toute l’Eglise catho­lique. Elle a une mis­sion uni­ver­selle et ce fut tou­jours l’ardent désir de notre fon­da­teur que la Tradition refleu­risse par­tout dans le monde. Une recon­nais­sance cano­nique de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X pour­rait jus­te­ment favo­ri­ser cela.

Certaines cri­tiques disent que Rome vou­drait avec ce pré­am­bule tendre un piège à la Fraternité. Une Fraternité légi­ti­me­ment inté­grée pour­rait certes appor­ter à l’Eglise moderne son « cha­risme de Tradition », mais elle devrait aus­si accep­ter d’autres che­mins et la pen­sée conci­liaire dans le sens du pluralisme.

Cette cri­tique est entiè­re­ment jus­ti­fiée et à prendre au sérieux. Nous ne pou­vons pas exclure l’impression qu’il s’établirait une accep­ta­tion silen­cieuse, menant en effet à cette diver­si­té qui rela­ti­vise la seule véri­té : c’est cela jus­te­ment la base du modernisme.

Assise III et plus encore cette mal­heu­reuse béa­ti­fi­ca­tion de Jean Paul II, et bien d’autres exemples, montrent clai­re­ment que les auto­ri­tés de l’Eglise ne sont tou­jours pas prêtes à aban­don­ner les faux prin­cipes de Vatican II et leurs consé­quences. De sorte que toute offre faite à la Tradition doit nous garan­tir la liber­té à la fois de conti­nuer notre œuvre et notre cri­tique envers « la Rome moder­niste ». Et cela semble, pour par­ler fran­che­ment, très, très dif­fi­cile. Encore une fois, tout com­pro­mis faux ou dan­ge­reux doit être exclu.

Il est vain de com­pa­rer la situa­tion actuelle avec les entre­tiens de 1988. A cette époque Rome vou­lait empê­cher toute auto­no­mie de la Fraternité Saint-​Pie X ; l’évêque qu’on vou­lait peut-​être ou peut-​être pas accor­der aurait dû en tout cas être dépen­dant de Rome. Cela appa­rut à Mgr Marcel Lefebvre sim­ple­ment trop incer­tain. S’il avait cédé, Rome aurait vrai­ment pu espé­rer qu’une Fraternité sans ses « propres » évêques s’orienterait à un moment ou à un autre vers la ligne conci­liaire. Aujourd’hui la situa­tion est toute autre. Il y a quatre évêques et 550 prêtres répan­dus dans le monde, tan­dis que les struc­tures de l’Eglise offi­cielle s’écroulent de plus en plus et tou­jours plus vite. Rome ne peut plus trai­ter la Fraternité comme elle le fit voi­ci plus de 20 ans.

Voyez-​vous une chance d’une réponse posi­tive ? Est-​ce que la Fraternité Saint-​Pie X sous­cri­ra au Préambule ?

La diplo­ma­tie joue ici un grand rôle. Extérieurement, Rome veut gar­der la face. Le pape a déjà essuyé beau­coup trop de reproches pour avoir enle­vé « l’excommunication » de nos évêques sans préa­lables. Si cela n’avait tenu qu’à la majo­ri­té des évêques alle­mands, la Fraternité aurait dû avant tout signer une recon­nais­sance en blanc du concile. Du reste, ils l’exigent tou­jours. Le Pape Benoît XVI n’a pas fait cela. De même pour la libé­ra­tion de la messe tri­den­tine, qui était l’autre condi­tion que la Fraternité avait pré­sen­tée. Ainsi Rome a accé­dé par deux fois aux dési­rs de la Fraternité. Il est évident que, main­te­nant, on demande un texte qui puisse être pré­sen­té au public. La ques­tion se pose de savoir si l’on peut signer ce texte. Dans une semaine, les supé­rieurs de la Fraternité Saint-​Pie X se ren­con­tre­ront à Rome pour dis­cu­ter de ce sujet. Bien sûr, il doit être clair aus­si pour le car­di­nal Levada et la Congrégation de la Doctrine de la foi, qu’ils ne peuvent pas exi­ger un texte que, de son côté, la Fraternité ne pour­rait pas jus­ti­fier devant ses membres et ses fidèles.

A qui les entre­tiens donnent-​ils le plus grand avan­tage : à Rome ou à la Fraternité Saint-​Pie X ?

C’est un point très impor­tant, aus­si j’insiste : pour nous il ne s’agit pas d’acquérir un avan­tage. Nous vou­lons de nou­veau rendre acces­sible pour toute l’Eglise le tré­sor que Mgr Lefebvre nous a trans­mis. Sur ce point, un sta­tut cano­nique serait un béné­fice pour toute l’Eglise. Par exemple, on peut ima­gi­ner qu’un évêque conser­va­teur puisse deman­der à un prêtre de la Fraternité de venir ensei­gner dans son sémi­naire dio­cé­sain. De plus, une régu­la­tion de notre situa­tion pour­rait aus­si signi­fier que des catho­liques, qui se lais­saient autre­fois dis­sua­der par des éti­quettes infa­mantes, osent peut-​être alors nous rejoindre. Mais il ne s’agit pas de cela. Depuis 41 ans la Fraternité s’est déve­lop­pée régu­liè­re­ment, et ceci mal­gré l’argument mas­sue de « l’excommunication ». Nous nous sou­cions bien davan­tage de l’Eglise catho­lique. Avec Mgr Lefebvre, nous vou­lons dire aus­si ces mots de saint Paul : « Tradidi quod et acce­pi » – nous trans­met­tons ce que nous avons nous-​mêmes reçu.

Traduction . Entretien com­plet en ver­sion ori­gi­nale sur .

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