N° 30 – Octobre 2011
hère Madame,
Une maman chrétienne, vivant selon le Cœur du Bon Dieu, dépose dans l’âme de son enfant, comme dans une terre féconde – après le saint Baptême -, les heureuses semences de la foi et de la vertu. Malgré cela, parfois, c’est en vain ; car, si la foi sommeille, l’ennemi vient et il sème l’ivraie qui ne tarde pas à étouffer le bon grain. Il est, en conséquence, nécessaire que la maman veille à toute heure.
« Avez-vous des enfants ? dit le Saint-Esprit, gardez-les avec soin. » Quel n’est pas, en effet, le prix du trésor qui vous est confié ! Ce dépôt, c’est l’innocence de votre enfant.
Bien des mamans se plaignent : Mais pourquoi mon enfant est-il ainsi ? Pourquoi est-il si désobéissant ? Comment se fait-il, si petit, qu’il soit insolent ? …et j’en passe…
Chère Madame, il est plus aisé de prévenir que de guérir.
Aussi, c’est de la vigilance dont je voudrais vous entretenir aujourd’hui. Notre-Seigneur, Lui-même, nous exhorte à cette vigilance quand Il dit à ses disciples, juste avant sa Passion : « veillez et priez afin de ne pas entrer en tentation. »
Qu’est-ce que cette vigilance ? Ce mot vient du verbe latin : vigilare qui signifie « veiller ». La maman doit garder ses yeux « ouverts », être attentive à tout par une surveillance soutenue et constante ! Aujourd’hui, sous prétexte de liberté, de ne pas « traumatiser », d’éveiller le sens de la responsabilité, que sais-je ? on laisse l’enfant faire ce qu’il veut : c’est tout simplement le rendre incapable d’obéir, car la liberté ne connaît pas de frontières ! Au contraire l’obéissance aimante est un guide éducatif qui, en mettant des frontières, dirige le cœur et l’agir du petit ; pour cela le « regard » de la maman fixé sur lui, va lui apprendre à vivre par amour… et non par contrainte, va lui montrer « le bien à faire » et « le mal à fuir » : c’est tout un art… qui doit jaillir du cœur de la maman fixé dans le Cœur de Dieu. Ah ! si l’on connaissait mieux les ressources qu’une maman peut trouver dans le Cœur de Dieu, ce Cœur infiniment paternel… Oui, si notre Foi était plus vive ! Demandons chaque jour au Seigneur d’augmenter en nous la Foi !
La négligence est le défaut opposé à la vigilance. Ne constatons-nous pas combien l’enfance est abîmée ?
L’intelligence de ce petit être s’ouvre pour le mal avec une précocité effrayante. Aussi la maman devra protéger les sens de son enfant : surtout les yeux. Il n’est pas bon de tout voir, de tout savoir. Les yeux sont les fenêtres de ce sanctuaire qu’est l’âme. Pourquoi je parle de l’âme en tant que sanctuaire ? Parce que depuis le baptême la Sainte Trinité y habite ; aussi Chère Maman, c’est votre devoir de protéger ce sanctuaire et donc de veiller sur les yeux de votre petit. Comme j’ai déjà eu l’occasion de vous l’écrire, la télévision, les images (vidéos et autres) s’impriment facilement dans l’âme… Une seule image peut abîmer ou troubler pour longtemps l’âme si fragile d’un enfant. Et dans la rue ! … Apprenez-lui à fermer les yeux et à les détourner de ce qui peut lui nuire. Je dis souvent aux enfants que le Bon Dieu a mis à nos yeux des paupières pour les protéger, non seulement des poussières, mais aussi des laideurs et du mal… Et je leur apprends à avoir le réflexe de baisser les yeux quand, dans la rue et ailleurs, ils rencontrent des images ou des tenues indignes et non chrétiennes. Ce n’est pas d’avoir « vu » par mégarde qui est un péché… mais de voir volontairement ou de continuer à regarder. Le Bon Dieu voit et bénit l’enfant qui fait l’effort de baisser les yeux quand il rencontre ce genre d’images… Que la Vierge Marie protège la pureté du regard de votre enfant et l’innocence de son âme !
C’est tout petit, dès la naissance, que la maman doit apprendre à l’enfant à regarder par ses yeux à elle : c’est d’une grande importance. Regardez votre enfant pour lui infuser, par les yeux, tout l’amour que vous avez dans votre cœur maternel : il apprendra à aimer en se nourrissant d’abord de votre amour puisé dans votre cœur par le moyen des yeux, de la parole douce aussi… Les médecins aujourd’hui constatent que de nombreux problèmes surviennent chez les enfants (blocages, quelquefois intellectuels, dans les classes primaires et par la suite) en raison de cet amour peu ou mal reçu dans les premiers mois. Les mamans surchargées parfois par des naissances très rapprochées ont tendance à négliger ce point ; d’où des réactions de jalousie, d’irritation, d’agressivité qui mènent à la désobéissance, voire à une sorte de rébellion. Quand vous remarquez chez votre enfant un comportement nouveau et inquiétant, avant de le punir, il convient d’abord d’en chercher la cause ; dans certains cas, il est tout simplement le reflet de votre attitude : manque d’amour, de patience, peut-être de la dureté, de l’injustice… Nous ne sommes pas parfaits, nous hésitons… Cherchons près du Seigneur et de sa Sainte Mère la solution en telle circonstance… Dieu ne nous fera jamais défaut, si nous recourons à Lui… surtout dans cette œuvre aussi délicate qu’est la formation du cœur et de l’âme d’un petit.
La maman veillera sur chacun de ses enfants, puisqu’elle est leur mère à tous. Elle devra rendre compte à Dieu un jour mais peut-être principalement sur les filles, car elles sont plus faciles à se laisser entraîner au mal. Un Pape a dit « que la femme sera jugée sur toutes les fautes que, par sa négligence, elle aura laissé commettre à ses enfants. »
La maman veillera avec bienveillance et charité, faisant sentir à son enfant que c’est par amour et par zèle qu’elle s’attache ainsi à ne jamais le perdre de vue. Bien sûr il faut faire en sorte que cette vigilance ne devienne pas importune, désagréable et en arrive à détruire la confiance qui doit régner de part et d’autre. Pour cela, sachez encourager le bien (souvent difficile à accomplir en raison de notre attirance vers ce qui est facile, commode…) et cela, par un sourire qui réchauffera le cœur de l’enfant, comme les rayons bienfaisants du soleil. La vertu est dans le juste milieu. Si vous saviez ce que le sourire calme et rayonnant de l’adulte peut opérer dans l’âme d’un enfant ! Et combien plus quand c’est celui de maman ! Dieu a déposé dans votre cœur des richesses pour les communiquer à votre enfant.
Peut-être, me direz-vous, que cette vigilance si attentive est impossible à cause des autres devoirs à accomplir, des autres occupations…. Ce n’est pas tout à fait exact. Toute maman qui a le désir du salut de son enfant peut et doit exercer à son égard la vigilance. Si elle est obligée de s’éloigner de lui, elle doit le confier à une personne vertueuse qui « veille à sa place » et l’informe, ensuite, de la conduite et du comportement de l’enfant. Ainsi, celui-ci « sent » la vigilance de sa maman continue ou non au travers d’une tierce personne. Il sait aussi, quand maman veut se « débarrasser » de lui parce qu’elle est fatiguée, occupée, surchargée. J’entends encore cette maman me dire qu’elle met ses enfants devant une vidéo car « ainsi, ils sont sages… et ainsi je peux faire autre chose ! » Si vous saviez comme votre enfant perçoit finement vos actes.
C’est dans la vision des images que beaucoup d’enfants perdent leur innocence ; je suis frappée de voir combien ils sont au courant de sujets qui incontestablement ne sont pas de leur âge. On dit (à tort) qu’ils sont avancés. Soyons plus simples : il y a un âge pour tout !
Il est important que la maman veille également sur le sens auditif. L’enfant entend tout et comprend plus que vous ne le pensez, même tout petit. Parlez lentement, posément à votre enfant, même bébé. Il comprend par le ton de la voix avant le sens des mots. N’oubliez pas qu’il apprend à parler en vous écoutant parler. C’est donc qu’il enregistre les sons, plus ou moins vite, certes, selon les enfants. Souvent la maman pense que le bébé ne comprend pas ce qu’elle lui dit : c’est mal connaître les capacités d’un bébé ; en réalité, c’est dès le berceau que vous pouvez lui apprendre à obéir en lui parlant doucement et avec amour : par l’amour, vous pouvez tout obtenir de l’enfant ; il ne dépend que de vous d’éduquer son cœur en amour. Ce que l’on fait par amour est fait avec plus de facilité que par contrainte. Ah, si vous saviez la puissance mise par Dieu dans le cœur d’une maman pour former son enfant. Utilisez-la bien, et dès la naissance, car le bébé dépend encore totalement de vous ! Mais si vous lui parlez avec dureté (parce que vous êtes fatiguée et que… vous ne vous maîtrisez plus !) alors vous lui apprenez à parler de la même façon.
Dieu est patient : Il attend sans cesse sa créature, son enfant. A l’image de Dieu, notre Père, sachons patienter devant la lenteur d’un petit pour se corriger. Il est vrai que c’est pénible à notre nature de toujours et sans cesse répéter : c’est une grande mortification… et pourquoi ne pas offrir à Dieu ce sacrifice (dur à certaines heures, je veux bien !) pour obtenir que l’enfant soit attiré par le bien. Tout s’obtient par le sacrifice accepté par amour de Dieu. Notre-Seigneur ne nous a‑t-il pas donné l’exemple ?.…. Ne fait-il pas preuve d’une extrême patience à l’égard des adultes que nous sommes, spécialement dans le monde actuel où nous vivons ?
(à suivre)
Une Religieuse.