Le cardinal Marx s’oppose au Ministre-​Président de Bavière favorable à la croix dans les lieux publics

Heureuse et récon­for­tante nou­velle en ce mar­di 24 avril 2018, où le Land de Bavière a déci­dé d’im­po­ser des cru­ci­fix dans les halls d’en­trée de ses bâti­ments publics, en signe de « recon­nais­sance de son iden­ti­té », de « l’in­fluence chrétienne-​occidentale » dans l’État du sud de l’Allemagne.

Pour le Ministre-​Président de Bavière, Markus Söder (CSU), cette croix visi­ble­ment pré­sente n’est pas une pro­mo­tion reli­gieuse, mais l’ex­pres­sion de « l’empreinte his­to­rique et cultu­relle [qui] repré­sen­te­ra osten­si­ble­ment les valeurs fon­da­men­tales de l’ordre juri­dique et social en Bavière et en Allemagne ». En revanche, seuls seront ain­si hono­rés les bâti­ments appar­te­nant à l’État bava­rois – ceux rele­vant des muni­ci­pa­li­tés ou de l’État fédé­ral alle­mand ne le seront pas.

Merci à la Bavière qui avait déjà remis les cru­ci­fix à l’hon­neur dans les salles de classes et les tri­bu­naux… et qui donne comme un écho à la phrase maintes fois citée du nou­veau ministre de l’Intérieur alle­mand, Horst Seehofer, qui décla­ra à la mi-​mars au quo­ti­dien Bild : « L’islam ne fait pas par­tie de l’Allemagne ». Pour mon­trer l’exemple, Markus Söder [Photo ci-​dessus] a déjà accro­ché dans le hall de la chan­cel­le­rie la croix offerte par l’an­cien arche­vêque de Munich, le car­di­nal Friedrich Wetter.

Bravo au cou­rage de cet homme poli­tique qui, nous le pen­sions inno­cem­ment, allait rece­voir l’ap­pui una­nime de l’é­pis­co­pat allemand…Or, aus­si inso­lite que cela puisse paraître, le sou­tien de l’é­vêque de Ratisbonne, Mgr Rudolf Voderholzer, a aus­si­tôt été dénon­cé par son « chef », le pré­sident de la Conférence épis­co­pale d’outre Rhin lui-​même, le fameux [1] car­di­nal Reinhard Marx !

En effet, sans tar­der, dans un entre­tien accor­dé au jour­nal Süddeutsche Zeitung le 29 avril 2018, l’ar­che­vêque de Munich a décla­ré que la croix était « un signe d’op­po­si­tion à la vio­lence, à l’in­jus­tice, au péché et à la mort, mais pas un signe [d’ex­clu­sion] des autres ». Le fait d’exposer la croix pour­rait être « mal com­pris, comme un sym­bole pure­ment cultu­rel », a‑t-​il osé dire. Il ne revient pas à l’Etat d’ex­pli­quer ce que signi­fie la croix, a encore ajou­té le car­di­nal, affir­mant que la déci­sion du gou­ver­ne­ment du Land de Bavière avait engen­dré « divi­sion, agi­ta­tion et clivage ».

Membre du conseil rap­pro­ché du pape François, le fameux C9, il a dénon­cé « l’animosité, les divi­sions et les troubles » publics cau­sés par la déci­sion du conseil des ministres de Bavière de rendre visible iden­ti­té chré­tienne du Land en ordon­nant l’installation de cru­ci­fix dans les bâti­ments admi­nis­tra­tifs de Bavière. Il a ajou­té que la mesure annon­cée par le ministre de l’intérieur de Bavière, Markus Söder, revient à « expro­prier la Croix au nom de l’Etat ».

Le car­di­nal est allé jusqu’à condam­ner cette déci­sion – « cli­vante », comme on dit aujourd’hui. Allant plus loin dans le renon­ce­ment et la qua­si héré­sie, il s’en est pris à l’hon­neur de Notre Seigneur mort sur cette croix en déclarant :

« Accrocher un cru­ci­fix veut dire : je dois m’orienter selon les paroles de celui qui est mort sur la Croix pour le monde entier. C’est une pro­vo­ca­tion : pour chaque chré­tien, pour l’église, mais aus­si pour l’Etat qui vou­drait se réfé­rer à ce signe. »

Cet écoeu­rant rela­ti­visme a jeté l’ef­froi chez les fidèles, pour­tant très pro­gres­sistes, d’Allemagne et a heu­reu­se­ment sus­ci­té , il faut le noter, deux notables réac­tions qui atté­nuent la por­tée de cet ami du Pape régnant. L’une d’Allemagne, l’autre de l’Autriche voisine :

- Beatrix von Storch, dépu­té AFD de Bavière au Bundestag, a réagi sur Twitter en affir­mant que si l’islamisation gagne du ter­rain entre Allemagne, c’est d’abord en rai­son de la capi­tu­la­tion du chris­tia­nisme – avec le car­di­nal Marx en tête. « Il enlève la Croix du som­met de la mon­tagne du temple. Et il n’en veut pas non plus sur les édi­fices publics », a‑t-​elle twee­té (avec le hash­tag : #lepois­son­pour­rit­par­la­tête).

- Puis, le 1er mai 2018, le nonce apos­to­lique en Autriche, Mgr Peter Zurbriggen, a vive­ment réagi aux décla­ra­tions du car­di­nal Marx lors d’une inter­ven­tion à l’Université pon­ti­fi­cale de Heiligenkreuz, au sud-​ouest de Vienne :

« « Voyez-​vous, en tant que nonce et repré­sen­tant du Saint-​Père, je suis quand même triste et j’ai honte, lorsque j’en­tends que dès que des croix sont éri­gées dans un pays voi­sin, les évêques et prêtres de tous les peuples doivent cri­ti­quer cela. C’est une honte. ». « Ce reli­gieu­se­ment cor­rect, ce poli­ti­que­ment cor­rect, cela me tape sur les nerfs ». ».

Mgr Zurbriggen a en outre rap­pe­lé la visite des deux évêques à Jérusalem à l’automne 2016 : Mgr Marx et Mgr Bedford-​Strohm avaient enle­vé leurs croix au Mont du Temple par consi­dé­ra­tion envers les diri­geants juifs et musul­mans, ce qui avait été la cible de nom­breuses critiques :

« S’ils vont en pèle­ri­nage en Terre Sainte et qu’ils ont honte de por­ter la Croix, quelle que soit la rai­son, alors moi aus­si j’ai honte ».

Merci Monseigneur pour votre sainte colère ! Nous aus­si, nous avons honte de tels « pas­teurs » qui ne font qu’ap­pli­quer les dérives mor­ti­fères du funeste Concile Vatican II !

Sources : RITV /​info​ca​tho​.fr /​Le Salon Beige

Notes de bas de page
  1. le car­di­nal Marx auto­rise la com­mu­nion pour les époux pro­tes­tants dans « cer­taines cir­cons­tances ». Le car­di­nal Reinhard Marx, au cours d’une confé­rence de presse jeu­di 22 février 2018, a décla­ré que ce nou­veau « guide pas­to­ral », pré­pa­ré conjoin­te­ment par la Commission œcu­mé­nique et la Commission pour la foi de la Conférence épis­co­pale, auto­ri­sant cer­tains époux pro­tes­tants à rece­voir la sainte com­mu­nion dans cer­taines cir­cons­tances est un « pas posi­tif ». Il a révé­lé éga­le­ment que les évêques alle­mands ont voté cette déci­sion « à une large majo­ri­té » après un « intense débat ».[]