Le dialogue interreligieux contre la mission – Eté 2013


Le car­di­nal Jorge Bergoglio
en prière devant la charte du
Parlement des Religions Unies

Dès le début de son pon­ti­fi­cat, le nou­veau pape François a mani­fes­té de manière très claire et avec une hâte impres­sion­nante sa réso­lu­tion de pla­cer le dia­logue inter­re­li­gieux par­mi les prio­ri­tés de sa politique.

Le soir même de son élec­tion, nous l’avons signa­lé, il trou­vait le temps d’écrire sa pre­mière lettre en tant que pape au grand rab­bin de Rome, le Professeur Riccardo Di Segni, l’invitant à la messe d’inauguration de son pon­ti­fi­cat (19 mars), où les juifs côtoyèrent les pro­tes­tants, les ortho­doxes et les musulmans.

Le 20 mars, le pape François rece­vait en audience tous ces « repré­sen­tants reli­gieux ». Parmi eux on notait la pré­sence d’Oded Wiener, repré­sen­tant du grand rab­bi­nat d’Israël ; du rab­bin David Rosen, direc­teur du dépar­te­ment pour les ques­tions inter­re­li­gieuses de l’American Jewish Committee ; et du grand rab­bin de Rome, avec qui le pape François s’est entre­te­nu lon­gue­ment « avec une cer­taine com­pli­ci­té ». Il leur a dit :

Je désire vous assu­rer, dans le sillage de mes pré­dé­ces­seurs, de ma ferme volon­té de pour­suivre sur le che­min du dia­logue œcu­mé­nique. […] L’Église catho­lique a conscience de l’importance de la pro­mo­tion de l’amitié et du res­pect entre les hommes et les femmes de dif­fé­rentes tra­di­tions reli­gieuses. Cela est attes­té aus­si par le pré­cieux tra­vail du conseil pon­ti­fi­cal pour le Dialogue inter­re­li­gieux [1].

Le 22 mars, il décla­rait au corps diplomatique :

Il est impor­tant d’intensifier le dia­logue entre les dif­fé­rentes reli­gions, je pense sur­tout au dia­logue avec l’islam, et j’ai beau­coup appré­cié la pré­sence, durant la messe du début de mon minis­tère, de nom­breuses auto­ri­tés civiles et reli­gieuses du monde isla­mique [2].

Le 25 mars, il adres­sait un mes­sage à la com­mu­nau­té juive de Rome s’apprêtant à fêter la Pessah (pas­sage de la Mer Rouge : Pâque juive) :

Que le Tout-​puissant, qui a libé­ré son peuple de l’esclavage en Égypte pour le gui­der vers la Terre pro­mise, conti­nue à vous libé­rer de tout mal et à vous accom­pa­gner de sa béné­dic­tion [3].

Ce mes­sage est par­ti­cu­liè­re­ment odieux, car il est daté du 25 mars, date de l’incarnation du Fils de Dieu, celui par qui nous vient toute béné­dic­tion. Comment pré­tendre que le Tout-​puissant puisse « conti­nuer d’accompagner de sa béné­dic­tion » ceux qui refusent de recon­naître la source de la bénédiction ?

Le Jeudi Saint 28 mars, il a célé­bré la Messe Vespérale non pas à Saint-​Jean de Latran selon la cou­tume mais dans une pri­son d’adolescents à Rome. Alors que le mis­sel romain pré­voit que dans cette céré­mo­nie seuls des hommes béné­fi­cient du lave­ment des pieds, il a lavé et bai­sé les pieds de deux femmes (comme il l’avait déjà fait en tant que car­di­nal, notam­ment à la mater­ni­té Sarda de Buenos Aires en 2005).

L’une était ita­lienne catho­lique et l’autre serbe musul­mane. Il a décla­ré faire « un signe qui est une caresse de Jésus », sou­li­gnant : « Je le fais avec amour, pour moi qui suis évêque et prêtre, c’est un devoir. » Outre l’incongruité pour un pape de laver des pieds de femmes, ce geste n’a pas de sens puisqu’il est cen­sé repro­duire le geste de Notre-​Seigneur lavant les pieds de ses Apôtres. Notons aus­si le mélange des reli­gions au cours même de la litur­gie de la messe.

Cette atti­tude très œcu­mé­nique du nou­veau pape est bien en conti­nui­té de son action en tant que cardinal.

En Argentine, il a tra­vaillé avec le Parlement des Religions Unies (PRU), orga­nisme ins­pi­ré par la franc-​maçonnerie, syn­di­quant les fausses reli­gions dans la plu­ra­li­té et la fra­ter­ni­té, pré­ten­dant mettre sur le même plan le catho­li­cisme et les fausses religions.

En juin 2006, le cardinalBergoglio s’est mis à genoux pour rece­voir la « béné­dic­tion » de quelque vingt pas­teurs pro­tes­tants pré­sents lors de la troi­sième ren­contre de la « Communion renou­ve­lée des Évangéliques et Catholiques », qui a eu lieu dans le stade Luna Park à Buenos Aires. Était pré­sent éga­le­ment le pré­di­ca­teur de Benoît XVI, le père Cantalamessa capucin.

Le car­di­nal Bergoglio a par­ti­ci­pé à la com­mé­mo­ra­tion de la Nuit de Cristal, le 12 novembre 2012, à la cathé­drale métro­po­li­taine de Buenos-​Aires. En face de lui six cierges ont été allu­mées à la mémoire des « six mil­lions » de juifs tués lors de la Shoa​.La célé­bra­tion de la Pâque juive dans la Basilique de San Francisco en 2009 avait aus­si béné­fi­cié de son appui.

En décembre 2012, coif­fé de la kip­pa juive, il a célé­bré dans une syna­gogue la fête de Hanoucca com­mé­mo­rant l’inauguration de l’autel des offrandes dans le second Temple de Jérusalem. Elle sym­bo­lise la résis­tance spi­ri­tuelle du judaïsme à l’assimilation grecque.

Il a par­ti­ci­pé à des offices de seli’hot (hébreu : סליחות « par­dons » : au sens large, offices de prière et, au sens res­treint, pièces litur­giques juives implo­rant la clé­mence divine pour les fautes com­mises par les enfants d’Israël).

Extraits du Sel de la Terre n° 85 – Eté 2013

Notes de bas de page
  1. Pape François, Audience aux repré­sen­tants reli­gieux, Rome, 20 mars 2013. Zenit​.org[]
  2. Pape François, Audience au corps diplo­ma­tique accré­di­té près le Saint-​Siège, Salle Royale du Palais Apostolique au Vatican, 22 mars 2013 (ORLF, 28 mars 2013). []
  3. Pape François, télé­gramme au grand rab­bin de Rome (ORLF, 28 mars 2013) []