Vers la « béatification » de Paul VI

Après les « béa­ti­fi­ca­tions » de Jean XXIII et de Jean-​Paul II, l’Église conci­liaire s’apprête à « béa­ti­fier » un troi­sième pape conci­liaire, Paul VI.

Le 10 décembre 2012, les car­di­naux de la congré­ga­tion pour les Causes des saints ont approu­vé à l’unanimité la docu­men­ta­tion ras­sem­blée pour le pro­cès de béa­ti­fi­ca­tion du pape de la nou­velle messe, et ils ont recon­nu le carac­tère « héroïque » de ses ver­tus. Le 20 décembre, le pape Benoît XVI a approu­vé ce décret.

Il ne reste plus qu’à trou­ver un « miracle ». Cela ne devrait pas être trop dif­fi­cile, vu la manière dont l’Église conci­liaire juge les miracles. On parle d’un cas de gros­sesse dif­fi­cile qui a conduit les méde­cins à conseiller l’avortement. Mais, deman­dant la prière du défunt pape Paul VI, la jeune maman a déci­dé de mener à bien sa gros­sesse. Elle a atten­du que son enfant ait 15 ans pour par­ler de miracle (ce qui semble indi­quer que le « miracle » n’était pas si évident).

Le pape Paul VI est le pape qui a pro­mul­gué tous les textes du Concile, notam­ment : Gaudium et spes, un contre-​Syllabus au dire du car­di­nal Ratzinger ; Dignitatis humanæ, qui enseigne le droit à la liber­té reli­gieuse, droit blas­phé­ma­toire selon Mgr Lefebvre (29 juillet 1976) car c’est prê­ter à Dieu des inten­tions qui détruisent sa majes­té, sa gloire, sa royau­té ; Unitatis redin­te­gra­tio sur l’œcuménisme, qui détruit – autant qu’il est en lui – le dogme « Hors de l’Église pas de salut » en admet­tant que des com­mu­nau­tés schis­ma­tiques ou héré­tiques peuvent ser­vir de moyen de salut, et Nostra ætate sur le dia­logue inter­re­li­gieux, qui a ouvert la porte aux réunions inter­re­li­gieuses d’Assise qui sont contraires au pre­mier com­man­de­ment de Dieu et au pre­mier article du Credo.

Le pape Paul VI est encore celui qui a pro­mul­gué la « messe de Paul VI » (inven­tée par le Concilium et qui favo­rise l’hérésie pro­tes­tante et est gran­de­ment res­pon­sable de l’apostasie des nations chré­tiennes). Au moyen de cette nou­velle messe, il a ten­té de sup­pri­mer la messe de tou­jours par des pro­cé­dés vio­lents (2), sans aucun res­pect pour le droit ni pour les mérites acquis par de véné­rables prêtres qu’il a fait chas­ser de leur poste.

Il est encore celui qui a essayé de dis­soudre la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X fon­dée par Mgr Lefebvre (auquel il infli­ge­ra des sanc­tions pour n’avoir pas vou­lu se sou­mettre à cet ordre injuste).

Pour ces rai­sons, et pour d’autres encore, loin de méri­ter d’être « béa­ti­fié », il méri­te­rait d’être solen­nel­le­ment condam­né, comme le fut le pape Honorius (625–638) par le troi­sième concile de Constantinople (680–681) :

Après avoir exa­mi­né les lettres [écrites par Serge et par Honorius] […], et après avoir trou­vé qu’elles contre­disent tota­le­ment les ensei­gne­ments apos­to­liques et les com­man­de­ments des saints conciles et de tous les saints Pères recon­nus, et qu’elles suivent bien plu­tôt les fausses doc­trines des héré­tiques, nous les reje­tons tota­le­ment et nous les abo­mi­nons comme dom­ma­geables pour les âmes. (DS 550.)

Nous sommes d’avis de ban­nir aus­si de la sainte Église de Dieu Honorius, jadis pape de l’ancienne Rome, et de le frap­per d’anathème, parce que nous avons trou­vé dans la lettre écrite par lui à Serge qu’il a sui­vi en tout l’opinion de celui-​ci et qu’il a confir­mé ses ensei­gne­ments impies. (DS 552.)

Le pape Léon II (682–683) approu­va ce concile, en modi­fiant tou­te­fois quelque peu la condam­na­tion d’Honorius :

Et de la même manière Nous ana­thé­ma­ti­sons les inven­teurs de la nou­velle erreur [Théodore, Serge, Pyrrhus], de même aus­si qu’Honorius qui n’a pas puri­fié cette Église apos­to­lique par l’enseignement de la tra­di­tion apos­to­lique, mais a ten­té de sub­ver­tir la foi imma­cu­lée en une tra­hi­son impie (texte grec : a per­mis que l’Église imma­cu­lée soit souillée par une tra­hi­son impie). (DS 563.)

Extraits du Sel de la Terre n° 85 – Eté 2013

Notes

(1) Sources : Zenit, 14 décembre et 20 décembre 2012.
(2) Le 24 mai 1976, il décla­rait au Consistoire : « C’est au nom de la Tradition elle-​même que nous deman­dons à tous nos fils et à toutes les com­mu­nau­tés catho­liques de célé­brer avec digni­té et fer­veur les rites de la litur­gie réno­vée. L’adoption du nou­vel Ordo Missæ n’est cer­tai­ne­ment pas lais­sée à la libre déci­sion des prêtres ou des fidèles. L’instruction du 14 juin 1971 a pré­vu que la célé­bra­tion de la messe selon le rite ancien serait per­mise, avec l’autorisation de l’Ordinaire, seule­ment aux prêtres âgés ou malades qui célèbrent sans assis­tance. Le nou­vel Ordo a été pro­mul­gué pour prendre la place de l’ancien, après une mûre déli­bé­ra­tion et afin d’exécuter les déci­sions du concile. De la même manière, notre pré­dé­ces­seur saint Pie V avait ren­du obli­ga­toire le mis­sel révi­sé sous son auto­ri­té après le concile de Trente. La même prompte sou­mis­sion, nous l’ordonnons, au nom de la même auto­ri­té suprême qui nous vient du Christ, à toutes les autres réformes litur­giques, dis­ci­pli­naires, pas­to­rales mûries ces der­nières années en appli­ca­tion des décrets conciliaires. »