Un quotidien italien dresse le bilan des diocèses de France – 25/​11/​09


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Extraits d’un article de Paolo Rodari, paru dans le quo­ti­dien ita­lien , le ven­dre­di 13 novembre 2009 et inti­tu­lé « L’Église de France perd de son influence au Vatican et des sémi­na­ristes dans ses dio­cèses » :

« Les sta­tis­tiques 2008 sont élo­quentes (celles de 2009 sont atten­dus dans les pro­chaines semaines) : les prêtres dio­cé­sains ne sont plus que 15 000 et leur âge moyen dépasse 75 ans. Contre une cen­taine de prêtres qui sont ordon­nés chaque année, 900 meurent ou quittent les ordres. Dans cer­tains dio­cèses, les paroisses sont regrou­pées en « ensembles pas­to­raux », où il arrive qu’un seul prêtre des­serve dix, vingt, voire qua­rante églises. Il y a des dio­cèses qui d’i­ci dix ans, n’au­ront pas plus de dix prêtres en activité.

Le chiffre le plus inquié­tant est celui des sémi­na­ristes : de 4 536 en 1966, ils ne sont guère plus de 500 aujourd’­hui. Des dio­cèse comme Pamiers, Belfort, Agen, Perpignan n’ont plus de voca­tions. Les ordi­na­tions sont très peu nom­breuses : depuis Vatican II, le nombre a chu­té de façon alar­mante : 825 prêtres ordon­nés en 1956, envi­ron 90 en 2008. Même Paris est à l’u­nis­son des autres dio­cèses. Dans les années 80–90, Paris était consi­dé­ré comme une excep­tion dans le pay­sage fran­çais : une Église pros­père, un sémi­naire flo­ris­sant, des finances en excé­dent. C’étaient les der­nières heures de la gran­deur, celles de l’axe-​Wojtyla Lustiger qui voyait fleu­rir les voca­tions. Le cler­gé pari­sien était nom­breux et jeune. Aujourd’hui – selon les don­nées 2008 -, Paris compte envi­ron 50 sémi­na­ristes pour une dizaine d’or­di­na­tions chaque année (sept sont pré­vues en 2010).

Du point de vue des fidèles, la situa­tion n’est guère meilleure. Le déclin de la pra­tique reli­gieuse, consi­dé­rable dans les années 70, se pour­suit inexo­ra­ble­ment. Les pra­ti­quants sont une infime mino­ri­té (4% si « pra­ti­quer » c’est aller à l’é­glise une fois par mois) d’âge rela­ti­ve­ment mûr. Résistent – et c’est là un fait qui donne matière à réflexion – les mou­ve­ments comme l’Emmanuel, les Frères de Saint-​Jean ou la Communauté Saint-​Martin et, sur­tout, les groupes tra­di­tio­na­listes. Aujourd’hui, envi­ron un tiers du total des sémi­na­ristes fran­çais est d’ores et déjà issu de ces com­mu­nau­tés. Avec 388 lieux de culte domi­ni­cal, soit plus de quatre par dio­cèse, la sen­si­bi­li­té tri­den­tine fait sen­tir son poids. Elle a pro­fi­té, para­doxa­le­ment, d’une cer­taine inter­pré­ta­tion « laxiste » du Concile. Face à une Église trop ouverte aux sirènes du monde, s’en est créé de fait une autre qui n’a jamais vou­lu accep­ter cette sécu­la­ri­sa­tion. Et aujourd’­hui, c’est pré­ci­sé­ment cette der­nière Église – celle que l’on appelle tra­di­tio­na­liste – qui repré­sente une espé­rance. Et il ne s’a­git pas de l’Église lefeb­vriste car elle n’a rien à voir avec le schisme d’Écône. Née dans l’Église catho­lique, elle tient à demeu­rer dans l’Église catho­lique non­obs­tant sa sen­si­bi­li­té propre. En 2008, les sémi­na­ristes de ces com­mu­nau­tés étaient 160, soit plus ou moins un tiers du nombre total de sémi­na­ristes dio­cé­sains. Et les effec­tifs sont en augmentation.

Ce sont des don­nées qui font réflé­chir, et peuvent par­fois même inquié­ter. De fait, les sen­ti­ments sont par­ta­gés au sein des évêques fran­çais réunis à Lourdes pour leur assem­blée géné­rale. Eux, les évêques fran­çais, ont été (pour la plu­part) par­mi les oppo­sants les plus réso­lus du Motu Proprio « Summorum Pontificum ». Elles, les com­mu­nau­tés tra­di­tio­na­listes, l’ont accueilli avec joie, parce qu’il les a ren­for­cées dans ce qu’elles sont : une par­tie de l’Église catho­lique. Et, tôt ou tard, chiffres à l’ap­pui, l’é­pis­co­pat devra leur en don­ner acte. »

Maximilien Bernard in du 25 novembre 2009