Vu à la télé

Les efforts du caté­chiste sont anéan­tis en quelques ins­tants par la sacro­sainte télé.

Tous les péchés capi­taux y passent en exer­cices pratiques.

L’orgueil ? Ce sont les poli­ti­ciens qui s’en chargent dont les dis­cours se résument par ceci : « Il n’y a que moi qui soit capable ; les autres sont vrai­ment débiles. »

L’avarice ? L’argent est par­tout à la télé. On vous y explique la manière d’en gagner, de ne pas en perdre, d’en dépen­ser beau­coup et d’en avoir tou­jours, la peur d’en man­quer, l’ha­bi­le­té admi­rable de ceux qui en volent.

La luxure ? L’ampleur des désha­billés est com­pa­rable à celle de la crise des textiles.

L’envie et les reven­di­ca­tions consti­tuent un cha­pitre quotidien.

La gour­man­dise ? Péché mignon, exploi­té par les réclames de pro­duits ali­men­taires. L’audio-​visuel nous montre des yeux humides de plai­sir et nous fait entendre des bruits de déglu­ti­tion. La vue d’un plat de nouilles devient une occa­sion pro­chaine de péché.

La colère accom­pa­gnée de vio­lence est l’as­sai­son­ne­ment obli­gé de la plu­part des films.

Quand à la paresse, elle se trouve non pas tant sur l’é­cran que dans le fau­teuil où le télé­spec­ta­teur est vautré.

Faut-​il encore ensei­gner qu’il y a sept péchés capitaux ?

Ou bien ensei­gner qu’il n’y en a plus qu’un seul : celui de regar­der la télé ?

Abbé Philippe Sulmont

Cet article est tiré du Bulletin parois­sial de Domqueur, dans la Somme (80).

Curé de Domqueur † 2010

L’abbé Philippe Sulmont (1921–2010), second d’une famille de qua­torze enfants, ancien sémi­na­riste des Carmes, fut pro­fes­seur de col­lège, puis de sémi­naire, aumô­nier d’un pen­sion­nat de filles, puis enfin curé durant 37 ans de Domqueur et de six paroisses avoi­si­nantes entre Amiens et Abbeville.