Vanité ecclésiastique

Vanité par Hendrick Andriessen (1607-1655), 1650. On aperçoit une mitre près du globe.

Article ori­gi­nel­le­ment paru en octobre 1992

On raconte qu’un curé pré­ten­tieux écri­vit jadis un ouvrage d’histoire locale en trois tomes : Ma paroisse avant moi, Ma paroisse pen­dant moi, Ma paroisse après moi. Le second tome était de beau­coup le plus volu­mi­neux. Le troi­sième tome n’avait pas été impri­mé faute de Nihil Obstat de la part du suc­ces­seur de ce glo­rieux curé.

Cette charge contre la vani­té ecclé­sias­tique est faci­le­ment trans­po­sable aujourd’hui sur le ter­rain plus vaste de l’après-concile en géné­ral. Les nova­teurs pro­gres­sistes écrivent constam­ment avec la même outre­cui­dance que notre vani­teux curé. Pratiquement les deux pre­miers tomes sont déjà écrits et cir­culent en fas­ci­cules : L’Église avant nous (tout noir), L’Église faite par nous (tout rose). Mais le troi­sième tome, direz-vous ?

Point n’est besoin de pré­voir un troi­sième tome inti­tu­lé : L’Église après nous. En effet, de l’Église après eux il ne res­te­ra rien, ni dogmes, ni litur­gie, ni Droit canon, ni prie-​Dieu, ni sta­tues, ni enfants de chœur, ni clo­chette, pas même la conso­la­tion d’un De Profundis !

Abbé Philippe Sulmont, in Toujours curé

Curé de Domqueur † 2010

L’abbé Philippe Sulmont (1921–2010), second d’une famille de qua­torze enfants, ancien sémi­na­riste des Carmes, fut pro­fes­seur de col­lège, puis de sémi­naire, aumô­nier d’un pen­sion­nat de filles, puis enfin curé durant 37 ans de Domqueur et de six paroisses avoi­si­nantes entre Amiens et Abbeville.