Mysterium Fidei nº 30 – Ce qui nous divise

Ce qui nous divise

On peut dire que la paix a été le pre­mier et le der­nier mot du Sauveur. Il est le Dieu de paix. Il ne s’a­git pas, nul n’en doute, d’une paix qui res­semble au som­meil de la mort, paix du tom­beau, paix de l’in­dif­fé­rence ou de l’i­nac­tion, qui consti­tue pour une âme le plus funeste état. Il s’a­git d’une paix active, entre­pre­nante, féconde, la seule qui convienne aux enfants de Dieu.
Cette paix semble ban­nie aujourd’­hui. Sans par­ler des agi­ta­tions poli­tiques, des fré­mis­se­ments des peuples, des guerres ter­ribles qui viennent bou­le­ver­ser notre pauvre pla­nète, sans par­ler même des luttes d’i­dées et de prin­cipes qui se livrent dans la région des intel­li­gences ; à ne consi­dé­rer que notre chère Église et, à l’in­té­rieur de cette Église, nos chers fidèles de la Tradition, ne voyons-​nous pas qu’ils n’ont pas tou­jours entre eux cette concorde, cette har­mo­nie qui serait pour eux un prin­cipe de joie et un prin­cipe de force ?

On com­prend que les libres pen­seurs soient en guerre les uns avec les autres. On com­prend que le pro­tes­tan­tisme, issu du libre exa­men, soit une anar­chie intel­lec­tuelle per­ma­nente. On com­prend que le men­songe, l’er­reur, l’hé­ré­sie ne soit jamais d’ac­cord avec eux-​mêmes. Mais ceux qui com­mu­nient à la véri­té totale, plé­nière, qui récitent de bouche et de cœur, à l’u­nis­son le même Credo et adressent les mêmes for­mules à leur père qui est au ciel, com­ment s’ex­pli­quer qu’ils ne vivent pas après tou­jours en paix ? Eh, mon Dieu, c’est l’a­pôtre Saint-​Jacques qui nous donne la réponse après l’a­voir dite aux pre­miers chrétiens :

« Pourquoi y a t il par­mi vous des dis­putes et des que­relles ? Cela ne vient-​il pas des pas­sions mauvaises ? »

Le mot est juste. Tout au fond, ce qui nous divise, ce sont nos pas­sions mau­vaises. C’est pour­quoi les membres du Tiers Ordre se feront un devoir, par leur grande vie inté­rieure, de triom­pher de leurs pas­sions et d’être des élé­ments de paix dans leur foyer et leur cha­pelle. Celui qui est en paix avec lui-​même et avec Dieu ne cherche pas de que­relles à l’ex­té­rieur. Par bon­heur, de nom­breux témoi­gnages de confrères sou­lignent le bon esprit géné­ral des membres du Tiers Ordre. Cela nous est une grande conso­la­tion. Oui, chers ter­tiaires, si Notre Seigneur, le jour de Pâques com­mence par nous sou­hai­ter la paix, c’est parce que cette paix vient d’a­bord du divin res­sus­ci­té qui habite en nous par sa grâce. Soyons donc bien fidèles à nous sanc­ti­fier, à recher­cher d’a­bord au-​dedans de nous les sujets de mécon­ten­te­ment. Non, vivons en paix avec Dieu, avec nous-​même et avec le pro­chain, de cette vraie paix qui vient de Dieu. La paix étant aus­si un des fruits de l’hu­mi­li­té, vous lirez plus avant dans votre bul­le­tin, le cha­pitre consa­cré à cette indis­pen­sable vertu.

Que le Bon Dieu vous bénisse

Abbé François Fernandez