Lettre n° 11 du Père Directeur de la M.I. – Les Cœurs Unis de Jésus et de Marie – 8 juin 2018

Pour le mois du Sacré-​Cœur, permettez-​moi de vous pré­sen­ter quelques réflexions sur les Cœurs Unis de Jésus et de Marie. Plus nous entrons dans ce mys­tère, plus la paix céleste se répan­dra dans nos cœurs, pour nous rendre forts et inébran­lables dans toutes les épreuves et tribulations.

En vous sou­hai­tant un mois sacré du Sacré-​Cœur, je vous demande de prières fer­ventes pour le pro­chain Chapitre géné­ral de la Fraternité Saint Pie X. C’est la volon­té de l’Immaculée, que la Milice de l’Immaculée de l’Observance Traditionnelle a été éta­blie sous la tutelle et l’au­to­ri­té de la Fraternité de Saint Pie X. C’est un devoir de recon­nais­sance de prier et de faire des sacri­fices pour la Fraternité, sur­tout quand auront lieu des évé­ne­ments de la plus haute impor­tance la concernants.

Chers Chevaliers de l’Immaculée !

Parmi les réflexions les plus pro­fondes des confé­rences et des écrits de st Maximilien Kolbe, on doit citer le mys­tère de l’union de Jésus et de Marie et plus pré­ci­sé­ment du Sacré Cœur de Jésus et de celui de l’Immaculée. Nous pou­vons résu­mer ses pen­sées à pro­pos de ce mys­tère, par les fameux mots de st Jean Eudes : « Nous ne devons sépa­rer ce que Dieu Lui-​même a si par­fai­te­ment uni. Jésus et Marie sont si inti­me­ment liés l’un à l’autre que qui­conque voit Jésus voit éga­le­ment Marie. Quiconque aime Jésus aime aus­si Marie ; qui­conque honore Jésus révère Marie. »

Tout ce que l’on trouve dans la vie de notre saint fon­da­teur traite du mys­tère de l’Amour ! Grâce à son union avec le Saint-​Esprit, le Cœur de Notre-​Dame est le pinacle de l’amour : « Dans l’union du Saint-​Esprit avec Elle, non seule­ment l’amour unit ces deux êtres, mais le pre­mier des deux [le Saint-​Esprit] est l’amour entier de la Sainte Trinité, alors que le second [Marie] est l’amour entier de la créa­tion, et ain­si, dans cette union, le ciel est uni à la terre, tout l’amour incréé uni à l’amour créé : c’est le som­met de l’amour. » L’AMOUR de la Très Sainte Trinité est appa­ru en tota­li­té dans l’Immaculée, dans les pro­fon­deurs de son être même, dans son cœur, car le cœur est le lieu de la plus grande inti­mi­té. C’est la plé­ni­tude dans sa source de tout ce que l’homme est et a.

Mais de la même manière que le Saint-​Esprit est l’Amour du Père pour le Fils et l’Amour du Fils pour le Père, dans le mys­tère de Marie le Saint-​Esprit est pour ain­si dire l’amour de Notre-​Dame envers Dieu et par­ti­cu­liè­re­ment envers son Fils, car Il est l’Amour du Fils pour sa mère. En d’autres termes, le tré­sor le plus pré­cieux de toute la créa­tion est l’immensité de l’amour que ces cœurs ont l’un pour l’autre, et c’est pré­ci­sé­ment l’objet le plus pro­fond de la dévo­tion des CŒURS UNIS de Jésus et Marie. Saint Jean Eudes a mon­tré le miracle de cette union, pré­sen­tant Marie comme la nou­velle arche d’alliance :

« Le cœur de Marie fut repré­sen­té par l’arche de Moïse. Tout d’abord, l’arche était faite d’un bois incor­rup­tible. Le Cœur Immaculé de la Reine des anges n’a jamais été enta­ché par le péché. Deuxièmement, telle l’arche déco­rée d’or pur au-​dehors et au-​dedans, le cœur de la Mère du bel Amour a tou­jours été com­plé­te­ment recou­vert de l’amour doré au-​dedans, c’est-à-dire aux yeux de Dieu et au-​dehors, c’est-à-dire à nos yeux. Troisièmement, comme l’arche conte­nait les tables des com­man­de­ments de Dieu, le Saint-​Esprit a écrit tous les com­man­de­ments que Notre Sauveur nous a appor­tés du Ciel en lettres dorées dans le saint cœur de la Mère divine.

Quatrièmement, tout comme l’arche conte­nait la manne que Dieu avait ordon­née du ciel pour nour­rir son peuple élu dans le désert, le Cœur de la Mère de Jésus contient en lui-​même tous les mys­tères que son Fils avaient réa­li­sés sur terre pour nous ; il contient aus­si tous les mots des véri­tés divines et de la vie qu’Il a ame­nés du Ciel, comme la plus chère et douce manne, pour nous nour­rir et don­ner vie à nos âmes. Ô Jesus, le seul Fils de Dieu, le seul Fils de Marie, je Vous offre le Cœur aimant de votre Mère céleste, qui est plus beau et plus pré­cieux à vos yeux que tous les autres cœurs. Ô Marie, Mère de Jésus, je Vous offre le très saint Cœur glo­ri­fié de votre Fils ado­ré, qui est la vie et la joie de votre Cœur. »

Nous pou­vons appro­cher ce mys­tère par deux voies : géné­ra­le­ment, nous consi­dé­rons en pre­mier les gloires du Sacré-​Cœur de Jésus, puis celles du Cœur Immaculé de Marie et ensuite nous les unis­sons. L’art chré­tien repré­sente ceci sym­bo­li­que­ment en pla­çant les deux cœurs l’un à côté de l’autre. Nous pou­vons voir deux cœurs et deux rivières qui se déversent avec misé­ri­corde dans nos âmes, les puri­fiant et les sanc­ti­fiant. Mais nous pou­vons aus­si consi­dé­rer direc­te­ment l’UNION des deux qui en fait d’une manière « une âme et un cœur », ce qui est l’essence même de l’amour. L’art chré­tien repré­sente ceci quand il place les deux cœurs entre­la­cés, comme illus­tré par exemple par l’emblème de la M.I. Les deux sources (les cœurs) se sont fon­dues dans une rivière immense, s’écoulant dans chaque cœur humain, implo­rant d’entrer, afin de puri­fier, trans­for­mer et nous absor­ber dans le mys­tère de l’amour de Dieu.

Les mys­tères dou­lou­reux sont d’un grand ensei­gne­ment à cet égard. Chacun d’eux révèle les secrets de ces Cœurs et de la rivière de grâces, qui émane de chaque bles­sure, de chaque dou­leur et chaque souf­france par­ti­cu­lières du nou­vel Adam et de la nou­velle Ève. Dans son Cœur, est répé­té et repro­duit tout ce qu’Il a souf­fert dans son corps.

L’Agonie du Christ dans le Jardin, dans son abon­dance presque infi­nie, a à voir avec ce qu’est le péché, car la sain­te­té du Christ est l’opposé abso­lu du péché. Il n’y avait qu’une seule per­sonne qui avait connais­sance de l’horreur du péché comme le Christ, parce que son carac­tère imma­cu­lé est aus­si l’opposé abso­lu du péché. Quand Il but de la coupe de tous les maux pour la rache­ter, Elle en but avec Lui, car le Rédempteur et la coré­demp­trice ont tout en com­mun. Si la souf­france de son ago­nie est expri­mée en gouttes de sang cou­lant sur terre, la souf­france de son ago­nie est expri­mée en larmes qu’Elle a ver­sées, qui furent extraites plus abon­dam­ment de son cœur que de ses yeux. Et ces larmes coulent tou­jours et s’écouleront tant que les gens péche­ront. Le poids de ses larmes fut mis en évi­dence à La Salette, à Syracuse, à Akita, etc.

Alors que nous médi­tons sa fla­gel­la­tion, nous pre­nons part à la mor­ti­fi­ca­tion de sa chair, et la fla­gel­la­tion spi­ri­tuelle de sa mère est comme une ten­ta­tive d’assassinat de son carac­tère imma­cu­lé et de sa pure­té. Tous deux ont sup­por­té ces insultes et ces blas­phèmes avec la plus grande patience. Et ain­si, Ils ont com­pen­sé les pro­fa­na­tions faites par les gens et sont deve­nus une source de puri­fi­ca­tion pour les pauvres pécheurs.

Le cou­ron­ne­ment d’épines est en répa­ra­tion de notre orgueil. Le très saint Cœur de Jésus est en géné­ral décrit comme entou­ré par une cou­ronne d’épines, et le Cœur Immaculé est dépeint entou­ré d’une cou­ronne de roses blanches. Durant la révé­la­tion de Notre-​Dame à sœur Lucie, le 13 juin 1929, la sœur a eu une célèbre vision de la Sainte Trinité, et elle vit Marie près du Seigneur cru­ci­fié : « Sous la branche à droite de la Croix, se tenait Notre-​Dame avec son Cœur Immaculé dans sa main (il s’agissait de Notre-​Dame de Fatima tenant son Cœur Immaculé dans ses mains, sans épées ni roses, « entou­ré d’une cou­ronne d’épines enflam­mée »). Cette vision montre com­bien leurs cœurs sont unis, presque à l’identique. Si son Cœur est per­cé des épines de la cou­ronne du Christ, cela signi­fie que tout ce que le Christ a souf­fert à la tête, dans ce moment cruel du cou­ron­ne­ment d’épines, Marie l’a souf­fert avec Lui dans son Cœur. Et leur souf­france conti­nue car les gens pèchent. Et le fait que les souf­frances du cœur ne sont rien de moins que des souf­frances phy­siques sera confir­mé par n’importe quelle mère qui fait l’expérience des tour­ments de son enfant ché­ri plus que lui-même.

Sous le signe de ces Cœurs com­plé­te­ment unis, nous devrions éga­le­ment consi­dé­rer chaque sta­tion du Chemin de Croix. Il ne vou­lait pas qu’Elle soit avec Lui seule­ment spi­ri­tuel­le­ment. À la 4e sta­tion, ils se tenaient l’un face à l’autre. Les deux Cœurs qui souf­fraient le plus au monde, les plus dévoués, se ren­contrent. Nos cœurs enta­chés du péché sont comme au milieu d’eux, entre eux, et sont la cause de leurs tour­ments per­pé­tuels. Quand nous Le regar­dons, Il La regarde ; quand nous La regar­dons, Elle Le regarde. Comme si cha­cun d’eux vou­lait nous dire : « Regardez là-​bas, c’est pour vous ». De ces deux rivières, l’eau vive et revi­go­rante s’écoule dans le désert de nos âmes.

Et main­te­nant ces Cœurs nous emmènent jusqu’au som­met du Calvaire. Quand nous voyons son Cœur per­cé par la lance, nous com­pre­nons qu’Il nous a aimés jusqu’à la fin. Et quand à la 13e sta­tion, nous voyons son Cœur per­cé des 7 poi­gnards, nous com­pre­nons qu’Elle nous a aimés jusqu’à la fin.

Chers Chevaliers, ins­tru­ments dans les mains de Notre-​Dame pour La faire connaître et aimer, com­pre­nez l’importante tâche d’introduire vous-​mêmes, votre famille, vos amis et connais­sances dans ce mys­tère de l’Amour ! De mettre tous les cœurs dans le Cœur de Jésus, qu’Il les donne ensuite à sa Mère afin qu’Elle puisse les for­mer en tant que véri­tables enfants dévoués, esclaves et che­va­liers. Et éga­le­ment de mettre tous les cœurs dans le Cœur de Marie, qu’Elle les pré­sente avec le sien au Cœur de Jésus, afin qu’Il accepte favo­ra­ble­ment cette offrande !

Seulement de cette manière pourrons-​nous répondre à la demande solen­nelle de Notre-​Seigneur : « Mon fils, donne-​Moi ton cœur ! »

Une fois caché dans les mys­tères de ces très saints Cœurs, rien ne peut plus nous nuire, rien ne peut nous ennuyer, car étant unis avec les CŒURS UNIS, nos esprits et nos cœurs sont déjà emme­nés dans les contrées éter­nelles, notre être inté­rieur se trouve déjà au Paradis. Les Pères de l’Église nomment fré­quem­ment Marie « le Paradis de Dieu ». Saint Jean Eudes parle de son Cœur comme d’un « para­dis idyl­lique » dans lequel Dieu est bien plus pré­sent qu’au Paradis. Elle est un tel chef‑d’œuvre de Dieu que, comme les cieux dépassent la terre en digni­té et en gloire, Elle est très au-​dessus des cieux. Il est dif­fi­cile de conce­voir ce que cela peut impli­quer. Tous les cieux, toute la per­fec­tion et l’amour de tous les saints sont un écho dis­tant des « para­dis du para­dis », qu’est l’Immaculée.

Si nous avons trou­vé en Elle notre véri­table foyer, toutes les épreuves et les tri­bu­la­tions de ce monde nous appa­raî­tront à la lumière de la véri­té : des croix à por­ter pour gran­dir dans l’amour pour Dieu et pour être de meilleurs che­va­liers, c’est-à-dire pour L’aider à sau­ver plus d’âmes !

Singapour, Fête du Sacré-​Cœur 2018

Abbé Karl Stehlin, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X

Source : La Porte Latine du 17 juin 2018