Apparition du 13 juin 1929 à Tuy : La demande de Notre Seigneur Jésus-​Christ – La consécration de la Russie

Sœur Lucie obtint de ses supé­rieures l’au­to­ri­sa­tion de faire chaque semaine une heure sainte de 23 heures à minuit, dans la nuit du jeu­di au vendredi.

« Me trou­vant seule une nuit, je m’agenouillai près de la balus­trade, au milieu de la cha­pelle, pour réci­ter, pros­ter­née, les prières de l’Ange. Me sen­tant fati­guée, je me rele­vai et conti­nuai à les réci­ter les bras en croix. La seule lumière était celle de la lampe [du sanc­tuaire]. Soudain, toute la cha­pelle s’éclaira d’une lumière sur­na­tu­relle et, sur l’autel, appa­rut une croix de lumière qui s’élevait jusqu’au pla­fond. Dans une lumière plus claire, on voyait sur la par­tie supé­rieure de la croix, une face d’homme, avec un corps jusqu’à la cein­ture ; sur sa poi­trine une colombe, éga­le­ment lumi­neuse, et cloué à la croix, le corps d’un autre homme. Un peu en des­sous de la cein­ture (de celui-​ci), sus­pen­du en l’air, on voyait un calice et une grande hos­tie sur laquelle tom­baient quelques gouttes de sang qui cou­laient sur les joues du Crucifié et d’une bles­sure à la poi­trine. Coulant sur l’Hostie, ces gouttes tom­baient dans le Calice. Sous le bras droit de la Croix se trou­vait Notre-​Dame avec son Cœur Immaculé dans la main… (C’était Notre-​Dame de Fatima avec son Cœur Immaculé,… dans la main gauche… sans épée ni roses, mais avec une cou­ronne d’épines et des flammes…) Sous le bras gauche [de la Croix], de grandes lettres, comme d’une eau cris­tal­line qui aurait cou­lé au-​dessus de l’autel, for­maient ces mots : « Grâce et Miséricorde ». Je com­pris que m’était mon­tré le mys­tère de la très Sainte Trinité, et je reçus sur ce mys­tère des lumières qu’il ne m’est pas per­mis de révéler.

« Ensuite, Notre-​Dame me dit : « Le moment est venu où Dieu demande au Saint-​Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consé­cra­tion de la Russie à mon Cœur Immaculé, pro­met­tant de la sau­ver par ce moyen. Elles sont si nom­breuses les âmes que la jus­tice de Dieu condamne pour des péchés com­mis contre moi, que je viens deman­der répa­ra­tion. Sacrifie-​toi à cette inten­tion et prie. »

« Je ren­dis compte de cela à mon confes­seur, qui m’ordonna d’écrire ce que Notre-​Seigneur vou­lait que l’on fasse. »

Dans les deux lettres qu’elle adres­sa en mai 1930 au P. Gonçalves, son confes­seur, la voyante expri­ma les demandes du Ciel en unis­sant étroi­te­ment la dévo­tion répa­ra­trice des cinq pre­miers same­dis à la consé­cra­tion de la Russie : « Le bon Dieu pro­met de mettre fin à la per­sé­cu­tion en Russie, si le Saint-​Père daigne faire, et ordonne aux évêques du monde catho­lique de faire éga­le­ment, un acte solen­nel et public de répa­ra­tion et de consé­cra­tion de la Russie aux très saints Cœurs de Jésus et de Marie, et si Sa Sainteté pro­met, moyen­nant la fin de cette per­sé­cu­tion, d’approuver et de recom­man­der la pra­tique de la dévo­tion répa­ra­trice indi­quée ci-dessus. »

Faut-​il rap­pe­ler, qu’en 1929, la per­sé­cu­tion contre l’Église et le mépris le plus total pour Notre Seigneur Jésus-​Christ avaient conduit les com­mu­nistes à fer­mer les Églises et à condam­ner toutes pra­tiques de la reli­gion…! De plus, les « erreurs » du com­mu­nisme, qui étaient en passe d’y triom­pher, mena­çaient la paix dans le monde entier. C’est donc, à juste titre, que le Ciel deman­dait répa­ra­tion et consé­cra­tion de la Russie au Cœur Immaculé de Marie ; mais le Saint-​Siège ne fit rien mal­gré les insis­tances de sœur Lucie qui écri­vit même une lettre à son confes­seur pour lui dire :

« Le Bon Dieu pro­met de mettre fin à la per­sé­cu­tion en Russie, si le Saint-​Père daigne faire, et ordonne aux évêques du monde catho­lique de faire éga­le­ment, un acte solen­nel et public de répa­ra­tion et de consé­cra­tion de la Russie aux Très Saints Cœurs de Jésus et de Marie, et si Sa Sainteté le pape pro­met, moyen­nant la fin de cette per­sé­cu­tion, d’ap­prou­ver et de recom­man­der la pra­tique de la dévo­tion répa­ra­trice des cinq pre­miers same­dis du mois ».

Hélas, c’é­tait peine per­due… aucun pape ne fera rien !!! Voilà pour­quoi, plus tard (en août 1931), le Seigneur se plai­gnant, dit : « Ils n’ont pas vou­lu écou­ter ma demande. Comme le roi de France, ils s’en repen­ti­ront, et ils le feront, mais ce sera tard . La Russie aura déjà répan­du ses erreurs dans le monde, pro­vo­quant des guerres et des per­sé­cu­tions contre l’Église : le Saint-​Père aura beau­coup à souf­frir ». (Révélation de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, à Sœur Lucie, en août 1931, lors d’un séjour de conva­les­cence à Rianjo, une petite ville proche de Pontevedra).

Pourquoi Notre Seigneur fait-​il réfé­rence au roi de France ? Tout sim­ple­ment parce qu’en 1689, Jésus-​Christ se révé­la à sainte Marguerite-​Marie en ces termes : « Fait savoir au fils aîné de mon Sacré-​Cœur (donc, au roi Louis XIV) que, comme sa nais­sance tem­po­relle a été obte­nue par la dévo­tion aux mérites de ma sainte Enfance, de même il obtien­dra sa nais­sance de gloire éter­nelle par sa consé­cra­tion à mon Cœur ado­rable. Mon Cœur veut régner dans son palais, être peint sur ses éten­dards et gra­vé dans ses armes pour les rendre vic­to­rieuses de tous ses enne­mis et de tous ceux de la sainte Église. Mon Père veut se ser­vir du roi pour l’exé­cu­tion de Son des­sein, qui est la construc­tion d’un édi­fice public où serait pla­cé le tableau de mon Cœur pour y rece­voir les hom­mages de toute la France ».

Notre Seigneur pro­met­tait donc à la France, Sa « fille aînée, comme Il l’ap­pe­lait, sa toute puis­sante pro­tec­tion moyen­nant trois choses :

1 – Mettre Son Sacré Cœur sur les armes du roi et les éten­dards de la France ;

2 – Lui éle­ver une Église nationale ; 

3- Que dans cette Église la France Lui soit solen­nel­le­ment consa­crée par son souverain.

Louis XIV ne répon­dit à aucun des dési­rs de Notre Seigneur. On ne sut jamais s’il mépri­sa les avis de l’humble Marguerite-​Marie, la voyante, en refu­sant de croire à ses révé­la­tions, ou si l’é­glise et les per­sonnes choi­sies pour lui rap­por­ter les demandes du divin Maître n’at­ta­chèrent pas assez d’im­por­tance aux appa­ri­tions de Paray-​le-​Monial pour le lui en parler.

Quelle qu’ait été l’in­fi­dé­li­té des hommes, il demeure évident que Notre Seigneur Jésus-​Christ s’est ser­vi de Marguerite-​Marie pour don­ner Son Cœur à la France, et, par la France, à l’Église et au monde. Si Louis XIV aurait consa­cré la France au Sacré-​Cœur, elle aurait été cer­tai­ne­ment sau­vée des attaques de la franc-​maçonnerie qui, dans l’ombre, pré­pa­rait déjà la Révolution de 1789 et toutes celles qui suivirent.

En effet, n’est-​il pas frap­pant de rap­pro­cher ces deux dates :

- 17 juin 1689 : Message res­té sans réponse de Notre Seigneur Jésus-​Christ à Louis XIV ;

- 17 juin 1789 : Le tiers état insur­gé se pro­clame Assemblée consti­tuante et emporte dans le sang et la ter­reur la Monarchie française.

Quant à l’ordre des jésuites qui avait été spé­cia­le­ment choi­si pour répandre la dévo­tion envers le Sacré-​Cœur et trans­mettre à Louis XIV ses grands des­seins, via le R.P de la Chaise s.j., il fut sup­pri­mé au Portugal en 1759, en France en 1764, et en Espagne en 1767. De plus, il fut dis­sous par le Pape Clément XIV lui-​même en 1773.

Il faut aus­si se rap­pe­ler que Louis XIV, dont le règne avait été jusque-​là si heu­reux et si glo­rieux, vit, dès lors, la vic­toire aban­don­ner ses armées et les deuils les plus cruels déci­mer sa famille : de 1708 à 1712 mou­rurent son fils (le Grand Dauphin), ses petits-​fils (le duc de Bourgogne et le duc de Berry), la duchesse de Bourgogne qu’il aimait par­ti­cu­liè­re­ment, et son arrière petit-​fils le duc de Bretagne. Ainsi, en moins de quatre ans, le roi Louis XIV per­dit ses trois suc­ces­seurs ; la France ses trois dauphins !.

Si Louis XIV et ses suc­ces­seurs n’exé­cu­tèrent pas les ordres divins ; et s’il est impos­sible d’es­pé­rer que les hommes actuel­le­ment au pou­voir s’y conforment davan­tage, il appar­tient aux catho­liques fran­çais de deman­der la consé­cra­tion de la France. En effet, si une par­tie des dési­rs de Notre Seigneur a été réa­li­sé (Élever une église natio­nale : celle du Sacré-​Cœur de Montmartre), il n’en est pas de même pour les autres demandes : consé­cra­tion de la France, par ses diri­geants, au Sacré-​Cœur de Jésus, et mettre ce Sacré-​Cœur sur les étendards.

Si le Pape ne consacre pas la Russie au Cœur Immaculé de Jésus et de Marie (et par la même occa­sion révèle au monde le troi­sième secret de Fatima), il est à craindre que Dieu frappe Son Église du même châ­ti­ment qu’il réser­va en 1789 à la monar­chie française !

Déjà, le 13 juillet 1917 à Fatima, Notre-​Dame avait dit clai­re­ment : « La guerre (celle de 1914–1918) va finir ; mais si l’on ne cesse d’of­fen­ser Dieu, sous le règne de Pie XI, en com­men­ce­ra une autre pire ». Peut-​on être plus clair que ça ? (en 1917, le pape était Benoît XV, et seule la Sainte Vierge savait que le châ­ti­ment arri­ve­rait si sous le règne de Pie XI on ne répon­dait pas à Sa demande). Or, rien n’a été fait pour écou­ter les demandes de Notre-​Dame ! Sœur Lucie écri­vit à son ancien confes­seur une lettre qui est empreinte d’une double angoisse, celle de ne pas pou­voir encore atteindre le Saint-​Père et celle de voir la menace de guerre se pré­ci­ser : « Notre-​Dame a pro­mis que le fléau de la guerre sera retar­dé si l’on pra­tique cette dévo­tion [des pre­miers same­dis]. Elle dit que nous ver­rions bien que le châ­ti­ment s’é­loi­gne­rait à mesure que l’on ferait effort pour la pro­pa­ger. Mais je crains que nous ne puis­sions faire plus que nous fai­sons, et que Dieu, peu satis­fait, ne retire le bras de sa misé­ri­corde et laisse dévas­ter le monde par ce châ­ti­ment qui sera hor­rible, hor­rible comme jamais. »

Le Père Aparicio qui connu la reli­gieuse pen­dant douze ans, com­men­ta : « Les mots sou­li­gnés l’ont été par Lucie. J’ai été impres­sion­né par la manière dont elle affirme et pro­nos­tique les évé­ne­ments. Elle ne doute pas elle parle comme si elle voyait l’a­ve­nir je pense que Notre-​Dame le lui a mon­tré. » et, en effet, en 1939, sous le règne de Pie XI pré­ci­sé­ment, la seconde guerre mon­diale écla­tait… et tout le monde sait qu’elle fut pire que la première !.

La Sainte Vierge ajou­ta dans son mes­sage du 13 juillet : « Quand vous ver­rez une nuit illu­mi­née par une lumière incon­nue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne qu’Il va punir le monde de ses crimes par la guerre ». Et bien, dans la nuit du 25 au 26 jan­vier 1938, de 21 heures jus­qu’à deux heures du matin, les cieux furent rem­plis d’un étrange et ter­rible feu, de cou­leur cra­moi­sie. Les savants « pré­ten­dirent » que c’é­tait une aurore boréale d’une splen­deur inac­cou­tu­mée. Pourtant, à la connais­sance du mes­sage de la Sainte Vierge, ces phé­no­mènes étaient très révé­la­teurs pour ce qui allait se pas­ser quelques jours plus tard à peine :

- 4 février 1938 : Hitler prend per­son­nel­le­ment en main la direc­tion de l’ar­mée allemande.

- 12 février 1938 : Hitler entre sans aucune résis­tance en Autriche. et tout ira ain­si cres­cen­do en châ­ti­ment du mépris des demandes du Ciel.

Le 6 février 1939, sœur Lucie, dans une lettre à Mgr José da Silva, le priait d’é­crire de nou­veau au Saint Père. Voici les prin­ci­paux pas­sages de cette lettre : « Dans une com­mu­ni­ca­tion intime, Notre-​Seigneur m’a fait connaître que le moment de grâce dont il m’a­vait par­lé en mai 1938 allait finir. La guerre, avec toutes les hor­reurs qui l’ac­com­pagnent com­men­ce­ra bien­tôt. […] Les nations qui souf­fri­ront le plus sont celles qui ont ten­té de détruire le règne de Dieu. […] Il pro­met une pro­tec­tion spé­ciale au Portugal à cause de la consé­cra­tion que les évêques en ont faite au Cœur imma­cu­lé de Marie ; ce pays souf­fri­ra un peu de la guerre, laquelle se ter­mi­ne­ra lorsque la jus­tice de Dieu sera apaisée. »

Des diverses lettres que sœur Lucie adres­sa à Mgr da Silva afin qu’il insiste auprès du Saint Père pour obte­nir l’acte de consé­cra­tion, nous extra­yons ces lignes où elle exprime son espé­rance : « Le Saint Père accom­pli­ra cet acte comme tant nous le dési­rons. […] Nous aurons à attendre quelque temps, mais tout tour­ne­ra à la gloire de notre Bon Dieu et de notre tant chère Mère de Dieu. » (27 octobre 1940).

Elle insis­tait aus­si auprès de son ancien confes­seur, le Père Aparicio. Le 18 octobre 1940, la guerre annon­cée comme « hor­rible, hor­rible » durait depuis un an ; sœur Lucie écri­vait de nou­veau au bon Père : « Je sou­haite qu’il plaise à Notre-​Seigneur qu’il se trouve quel­qu’un pour s’in­té­res­ser auprès de son Vicaire sur terre à la réa­li­sa­tion de ses dési­rs ; mais le Saint Père ne le fera pas tout de suite. Il doute de la réa­li­té (de ma mis­sion) et il a rai­son. Notre bon Dieu pour­rait mon­trer par quelque pro­dige que c’est lui qui le demande. Mais il uti­lise ce délai pour exer­cer sa jus­tice sur le monde cou­pable de tant de crimes et le pré­pa­rer à un retour plus com­plet au Seigneur. La preuve qu’il nous donne, c’est la pro­tec­tion du saint Cœur de Marie sur le Portugal en regard de la consé­cra­tion qui lui en a été faite. »

Ayant rap­pe­lé le fléau de la guerre civile espa­gnole, sœur Lucie ajoute : « Tout cela nous serait arri­vé pareille­ment si nos Prélats n’a­vaient pas fait atten­tion à la demande de notre Dieu et implo­ré de tout cœur sa misé­ri­corde et la pro­tec­tion du Cœur imma­cu­lé de notre bonne Mère du Ciel. Mais il faut conti­nuer de prier ; c’est pour­quoi, je crois, il serait bon d’in­cul­quer (aux fidèles) une grande confiance dans la misé­ri­corde du bon Dieu et dans la pro­tec­tion du Cœur imma­cu­lé de Marie, et aus­si la néces­si­té de la prière accom­pa­gnée de sacri­fices, sur­tout de celui qui est néces­saire pour évi­ter le péché. C’est la demande de notre bonne Mère du Ciel, sor­tie de son Cœur imma­cu­lé dès 1917, avec une tris­tesse et une ten­dresse pro­fonde : « Qu’on n’of­fense plus Notre-​Seigneur qui est déjà trop offen­sé ! » Quel dom­mage que cette parole ne soit pas bien médi­tée et qu’on n’en mesure pas toute la portée ! »

Sur le conseil du bon Jésuite, le 2 décembre 1940, sœur Lucie ose s’a­dres­ser direc­te­ment au nou­veau Pape Pie XII :

« Humblement pros­ter­née aux pieds de Votre Sainteté, je viens der­nière bre­bis du trou­peau confié à la garde de Votre Sainteté, pour lui ouvrir mon cœur filial par ordre de mon direc­teur spirituel.

« Je suis l’u­nique sur­vi­vante des enfants aux­quels Notre-​Dame dai­gna appa­raître à Fatima (Portugal) les jours 13 de mai à octobre 1917 […]

« Je viens, Saint Père, renou­ve­ler une demande qui fut déjà diverses fois por­tée auprès de Votre Sainteté […]

« La demande est de Nôtre-​Seigneur et de notre bonne Mère du Ciel […] (Ici Sœur Lucie raconte l’ap­pa­ri­tion du 13 juillet 1917, puis celle de 1926 que nous venons de rap­pe­ler. Elle ajoute 🙂

« J’exposai la demande de Notre-​Dame à mon confes­seur, lequel s’oc­cu­pa, par quelques démarches, à la faire réa­li­ser ; mais seule­ment le 13 sep­tembre 1939, Son Excellence Révérendissime Mgr l’Évêque de Leiria dai­gna rendre publique à Fatima cette demande de Notre-​Dame. Je choi­sis ce moment, Très Saint Père, pour prier Votre Sainteté qu’elle daigne la bénir et étendre au monde entier cette dévo­tion. » « En 1929, par le moyen d’une autre appa­ri­tion, Notre-​Dame deman­da la consé­cra­tion de la Russie à son Cœur imma­cu­lé, pro­met­tant par ce moyen d’empêcher la pro­pa­ga­tion de ses erreurs et sa conversion.

« Cette com­mu­ni­ca­tion se fit ain­si. J’avais obte­nu de mes supé­rieures et de mon confes­seur de faire l’heure sainte de onze heures à minuit, entre chaque jeu­di et chaque vendredi.

« Une nuit, il y avait seule­ment la lumière de l’u­nique lampe du sanc­tuaire […] Tout à coup une lumière sur­na­tu­relle illu­mi­na toute la cha­pelle et sur l’au­tel appa­rut une croix de lumière qui arri­vait jus­qu’au pla­fond. Dans une lumière encore plus claire, on voyait dans la par­tie supé­rieure de la croix un visage humain avec le corps jus­qu’à la cein­ture (le Père), sur la poi­trine une colombe (l’Esprit-​Saint), et, cloué sur la croix, le corps d’un autre homme (le Fils).

« Un peu en-​dessous de la cein­ture, on voyait, sus­pen­dus en l’air, un calice et une grande hos­tie sur laquelle tom­baient quelques gouttes de sang qui rou­laient sur les joues du Crucifié et aus­si d’une bles­sure de la poitrine.

« Sur le bras droit de la croix, il y avait Notre-​Dame […] (C’était Notre-​Dame de Fatima avec son Cœur imma­cu­lé sur sa main gauche, sans épée ni rosés, mais avec une cou­ronne d’é­pines et des flammes.) Sous le bras gauche de la croix, quelques lettres sem­blant faites d’eau cris­tal­line, cou­lant au-​dessus de l’au­tel, for­maient ces mots : GRÂCE ET MISÉRICORDE.

« Je com­pris qu’il m’é­tait mon­tré le mys­tère de la Très Sainte Trinité, et je reçus sur ce mys­tère des lumières qu’il ne m’est pas per­mis de révé­ler. Ensuite Notre-​Dame me dit : « II est venu le moment auquel Dieu demande au Saint Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consé­cra­tion de la Russie à mon Cœur imma­cu­lé, pro­met­tant de la sau­ver par ce moyen ».

« Passé quelque temps, je ren­dis compte au confes­seur de la demande de Notre-​Dame. Sa Révérence employa quelques moyens pour qu’elle se réa­li­sât, agis­sant de manière qu’elle puisse arri­ver à la connais­sance de Sa Sainteté Pie XI.

« En diverses com­mu­ni­ca­tions intimes, Notre-​Seigneur n’a pas ces­sé d’in­sis­ter sur cette demande, pro­met­tant der­niè­re­ment que si Votre Sainteté dai­gnait faire la consé­cra­tion du Monde au Cœur imma­cu­lé de Marie, avec men­tion spé­ciale de la Russie et ordon­ner que, en union avec Votre Sainteté et en même temps, la fassent aus­si tous les Évêques du monde d’a­bré­ger les jours de tri­bu­la­tion par les­quels Il a déter­mi­né de punir les nations par la guerre, la famine et diverses per­sé­cu­tions contre la sainte Église et Votre Sainteté. […]

« Avec le plus grand res­pect et révé­rence, j’im­plore la béné­dic­tion apostolique.

Tuy (Espagne) , 2 décembre 1940. »

En mai 1952, la Sainte Vierge appa­raît de nou­veau à sœur Lucie, cette fois au car­mel de Coïmbre, en lui disant : « Fais savoir au Saint-​Père que j’at­tends tou­jours la consé­cra­tion de la Russie à mon Cœur Immaculé. Sans cette consé­cra­tion, la Russie ne pour­ra se conver­tir, ni le monde avoir la paix. »

Le mes­sage fut com­mu­ni­qué à Pie XII en juin, et le 7 juillet 1952 le Pape publia la lettre apos­to­lique Sacro ver­gente anno, consa­crant la Russie au Cœur Immaculé ; mais cette consé­cra­tion ne rem­plis­sait pas les condi­tions posées, puisque Pie XII ne fai­sait aucune allu­sion à la dévo­tion répa­ra­trice des cinq pre­miers same­dis du mois et qui devait, elle aus­si, contri­buer à obte­nir de Dieu le miracle de la conver­sion de la Russie ; mais sur­tout, il n’a­vait pas don­né l’ordre à tous les évêques du monde catho­lique de s’u­nir à lui dans un acte public de répa­ra­tion et de consécration.

Sœur Lucie écri­ra à un cor­res­pon­dant : « …Je vous remer­cie éga­le­ment de la cou­pure de jour­nal qui rap­porte la consé­cra­tion de la Russie. Je suis pei­née qu’elle n’ait pas encore été faite comme Notre-​Dame l’a­vait deman­dée. Patience !… Espérons que Notre-​Dame, comme une bonne Mère, dai­gne­ra l’accepter. »

En guise de sanc­tions, dès l’au­tomne 1952, Pie XII fit don­ner des ordres pré­cis à la hié­rar­chie pour que l’on ne réclame plus cette consé­cra­tion de la Russie qu’il vou­lut que l’on consi­dé­rât comme faite.

De plus, en 1955, le Pape déci­da que « seules les per­sonnes qui avaient déjà ren­con­tré sœur Lucie pour­raient la voir de nou­veau sans auto­ri­sa­tion expresse du Saint-​Siège ». Ainsi sur­veillée, la voyante fut dès lors presque tota­le­ment réduite au silence ; rigueurs qui furent aggra­vées sous le pon­ti­fi­cat des papes sui­vants, à tel point que même son ancien confes­seur et direc­teur, le Père José Aparicio, un véri­table homme de Dieu, ne put obte­nir la per­mis­sion de s’en­tre­te­nir avec elle, sur­tout à par­tir de 1960, date à laquelle le aurait dû être révé­lé au monde. Une de ses lettres, datée du 7 août 1960, en témoigne : « Demain ou plus tard, j’i­rai à Coïmbre. Je ne pour­rai pas par­ler avec sœur Lucie parce qu’elle est recluse. Par ordre du Saint-​Office de Rome, elle ne peut com­mu­ni­quer avec per­sonne. L’évêque juge qu’il n’a pas auto­ri­té pour lais­ser par­ler la sœur. » A son retour au Brésil, le Père Aparicio pré­ci­se­ra à un cor­res­pon­dant : « Je n’ai pu par­ler avec sœur Lucie parce que Mgr l’ar­che­vêque ne pou­vait pas don­ner la per­mis­sion de la ren­con­trer. Les condi­tions d’i­so­le­ment dans les­quelles elle se trouve ont été impo­sées par le Saint-​Siège. Par consé­quent, per­sonne ne peut par­ler avec elle sans une licence de Rome. Mrg. l’ar­che­vêque n’a qu’un nombre très limi­té de ces licences. » (Lettre du 24 novembre 1960).

En 1962, Marie de Freitas, secré­taire inter­na­tio­nale de l’Armée bleue, rési­dant à Fatima, écri­vit dans « L’appel de Notre-​Dame » n° 29, un article sous le titre : « Sœur Lucie… l’in­vi­sible » ! « De plus en plus, notait-​elle, les visites à sœur Lucie res­tent inter­dites. » Et elle ajou­tait : nom­breux sont « les digni­taires de l’Église, convo­qués à Rome pour le concile Vatican II, qui comp­taient bien, en tra­ver­sant Coïmbre, pou­voir s’en­tre­te­nir un moment avec la voyante de Fatima… Impossible pour­tant ».

Si le Saint-​Siège avait pris de telles mesures, c’é­tait cer­tai­ne­ment pour empê­cher la voyante de renou­ve­ler à qui­conque les décla­ra­tions qu’elle avait faites au Père Fuentes, sur troi­sième Secret.

La consé­cra­tion de la Russie reste donc encore à faire pour obéir à notre Mère du Ciel. Malgré tout, nous serions insen­sés et nous péche­rions par pré­somp­tion si nous agis­sions comme si la pro­messe qui en décou­le­ra après la consé­cra­tion faite par le pape, en union avec tous les évêques du monde, et dans le triomphe du Cœur Immaculé nous dis­pen­sait de tout effort pour la méri­ter. Lorsque la sainte Vierge deman­dait aux pas­tou­reaux de reve­nir les treize du mois sui­vant, elle se devait d’être fidèle au rendez-​vous puisqu’Elle ne met­tait aucune condi­tion à sa venue. Pareillement, lorsqu’Elle pro­met­tait le miracle du 13 octobre, Elle n’y met­tait aucune condi­tion. Sa fidé­li­té à ces pro­messes incon­di­tion­nelles nous est sim­ple­ment une garan­tie puis­sante qu’Elle nous obtien­dra les grâces de conver­sion et de paix au moins dans la mesure où de notre côté nous tien­drons compte de ce qu’Elle nous demande.

Suites des apparitions

Jeudi 29 mai 1930 : Les blas­phèmes des hommes contre le Cœur Immaculé de Marie