Boulogne-​sur-​Mer : reportage du pèlerinage 2007 – n° 3

De concessions en concessions

Il est bon de pré­ci­ser le cadre dans lequel se situe cette procession.

Le culte à Notre Dame de Boulogne remonte au VIIème siècle. Il est le plus ancien de France après de celui du Puy-​en-​Velay. La quasi-​totalité des rois de France s’est age­nouillée en son sanc­tuaire. Mais il connut un regain de fer­veur lors de la deuxième guerre mon­diale. Quatre sta­tues de la Vierge nau­to­nière che­mi­nèrent durant ces années noires de vil­lage en vil­lage et de ville en ville ? Les esprits en res­tèrent pro­fon­dé­ment mar­qués. Une magni­fique repro­duc­tion en chêne avait été réa­li­sée, il y a une ving­taine d’années par un sculp­teur du nom de Lederman. Et la Providence nous per­met­tait l’an der­nier de l’accueillir en grand arroi dans la bonne ville de Boulogne-​sur-​mer. Magnifique pro­ces­sion qui se ter­mi­nait à l’Église tra­di­tion­nelle Saint-​Louis au centre de la ville. La ques­tion simple était que tout ce monde ne pou­vait ache­ver ce court pèle­ri­nage dans l’église, grande mais trop petite pour la circonstance.

Le sou­hait de cha­cun était que cette pro­ces­sion puisse se ter­mi­ner dans la cathé­drale. Sans office, mais sim­ple­ment par le renou­vel­le­ment de la Consécration de la France à la Vierge par le Vœu de Louis XIII. Il fal­lait deman­der l’autorisation au Doyen de la cathé­drale. Il fut donc déci­dé d’abandonner le vocable de pro­ces­sion à la Vierge du Grand retour, puis celui de Vierge de Boulogne. Il faut même pro­po­sé de joindre le groupe de tra­di­tio­na­listes à la pro­ces­sion offi­cielle qui avait lieu trois semaines plus tôt. La réponse du Doyen fut un non abso­lu. Il décla­re­ra même en pri­vé qu’il pré­fè­re­rait démis­sion­ner que de lais­ser ces fidèles entrer dans la cathé­drale. Ce qui tient ni plus ni moins de la dis­cri­mi­na­tion et de l’illégalité la plus com­plète ; ceci dans la mesure où la cathé­drale est ouverte à tous en cette période touristique.

Le maire de la ville Frédéric Cuvillier – socia­liste plus ou mois dis­si­dent car sou­te­nant l’inénarrable Jack Lang dépu­té du coin – était bien­veillant et pro­po­sait de ter­mi­ner la pro­ces­sion en centre ville au jar­din des Tintelleries créé par le Roi Soleil lui-​même. Pourquoi pas ?

En ce 9 sep­tembre, une par­tie de l’assistance était dehors faute de place lors de messe du matin.

L’abbé Olivier Bertaux, doyen de la Fraternité Saint-​Pie X dans le Nord, offi­ciait lors de la Grand Messe solen­nelle. Et, avec ses talents d’orateur, il expli­qua tout ce que nous devions à Notre Saint Père le pape Benoît XVI pour le Motu pro­prio. Il pré­si­dait de même la pro­ces­sion. Le char de la Vierge riche­ment orné, était tiré, comme il se doit, par des che­vaux bou­lon­nais. Merci de même à Pierre Vouters – par ailleurs délé­gué géné­ral de Laissez-​les Vivre- qui était venu avec une remar­quable voi­ture sono­ri­sée. Les chants étant entraî­nés par un carillon des Flandres de 36 cloches.

Ce carillon mobile venu de Malines avec les Belges est une sorte de mer­veille. Sa pré­sence était une grande pre­mière. Les élèves de Camblain devaient le tirer et même se mettre à vingt pour le pous­ser dans la Grand Rue qui monte du port vers la Haute Ville et la cathé­drale. Service médi­cal, voi­tures balais, tout y était. Et mon­tèrent vers le ciel ces magni­fiques can­tiques tra­di­tion­nels : Chez nous soyez Reine. Pas un coup de klaxon intem­pes­tif de quelque conduc­teur pres­sé. Pas un regard de cette haine à laquelle nous sommes tel­le­ment habi­tués et qui nous avait écra­sé pen­dant qua­rante ans. Laquelle avait été évo­quée pai­si­ble­ment dans le ser­mon de la Grand Messe par l’abbé Bertaux. La Vierge pas­sait comme elle était pas­sée en 1943 devant les Allemands age­nouillés qui avaient reçu l’ordre de la blo­quer au pont de la ville de Tours.

Certes nous n’avions pas les voûtes de la cathé­drale pour nous accueillir. Nous avions celles du ciel qui à l’instar de la cape de la Vierge était ce jour-​là d’un bleu profond.

Le Grand Retour de la foi

Combien de per­sonnes étaient-​elles venues ce jour-​là ? Le cor­tège s’étalait sur toute la lon­gueur de l’avenue qui borde le port. Mais la vision la plus belle était celle de toute la foule qui enva­his­sait toute la Grand-​Rue. Différence avec l’année der­nière ? Les pèle­rins au lieu d’être dis­po­sés sur deux rangs for­maient un groupe dense du haut en bas de la plus belle ave­nue de Boulogne. Il suf­fit de com­pa­rer les pho­tos prises d’une année sur l’autre. La police avait esti­mé l’an der­nier à près d’un mil­liers le nombre de participants…Cette année ? Dieu seul le sait.

Notre sou­hait ? Que l’an pro­chain, chaque délé­ga­tion se retrouve der­rière ses ban­nières, ses sta­tues. Et nous enten­drons à nou­veau réson­ner le carillon des Flandres qui accom­pa­gne­ra nos chants. « Vierge notre espé­rance, étends sur nous ton bras ».

Une nou­velle page de l’histoire de Notre Dame de Boulogne est en train de s’écrire. Et l’an pro­chain, nous serons là, plus nom­breux encore. Nul doute qu’Elle nous aide­ra à l’écrire.

Car il s’agit de Grand Retour de la Vierge mais aus­si celui du retour de la foi en Dieu que nous appe­lons de nos vœux et de nos prières. Qui vien­dra avec la Vierge du Grand Retour, si nous avons le cou­rage de Lui demander.

Jean-​Pierre Dickès

Les vidéos de la procession [3′ 11’“] et [0′ 54””]

Le carillon ambu­lant des Flandres de 36 cloches

Merci à Catholille pour la réa­li­sa­tion de ces vidéos