L’éloge scandaleux de Luther fait par le Pape Bergoglio, sur la justification, Paolo Pasqualucci – Septembre 2016

Lors de la confé­rence de presse accor­dée par Bergoglio dans l’a­vion qui le rame­nait de sa visite en Arménie, inter­ro­gé à pro­pos des célé­bra­tions avec les luthé­riens pour le cin­quième cen­te­naire de la Réforme pro­tes­tante, celui-​ci a déclaré :

« Je crois que les inten­tions de Martin Luther n’é­taient pas mau­vaises. À cette époque l’Église n’é­tait pas vrai­ment un modèle à imi­ter : il y avait de la cor­rup­tion, il y avait de la mon­da­ni­té, il y avait de l’at­ta­che­ment à l’argent et au pou­voir. C’est pour­quoi il a pro­tes­té. De plus il était intel­li­gent et il a fait un pas en avant, en jus­ti­fiant pour­quoi il le fai­sait. Et aujourd’­hui luthé­riens et catho­liques, avec tous les pro­tes­tants, nous sommes d’ac­cord sur la doc­trine de la jus­ti­fi­ca­tion : sur ce point si impor­tant, il ne s’é­tait pas trom­pé. Il a fait un « remède » pour l’Église, puis ce remède s’est conso­li­dé en un état de choses, en une dis­ci­pline, etc. »

Texte repris par le site Riscossa Cristiana , article de M. FAVERZANI de juin 2016, p. 2 de 2 : ori­gi­nel­le­ment sur le site Corrispondenza Romana. Le texte repro­duit le par­ler libre du Pape, dans son ita­lien sou­vent mal­heu­reux, tel qu’il est rap­por­té par la presse inter­na­tio­nale. C’est moi qui sou­ligne le pas­sage en italique.

Ce qui frappe comme un authen­tique coup de mas­sue, dans ces paroles, c’est l’af­fir­ma­tion qu’au­jourd’­hui, après des décen­nies de « dia­logue », catho­liques et pro­tes­tants, luthé­riens ou non, sont d’ac­cord sur la doc­trine de la jus­ti­fi­ca­tion. Les catho­liques concor­de­raient aus­si en sou­te­nant que « sur ce point si impor­tant Luther ne s’é­tait pas trom­pé ».

Mais cette ques­tion n’a-​t-​elle pas tou­jours été l’un des points de com­plète rup­ture de Luther avec la doc­trine ensei­gnée au cours des siècles par l’Église ? C’est-​à-​dire le fait qu’il ait répan­du une doc­trine du salut, ou de la « jus­ti­fi­ca­tion du pécheur » face à Dieu, par l’in­ter­mé­diaire de la seule foi , en excluant l’ap­port des œuvres et donc de notre livre arbitre. Le Concile de Trente, en conclu­sion de son Décret sur la jus­ti­fi­ca­tion , le 13 jan­vier 1547, pro­non­ça 33 ana­thèmes avec les canons cor­res­pon­dants, dont le 9ème affirme :

Si quel­qu’un dit que l’im­pie est jus­ti­fié par la seule foi, enten­dant par là que rien d’autre n’est requis pour coopé­rer à l’ob­ten­tion de la grâce, et qu’il ne lui est en aucune manière néces­saire de se pré­pa­rer et dis­po­ser par un mou­ve­ment de sa volon­té : qu’il soit anathème.

Guiseppe ALBERIGO (sous la direc­tion de) Decisionidei Concili Ecumenici ( Décisions des Conciles Œcuméniques ), tr. It. Rodomonte Galligani, UTET, 1978, p. 553 ; DS 819/​1559.

Il est notoire que la doc­trine condam­née ici est celle de Luther. Et à pré­sent le Pape en per­sonne vient nous dire que « sur ce point si impor­tant Luther ne s’é­tait pas trom­pé ? Quel compte le Pontife actuel tient-​il des défi­ni­tions expres­sé­ment dog­ma­tiques du Concile de Trente ? Aucun, mani­fes­te­ment. Mais il faut ajou­ter qu’il ne tient aucun compte de toute la doc­trine de l’Église sur ce point, puisque le Concile de Trente n’a pas fait autre chose que réaf­fir­mer, en l’ex­pli­quant et la cla­ri­fiant, la doc­trine tou­jours pro­fes­sée par l’Église. Et il faut aus­si se deman­der, face à des affir­ma­tions de ce genre : quel est le niveau de pré­pa­ra­tion théo­lo­gique du Pape Bergoglio ?

Toutefois, ces deux stu­pé­fiantes décla­ra­tions du Pape ne doivent pas nous sur­prendre tant que cela. Il ne fait pas autre chose que tirer les conclu­sions évi­dentes et expli­cites de ce qui est affir­mé dans la Déclaration conjointe sur la jus­ti­fi­ca­tion , per­fec­tion­née il y a peu de temps en vue d’un « dia­logue œcu­mé­nique » avec les Luthériens, ini­tié en 1994 dans l’in­ten­tion pré­ci­sé­ment d’ar­ri­ver à une Déclaration de ce genre ; dia­logue qui s’est par consé­quent déve­lop­pé avec la com­plète appro­ba­tion des deux Papes pré­cé­dents : Jean- Paul II et Benoît XVI . S’y sont-​ils expli­ci­te­ment oppo­sés ? N’est-​il pas nor­mal de poin­ter leur com­pli­ci­té sur ce point ?

L’extraordinaire éloge du Pape François envers Luther, éloge por­tant sur la doc­trine héré­tique de ce der­nier , montre à quel point est vraie la récente décla­ra­tion de Mgr Bernard Fellay, Supérieur Général de la FSSPX, qui affirme que l’Église est aujourd’­hui dévas­tée par de mul­tiples et graves erreurs, ensei­gnées par les Pasteurs eux-​mêmes, y com­pris le Pape .

Des véri­tés fon­da­men­tales sont niées ou vidées de leur sens, on cherche l’ac­cord doc­tri­nal expli­cite avec les héré­tiques et les schis­ma­tiques, l’Autorité Suprême fait même ouver­te­ment l’é­loge des fon­de­ments mêmes de leurs doc­trines ! En effet, l’hé­ré­sie de la sola fides comme pour­voyeuse de salut, sans qu’il soit besoin du concours des œuvres méri­toires que Dieu veut de nous, avec l’o­béis­sance aux Dix Commandements, et donc avec la coopé­ra­tion de notre libre arbitre à l’œuvre de la Grâce en nous, consti­tue le prin­cipe fon­da­men­tal de tout le sys­tème luthé­rien et même de tout le Protestantisme.

Défenseurs de la foi, où êtes-​vous ? Combien de temps encore allez-​vous vous taire ?

Pr. Paolo Pasqualucci

Sources : Le Courier de Rome n° 591 /​La Porte Latine du 16 juillet 2017