Interview de Mgr Lefebvre au sujet des entretiens qu’il a eus à Rome, du 10 au 12 janvier 1979

Voici l’es­sen­tiel d’une inter­view de Mgr Lefebvre au sujet des entre­tiens qu’il a eus à Rome, du 10 au 12 jan­vier 1979 (DC 1979, p. 196). Ces décla­ra­tions ont été recueillies par l’Agence télé­gra­phique suisse :

Quelle est, Monseigneur, la situa­tion à la suite de vos der­nières entrevues ?

Mgr Lefebvre :

« Rien n’est ter­mi­né, mais bien des choses sont éclair­cies. Actuellement, on n’o­se­rait plus dire à Rome que ma pen­sée sur le Concile est une pen­sée inad­mis­sible. Le Saint-​Père lui-​même, lorsque je l’ai ren­con­tré, m’a dit qu’il approu­vait ma for­mule au sujet du Concile, à savoir que j’ac­cepte les actes du Concile, mais inter­pré­tés selon la tra­di­tion, dans la mesure où ils sont conformes à la tra­di­tion. Une étape est fran­chie depuis la der­nière entre­vue, vis-​à-​vis du Pape sur­tout. Comme rien n’est chan­gé dans la Curie romaine, il est évident que ces per­sonnes gardent encore des pré­ju­gés contre moi. C’est pour­quoi la situa­tion est encore un peu déli­cate. Mais vis-​à-​vis du Pape, la situa­tion s’est fran­che­ment améliorée. »

Comment voyez-​vous la solution ?

Mgr Lefebvre :

« C’est la ques­tion qu’on vient de me poser à Rome. J’ai répon­du : Il n’y a qu’un mot à dire, à savoir qu’on nous laisse tout sim­ple­ment exer­cer les moyens de sanc­ti­fi­ca­tion que l’Eglise a tou­jours employés pour le salut des âmes. C’est tout. Ce n’est pas com­pli­qué. La solu­tion est là et cela arran­ge­rait par­fai­te­ment les choses à tous les niveaux. »

Comme vous n’a­vez pas vu le Pape lors du der­nier voyage à Rome, on a par­lé d’un échec de votre part.

Mgr Lefebvre :

« Il n’é­tait pas pré­vu que je le voie. J’ai vu le car­di­nal Seper et les experts. De nom­breuses ques­tions m’ont été posées. J’y ai répon­du. Tous ces docu­ments devront être signés ces pro­chains jours. Je dois me rendre en prin­cipe lun­di à Rome. Les docu­ments signés seront remis au Pape qui deman­de­ra alors sans doute à me revoir. Je suis à sa dis­po­si­tion. Il n’y aura aucune marche arrière de ma part. Je demande une fois de plus ce que j’ai tou­jours deman­dé, à savoir qu’on nous laisse faire l’ex­pé­rience de la tradition. »

La Liberté, Fribourg, 29 jan­vier 1979