Lettre de Paul VI à Mgr Lefebvre du 15 août 1976

A notre véné­ré Frère Marcel Lefebvre,

En cette fête de l’Assomption de la Très Sainte Vierge Marie, nous tenons à vous assu­rer de notre sou­ve­nir, accom­pa­gné d’une prière spé­ciale pour une solu­tion posi­tive et prompte de la ques­tion qui regarde votre per­sonne et votre acti­vi­té à l’é­gard de la Sainte Eglise.

Notre sou­ve­nir s’ex­prime en ce sou­hait fra­ter­nel et pater­nel : que vous vou­liez bien consi­dé­rer, devant le Seigneur et devant l’Eglise, dans le silence et la res­pon­sa­bi­li­té de votre conscience d’é­vêque, l’in­sou­te­nable irré­gu­la­ri­té de votre posi­tion pré­sente. Elle n’est pas conforme à la véri­té et à la jus­tice. Elle s’ar­roge le droit de décla­rer que notre minis­tère apos­to­lique s’é­carte de la règle de la foi, et de juger comme inac­cep­table l’en­sei­gne­ment d’un Concile oecu­mé­nique célé­bré selon une obser­vance par­faite des normes ecclé­sias­tiques : ce sont là des accu­sa­tions extrê­me­ment graves. Votre posi­tion n’est pas selon l’Evangile et selon la foi.

Persister dans cette voie serait un grave dom­mage pour votre per­sonne sacrée et pour ceux qui vous sui­vraient comme guide, en déso­béis­sance aux lois cano­niques. Au lieu de por­ter remède aux abus que l’on veut cor­ri­ger, cela en ajou­te­rait un autre d’une incal­cu­lable gravité.

Ayez l’hu­mi­li­té, Frère, et le cou­rage de rompre la chaîne illo­gique qui vous rend étran­ger et hos­tile à l’Eglise, à cette Eglise que pour­tant vous avez tant ser­vie et que vous dési­rez aimer et édi­fier encore. Combien d’âmes attendent de vous cet exemple d’hé­roïque et simple fidélité !

Invoquant l’Esprit-​Saint et confiant à la Très Sainte Vierge Marie cette heure qui est, pour vous et pour nous, grande et amère, nous prions et espérons.

Castel Gandolfo, 15 août 1976.

PAULUS PP. VI.