Lundi 13 juin 2011 : sermon de l’abbé Xavier Beauvais, place Vauban à Paris

Avertissement : le style par­lé de ce ser­mon a été conservé

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit, ain­si soit-il,

Excellence,
Monsieur le Supérieur,
Chers Confrères,
Mes soeurs,
Bien chers fidèles,
Mes chers pèlerins

Au laï­cisme, cette peste qui ronge les ins­ti­tu­tions, saint Pie X indi­gné avait répon­du : « Nous Lui devons, à Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, non seule­ment un culte pri­vé, mais un culte public, un culte social pour L’honorer ». C’est ce que vous venez de faire aujourd’­hui. Honneur à vous, chers pèle­rins ! Honneur à vous d’a­voir don­né un hom­mage natio­nal et même inter­na­tio­nal au Dieu caché sous les voiles sacramentels.

Au terme de ce beau pèle­ri­nage, cette pro­ces­sion sans nul doute a été l’ex­pres­sion d’un désir, d’une espé­rance enthou­siaste que le Règne du Christ dans la vie de nos nations – que l’argent et l’im­mo­ra­li­té asphixient -, que le Christ règne dans la vie de cha­cun, dans nos foyers, dans toute la vie sociale. Cette pro­ces­sion, c’é­tait un défi à la laï­ci­té. Vous avez hono­ré sur le Trône d’a­do­ra­tion où Il com­mande, où Il parle, ou Il règne dans l’u­ni­vers, un Roi, le Roi paci­fique de nos âmes. Honneur à vous, chers pèle­rins, l’Eglise est fière de vous.laïcisme

Saint Pierre-​Julien Aymard avait été frap­pé de l’i­so­le­ment dans lequel lais­sait Jésus-​Christ en Son ado­rable Sacrement le peu de pié­té des fidèles. Il avait été frap­pé de l’in­dif­fé­rence de tant de chré­tiens, de l’im­pié­té crois­sante des hommes du siècle. Il voyait les besoins si grands de l’Eglise, de tant d’i­do­lâtres et d’hé­ré­tiques, loin de la foi en Jésus-​Christ et il s’é­tait alors pris à pen­ser : « Pourquoi, pour­quoi le Roi des rois n’aurait-​Il pas Sa Garde d’hon­neur ? » Eh bien vous, chers enfants, et tous les pèle­rins à la suite du Trône eucha­ris­tique, vous avez été pen­dant les der­nières heures de ce pèle­ri­nage, la Garde d’hon­neur du Roi des rois. S’il exis­tait une médaille du mérite eucha­ris­tique, on vous l’au­rait décernée.

Soyez féli­ci­tés d’a­voir glo­ri­fié, par un culte public et solen­nel, avec magni­fi­cence, le Verbe de Dieu fait Homme, réel­le­ment, sub­stan­tiel­le­ment pré­sent, dans le Sacrement de Son amour. Nous L’avons sor­ti du taber­nacle, nous L’avons mon­tré, nous L’avons ado­ré des heures durant, comme le Roi de tous les siècles, le Roi du XXIème siècle. Et Voltaire a dû écu­mer de rage tout comme ses réseaux d’aujourd’hui.

Voltaire, qui avait crié au monde il y a deux siècles et demi : « Dans vingt-​cinq ans, Dieu sera tom­bé dans l’ou­bli ». Vous êtes de ceux qui, aujourd’­hui, lui avez don­né un cin­glant démen­ti. Et le Ciel, le Ciel s’est réjoui de votre acte de foi.

Nietzsche avait crié au monde : « Dieu est mort. Vous et moi, nous l’a­vons tué. » Et aujourd’­hui, vous avez ado­ré ce Dieu vivant par­mi nous, bien vivant, bien pré­sent avec Son Corps, Son Sang, Son Ame et Sa Divinité. Les folies de la Révolution fran­çaise ont vou­lu la mort de Dieu. Les Soviets avaient vou­lu réité­rer la même folie. L’autre révo­lu­tion que fut le Concile Vatican II s’est atta­quée au cœur de l’Eglise, le Saint Sacrifice de la Messe, semant le doute sur la Présence eucha­ris­tique, et si nous évo­quons le pro­tes­tan­tisme, le jan­sé­nisme, c’est Jésus-​Christ, c’est la Présence Réelle qui gêne, mais tant qu’il res­te­ra des catho­liques, comme vous, res­te­ra alors vraie la parole de nos Saints Livres au sujet de Dieu : « Des mil­liers et des mil­liers Le servent, des dizaines et des dizaines de mille se tiennent debout devant Lui », ou plu­tôt ils se tiennent non pas debout, mais s’a­ge­nouillent devant Lui et font cette prière aujourd’­hui : « Louange, gloire, sagesse, action de grâce, hon­neur, puis­sance et force à notre Dieu dans les siècles des siècles ».

Par cet hon­neur com­plet ren­du à la Sainte Eucharistie, se pro­dui­ra spon­ta­né­ment et tout natu­rel­le­ment, nous l’es­pé­rons très fort, que chaque fidèle, les familles, les cités, retrouvent la vigueur de la foi et la crois­sance dans la ver­tu. Que si les ins­ti­tu­tions humaines vieillissent et dépé­rissent par suite de l’é­goïsme avide et immo­dé­ré, lan­çait saint Pie X, ces mêmes ins­ti­tu­tions sont enno­blies par la ver­tu et l’ex­cel­lence du Sacrifice qui jamais n’é­mane et ne jaillit plus effi­cace que par la médi­ta­tion des mys­tères de la Mort du Seigneur. C’est par Sa Mort que nous avons la Vie. Face à l’a­théïsme, face à la haine, à la haine de Dieu qui souille notre époque, le Sang du Christ est un bain puri­fiant grâce Auquel nous pou­vons effa­cer ces blas­phèmes exé­crables d’hier et de demain, et c’est alors que notre pro­ces­sion a pris aus­si un accent de répa­ra­tion. Elle fut un acte solen­nel de répa­ra­tion où les hon­neurs ren­dus publi­que­ment et solen­nel­le­ment au Dieu fait Homme, ont eu pour but d’ef­fa­cer, de com­pen­ser les outrages qu’on a pu Lui faire il y a peu encore dans la cité des Papes.

Et pen­dant cette Messe encore, levez vos cœurs, levez vos cœurs aujourd’­hui, nets et purs en la pré­sence de Dieu en les offrant sur la pierre de l’au­tel pour les injures et les mépris qu’on Lui a faits et que, par mal­heur, on Lui fait encore et que peut-​être on Lui fera encore. Le chris­tia­nisme a civi­li­sé le monde, disait un jour Donoso Cortes en fai­sant de l’ab­né­ga­tion et du sacri­fice, ou mieux de la cha­ri­té, une chose divine. Nous vou­lons un renou­vel­le­ment de la socié­té. Où le trou­ver ? Sans aucun doute, dans la Sainte Eucharistie, sacre­ment de l’a­mour sans lequel il ne peut y avoir par­faite uni­té. Et que voit-​on aujourd’­hui ? La désa­gré­ga­tion de l’homme, cor­rom­pu par son éloi­gne­ment de Dieu, la désa­gré­ga­tion du foyer, la désa­gré­ga­tion de la socié­té, la désa­gré­ga­tion de l’Eglise, la désa­gré­ga­tion des nations en proie à la convoi­tise effre­née des richesses et du pou­voir. Désagrégation parce que manque la cha­ri­té ; eh bien, sept fon­taines, sept fon­taines ouvertes, les sept sacre­ments coulent, selon une expres­sion du pape Pie XII, coulent dans le jar­din de l’Eglise pour don­ner et aug­men­ter la grâce et par consé­quent la cha­ri­té. Mais une seule, une seule, l’Eucharistie, le fait direc­te­ment et uniquement.

Comme saint Thomas nous dit : « L’effet de ce sacre­ment, c’est la cha­ri­té ». Non seule­ment habi­tuelle, mais actuelle. Hostie divine ! s’ex­clame saint Augustin. Symbole de l’u­ni­té, lien de la cha­ri­té. Mystère de force divine, armure invin­cible de la milice chré­tienne dans laquelle le bap­tême vous a enrô­lés. Durant l’ère des mar­tyrs, écri­vait encore Pie XII, durant l’ère des mar­tyrs, tout le sou­ci de l’Eglise était d’ar­mer ces ath­lètes avec le Corps du Christ afin qu’ils puissent per­sé­vé­rer jus­qu’à la conquête de la cou­ronne. Et aujourd’­hui où fleu­rissent avec den­si­té les palmes du mar­tyr, quelle féli­ci­té, quel bon­heur pour le confes­seur de la foi de pou­voir s’at­ta­cher à Jésus-​Christ dans le Saint-​Sacrement. Or, qu’est-​ce donc que la vie chré­tienne si ce n’est un mar­tyre sans effu­sion de sang ? Porter sa croix et suivre Jésus-​Christ. Pour résis­ter aux séduc­tions du mal, ne dit-​il pas qu’il faut le cou­rage de tous les sacri­fices et si vous vou­lez l’a­voir, assurez-​vous de Jésus dans le Saint-​Sacrement. Les taber­nacles, pour­sui­vait le Pape, les taber­nacles sont l’a­sile des grands âmes dans l’a­mour et la dou­leur, la for­te­resse d’où s’é­lancent les cham­pions de la Vérité pour com­battre en cette val­lée de larmes, pour com­battre en cette val­lée de larmes et de misères, les com­bats, les com­bats de Dieu contre les enfants des ténèbres, contre ceux qui s’é­garent dans la voie de l’er­reur. C’est dans le taber­nacle que nous trou­vons de la manière la plus vive et la plus encou­ra­geante la force constante, la force puis­sante de la prière, de l’ac­tion et du sacri­fice. Cette force qui fera de vous la divine lumière du monde et le sel de la terre.

Où pourriez-​vous trou­ver, où pourriez-​vous trou­ver la force suf­fi­sante pour réa­li­ser l’i­déal sublime de la vie chré­tienne ? Saint Augustin déjà don­nait la réponse. « Qu’ils mangent, qu’ils boivent. Ceux qui déjà mangent et boivent sans * satis­faire leur faim et leur soif ». Qu’ils mangent et qu’ils boivent la vie, parce que man­ger cet ali­ment, c’est se for­ti­fier et le véri­table Evangile de la vie, c’est le sacre­ment de l’Eucharistie. Et si par hasard, vous êtes assaillis, par crainte de perdre cette vie contre les attaques de l’en­ne­mi, saint Thomas nous assure que ce Sacrement non seule­ment for­ti­fie la vie spi­ri­tuelle, mais aus­si parce qu’il est sym­bole de la Passion du Christ, il nous assure que par ce Sacrement, tous les assauts du démon seront repous­sés. Il est le Pain des forts, émi­ne­ment effi­cace pour éloi­gner nos âmes du péché. Il est la force de ne pas tom­ber, Il est la force de se rele­ver, et si vous ne pui­sez pas aux sources eucha­ris­tiques la force chré­tienne, vous ne réus­si­rez pas, à la longue, à demeu­rer fidèles. Vous avez dans cette vie tant de sacri­fices à accom­plir, tant de dan­gers à sur­mon­ter qu’il vous serait impos­sible, sans cette source d’eau vive, de triom­pher constam­ment de la fai­blesse humaine. Alors, puissiez-​vous redé­cou­vrir ce lien entre la cha­ri­té et l’Eucharistie. Dans la cha­ri­té, vous don­nez, et dans l’Eucharistie Notre-​Seigneur donne. Il donne tout, Il Se donne tout entier, Lui-​même. L’Eucharistie, c’est le don, c’est le don, c’est le mys­tère du don abso­lu. C’est le don de Dieu et c’est là que nous devons apprendre à don­ner nous-​mêmes, à don­ner de nous-​mêmes, à nous don­ner nous-​mêmes car il n’y a pas de don tant qu’on ne se donne pas.

Voyez la Très Sainte Vierge Marie, quand Notre-​Seigneur dans l’Incarnation se donne à elle. Quand elle Le reçoit dans son cœur, dans son sein, que fait-​elle ? Elle se lève spon­ta­né­ment, et elle va se don­ner, elle court chez sa parente lui por­ter ce témoi­gnage d’af­fec­tion, lui por­ter Jésus qu’elle a reçu et qu’elle pos­sède. Lorsque l’é­vêque donne l’onc­tion sacer­do­tale au jeune prêtre dans l’or­di­na­tion, lors­qu’il lui donne ce pou­voir extra­or­di­naire et effrayant de consa­crer le Corps et le Sang de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, il lui dit : « Ce que vous tou­chez, imitez-​Le. Donnez-​vous comme Il Se donne, livrez-​vous comme Il Se livre, dépensez-​vous comme Il Se dépense. Il ne faut rien réser­ver de vous-​même ». Et vous, chers pèle­rins, dans la las­si­tude, rebu­tés par les mêmes misères, lorsque l’en­nui, le dégoût, le décou­ra­ge­ment vou­draient vous ralen­tir, vous enva­hir, regar­dez ce don inces­sant, regar­dez ce don conti­nu, ce don per­pé­tuel de l’Eucharistie. Et nous lasserions-​nous, oserions-​nous nous las­ser de nous don­ner, en voyant comme Il Se donne à nous, Lui sans Se las­ser jamais ?

Alors, c’est Elle, l’Eucharistie, qui nous apprend le don de nous-​mêmes. C’est Elle qui nous dit de durer, de durer tou­jours et d’al­ler jus­qu’au bout. L’Eucharistie nous est don­née pour apprendre le dévoue­ment à nos âmes. Ce n’est pas par des paroles que Notre-​Seigneur Jésus-​Christ nous aime, c’est par l’acte du don com­plet, abso­lu, de Lui-​même. Communier n’est pas une obli­ga­tion, c’est une néces­si­té, et si ce n’é­tait pas une néces­si­té de nos âmes, l’Eglise n’en aurait jamais fait une obli­ga­tion. Le grand mal du monde moderne, disait Mgr Lefebvre, est d’a­voir atti­sé dans le cœur des hommes la soif du plai­sir, et d’a­voir détour­né les cœurs et les intel­li­gences du vrai bon­heur. On a enle­vé à l’homme le soleil de sa vie, la Très Sainte Eucharistie. Seul le Sang de Notre-​Seigneur dans l’Eucharistie peut mettre un frein et une mesure dans le cœur des hommes. On com­prend pour­quoi, un soir de pre­mière com­mu­nion, le père Emmanuel, conscient de l’im­pos­si­bi­li­té de conci­lier l’Eucharistie et le monde, avait fait venir les pre­miers com­mu­niants pour leur dire le soir : « Maintenant, vos n’ap­par­te­nez plus au monde, vous appar­te­nez à Jésus-​Christ ». Le culte divin est en effet insé­pa­rable d’une conver­sion des moeurs.

Et vous, époux chré­tiens, épouses chré­tiennes, enfants de la famille chré­tienne, vous pos­sé­dez là le prin­cipe qui fait rayon­ner une influence sanc­ti­fi­ca­trice dans le foyer. Où pouvez-​vous, chers parents, où pouvez-​vous trou­ver les tré­sors d’in­tel­li­gence, de pru­dence, de pié­té, d’ou­bli de vous-​mêmes qu’exige votre mis­sion édu­ca­trice ? N’allez pas cher­cher très loin, c’est dans l’Eucharistie. Elle est, dit saint Thomas, cette grâce qu’embellit comme la lumière ; en elle est pré­sent le même Dieu fait Chair qui obéis­sant à Joseph et Marie, vivant avec eux dans la sainte inti­mi­té de la famille, gran­dit en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes. L’Eucharistie, écri­vait Pie XII, pos­sède le charme des ten­dresses divines. Elle est la réa­li­sa­tion la plus lumi­neuse des inef­fables plans de la Rédemption. C’est à cause de cela peut-​être que l’Eglise a dési­ré que la famille, cel­lule vitale de la socié­té et par là donc de l’Eglise elle-​même, se régé­nère et vive, met­tant en tête des plus doux cha­pitres de l’his­toire du foyer, le Saint Sacrement. Qu’elles sont belles ces pre­mières com­mu­nions où les enfants, conduits à l’au­tels par la main de leurs parents, ces inou­bliables messes du dimanche en famille ! « Que la rage de l’en­fer, disait Pie XII, ne réus­sisse jamais à arra­cher cela de vos cœurs ». Qu’elle ne réus­sisse jamais à arra­cher l’Eucharistie de vos noces, de vos heures tristes ou gaies. Pour défendre les foyers afin qu’y germent les ver­tus et fleu­rissent les plus belles ver­tus chré­tiennes, on trouve dif­fi­ci­le­ment un moyen plus effi­cace et plus appro­priée que la pié­té eucha­ris­tique, et plus par­ti­cu­liè­re­ment la com­mu­nion fré­quente qui donne lumière aux âmes, force aux volon­té, qui forme les consciences dans la sin­cé­ri­té et la véri­té, qui sert de frein dans les dévia­tions pos­sibles, qui unit entre eux les membres de la famille. Toutes les pré­pa­ra­tions, toute la science du mariage, et du mariage chré­tien, écrit Mgr Lefebvre, n’au­ront pas d’ef­fi­ca­ci­té pour main­te­nir les unions dans leur sain­te­té et dans leur fidé­li­té si les époux ne s’a­li­mentent pas au Pain des chastes, au Pain des forts. L’Eucharistie éta­blit l’é­qui­libre dans la sen­si­bi­li­té en tem­pé­rant le feu dévo­rant de nos dési­rs, en dimi­nuant l’ab­so­lu­tisme de sa tyran­nie, en aug­men­tant l’empire de la rai­son, de telle sorte, dit saint Paul, que la vie du Christ se mani­feste en nos corps.

Enfin, pourrait-​on oublier aujourd’­hui, au terme de cette pro­ces­sion eucha­ris­tique, pourrait-​on oublier au terme de cette pro­ces­sion et au cours de cette Messe, le prêtre ? Comment pourrait-​on l’ou­blier ? Comment pourrait-​on oublier le prêtre quand on sait que le Sacrement de l’Ordre est direc­te­ment orien­té à la confec­tion de la Sainte Eucharistie ? Quelle joie inex­pri­mable pour vous, chers enfants, vous qui m’é­cou­tez, chers enfants, quelle joie inex­pri­mable pour un enfant, quelle joie inex­pri­mable pour un enfant de pen­ser qu’un jour il pour­rait avoir une autre joie inex­pri­mable, celle de consa­crer, celle d’ab­soudre, celle de dis­tri­buer le Corps du Christ à son papa et à sa maman qui lui ont don­né, eux, la vie tem­po­relle, en leur disant un jour : « Que le Corps du Christ te garde pour la vie éter­nelle. Garde ton âme pour la vie éter­nelle ». Quelle joie ce serait pour vous ! Alors, cette Messe est l’oc­ca­sion de deman­der de nom­breux prêtres, des prêtres, oui, pour offrir le Saint Sacrifice de l’Eglise, pour offrir le Saint-​Sacrifice de la Messe, acte de l’Eglise, dit Mgr Lefebvre, qui met vrai­ment dans la dépen­dance de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Des prêtres pour que l’Hôte divin soit tou­jours avec nous. Pour que vous tous, chers fidèles, vous puis­siez encore et tou­jours, dans un acte de foi, incli­ner votre esprit et votre corps devant l’Hostie Sainte, comme les apôtres à la der­nière Cène, comme ils ado­rèrent le Christ-​Jésus avec cette foi pure et surnaturelle.

Triomphe du Christ-​Roi, ce le fut, mais que cette pro­ces­sion, que cette pro­ces­sion annonce et soit le signe d’un autre triomphe. Si la science de l’Eucharistie est une lumière et un feu, une lumière qui tend à illu­mi­ner, un feu qui tend à dévo­rer, ne le lais­sez pas s’é­teindre, main­te­nez la lumière bien haute pour qu’elle illu­mine, ravi­vez ce feu à la com­mu­nion quo­ti­dienne pour qu’elle enflamme, pour qu’elle réchauffe, et dites-​vous bien que main­te­nant le Roi eucha­ris­tique vous consacre en quelque sorte ses hérauts et ses apôtres afin que vous puis­siez faire par­ta­ger au monde cette joie, cette joie de l’Eucharistie, cette grâce de l’Eucharistie, faire connaître au monde les mer­veilles de l’a­mour infi­ni. Vous retour­ne­rez dans vos foyers, dans vos bureaux et dans vos ate­liers, dans vos salles d’é­tudes, réso­lus à être des pala­dins de ce Roi eucha­ris­tique. Repartez avec au cœurs ce désir d’être main­te­nant des apôtres de Sa pré­sence pour réunir autour du Trône eucha­ris­tique, des légions d’âmes qui rendent hom­mage et qui Le servent. Des apôtres, des apôtres zélés pour pro­mou­voir la gloire et le culte vrai­ment catho­lique de l’Eucharistie, l’acte pro­pia­toire de Notre-​Seigneur, renou­ve­lé tous les jours sur nos autels. Et c’est cela, disait Mgr Lefebvre, c’est cela que ne veulent point les pro­tes­tants et les libéraux.

Mais laissons-​les tran­quilles, pour aujourd’hui.

De retour chez vous, tenez donc le Christ bien haut, comme Il le fut durant cette pro­ces­sion afin que tous puissent Le recon­naître, dans vos paroles, dans votre conduite, dans votre tenue, selon l’ex­hor­ta­tion de saint Pierre : « Je vous exhorte à vous conduire de telle sorte que le pro­chain, à la vue de vos bonnes œuvres, glo­ri­fie Dieu ». Elargissez donc vos cœurs, disait Mgr de Ségur, pour mieux com­prendre ce sacre­ment inef­fable qui est tout amour, et vous tou­che­rez du doigt l’i­na­ni­té des pré­ju­gés jan­sé­nistes qui tiennent encore cer­tains éloi­gnés de la Sainte Eucharistie. C’est l’u­sage fré­quent de la com­mu­nion qui nous redon­ne­ra la fer­veur des pre­miers chrétiens.

Alors, je vous laisse avec une parole d’en­voi, une parole d’é­lan, une parole d’en­thou­siasme, l’empruntant à Mgr de Ségur : « Maintenant, plus que jamais, il nous faut des saints et la com­mu­nion seule fait des saints. ». Ainsi soit-​il.

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit, ain­si soit-il.

Abbé Xavier Beauvais