Sermon de Mgr Tissier de Mallerais le 2 juillet 2016 à Colmar pour la 1re messe de M. l’abbé Mathias Jehl

Mgr Bernard Tissier de Mallerais, évêque auxi­liaire de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X

« Bienheureuse êtes-​vous, qui avez cru que s’accomplirait ce qui vous a été dit de la part du Seigneur ! »

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit Ainsi soit-il

Cher Monsieur l’abbé, il est de cou­tume que, lors de la pre­mière messe d’un jeune prêtre, ce soit un prêtre âgé qui lui adresse des encou­ra­ge­ments. Cet hon­neur m’échoit… et ce plai­sir ! En outre ce n’est pas seule­ment votre pre­mière messe, mais les fidèles ont dési­ré que l’on célé­brât une fête de la voca­tion sacer­do­tale et reli­gieuse, et une fête de la vie sacer­do­tale et reli­gieuse, à cette occasion.

Mais je repren­drai ces paroles de sainte Elisabeth à la très sainte Vierge. Sainte Elisabeth est éclai­rée par Dieu qui lui révèle que la sainte Vierge va deve­nir maman. Et alors elle s’exclame : « Bienheureuse êtes-​vous, ô Marie, qui avez cru que s’accomplirait ce qui vous a été dit de la part du Seigneur ! ». Et cette parole, il me semble, cher Monsieur l’abbé, s’adresse aux élus du Bon Dieu qui ont été appe­lés par lui à la vie sacer­do­tale ou à la vie reli­gieuse. Bienheureux êtes-​vous, cher Monsieur l’abbé, qui avez cru que s’accomplirait ce qui vous avait été dit de la part du Seigneur, c’est-à-dire tout au long de votre jeu­nesse lorsque votre voca­tion s’est épa­nouie pour fina­le­ment arri­ver à l’entrée au sémi­naire et à l’ordination sacerdotale.

1ère partie : la genèse d’une vocation

De votre ordi­na­tion il y a quelques jours à Ecône, à laquelle j’ai assis­té, je retien­drai deux gestes litur­giques qui pour­raient vous mar­quer spécialement :

L’étole sacer­do­tale

D’une part quand l’évêque a pris votre étole de diacre et l’a pas­sée sur votre épaule droite et l’a croi­sée sur votre poi­trine afin qu’elle devienne l’étole sacer­do­tale. Et il vous a dit ces paroles : « Recevez le joug du Seigneur ». Son joug est doux et son far­deau léger. Le sacer­doce est un joug. C’est quelque chose qui est lourd, que l’on doit por­ter comme le bœuf qui laboure avec la char­rue der­rière lui, et avec le joug il enfonce la char­rue dans la terre pour qu’elle devienne une bonne terre fertile.

C’est le joug du Seigneur, c’est-à-dire que vous êtes le bœuf qui va tirer la char­rue pour sor­tir de la terre chré­tienne des fleurs de sain­te­té, par­mi nos fidèles, par­mi vos fidèles. Voilà la signi­fi­ca­tion de votre étole. Le joug du Seigneur qui doit fécon­der la terre.

Et ce joug vous le por­tez avec amour, ce qui fait qu’il est doux et léger. « Mon far­deau est doux et léger » [NDLR : Mat, 11, 30] dit le Seigneur. Il dit ça à ses apôtres : « Venez à moi, vous tous qui me cherchez… »

La cha­suble

Et le deuxième geste litur­gique de votre ordi­na­tion, c’est quand vous avez reçu la cha­suble, et que l’évêque vous a dit en vous revê­tant de la cha­suble : « Recevez ce vête­ment sacer­do­tal qui signi­fie la cha­ri­té ». Voilà, pour por­ter le joug du Seigneur vous êtes rem­pli de cha­ri­té, d’amour de Dieu et des âmes. « Le Bon Dieu, ajoute l’évêque, sera capable d’augmenter en vous cette cha­ri­té et l’œuvre par­faite de votre sacer­doce ». Dieu seul va vous don­ner ce zèle, cet amour des âmes et rendre par­fait l’exercice de votre sacerdoce.

L’appel de Dieu à l’origine de ce joug du Seigneur

Ce sacer­doce est né cer­tai­ne­ment en vous – cet appel du Seigneur – dans une bonne famille chré­tienne, dans une bonne paroisse catho­lique, grâce à l’exemple de prêtres dignes et pieux et grâce à l’école où de bons prêtres ont été pour vous cer­tai­ne­ment un exemple.

On deman­dait un jour à Mgr Lefebvre, notre véné­ré fon­da­teur : « Mais Monseigneur, qu’est-ce que la voca­tion, aus­si bien la voca­tion de prêtre que la voca­tion de reli­gieux ou de reli­gieuse ? » Et il a don­né une réponse qui vaut pour toute voca­tion sainte. Il a dit ceci : « La voca­tion, ce n’est pas le fait d’un appel mira­cu­leux ou extra­or­di­naire, mais c’est l’épanouissement d’une âme chré­tienne qui s’attache à son Créateur et Sauveur Jésus-​Christ d’un amour exclu­sif, et qui par­tage sa soif de sau­ver les âmes ». Sauver les âmes… Je trouve que c’est une magni­fique défi­ni­tion qui s’applique aus­si bien aux prêtres, aux reli­gieux et aux reli­gieuses. Je vou­drais détailler :

Ce n’est pas le fait d’un appel mira­cu­leux ou extraordinaire

D’abord ce que n’est pas la voca­tion. On se trompe en disant : « La voca­tion c’est quelque chose d’exceptionnel, et d’extraordinaire… » Pas du tout ! Dans toute bonne famille chré­tienne il doit y avoir des voca­tions. C’est le ter­rain de choix du Bon Dieu. Et votre belle famille, cher Monsieur l’abbé, en est un exemple. Mais son­geons aus­si à la famille de Monseigneur Lefebvre : huit enfants, belle famille nom­breuse catho­lique, et cinq voca­tions, sur huit ! On dira : « C’est mer­veilleux, c’est un miracle ! » Mais non ! Pas du tout ! C’est nor­mal ! Et c’est le contraire qui ne serait pas nor­mal ! Les cinq pre­miers de la famille ont été appe­lés par le Bon Dieu à deve­nir prêtres, mis­sion­naires, reli­gieux ou reli­gieuses, et les trois der­niers ont conti­nué la famille. C’est tout ! Deux gar­çons qui ont conti­nué la famille Lefebvre et une fille qui s’est mariée, qui a conti­nué une autre famille, bonne famille chré­tienne du nord de la France. Et le Bon Dieu est satis­fait comme ça. C’est ce qui devrait arri­ver à toutes nos familles.

Les parents chré­tiens doivent être heu­reux quand un de leurs fils ou une de leurs filles vient les trou­ver : « Papa, Maman, voi­là, je vou­drais deve­nir prêtre », « je vou­drais deve­nir reli­gieux », « je vou­drais deve­nir reli­gieuse ». Moi je me sou­viens, quand j’ai dit ça à mon papa, il n’en reve­nait pas et il a été bou­le­ver­sé. Il n’a pas dit : « Non tu n’iras pas ». Pas du tout. Il a été sim­ple­ment bou­le­ver­sé. Rappelez-​vous la voca­tion du Père Damien de Veuster : il est élève au col­lège des rédemp­to­ristes en Belgique et on leur prêche une retraite en classe de ter­mi­nale pour déci­der de ce qu’ils vont faire plus tard. A la fin de la retraite il écrit à ses parents : « Mes chers parents j’ai déci­dé de deve­nir reli­gieux dans la congré­ga­tion des saints Cœurs de Jésus et de Marie. Donnez-​moi votre per­mis­sion parce que j’ai dix-​huit ans et j’ai besoin de votre per­mis­sion. Et si vous ne me don­nez pas la per­mis­sion, Dieu vous puni­ra ». Il était sévère, ce jeune homme de dix-​huit ans ! « Dieu vous puni­ra » dit-​il. Bien sûr les parents n’avaient pas besoin de cette menace et ils ont don­né tout de suite la per­mis­sion : « Va, entre au sémi­naire, entre au novi­ciat, va, soit heu­reux de ser­vir le Seigneur ». Donc ce n’est pas une chose excep­tion­nelle, et les parents ne doivent pas s’étonner, c’est normal.

C’est l’épanouissement d’une âme chrétienne

Et c’est sim­ple­ment « l’épanouissement d’une âme chré­tienne ». Ce n’est pas une petite voix qui un jour vous dit : « Tu seras prêtre »… peut-​être, mais ce n’est pas obli­ga­toire, non. L’épanouissement d’une âme chré­tienne qui se sanc­ti­fie, qui aime le Bon Dieu, qui aime la belle litur­gie et qui veut suivre l’exemple d’un bon prêtre qu’elle a eu au col­lège ou d’une bonne révé­rende mère qu’elle a eue à l’école pri­maire ou secon­daire, et qui veut suivre cet exemple. L’épanouissement d’une âme qui veut suivre un bon modèle et avoir une belle vie, la meilleure des vies, la vie consa­crée au Bon Dieu, une vie d’intimité avec Dieu.

Qui s’attache à son créa­teur et sau­veur Jésus-​Christ d’un amour exclusif

Alors regar­dez ce que dit Monseigneur Lefebvre : « C’est l’épanouissement d’une âme chré­tienne qui s’attache à son Créateur et Sauveur Jésus-​Christ d’un amour exclu­sif. C’est ça le dif­fi­cile : un amour exclu­sif. Ça veut dire aimer Jésus, lui seul, et cet amour exclut les autres amours humains. On ne se marie­ra pas, on n’aura pas d’enfants, c’est vrai, mais, consa­cré à Dieu, on aura peut-​être des cen­taines, des mil­liers d’enfants spi­ri­tuels grâce à ce renon­ce­ment, à ce sacri­fice. Ça vaut la peine !

Et qui par­tage sa soif de sau­ver les âmes.

Une âme qui s’épanouit et qui s’attache à son Créateur et Sauveur Jésus-​Christ qu’elle voit sur la Croix… Jésus qui lui dit : « J’ai soif des âmes, alors toi aus­si tu vas m’aider à sau­ver des âmes ». Et alors, eh bien oui, cette âme s’épanouit et dit : « Oui Seigneur, bien sûr, je vais m’attacher à vous d’un amour exclu­sif et je vais par­ta­ger votre soif de sau­ver les âmes ». Pas seule­ment le prêtre qui célèbre le saint sacri­fice bien sûr, qui va puri­fier les âmes au sacre­ment de péni­tence, qui va sanc­ti­fier les âmes en leur don­nant la sainte com­mu­nion eucha­ris­tique bien sûr, mais aus­si le frère ensei­gnant, le simple reli­gieux en se sanc­ti­fiant, la simple reli­gieuse en deve­nant sainte, qui peut ain­si conqué­rir le Cœur de Jésus afin qu’il répande des grâces sur les âmes pour sau­ver les pécheurs. Il n’y a pas que le prêtre qui sauve les âmes. Le prêtre sauve les âmes par son minis­tère, par son apos­to­lat, par les sacre­ments ; la reli­gieuse ou le frère reli­gieux, qu’il soit capu­cin, béné­dic­tin, domi­ni­cain, sauve les âmes par son union au Bon Dieu, au Sacré-​Cœur de Jésus, ayant une influence sur le Cœur de Jésus, incli­nant le Cœur de Jésus sur les pécheurs pour les reti­rer du péché, pour les ame­ner à une vie sainte.

Jeunes gens, jeunes filles, posez-​vous la question !

Voilà ce que c’est que la voca­tion et c’est pour tout le monde. Saint Jean Bosco disait qu’un gar­çon sur trois est appe­lé par le Bon Dieu et donc une fille sur trois est appe­lée par le Bon Dieu. Ce n’est pas excep­tion­nel. Il faut bien vous dire cela mes chers enfants. Ce n’est pas extra­or­di­naire, c’est nor­mal. Il faut sim­ple­ment dire oui au Bon Dieu, comme la sainte Vierge le jour de l’Annonciation à l’ange Gabriel, sim­ple­ment. Elle a dit : « Oui, Fiat, qu’il me soit fait selon votre parole », a‑t-​elle dit à l’ange Gabriel ; « que s’accomplisse la volon­té de Dieu en moi, je veux bien, je suis la ser­vante du Seigneur ». Et alors la sainte Vierge a été rem­plie d’une nou­velle plé­ni­tude de grâces ce jour-​là, le jour de l’Annonciation. Le Bon Dieu, voyez-​vous, ne se laisse pas vaincre en grâces. Quand un gar­çon quitte sa famille pour ren­trer au sémi­naire, quand une fille quitte sa famille pour ren­trer au novi­ciat, le Bon Dieu ne se laisse pas vaincre en grâces ; il aug­mente les grâces pour faire abou­tir cette belle vocation.

Alors j’insiste bien, mes chers jeunes gens, qui êtes nom­breux ici – nous avons de belles paroisses, avec une belle jeu­nesse – eh bien il est nor­mal que vous vous posiez la ques­tion avant la fin de vos études que ça soit avant le bre­vet des écoles ou avant le bac, il faut déci­der la chose. On avait dit à Monseigneur Lefebvre, dans son école, il était en ter­mi­nale et avant les vacances de Pâques, leur pro­fes­seur qui était un prêtre leur dit : « Messieurs, c’est pen­dant ces vacances que vous devez déci­der de votre ave­nir ! » Voilà ! Il fal­lait à dix-​huit ans avoir déci­dé de son ave­nir, et Marcel avait dix-​sept ans. Conduit par Dieu, il a pris la déci­sion de deve­nir prêtre. Bon, il y pen­sait depuis long­temps, pensez-​vous. Mais il avait peur. Le far­deau du Seigneur, le joug du Seigneur… ça doit être dif­fi­cile… mais avec la grâce de Dieu, non. Mon far­deau est doux et mon joug léger avec la grâce du Bon Dieu. Donc c’est nor­mal. Que le Bon Dieu vous aide, mes chers jeunes gens, et uti­li­sez sim­ple­ment les bonnes retraites qui sont prê­chées autour de vous. Allez suivre une retraite et réflé­chir cinq jours sur votre ave­nir, réflé­chir s’il ne vaut pas la peine de se don­ner tota­le­ment au Bon Dieu pour sau­ver des âmes, ce qui est bien plus impor­tant que tout le reste, pour faire des chré­tiens, pour mul­ti­plier des chré­tiens, pour fécon­der le peuple chré­tien et spé­cia­le­ment la famille de la Tradition qui a besoin d’augmenter, de se for­ti­fier, dans un temps d’apostasie même à Rome, hélas ! N’ayez pas peur ! Monseigneur Lefebvre disait ceci à des jeunes diacres, un ou deux ans avant sa mort : « Mais n’ayez pas peur, chers amis ; le temps que nous vivons, ce temps d’apostasie, pour vous jeunes gens, devrait être exal­tant ; vous allez avoir un rôle extra­or­di­naire dans l’Eglise ; n’ayez pas peur de vous enga­ger au ser­vice de Notre-​Seigneur pour sau­ver le sacer­doce, pour sau­ver la vie reli­gieuse, pour qu’il y ait de la sain­te­té dans l’Eglise, pour deve­nir des saints vous-mêmes ».

Seconde partie : conseils au jeune prêtre

Alors le prêtre va tra­vailler pen­dant une, deux, trois, dix, vingt années, on ne sait pas, Monsieur l’abbé vous ne savez pas, et chaque année il doit rap­por­ter, il doit semer et il doit récolter.

Et je vous adres­se­rai, pour cette petite deuxième par­tie de mes encou­ra­ge­ments, cher Monsieur l’abbé, les encou­ra­ge­ments qu’un bon prêtre don­nait au père Rupert Mayer à Munich il y a plus de cent ans. Ce sont des conseils mer­veilleux, alors je vous les trans­mets. Le père Rupert Mayer est deve­nu un bien­heu­reux, un saint jésuite que l’on vénère à Munich. Alors le prêtre âgé qui lui prê­chait à sa pre­mière retraite, lui disait ceci :

Monsieur l’abbé, puissiez-​vous, à la fin de votre vie, pou­voir dire : « Personne ne s’est per­du par ma faute ». Et moi-​même je n’oserais pas dire cela. Mais j’aimerais que vous, vous puis­siez le dire à la fin de votre vie : « Personne ne s’est per­du par ma faute ».

Vous devriez pou­voir dire éga­le­ment, à la fin de votre vie sacer­do­tale : « Je me suis occu­pé avec un amour spé­cial des pauvres et des délais­sés ». Ce n’est pas seule­ment le pape François qui dit cela ; c’est tra­di­tion­nel dans l’Eglise… dans la véri­té, les vrais pauvres et les délaissés.

Troisièmement, vous devrez pou­voir dire : « Les enfants, les pré­fé­rés du Bon Dieu, les âmes fraîches et pures, les enfants, je leur ai ensei­gné la véri­té et la loi de Jésus-​Christ ». Constamment, aus­si bien à l’église qu’à l’école, si vous avez la grâce d’être nom­mé dans une école. Les enfants : leur trans­mettre la véri­té et la loi de Jésus-​Christ, ça les marque.

Vous pour­rez dire éga­le­ment à la fin de votre vie sacer­do­tale : « J’ai diri­gé mes pas vers les malades et les vieillards aus­si sou­vent que pos­sible ». Moi, je suis en Amérique à Chicago. Eh bien nous avons une quan­ti­té de malades et de vieillards que mes confrères, excel­lents prêtres, visitent fré­quem­ment, et ils font un bien admi­rable à ces familles, pas seule­ment aux malades mais à tout leur entou­rage. Et je connais un confrère, je ne dirai pas le nom, quand il y a une âme à sau­ver, sou­vent des pécheurs endur­cis, il ne se donne pas la dis­ci­pline, on peut le faire, autre­fois on fai­sait cela, lui, il fait un Chemin de Croix dans la cha­pelle. Voilà com­ment il traite les malades : un Chemin de Croix pour la conver­sion d’un pécheur endurci.

Vous devrez pou­voir dire éga­le­ment, cher Monsieur l’abbé, je l’espère, à la fin de votre vie sacer­do­tale : « J’ai dis­tri­bué mes dons et mes grâces ». Tous les dons natu­rels que le Bon Dieu m’a don­nés, je les ai uti­li­sés à bon escient, et toutes les grâces de mon sacer­doce je les ai dis­tri­buées avec autant d’abondance que possible.

Vous devrez pou­voir dire éga­le­ment : « Je n’ai jamais lié au tri­bu­nal de la péni­tence quand je devais absoudre et je n’ai jamais absous quand je devais lier ». Vous savez bien qu’il y a cer­tains pécheurs qui, vivant en des occa­sions de péché ne peuvent pas être absous, et c’est très pénible pour un prêtre de devoir dire : « Monsieur, Madame, je regrette, je ne peux pas vous absoudre ; vous devez d’abord rompre l’occasion de péché ». Vous devrez dire ça. Que le Bon Dieu vous aide à le dire. Et quel­que­fois au contraire, il faut encou­ra­ger le péni­tent : « Je vous donne encore aujourd’hui l’absolution, quelle grâce, convertissez-​vous, ne retom­bez pas dans le péché ! »

Ensuite, vous devrez pou­voir dire, et c’est très impor­tant aujourd’hui : « Grâce à Dieu, je ne me suis jamais tu lorsque je devais par­ler et je n’ai jamais par­lé lorsque je devais me taire », ce qui est encore plus dif­fi­cile. Le prêtre quel­que­fois doit sup­por­ter beau­coup de petites croix et se taire. Mais quand il faut par­ler, il doit par­ler, en pri­vé et quel­que­fois en public quand le bien de la paroisse le demande.

Encore une belle chose, qu’on a dite au père Rupert Mayer : « Ne dites pas le vrai comme étant faux ni le faux comme étant vrai ». Ça c’est pour aujourd’hui ! Tant de prêtres qui disent des choses fausses comme étant la véri­té. Alors « que votre oui soit oui, que votre non soit non », dit Jésus.

Egalement : « Que le res­pect humain n’aie jamais une influence sur votre action ». Ne soyez jamais conduit par le res­pect humain. Il faut vaincre le res­pect humain et par­ler franchement.

Et enfin, je conclu­rai comme cela : cher Monsieur l’abbé, que le Bon Dieu vous fasse la grâce que vous puis­siez dire à la fin de votre vie de prêtre sur la terre et que vous puis­siez le dire de tout votre cœur : « Tous mes efforts dans mon sacer­doce ont été de faire ce pour quoi Dieu m’a appe­lé et m’a envoyé aux âmes ». Et ceci avec le secours de la bien­heu­reuse Vierge Marie, mère du prêtre, mère du sacer­doce, l’Immaculée Mère de Dieu, ma mère et votre mère, Monsieur l’abbé.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit, ain­si soit-il. 

Mgr Bernard Tissier de Mallerais

Sources : Prieuré de Mulhouse/​Chapelle de Colmar/​La Porte Latine du 3 août 2016

La trans­crip­tion et les inter­titres sont de M. l’ab­bé Anthony Romanens, prieur de Mulhouse. Pour conser­ver à ce ser­mon son carac­tère propre, le style oral a été maintenu.

FSSPX Évêque auxliaire

Mgr Bernard Tissier de Mallerais, né en 1945, titu­laire d’une maî­trise de bio­lo­gie, a rejoint Mgr Marcel Lefebvre dès octobre 1969 à Fribourg et a par­ti­ci­pé à la fon­da­tion de la Fraternité Saint-​Pie X. Il a assu­mé d’im­por­tantes res­pon­sa­bi­li­tés, notam­ment comme direc­teur du sémi­naire d’Ecône. Sacré le 30 juin 1988, il est évêque auxi­liaire et fut char­gé de pré­pa­rer l’ou­vrage Marcel Lefebvre, une vie, bio­gra­phie de réfé­rence du fon­da­teur de la Fraternité.