Il n’est pas question de rendre les armes en pleine bataille

Conclusion de la confé­rence de Mgr Bernard TISSIER de MALLERAIS le 16 sep­tembre 2012 au prieu­ré Saint-​Louis Marie Grignon de Monfort, à Gastines, sur le thème « L’esprit de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X ». Le Matin, Mgr Tissier avait confir­mé une cin­quan­taine de per­sonnes à la col­lé­giale de Thouars,Pendant une heure Mgr Tissier a racon­té l’his­toire de Mgr Lefebvre et de la Fraternité, car « son esprit, c’est son his­toire ». Il a fini cette par­tie en disant que Mgr Lefebvre était en paix à la fin de sa vie, car il avait tout mis en place pour assu­rer la conti­nua­tion de ses œuvres. C’est là que com­mence la rela­tion, (Mgr Tissier de Mallerais a par­lé sans lire ses notes).

Mgr Lefebvre avait trans­mis tout ce qu’il avait reçu. Tout l’héritage du père Le Floc’h, du sémi­naire, toute son expé­rience, ils les avait trans­mis dans la fra­ter­ni­té et ça conti­nue à mar­cher, mais à condi­tion que nous conti­nuions avec le même esprit de combat.

Il n’est pas ques­tion de rendre les armes en pleine bataille, nous n’allons pas cher­cher l’armistice alors que la guerre fait rage : avec Assise 3 ou 4 l’année der­nière ; avec la béa­ti­fi­ca­tion d’un faux bien­heu­reux le pape Jean-​Paul II. Une chose fausse, une fausse béa­ti­fi­ca­tion. Et l’exigence sans cesse rap­pe­lée par Benoît XVI d’accepter le Concile et les réformes du magis­tère post-​conciliaire. Il l’a dit sans cesse. Il l’avait dit à Mgr Fellay lors de l’audience qu’il lui avait accor­dé en août 2005 : pour être catho­lique il faut accep­ter le Concile et les réformes, et le magis­tère d’après le Concile. C’est public puisque Mgr Fellay avait eu une inter­view après en expli­quant ce qui c’était passé.

Et voi­là qu’en 2012, six ans après, que le pape revient en touche avec nous pour nous pro­po­ser une solu­tion en or, une pré­la­ture per­son­nelle que Mgr Lefebvre avait déjà pré­sen­té lui-​même au car­di­nal Gagnon. C’est l’initiative de Mgr Lefebvre ; il avait dit : « Voilà, si vous nous accor­dez un évêque nous pour­rions faire une pré­la­ture per­son­nelle de la Fraternité Saint-​Pie X qui inclu­rait les œuvres amies » : les Dominicains, les Capucins, les Dominicaines, les Bénédictines, les Bénédictins.., toute la famille de la Tradition.

Visiblement, en 1988 la très Sainte Vierge n’avait pas vou­lu de cela, puisque en l’espace d’une nuit c’était ter­mi­né, le 5 mai Mgr Lefebvre avait signé et le 6 mai au matin c’était ter­mi­né. Ça n’a pas duré plus de 10 heures l’accord de 1988. Eh bien, l’accord ima­gi­né en 2011–2012 a duré six mois, ça n’a pas été béni par la Sainte Vierge. (Nous avons prié rosaire sur rosaire, et nous conti­nuons, c’est très bien) mais la Très Sainte Vierge n’a pas appuyé cette idée visi­ble­ment. Elle n’a pas mar­ché dans ce che­min, puisque le 30 juin (c’est un secret que je vous révèle mais ce sera ren­du public), le 30 juin 2012 le Pape écri­vait de sa blanche main une lettre à notre supé­rieur géné­ral, Mgr Fellay, signée de sa main : « Je vous confirme effec­ti­ve­ment, pour être vrai­ment réin­té­grés dans l’Église (pas­sons sur l’expression) il faut vrai­ment accep­ter le concile Vatican II et le magis­tère post-​conciliaire. »

C’est en prin­cipe un point d’arrêt, parce que cela nous ne pou­vons pas l’accepter quand même ; ça nous ne le signe­rons quand même pas. On peut pré­ci­ser, parce que le concile c’est si vaste que vous y trou­vez de bonnes choses, mais ce n’est pas l’essentiel du Concile.

Le Concile sur quoi l’analyser ? Sur trois docu­ments : la liber­té reli­gieuse, l’œcuménisme, et la col­lé­gia­li­té.

La col­lé­gia­li­té qui détruit le pou­voir du Pape qui n’ose plus résis­ter aux confé­rences épis­co­pales, qui détruit la pou­voir des évêques qui n’osent plus résis­ter aux conseil épis­co­pal, qui détruit le pou­voir des curés qui n’osent plus résis­ter au conseil parois­sial et aux laïcs dans les paroisses.

L’œcuménisme qui fait res­pec­ter les valeurs de salut des fausses reli­gions et du pro­tes­tan­tisme, des choses fausses…

Et puis la liber­té reli­gieuse qui laisse volon­tiers construire libre­ment des mos­quées dans nos pays…

Évidemment, ça nous ne pou­vons pas le signer. Du fait qu’on nous demande de le signer, les accords ne marchent pas. Je dirais que sur ce point il n’y a pas d’accord, il n’y aura pas d’accord.

C’est tout ce que je peux vous dire, je ne pense pas que Rome va nous lâcher. La Rome moder­niste va reve­nir en touche à touche avec nous, c’est inévi­table. Ils sont déci­dés ; ils sont per­sé­vé­rants ; ils veulent nous ame­ner au Concile, alors prions. Personnellement, jamais je ne signe­rai des choses comme ça, c’est clair.

Jamais je n’accepterai de dire que la nou­velle messe est légi­time ou licite, je la dirai sou­vent inva­lide comme disait Mgr Lefebvre. Jamais je n’accepterai de dire : « Dans le concile, si on inter­prète bien, oui peut-​être quand même, qu’on pour­rait le faire cor­res­pondre avec la Tradition, on pour­rait trou­ver un sens accep­table. » Jamais je n’accepterai de dire ça. Ça serait un men­songe, il n’est pas per­mis de dire un men­songe, même s’il s’agissait de sau­ver l’Église.

Je vous dit ce que je pense. Alors je pense que vous n’avez pas à avoir peur parce que je ne suis pas seul à pen­ser comme cela dans la Fraternité.

Et puis voi­là, fai­sons confiance à la Sainte Vierge qui nous a tiré d’un très mau­vais pas, c’est vrai. Cette année elle nous a tiré de ce mau­vais pas, elle n’a pas vou­lu de cette his­toire d’accord. A savoir, que nous allions à Rome pour nous sou­mettre aux auto­ri­tés conci­liaires. Certes, ils sont l’autorité dans l’Église, le Pape est pape suc­ces­seur de Pierre, mais il est aus­si le repré­sen­tant de ce sys­tème d’église, qui coiffe l’Église, qui para­lyse l’Église, qui empoi­sonne l’Église, ce que l’on appelle l’église conci­liaire par com­mo­di­té de lan­gage. Ce n’est pas une autre Église, c’est un nou­veau type d’église, c’est une nou­velle reli­gion qui a péné­tré dans l’Église catho­lique, sou­te­nue par les papes et toute la hié­rar­chie, tous les évêques à part quelques excep­tions rarissimes.

Comment voulez-​vous chers fidèles que nous sou­met­tions à une telle hié­rar­chie ? Ça aurait été impos­sible de col­la­bo­rer, ça aurait été une col­la­bo­ra­tion de paco­tille, un men­songe. Jamais nous n’aurions col­la­bo­ré et nous aurions été sans cesse per­sé­cu­tés, mena­cés par ces évêques et par Rome. Comment voulez-​vous sur­vivre dans de telles condi­tions ? Avec l’obligation de signer un texte un texte men­son­ger, ah non ! Voilà telle est ma déter­mi­na­tion comme évêque de la Fraternité, et je pense que c’est la déter­mi­na­tion de tout le monde.

Alors, il y a eu ce cha­pitre géné­ral que nous avons réuni au mois de juillet, où nous avons pris des déci­sions très douces, softs comme on dit. A savoir, pré­sen­ter à Rome de tels obs­tacles que Rome n’ose plus nous ennuyer, mettre des condi­tions pra­ti­que­ment irréa­li­sables pour les empê­cher de nous faire de nou­velles propositions.

Mais le démon est malin, je pense qu’ils vont reve­nir à l’attaque, je me pré­pare gen­ti­ment aus­si à nous défendre et la Fraternité se défendra.

Mgr Fellay nous a pré­sen­té cela à Ecône, à la retraite sacer­do­tale et je peux vous dire confi­den­tiel­le­ment, mais comme c’est enre­gis­tré je ne vous dirais rien (rire col­lec­tif), qu’il nous a don­né des paroles un peu conso­lantes quand même. Voilà ce que je peux vous dire, un peu conso­lantes et encourageantes.

Sur ce, fai­sons confiance à la Vierge Immaculée, imma­cu­lée dans sa Foi comme le disait la pape Saint Pie X. Elle pour­ra nous gar­der intègres et nous gar­der cet esprit de com­bat, qui est l’esprit de la Fraternité Saint Pie X. L’esprit de com­bat pour la foi, pour la messe, pour le sacer­doce, et pour le Christ-Roi.

Merci.

+Mgr Bernard Tissier de Mallerais, évêque auxi­liaire de la FSSPX.

FSSPX Évêque auxiliaire

Mgr Bernard Tissier de Mallerais (1945 – 2024). Il fit par­tie des pre­miers sémi­na­ristes que Mgr Marcel Lefebvre accueillit à Fribourg en octobre 1969 et par­ti­ci­pa à la fon­da­tion de la Fraternité Saint-​Pie X. Il a assu­mé d’im­por­tantes res­pon­sa­bi­li­tés, notam­ment comme direc­teur du sémi­naire d’Ecône. Sacré le 30 juin 1988, il s’est dévoué durant ses 36 années d’é­pis­co­pat à ses fonc­tions d’é­vêque auxi­liaire de la FSSPX. Il fut char­gé de rédi­ger l’ou­vrage Marcel Lefebvre, une vie, bio­gra­phie de réfé­rence du fon­da­teur de la Fraternité.