Y a‑t-​il une Église conciliaire ?

EXISTE-​T-​IL UNE ÉGLISE CONCILIAIRE, socié­té consti­tuée et dis­tincte de l’Église catho­lique, dif­fé­rant d’elle sinon par ses membres du moins par ses buts ? Et si c’est le cas, quels sont ses rap­ports avec l’Église catho­lique ? Voilà des ques­tions qui se posent à la conscience catho­lique depuis le 25 juin 1976, jour où le sub­sti­tut de la secré­tai­re­rie d’État du pape Paul VI, Mgr Giovanni Benelli [1], usa de cette expres­sion dans une lettre écrite de la part du pape à Mgr Lefebvre : [Si les sémi­na­ristes d’Écône] sont de bonne volon­té et sérieu­se­ment pré­pa­rés à un minis­tère pres­by­té­ral dans la fidé­li­té véri­table à l’Église conci­liaire, on se char­ge­ra de trou­ver ensuite la meilleure solu­tion pour eux. Plusieurs études sont parues sur le sujet dans Le Sel de la terre [2] depuis lors. Formulons un nou­vel état de la ques­tion pour répondre à celle-ci.

Approche d’une définition de l’Église conciliaire

Efforçons-​nous d’abord de défi­nir les deux Églises en ques­tion, par leurs quatre causes selon Aristote. Une socié­té est un être moral, de la caté­go­rie rela­tion, laquelle fait le lien entre les membres. On peut distinguer :

  • La cause maté­rielle : ce sont les per­sonnes unies dans la socié­té. Nous dirons que, dans le cas de l’Église catho­lique comme dans celui de l’Église conci­liaire, ce sont les baptisés.
  • La cause effi­ciente est le chef de la socié­té : pour l’Église catho­lique, Notre Seigneur Jésus-​Christ, son fon­da­teur, et les papes qui sont ses vicaires ; et pour l’Église conci­liaire, les papes du Concile, donc les mêmes papes ; si bien que la même hié­rar­chie semble gou­ver­ner les deux Églises.
  • La cause finale, qui est la cause des causes, c’est le bien com­mun recher­ché par les membres : dans le cas de l’Église catho­lique, ce bien recher­ché est le salut éter­nel ; dans le cas de l’Église conci­liaire, c’est plus ou moins prin­ci­pa­le­ment l’unité du genre humain : « L’Église, dit le Concile, est dans le Christ comme le sacre­ment ou, si l’on veut, le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain [3]. »
  • La cause for­melle est l’union des esprits et des volon­tés des membres dans la recherche du bien com­mun. Dans l’Église catho­lique, par la pro­fes­sion de la même foi catho­lique, la pra­tique du même culte divin et la sou­mis­sion aux mêmes pas­teurs et donc aux lois qu’ils font, à savoir le Droit canon. Dans l’Église conci­liaire, par l’acceptation de l’enseignement du Concile et du magis­tère qui se réclame de lui, et par la pra­tique de la nou­velle litur­gie et l’obéissance au nou­veau Droit canon.

De ces don­nées approxi­ma­tives nous pou­vons déduire les défi­ni­tions approxi­ma­tives des deux Églises : l’Église catho­lique est la socié­té des bap­ti­sés qui veulent sau­ver leur âme en pro­fes­sant la foi catho­lique, en pra­ti­quant le même culte catho­lique et en sui­vant les mêmes pas­teurs, suc­ces­seurs des Apôtres. L’Église conci­liaire, elle, est la socié­té des bap­ti­sés qui suivent les direc­tives des papes et des évêques actuels, en épou­sant plus ou moins consciem­ment l’intention de réa­li­ser l’unité du genre humain, et qui en pra­tique acceptent les déci­sions du Concile, pra­tiquent la litur­gie nou­velle et se sou­mettent au nou­veau Droit canon.

S’il en est ain­si, nous avons deux Églises qui ont les mêmes chefs et la plu­part des mêmes membres, mais qui ont des formes et des fins dia­mé­tra­le­ment dis­pa­rates : d’une part le salut éter­nel secon­dé par le règne social du Christ, Roi des nations, d’autre part l’unité du genre humain par l’œcuménisme libé­ral, c’est-à-dire élar­gi à toutes les reli­gions, héri­tier des déci­sions conci­liaires Unitatis redin­te­gra­tio, Nostra ætate et Dignitatis humanæ, et qui est l’esprit d’Assise et l’antithèse du règne social de Jésus-​Christ. C’est un peu vite dit, mais ce qui va suivre éclai­re­ra la jus­tesse de cette opposition.

Une seule hiérarchie pour deux Églises, est-​ce possible ?

Que la hié­rar­chie catho­lique gou­verne à la fois l’Église catho­lique et une socié­té qui a l’allure d’une contre­fa­çon d’Église semble répu­gner à l’assistance pro­mise par le Christ à Pierre et à ses suc­ces­seurs, garan­tis­sant l’inerrance du magis­tère et l’indéfectibilité de l’Église (Mt 16, 17–19 ; 28, 20). Si le pape dirige une autre Église, il est apos­tat, il n’est plus pape et l’hypothèse sédé­va­can­tiste est véri­fiée. – Il suf­fit de répondre que « Prima sedes a nemine judi­ca­tur » et que, par consé­quent, nulle auto­ri­té ne peut pro­non­cer l’obstination, décla­rer la per­ti­na­ci­té d’un sou­ve­rain pon­tife dans l’erreur ou la déviance ; et que, d’autre part, en cas de doute, l’Église sup­plée­rait au moins le pou­voir exé­cu­tif du pon­tife appa­rent (can. 209 du CIC de 1917) [4]. Quant au magis­tère, il n’est assis­té que s’il a l’intention de trans­mettre le dépôt de la foi et non des nou­veau­tés pro­fanes [5]. Et quant à l’indéfectibilité de l’Église, elle n’empêche pas que l’Église ne puisse en venir, suite à une grande apos­ta­sie comme celle annon­cée par saint Paul (2 Th 2, 3), à être réduite à un très modeste nombre de vrais catho­liques. Par consé­quent aucune des dif­fi­cul­tés sou­le­vées contre l’existence d’une véri­table socié­té appe­lée Église conci­liaire et diri­gée par le pape et la hié­rar­chie catho­lique n’est décisive.

Il est tou­te­fois pré­fé­rable d’éviter ces réponses extrêmes. On peut alors s’efforcer de nier l’existence de l’Église conci­liaire comme socié­té orga­ni­sée et diri­gée par la hié­rar­chie de l’Église catho­lique, ou d’exténuer [6] l’appartenance des membres à cette Église conciliaire.

L’Église conciliaire ne serait-​elle qu’un esprit ?

On dira d’abord que l’Église conci­liaire n’est qu’un « esprit [7] » libé­ral et moder­niste qui a péné­tré l’Église à l’occasion du Concile, comme le répon­dit Mgr Lefebvre au car­di­nal Seper qui lui demandait :

Monseigneur, dans une note pré­li­mi­naire [8] à une lettre adres­sée au Saint-​Père, vous avez écrit : « Qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas d’un dif­fé­rend entre Monseigneur Lefebvre et le pape Paul VI, il s’agit de l’incompatibilité radi­cale entre l’Église catho­lique et l’Église conci­liaire, la messe de Paul VI repré­sen­tant le pro­gramme de l’Église conci­liaire. » Cette idée se trouve expli­ci­tée dans l’homélie pro­non­cée le 29 juin pré­cé­dent durant la messe d’ordination à Écône : « Cette nou­velle messe est un sym­bole, est une expres­sion, est une image d’une foi nou­velle, une foi moder­niste […]. Or il est évident que ce rite nou­veau est sous-​tendu, si je puis dire, sup­pose une autre concep­tion de la foi catho­lique, une autre reli­gion… » Doit-​on conclure de ces affir­ma­tions que, selon vous, le pape, en pro­mul­guant et en impo­sant le nou­vel Ordo Missæ, et l’ensemble des évêques qui l’ont reçu, ont ins­tau­ré et ras­sem­blé autour d’eux visi­ble­ment une nou­velle Église « conci­liaire » radi­ca­le­ment incom­pa­tible avec l’Église catho­lique [9] ?

Minimisant la por­tée de ses pro­pos, l’archevêque répond :

J’observe tout d’abord que l’expression de « l’Église conci­liaire » n’est pas de moi, mais de S.E. Mgr Benelli, qui, dans une lettre offi­cielle, deman­dait que nos prêtres et nos sémi­na­ristes se sou­mettent à « l’Église conci­liaire ». Je consi­dère qu’un esprit de ten­dance moder­niste et pro­tes­tante se mani­feste dans la concep­tion de la nou­velle messe et d’ailleurs de toute la réforme litur­gique [10].

Nous esti­mons que la recu­lade stra­té­gique du pré­lat d’Écône est par­fai­te­ment jus­ti­fiée par les cir­cons­tances, celles d’un pro­cès que lui intente le Saint-​Office et qui peut mener à sa condam­na­tion ; en outre les expli­ca­tions qu’il lui aurait fal­lu four­nir à l’appui de son idée de l’existence d’une socié­té paral­lèle et orga­ni­sée appe­lée Église conci­liaire auraient requis trop de docu­ments et de faits à citer et à orga­ni­ser dia­lec­ti­que­ment dans les limites de brèves réponses à don­ner à un inter­ro­ga­toire. Nous ne pou­vons arguer de sa réponse éva­sive que Mgr Lefebvre ait réduit réel­le­ment l’Église conci­liaire à un « esprit ».

L’Église conciliaire ne serait-​elle qu’une infirmité ?

Mais, dira-​t-​on, Mgr Lefebvre n’a‑t-il pas évo­qué plu­sieurs fois une simple débi­li­té qui affecte le corps de l’Église, une sorte de « sida spi­ri­tuel », comme il le disait, qui affai­blit la capa­ci­té de résis­tance de l’Église aux conta­mi­na­tions ? – Nous répon­dons que l’un n’empêche pas l’autre. Les effets de l’Église conci­liaire sur l’Église catho­lique sont en effet d’abord un empoi­son­ne­ment, une para­ly­sie et donc un affai­blis­se­ment de l’Église catho­lique face à ses enne­mis. C’est ce qu’explique Mgr Lefebvre au même car­di­nal Seper dans une lettre pré­cé­dant son interrogatoire :

Il y a dans ce monde des forces enne­mies de Notre-​Seigneur, de son règne. Satan et tous les auxi­liaires de Satan, conscients ou incons­cients, refusent ce règne, cette voie de salut et militent pour la des­truc­tion de l’Église. Ainsi l’Église est enga­gée par son divin Fondateur dans un gigan­tesque com­bat. Tous les moyens ont été et sont employés par Satan pour triom­pher. L’un des der­niers stra­ta­gèmes extrê­me­ment effi­cace est de rui­ner l’esprit com­ba­tif de l’Église en la per­sua­dant qu’il n’y a plus d’ennemis, qu’il faut donc dépo­ser les armes et entrer dans un dia­logue de paix et d’entente. Cette trêve fal­la­cieuse per­met­tra à l’ennemi de péné­trer par­tout et de cor­rompre les forces adverses. Cette trêve est l’œcuménisme libé­ral, ins­tru­ment dia­bo­lique de l’autodestruction de l’Église. Cet œcu­mé­nisme libé­ral exi­ge­ra la neu­tra­li­sa­tion des armes qui sont la litur­gie avec le Sacrifice de la messe, les sacre­ments, le bré­viaire, les fêtes litur­giques, la neu­tra­li­sa­tion et l’arrêt des séminaires…

Il est évident que la débi­li­té ou le « sida » de l’Église face à ses enne­mis n’est pas une simple dimi­nu­tion mala­dive de l’esprit de com­bat, mais qu’elle n’est que le résul­tat de stra­ta­gèmes our­dis par des membres influents de l’Église relayés par une par­tie de la hié­rar­chie et sou­te­nus par des papes eux-​mêmes, vic­times de leur libé­ra­lisme, mais acteurs conscients et consen­tants de cet œcu­mé­nisme libé­ral, un œcu­mé­nisme reçu avec faveur par une grande par­tie des catho­liques séduits par les faci­li­tés offertes par cette sorte de nou­velle reli­gion. Tout cet ensemble est pré­ci­sé­ment ce que nous avons défi­ni comme étant l’Église conciliaire.

Mais si l’on tient mal­gré tout à accu­ser une pure mala­die de l’Église, alors l’image d’un can­cer serait plus réa­liste : la mala­die conci­liaire n’est-elle pas le para­si­tage et la colo­ni­sa­tion des tis­sus sains de l’Église par un virus qui en pro­voque la pro­li­fé­ra­tion anar­chique ? Il fau­drait alors s’interroger sur l’existence et la nature de l’agent viral.

L’appartenance de membres ou d’adhérents à l’Église conciliaire est-​elle douteuse ?

D’autre part, si l’on accepte l’image d’une socié­té, contre­fa­çon d’Église, tout en vou­lant évi­ter d’affirmer son exis­tence, on pour­rait réduire l’appartenance de la plu­part de ses membres à une appar­te­nance pure­ment maté­rielle, du fait que la majo­ri­té suit le mou­ve­ment par confor­misme, sans connaître ou par­ta­ger les buts de l’Église conci­liaire, laquelle serait presque dépour­vue de membres réels et réduite à l’état de fan­tôme en ce qui concerne les membres, et de sque­lette en ce qui regarde la hié­rar­chie. L’état vrai­ment sque­let­tique de l’Église conci­liaire confir­me­rait l’hypothèse. On devrait en outre mini­mi­ser encore l’appartenance à cette der­nière en consi­dé­rant que le lien qui unit ses membres n’a rien de la soli­di­té de la ver­tu théo­lo­gale de la foi catho­lique, qui est toute sur­na­tu­relle par son objet, son motif et sa fin : elle fait « croire à Dieu, croire Dieu et croire en Dieu [11]. » Car si beau­coup de conci­liaires approuvent la ten­ta­tive de conci­lia­tion entre la reli­gion du Dieu fait homme et la reli­gion de l’homme tout court, sur la base com­mune de la digni­té de la per­sonne humaine, ils ne per­çoivent pas l’équivoque du prin­cipe de cette conci­lia­tion énon­cé par le Concile dans Gaudium et spes : « Croyants et incroyants sont géné­ra­le­ment d’accord sur ce point : tout sur terre doit être ordon­né à l’homme comme à son centre et à son som­met [12]. » L’Église catho­lique pré­cise en effet avec saint Ignace de Loyola : « Et les choses qui sont sur la terre sont créées à cause de l’homme, pour l’aider à faire son salut », ce qui est une tout autre fin ! En com­pa­rai­son de la com­mu­nion des saints, fruit de la foi catho­lique et de la cha­ri­té théo­lo­gale, quelle com­mu­nion peut fon­der entre les conci­liaires le mélange de prin­cipes si dia­mé­tra­le­ment oppo­sés ? Nous l’appellerons, avec Anne-​Catherine Emmerich, la com­mu­nion des pro­fanes ou la com­mu­nion des anti-​saints [13].

Du reste, à l’équivoque de sa forme, l’Église conci­liaire joint l’ambiguïté de sa fin : « l’unité du genre humain », par essence ter­restre et natu­relle, « dans le Christ », ins­tru­men­ta­li­sant Notre Seigneur au ser­vice d’une idée pla­to­ni­cienne : demain, par un coup de baguette magique, sans effort, sans conver­sion du monde, « l’Église sera le genre humain » ! L’Église n’a plus besoin d’être mis­sion­naire, il lui suf­fit de se pré­sen­ter au monde, d’être média­tique. Les inces­sants voyages publi­ci­taires de Jean-​Paul II illus­trent la réa­li­té de ce que le père Julio Meinvielle décri­vait déjà en 1970 comme « l’Église de la publicité » :

Cette Église de la publi­ci­té magni­fiée dans la pro­pa­gande, avec des évêques, des prêtres et des théo­lo­giens publi­ci­sés, peut être gagnée à l’ennemi et se chan­ger d’Église catho­lique en Église gnos­tique, [face à] l’autre, l’Église du silence, avec un pape fidèle à Jésus-​Christ dans son ensei­gne­ment et avec quelques prêtres, évêques et fidèles qui lui soient atta­chés, épar­pillés comme le pusil­lus grex par toute la terre [14].

Hélas, le pape fidèle a jusqu’ici man­qué à ce pusil­lus grex ! Les papes post­con­ci­liaires, élus papes de l’Église catho­lique, ont été sur­tout papes de l’Église de la publicité !

De tout ce que nous venons de consi­dé­rer, il appert que l’Église conci­liaire n’est pas seule­ment une mala­die, ni une théo­rie, mais qu’elle est une asso­cia­tion de hié­rarques catho­liques qui, ins­pi­rés par des pen­seurs libé­raux et moder­nistes, veulent, dans des fins mon­dia­listes, réa­li­ser un nou­veau type d’Église, avec de nom­breux prêtres et fidèles catho­liques qui sont plus ou moins gagnés par cet idéal. Elle n’est pas une pure asso­cia­tion de vic­times. Formellement consi­dé­rée, l’Église conci­liaire est une secte qui occupe l’Église catho­lique. Elle a ses fau­teurs et acteurs orga­ni­sés comme les eut le moder­nisme condam­né par saint Pie X, qu’il faut citer :

La secte moderniste est-​elle morte ?

Les arti­sans d’erreur, il n’y a pas à les cher­cher aujourd’hui par­mi les enne­mis décla­rés, ils se cachent, et c’est un sujet d’appréhension et d’angoisse très vive, dans le sein même et au cœur de l’Église, enne­mis d’autant plus redou­tables qu’ils le sont moins ouver­te­ment. Nous par­lons, Vénérables frères, d’un grand nombre de catho­liques laïques et, ce qui est encore plus à déplo­rer, de prêtres qui, sous cou­leur d’amour de l’Église, abso­lu­ment courts de phi­lo­so­phie et de théo­lo­gie sérieuses, impré­gnés au contraire jusqu’aux moelles d’un venin d’erreur pui­sé chez les adver­saires de la foi catho­lique, se posent, au mépris de toute modes­tie, comme réno­va­teurs de l’Église ; qui, en pha­langes ser­rées, donnent auda­cieu­se­ment l’assaut à tout ce qu’il y a de plus sacré dans l’œuvre de Jésus-​Christ, sans res­pec­ter sa propre per­sonne, qu’ils abaissent, par une témé­ri­té sacri­lège, jusqu’à la simple et pure huma­ni­té. […] Le dan­ger est aujourd’hui presque aux entrailles mêmes et au veines de l’Église, leurs coups sont d’autant plus sûrs qu’ils savent savent mieux où la frap­per. Ajoutez que ce n’est pas aux rameaux ou aux reje­tons qu’ils ont mis la cognée, mais à la racine même, c’est-à-dire à la foi et à ses fibres les plus pro­fondes. Puis, cette racine d’immortelle vie une fois tran­chée, ils se donnent la tâche de faire cir­cu­ler le virus dans tout l’arbre. […] Que ne mettent-​ils pas en œuvre pour se créer de nou­veaux par­ti­sans ! Il s’emparent des chaires dans les sémi­naires, dans les uni­ver­si­tés et les trans­forment en chaires de pes­ti­lence [15]

Cinquante ans vont pas­ser ; mal­gré Pascendi de saint Pie X en 1907 et Humani gene­ris de Pie XII en 1950, la secte des moder­nistes va mon­ter à l’assaut des postes d’influence dans l’Église et, à l’occasion du concile Vatican II, va impo­ser à l’Église et pré­sen­ter au monde le nou­veau type d’Église que nous avons décrit par sa forme et sa fin, et cette secte va , par le magis­tère et les réformes des papes se récla­mant du Concile, mettre en œuvre ce nou­veau sys­tème d’Église. Les rôles de Paul VI, le pape libé­ral et contra­dic­toire, et celui de Jean-​Paul II, le pape phi­lo­sophe et œcu­mé­nique, sont indé­niables dans l’établissement de ce qui est l’Église conci­liaire, avec sa hié­rar­chie qui, à de raris­simes excep­tions, est exac­te­ment celle de l’Église catholique.

L’Église conciliaire, ouvrage d’un plan maçonnique

Qu’on nous per­mette un regard en arrière, quelque cent trente ans avant le concile ; une telle rétros­pec­tive nous fera com­prendre que l’établissement de l’Église conci­liaire est le fruit d’un plan our­di par la franc-​maçonnerie, laquelle n’osait même pas croire à l’accomplissement de ses des­seins. Citons des extraits des cor­res­pon­dances internes des Carbonari, francs-​maçons ita­liens du 19e siècle, publiées par les papes Grégoire XVI et Pie IX :

Ce que nous devons deman­der, ce que nous devons cher­cher et attendre comme les juifs attendent le Messie, c’est un pape selon nos besoins. […] Vous vou­lez éta­blir que le cler­gé marche sous vos éten­dards en croyant mar­cher sous les ban­nières apos­to­liques. […] Vous aurez prê­ché une révo­lu­tion en tiare et en chape, mar­chant avec la croix et la ban­nière, une révo­lu­tion qui n’aura besoin que d’être un tout petit peu aiguillon­née pour mettre le feu aux quatre coins du monde.

Voilà encore un extrait d’une lettre de Nubius à Volpe (noms codés pour gar­der le secret qui est de règle en franc-​maçonnerie), du 3 avril 1824 :

On a char­gé vos épaules d’un lourd far­deau, cher Volpe. Nous devons faire l’éducation immo­rale de l’Église et arri­ver, par de petits moyens bien gra­dués, au triomphe de l’idée révo­lu­tion­naire par un pape. Dans ce pro­jet qui m’a tou­jours sem­blé un cal­cul sur­hu­main, nous mar­chons encore en tâtonnant.

Le triomphe de l’idée révo­lu­tion­naire par un pape, c’est vrai­ment l’attentat suprême, comme le dit Mgr Lefebvre en citant ces docu­ments dans son livre Ils l’ont décou­ronne [16] et en les com­men­tant ainsi :

Calcul sur­hu­main, dit Nubius ; il veut dire cal­cul dia­bo­lique ! Car c’est cal­cu­ler la sub­ver­sion de l’Église par son chef lui-​même, ce que Mgr Delassus appelle l’attentat suprême, parce que l’on ne peut ima­gi­ner rien de plus sub­ver­sif pour l’Église, qu’un pape gagné aux idées libé­rales, qu’un pape uti­li­sant le pou­voir des clefs de saint Pierre au ser­vice de la Contre-​Église ! Or n’est-ce pas ce que nous vivons actuel­le­ment, depuis Vatican II, depuis le nou­veau Droit canon ? Avec ce faux œcu­mé­nisme et cette fausse liber­té reli­gieuse pro­mul­gués à Vatican II et appli­qués par les papes avec une froide per­sé­vé­rance mal­gré les ruines que cela provoque.

L’Église occupée, statut incontestable de l’Église des cinquante dernières années

Mgr Lefebvre disait encore :

A quelle Église avons-​nous affaire ? Si j’ai affaire à l’Église catho­lique, ou si j’ai affaire à une autre Église, à une Contre-​Église [17], à une contre­fa­çon de l’Église ? Or je crois, sin­cè­re­ment, que nous avons affaire à une contre­fa­çon de l’Église et non pas à l’Église catho­lique. Ils n’enseignent plus la foi catho­lique. Ils enseignent autre chose, ils entraînent l’Église dans autre chose que l’Église catho­lique. Ce n’est plus l’Église catho­lique. Ils sont assis sur le siège de leurs pré­dé­ces­seurs…, mais ils ne conti­nuent pas leurs pré­dé­ces­seurs. Ils n’ont plus la même foi, ni la même doc­trine, ni la même morale que leurs pré­dé­ces­seurs. Alors ce n’est plus pos­sible. Et prin­ci­pa­le­ment, leur grande erreur, c’est l’œcuménisme. Ils enseignent un œcu­mé­nisme qui est contraire à la foi catho­lique. […] L’Église est occu­pée par cette Contre-​Église que nous connais­sons bien et que les papes [18] connaissent par­fai­te­ment, et que les papes ont condam­née tout au long des siècles : depuis main­te­nant bien­tôt quatre siècles, l’Église ne cesse de condam­ner cette Contre-​Église qui est née avec le pro­tes­tan­tisme sur­tout, qui s’est déve­lop­pée avec le pro­tes­tan­tisme, et qui est à l’origine de toutes les erreurs modernes, qui a détruit toute la phi­lo­so­phie, et qui nous a entraî­nés dans toutes les erreurs que nous connais­sons, que les papes ont condam­nées : libé­ra­lisme, socia­lisme, com­mu­nisme, moder­nisme, sillon­nisme [19]. Nous en mou­rons. Les papes ont tout fait pour condam­ner cela, et voi­là que main­te­nant ceux qui sont sur les sièges de ceux qui ont condam­né cela sont d’accord avec ce libé­ra­lisme et cet œcu­mé­nisme. Alors on ne peut accep­ter cela. Et plus les choses s’éclairent, plus nous nous aper­ce­vons que ce pro­gramme, […] toutes ces erreurs ont été éla­bo­rées dans les loges maçon­niques [20].

Dans ce que nous appe­lons l’Église conci­liaire, il n’est pas néces­saire que le pape (le pape de l’Église catho­lique) soit le chef ; il pour­rait n’être qu’un exé­cu­tant de direc­tives pro­ve­nant, sinon d’un pou­voir occulte, du moins d’un noyau diri­geant ou de grou­pus­cules de pres­sion de col­la­bo­ra­teurs ou de théo­lo­giens sous influence maçon­nique. Souvenons-​nous d’Annibal Bugnini et de son ascen­dant mys­té­rieux sur le pape Paul VI dans la réforme litur­gique. Cet Annibal semble avoir été franc-​maçon. Il est notoire que des loges maçon­niques ont fonc­tion­né par­mi les membres de la Curie du Saint-​Siège pen­dant les pon­ti­fi­cats de Paul VI et de Jean-​Paul II.

Les papes conci­liaires Jean-​Paul II et Benoît XVI ont par­ti­ci­pé acti­ve­ment au Concile, le pre­mier comme Père conci­liaire, le second comme expert conci­liaire, et l’ont orien­té dans le sens de la nou­velle théo­lo­gie, celle d’une rédemp­tion uni­ver­selle et d’une foi évo­lu­tive. Et ils ont comme papes appli­qué ces erreurs. Mais s’ils ont appli­qué ce pro­gramme conci­liaire, rien ne prouve que ce sont eux qui l’ont conçu, et rien n’empêche qu’ils n’aient fait qu’appliquer, consciem­ment ou non, une poli­tique qui venait d’ailleurs. Les diri­geants de la Haute-​Vente, qui pré­pa­raient l’avènement d’un pape selon leur des­sein, avaient bien pré­ci­sé qu’ils ne sou­hai­taient pas que ce pape soit un membre de leur secte [21].

Quoi qu’il en soit de la manière dont s’exerce l’influence de la secte maçon­nique sur l’Église conci­liaire, cette influence est indéniable.

Appartenance formelle et appartenance matérielle

L’influence de l’esprit maçon­nique, ou du moins la péné­tra­tion de l’esprit libé­ral, natu­ra­liste, œcu­mé­nique et mon­dia­liste chez les membres de l’Église conci­liaire n’est évi­dem­ment pas la même chez tous. Parmi les clercs et les reli­gieux, la plu­part des évêques, des supé­rieurs reli­gieux, des pro­fes­seurs de sémi­naires et d’universités, ain­si que les prêtres âgés, adhèrent for­mel­le­ment, c’est-à-dire consciem­ment et de bon gré aux fins pré­ci­tées, tan­dis qu’une mino­ri­té de jeunes prêtres ou reli­gieux et de sémi­na­ristes ne veulent rien entendre du Concile ou ne lui prêtent nulle atten­tion et dési­rent le retour à la théo­lo­gie de saint Thomas, à la messe tra­di­tion­nelle, à la dis­ci­pline clas­sique et aux ver­tus chré­tiennes. Ces der­niers, de cœur, n’appartiennent pas à l’Église conci­liaire. Entre ces deux extrêmes, se situe la masse des catho­liques, conci­liaires par habi­tude, confor­misme ou com­mo­di­té, comme on l’a dit plus haut, qui ont une appar­te­nance plu­tôt pure­ment maté­rielle à l’Église conci­liaire. Le flou des limites entre ces caté­go­ries n’aide pas à la déli­mi­ta­tion claire des deux Églises.

Faut-​il concevoir deux Églises matériellement distinctes : la catholique et la conciliaire ?

De ce qui pré­cède, il convient de tirer deux conclu­sions concer­nant les rap­ports entre les deux Églises.

Tout d’abord l’Église conci­liaire n’est pas maté­riel­le­ment sépa­rée de l’Église catho­lique. Elle n’existe pas indé­pen­dam­ment de l’Église catho­lique. Il y a dis­tinc­tion, certes, entre elles, dis­tinc­tion for­melle, sans sépa­ra­tion maté­rielle abso­lue. La hié­rar­chie de l’Église conci­liaire coïn­cide presque exac­te­ment avec la hié­rar­chie de l’Église catho­lique, les membres de l’Église conci­liaire sont tous membres au moins maté­riel­le­ment de l’Église catho­lique. De même qu’on a pu dire (avec un grain de sel) que le libé­ra­lisme est une héré­sie catho­lique, en ce sens qu’elle ne naît qu’au sein de l’Église catho­lique et qu’elle n’existe et ne se déve­loppe qu’aux dépens de l’Église catho­lique, de même on peut dire que l’Église conci­liaire naît de la cor­rup­tion de l’Église catho­lique et qu’elle ne peut vivre que de cette cor­rup­tion, comme un para­site qui ne vit qu’aux dépens de l’organisme para­si­té, en pom­pant la sub­stance de son hôte pour construire sa propre sub­stance. Il y a une sorte de trans­fert de sub­stance, si j’ose dire, de l’une à l’autre, dans un sens évi­dem­ment méta­pho­rique et non phi­lo­so­phique. Pour deve­nir conci­liaire, il n’est pas besoin de se sépa­rer de l’Église catho­lique, il suf­fit de se lais­ser cor­rompre par le poi­son conci­liaire et de lais­ser absor­ber sa sub­stance par le para­site conci­liaire. Il suf­fit de pra­ti­quer la messe de la nou­velle reli­gion et d’adhérer, for­mel­le­ment ou maté­riel­le­ment, à l’œcuménisme libé­ral qui en est la forme.

D’autre part, l’Église conci­liaire ne coïn­cide pas néces­sai­re­ment avec l’Église catho­lique, ni dans ses chefs ni dans ses membres. Les chefs de l’une ne sont pas tou­jours les chefs de l’autre. Les membres de la pre­mière peuvent, par l’hérésie, avoir ces­sé d’être membres de la seconde, mais ce n’est pas néces­saire. L’Église catho­lique est la seule vraie Église, la seule Église fon­dée par Notre Seigneur Jésus-​Christ. Mais cela n’empêche pas l’Église conci­liaire d’être une réa­li­té sociale : pas seule­ment un par­ti, mais une contre­fa­çon d’Église, menée par une secte de diri­geants, une secte ayant son sys­tème ou idéo­lo­gie qui est la forme de cette Église conci­liaire, et qui la manœuvre à ses fins, avec ses relais et avec ses exé­cu­tants, et qui groupe une vaste par­tie de la hié­rar­chie et des fidèles catho­liques plus ou moins conscients et consen­tants au détour­ne­ment dia­mé­tral qu’elle opère. C’est en ce sens que le père Calmel a pu par­ler de « l’Église des pirates » ; cette méta­phore dit tout.

« Cette Église conciliaire est une Église schismatique ! »

En 1971, soit plus de cinq ans avant « l’Église conci­liaire » de Mgr Benelli, ce même père Calmel dénon­çait, dans la revue Itinéraires, la « nou­velle Église que Vatican II a essayé de mon­trer », « la nou­velle Église post-​vaticanesque », et s’expliquait :

La fausse Église qui se montre par­mi nous depuis le curieux concile de Vatican II, s’écarte sen­si­ble­ment, d’année en année de l’Église fon­dée par Jésus-​Christ. La fausse Église post-​conciliaire se contre­di­vise de plus en plus à la sainte Église qui sauve les âmes depuis vingt siècles (et par sur­croît illu­mine et sou­tient la cité). La pseudo-​Église en construc­tion se contre­di­vise de plus en plus à l’Église vraie, à la seule Église du Christ, par les inno­va­tions les plus étranges tant dans la consti­tu­tion hié­rar­chique que dans l’enseignement et les mœurs [22].

Les expres­sions « fausse Église », « pseudo-​Église » sont très fortes. Et le verbe « se contre­di­vi­ser » indique une muta­tion for­melle d’une par­tie de l’Église, par­tie qui s’arrache à la mou­vance catho­lique pour aller diva­guer for­mel­le­ment hors d’elle. Le père Calmel était véri­ta­ble­ment pro­phète. C’est seule­ment cinq ans et demi plus tard, après avoir reçu la fameuse lettre de Mgr Benelli et avoir été frap­pé par Paul VI d’une sus­pens a divi­nis, que Mgr Lefebvre affir­mait avec plus de force encore à ses amis l’existence de cette « Église conci­liaire », la qua­li­fiant de « schismatique » :

Quoi de plus clair ! Désormais c’est à l’Église conci­liaire qu’il faut obéir et être fidèle, et non plus à l’Église catho­lique. C’est pré­ci­sé­ment tout notre pro­blème. Nous sommes sus­pens a divi­nis par l’Église conci­liaire et pour l’Église conci­liaire, dont nous ne vou­lons pas faire par­tie. Cette Église conci­liaire est une Église schis­ma­tique, parce qu’elle rompt avec l’Église catho­lique de tou­jours. Elle a ses nou­veaux dogmes [23], son nou­veau sacer­doce [24], ses nou­velles ins­ti­tu­tions [25], son nou­veau culte [26], déjà condam­nés par l’Église en maints docu­ments offi­ciels et défi­ni­tifs. C’est pour­quoi les fon­da­teurs de l’Église conci­liaire insistent tant sur l’obéissance à l’Église d’aujourd’hui, fai­sant abs­trac­tion de l’Église d’hier, comme si celle-​ci n’existait plus. […] L’Église qui affirme de pareilles erreurs est à la fois schis­ma­tique et héré­tique. Cette Église conci­liaire n’est donc pas catho­lique. Dans la mesure où le pape, les évêques, prêtres ou fidèles adhèrent à cette nou­velle Église, ils se séparent de l’Église catho­lique. L’Église d’aujourd’hui n’est la véri­table Église que dans la mesure où elle conti­nue et fait corps avec l’Église d’hier et de tou­jours. La norme de la foi catho­lique, c’est la Tradition [27].

Face à l’Église conciliaire, que devient l’Église catholique ?

Mgr Lefebvre semble admettre la trans­mu­ta­tion de l’Église catho­lique en l’Église conci­liaire. Que devient l’Église catho­lique ? – Mgr Lefebvre répond que c’est dans la mesure où, selon le degré avec lequel les chefs et les bap­ti­sés adhèrent au nou­veau type d’Église, qu’ils consti­tuent une Église nou­velle, carac­té­ri­sée par ses buts ter­restres, huma­nistes, natu­ra­listes, socia­listes, œcu­mé­niques et mon­dia­listes, de telle sorte que cette nou­velle Église se conçoit elle-​même comme plus vaste et plus uni­ver­selle que l’Église catho­lique. Il faut ajou­ter la dis­tinc­tion entre l’adhésion exclu­sive des chefs sec­taires à ces fins pro­fa­na­trices d’une part, et la recherche d’un com­pro­mis entre ces fins et la fin catho­lique d’autre part, un com­pro­mis qu’exprime bien le texte conci­liaire de Lumen Gentium (§ 1): « L’Église est dans le Christ en quelque sorte le sacre­ment, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain. » Cette ambi­va­lence com­plique sin­gu­liè­re­ment le pro­blème de la dis­tinc­tion des deux Églises. Le texte de Mgr Lefebvre doit être enten­du avec cette pré­ci­sion : c’est dans la mesure où les conci­liaires adhèrent exclu­si­ve­ment aux buts pro­fa­na­teurs sus­dits, qu’ils quittent l’Église catho­lique. Et de cette mesure, nous ne sommes pas juges. Malgré son style polé­mique, avec ces pré­ci­sions, le texte de Mgr Lefebvre est irré­pro­chable. C’est avec la même pré­ci­sion que sa der­nière phrase doit être com­prise : « L’Église d’aujourd’hui n’est la véri­table Église que dans la mesure où elle conti­nue exclu­si­ve­ment et fait corps exclu­si­ve­ment avec l’Église d’hier et de tou­jours. » Une Église qui convoi­te­rait à la fois un but ter­restre et mon­dia­liste et le but sur­na­tu­rel du salut éter­nel des âmes, cette Église n’est plus catho­lique, c’est l’Église conci­liaire dans son sta­tut viral atté­nué et vul­gaire [28].

Et à côté de cette Église conci­liaire vul­gaire, que reste-​t-​il de l’Église catho­lique ? Nous répon­dons que, même réduite au nombre modeste de la par­tie saine de ses fidèles et peut-​être à un seul évêque fidèle, comme pour­ra l’être, selon le père Emmanuel, l’Église de la fin des temps, l’Église catho­lique reste l’Église catholique.

Comment l’Église conciliaire a été canonisée

Six ans vont encore pas­ser, et la pro­mul­ga­tion par Jean-​Paul II d’un nou­veau code de Droit canon va jus­ti­fier les vues de l’archevêque sur cette Église conci­liaire. Dans sa consti­tu­tion apos­to­lique, le pape déclare clai­re­ment impo­ser à l’Église « une nou­velle ecclésiologie » :

[Ce] code […] a mis en acte l’esprit du Concile dont les docu­ments pré­sentent l’Église, « sacre­ment uni­ver­sel du salut », comme le peuple de Dieu, et où sa consti­tu­tion hié­rar­chique appa­raît fon­dée sur le col­lège des évêques uni à son chef. […] En un cer­tain sens, on pour­rait même voir dans ce code un grand effort pour tra­duire en lan­gage cano­nique cette doc­trine même de l’ecclésiologie conci­liaire. […] Il en résulte que ce qui consti­tue la nou­veau­té essen­tielle du concile Vatican II, dans la conti­nui­té avec la tra­di­tion légis­la­tive de l’Église, sur­tout en ce qui concerne l’ecclésiologie, consti­tue éga­le­ment la nou­veau­té du nou­veau code. Parmi les élé­ments qui carac­té­risent l’image réelle et authen­tique [29] de l’Église, il nous faut mettre en relief sur­tout les sui­vants : la doc­trine selon laquelle l’Église se pré­sente comme le peuple de Dieu (Lumen gen­tium 2) et l’autorité hié­rar­chique comme ser­vice (Lumen gen­tium 3) ; la doc­trine qui montre l’Église comme une com­mu­nion et qui par consé­quent indique quelles sortes de rela­tions doivent exis­ter entre les Églises par­ti­cu­lières et l’Église uni­ver­selle et entre la col­lé­gia­li­té et la pri­mau­té ; la doc­trine selon laquelle tous les membres du peuple de Dieu, cha­cun selon sa moda­li­té, par­ti­cipent à la triple fonc­tion du Christ : les fonc­tions sacer­do­tale, pro­phé­tique et royale. A cette doc­trine se rat­tache celle concer­nant les devoirs et les droits des fidèles et en par­ti­cu­lier des laïcs ; et enfin l’engagement de l’Église dans l’œcuménisme [30].

Ce tableau de l’Église conci­liaire montre la ruine qu’elle opère de l’exercice per­son­nel de l’autorité reçue de Dieu, l’abaissement de la hié­rar­chie au pro­fit de la base ; l’omission volon­taire de la néces­si­té de l’appartenance à l’Église catho­lique pour être sau­vé ; la réduc­tion du sacer­doce et de l’identité sacer­do­tale noyés dans le sacer­doce com­mun des bap­ti­sés ; l’aspiration à une uni­té uni­ver­selle plus vaste que celle de l’Église catho­lique. Voilà ce que nous appe­lions la forme de cette socié­té qu’est l’Église conci­liaire. Plutôt que socié­té, il faut l’appeler dis­so­cié­té, c’est-à-dire la ruine résul­tant de la dis­so­lu­tion de cette socié­té divine et humaine qu’est l’Église catho­lique, ou mieux : si l’on peut dire, la désa­gré­ga­tion éri­gée en prin­cipe de nou­velle congré­ga­tion. N’est-ce pas évo­quer le mot d’ordre de la révo­lu­tion, « Solve, coa­gu­la » : d’abord dis­soudre ce qui existe, puis réunir les mor­ceaux sous un autre chef, selon un nou­veau prin­cipe ? Et cette dis­so­cié­té qu’est l’Église conci­liaire existe ; le pape, la quasi-​totalité de la hié­rar­chie catho­lique, la masse consciente ou non des bap­ti­sés catho­liques en sont les membres, for­mels ou matériels.

Cependant, cette dis­so­cié­té vouée à l’autodestruction se « tient » par la force de ses agents. Dans le coa­gu­la, il y a un pacte des fau­teurs de cette dis­so­cié­té : il faut exi­ger de tous l’adhésion au Concile et aux réformes conci­liaires, de telle manière que ceux qui ne l’acceptent pas sont « hors de la com­mu­nion » ou « hors de la pleine com­mu­nion » avec l’Église conci­liaire. Cette Église conci­liaire se main­tient donc par la crainte et la vio­lence ; l’Église catho­lique, elle, se main­tient par la foi et la charité.

Les méthodes par lesquelles subsiste l’Église conciliaire

Vouée à l’autodémolition, l’Église conci­liaire n’en sub­siste pas moins vigou­reu­se­ment. En quoi consiste sa téna­ci­té ? En ce que sa hié­rar­chie use de tout le pou­voir de la hié­rar­chie catho­lique qu’elle occupe, détient et dévoie.

Depuis l’instauration de la messe de Paul VI, elle a conti­nuel­le­ment per­sé­cu­té les prêtres fidèles à la vraie messe, au vrai caté­chisme, à la vraie dis­ci­pline sacra­men­telle, et les reli­gieux fidèles à leur règle et à leurs vœux. Nombreux sont les prêtres qui sont morts de cha­grin de devoir, par obéis­sance, croyaient-​ils, adop­ter les nou­veaux rites et usages. Nombreux aus­si sont ceux qui sont morts dans l’ostracisme, la relé­ga­tion cano­nique et psy­cho­lo­gique, mais heu­reux de por­ter un témoi­gnage inflexible au rite catho­lique, à la foi intègre, au Christ-​Roi. Les menaces, la crainte, les cen­sures et autres puni­tions ne les ont pas ébran­lés. Mais hélas, com­bien sont ceux qui ont cédé à ces méthodes de vio­lence, au chan­tage de la « déso­béis­sance » et de la des­ti­tu­tion exer­cé sur eux par leurs supé­rieurs. C’est là qu’on touche du doigt la malice libé­rale de ces chefs : ne dit-​on pas à rai­son qu’il n’y pas plus sec­taire qu’un libé­ral ? N’ayant pas de prin­cipes pour faire régner l’ordre, ils font régner un régime de sou­mis­sion par la terreur.

La malice de la hié­rar­chie conci­liaire est ache­vée par l’usage qu’elle fait du men­songe et de l’équivoque. Ainsi le motu pro­prio du pape Benoît XVI décla­rant que la messe tra­di­tion­nelle n’a jamais été sup­pri­mée et que sa célé­bra­tion est libre, assor­tit cette liber­té de condi­tions contraires à cette der­nière, et va jusqu’à qua­li­fier la messe authen­tique et sa contre­fa­çon moder­niste de « formes extra­or­di­naire et ordi­naire du même rite romain ».

Le men­songe se pour­suit dans la soi-​disant « levée » des excom­mu­ni­ca­tions, soi-​disant encou­rues par les quatre évêques consa­crés par S. E. Mgr Lefebvre en 1988, comme si elles avaient été réel­le­ment encourues.

Mais, par un sur­pre­nant contraste, la hié­rar­chie conci­liaire n’a jamais été capable de faire res­pec­ter le cin­quième com­man­de­ment de Dieu, « Tu ne tue­ras pas », qui ne fut guère prê­ché par les évêques : les pays naguère catho­liques sont ceux où l’avortement est le plus en cours ; et l’encyclique Humanæ vitæ du pape Paul VI n’a guère été relayée par les évêques, si bien que la pilule anti­con­cep­tion­nelle est d’usage cou­rant chez la plu­part des jeunes filles et des femmes dans l’Église catho­lique. Les mœurs immondes du monde actuel ne sont que le débor­de­ment du vice auquel la hié­rar­chie conci­liaire n’a su oppo­ser aucun obs­tacle. Cette Église conci­liaire attire dans sa pseudo-​communion une masse de chré­tiens vivant en réa­li­té dans le péché et le paga­nisme pratique.

Ne pas appartenir à l’Église conciliaire est une grâce et un témoignage providentiel

Bienheureux ceux qui ne sont pas de cette « com­mu­nion des pro­fanes », qui en sont pro­vi­den­tiel­le­ment exclus ou sont mena­cés d’en être exclus ! Heureuse relé­ga­tion ou déré­lic­tion ! La voca­tion de la Fraternité sacer­do­tale Saint-​Pie X, depuis son érec­tion par l’Église catho­lique en 1970 et le décret de louange qui l’a hono­rée en 1971, n’a jamais été de rece­voir les béné­dic­tions et recon­nais­sances de cette Église conci­liaire ! Il était sans doute néces­saire que cette socié­té sacer­do­tale, avec toute la famille de la Tradition, fût comme le flam­beau allu­mé et qu’on ne met pas sous le bois­seau conci­liaire, mais sur le chan­de­lier du pilo­ri, afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la mai­son de Dieu. Il était pro­ba­ble­ment pré­fé­rable, selon les voies de la Providence, que cette par­tie saine de l’Église, deve­nue, comme le divin Maître, pierre de scan­dale, pierre reje­tée par les bâtis­seurs de la dis­so­cié­té ecclé­siale conci­liaire, devienne la pierre angu­laire et la clé de voûte [31] de la cathé­drale catho­lique indes­truc­tible. Notre témoi­gnage inflexible envers la vraie Église de Jésus-​Christ, envers le sacer­doce et la royau­té du Christ prêtre et roi exige sans doute, de la part de l’Église conci­liaire, l’exclusion et l’ostracisme pro­non­cés contre nous et ce que nous repré­sen­tons. Mais de même que saint Joseph dans son exil d’Égypte por­tait l’Enfant Jésus et sa divine Mère, qui consti­tuaient le germe de l’Église, de même, dans son exil, la famille de la Tradition porte l’Église en elle, sans avoir sans doute l’exclusive de cette glo­rieuse fonc­tion, mais en en ayant la moelle et le cœur, l’intégrité et l’incorruption. Elle porte par consé­quent en elle le pon­tife romain, en qui le suc­ces­seur de Pierre se libé­re­ra un jour d’une longue cap­ti­vi­té [32] et sor­ti­ra du somme de ses grandes illu­sions, pour pro­cla­mer comme jadis le pre­mier pape à Césarée de Philippe à l’adresse de son Maître : « Tu es Christus, Filius Dei vivi ! »

Dès lors, si nous sommes com­pli­qués, nous regret­te­rons d’être pri­vés de la com­mu­nion conci­liaire ou de son appa­rence de com­mu­nion ecclé­siale et nous serons mal­heu­reux et inquiets, sans cesse en quête d’une solu­tion. Si en revanche nous avons une foi et une sim­pli­ci­té d’enfant, nous cher­che­rons sim­ple­ment quel témoi­gnage rendre à la foi catho­lique. Et nous trou­ve­rons : c’est d’abord le témoi­gnage de notre exis­tence, de notre per­ma­nence, de notre sta­bi­li­té, avec celui de notre pro­fes­sion de foi catho­lique inté­grale et de notre refus des erreurs et des réformes conci­liaires. Un témoi­gnage est abso­lu. Si je rends témoi­gnage à la messe catho­lique, au Christ Roi, il faut que je m’abstienne des messes et des doc­trines conci­liaires. C’est comme le grain d’encens aux idoles : c’est un seul grain ou pas du tout. Donc c’est « pas du tout ». Et puis ce témoi­gnage, c’est aus­si la per­sé­cu­tion, c’est nor­mal de la part des enne­mis de cette foi, qui veulent réduire notre oppo­si­tion dia­mé­trale à la nou­velle reli­gion, et aus­si long­temps qu’il plai­ra à Dieu qu’ils per­sé­vèrent dans leurs des­seins per­vers. N’est-ce pas Dieu lui-​même qui pose cette ini­mi­tié entre l’engeance du diable et les fils de Marie ? Inimicitias ponam !
Alors, dès que, dans le recueille­ment de l’oraison, on a per­çu cette voca­tion propre qui est la nôtre, adap­tée par Dieu à la crise actuelle, on y acquiesce en par­faite droi­ture et grande paix : droi­ture inca­pable d’avoir une quel­conque com­pli­ci­té avec l’ennemi, paix sans amer­tume. On y court, on y bon­dit et on s’écrie comme sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, « Dans l’Église ma Mère, j’ai trou­vé ma voca­tion ! » Et on demande à la sainte magna­nime : « Obtenez-​moi la grâce d’avoir dans l’Église et pour l’Église une âme de mar­tyr ou au moins de confes­seur de la foi ! »

Source : Le Sel de la Terre n° 85 – Eté 2013

Notes de bas de page
  1. Nommé arche­vêque de Florence et créé car­di­nal en 1977.[]
  2. Voir notam­ment Le Sel de la terre 1, p. 25–38 (Frère Pierre-​Marie, « Ecclésiologie com­pa­rée »), p. 114–118 ; Le Sel de la terre 34, p. 248 ; Le Sel de la terre 45, p. 36–41 ; Le Sel de la terre 59 (Hiver 2006–2007), édi­to­rial : « Une hié­rar­chie pour deux Églises. »[]
  3. Concile Vatican II, Lumen gen­tium, 1.[]
  4. Le nou­veau code de 1983 limite la sup­pléance à celle du pou­voir exé­cu­tif.[]
  5. Dans Gaudium et spes (11, 2), le concile Vatican II déclare avoir l’in­ten­tion pri­mor­diale d’in­tro­duire et d’as­si­mi­ler dans la doc­trine catho­lique les valeurs libé­rales ; cette opé­ra­tion ne peut béné­fi­cier de l’as­sis­tance du Saint-​Esprit et elle est contraire à l’ob­jet du magis­tère qui est de « gar­der sain­te­ment et d’ex­po­ser fidè­le­ment » le dépôt de la foi.[]
  6. Exténuer au sens ori­gi­nel de réduire à l’ex­trême.[]
  7. Réponse de Mgr Lefebvre au car­di­nal Seper l’in­ter­ro­geant sur sa lettre dénon­çant l’Église conci­liaire.[]
  8. Note du 12 juillet 1976.[]
  9. Interrogatoire de Mgr Lefebvre par le car­di­nal Seper, Préfet de la SCDF, 11 jan­vier 1979, dans Mgr Lefebvre et le Saint-​Office, revue Itinéraires, n°233, mai 1979, p. 144–145.[]
  10. Ibid.[]
  11. Saint THOMAS D’AQUIN, II-​II, q. 2, a. 2.[]
  12. Concile Vatican II, Gaudium et spes, 12, 1.[]
  13. Dans ses visions des der­niers temps de l’Église, elle voit d’un côté les démo­lis­seurs de la basi­lique Saint-​Pierre, qui ôtent les pierres, et de l’autre les rebâ­tis­seurs. A la fin, les démo­lis­seurs cessent leur œuvre de des­truc­tion, et vient la récon­ci­lia­tion.[]
  14. P. J. MEINVIELLE, De la Cabala al pro­gres­sis­mo, 2e éd., Buenos Aires, 1994, p. 363–364.[]
  15. Saint Pie X, Encyclique Pascendi, 8 sep­tembre 1907, in ini­tio. Voir aus­si : « Aucun évêque n’ignore, croyons-​Nous, qu’une race très per­ni­cieuse d’hommes, les moder­nistes, même après que l’encyclique Pascendi domi­ni­ci gre­gis(8 sep­tembre 1907) eut levé le masque dont ils se cou­vraient, n’ont pas aban­don­né leurs des­seins de trou­bler la paix de l’Église. Ils n’ont pas ces­sé, en effet, de recher­cher et de grou­per en une asso­cia­tion secrète de nou­veaux adeptes, et d’inoculer avec eux, dans les veines de la socié­té chré­tienne, le poi­son de leurs opi­nions, par la publi­ca­tion de livres et de bro­chures dont ils taisent ou dis­si­mulent les noms des auteurs. » Motu pro­prio Sacrorum anti­sti­tum du 1er sep­tembre 1910, édi­tions de la Documentation Catholique, Paris, t. 5, p. 141.[]
  16. Mgr Marcel Lefebvre, Ils l’ont décou­ron­né, 2e éd., Escurolles, Fideliter, 1987, p. 148.[]
  17. Par Contre-​Église, il faut entendre non pas l’Église conci­liaire elle-​même, mais la secte maçon­nique et toutes les sectes qui l’ont pré­cé­dée dans le même esprit gnos­tique et anti­christ ; ain­si que la secte moder­niste, dont la doc­trine est aus­si une gnose : une réin­ter­pré­ta­tion natu­ra­liste de la foi catho­lique.[]
  18. Les papes qui ont vu clair.[]
  19. Le mou­ve­ment de Marc Sangnier en France au début du 20e siècle, pour faire de l’Église l’animatrice de la démo­cra­tie, et que saint Pie X condam­na par son ency­clique Notre charge apos­to­li­que.[]
  20. Conférence spi­ri­tuelle, Écône, 21 juin 1978 ; voir Le Sel de la terre 50, p. 244.[]
  21. « Ce serait un rêve ridi­cule, et de quelque manière que tournent les évé­ne­ments, que des car­di­naux ou des pré­lats, par exemple, soient entrés de plein gré ou par sur­prise dans une par­tie de nos secrets, ce n’est pas du tout un motif pour dési­rer leur élé­va­tion au siège de Pierre. Cette élé­va­tion nous per­drait. L’ambition seule les aurait conduits à l’apostasie, les besoins du pou­voir les for­ce­raient à nous immo­ler ; ce que nous devons deman­der, ce que nous devons cher­cher et attendre, comme les juifs attendent le Messie, c’est un pape selon nos besoins… » (Instruction de la Haute Vente datant de 1819).[]
  22. P. Roger-​Thomas Calmel o.p., « Autorité et sain­te­té dans l’Église », Itinéraires 149 (jan­vier 1971), p. 13–19 ; repro­duit dans Le Sel de la terre 40, p. 77 et 85–87.[]
  23. La digni­té de la per­sonne humaine.[]
  24. Le sacer­doce com­mun des bap­ti­sés.[]
  25. Institutions col­lé­giales : synode épis­co­pal, conseil épis­co­pal, conseil parois­sial…[]
  26. La nou­velle messe, qui n’apparaît plus comme le sacre­ment de la Passion du Christ.[]
  27. Mgr Marcel Lefebvre, lettre manus­crite et pho­to­co­piée, du 29 juillet 1976, à ses amis ; repro­duite dans Le Sel de la terre 36, p. 10.[]
  28. Remarquons que dans les faits, les ensei­gne­ments concer­nant le but sur­na­tu­rel du salut éter­nel des âmes (par exemple le Credo de Paul VI ou son ency­clique Humanæ vitæ) res­tent lettre morte à cause du libé­ra­lisme des évêques et de la manque de volon­té du pape d’appliquer la doc­trine catho­lique.[]
  29. Notons la pré­ten­tion du nou­veau code de pré­sen­ter de l’Église son « image réelle » (sic), qu’elle avait sans doute igno­rée ou dis­si­mu­lée jusqu’alors, une « image », un modèle d’Église qui est d’autre part « une nou­veau­té essen­tielle » ! L’incohérence le dis­pute à l’audace.[]
  30. Jean-​Paul II, Constitution apos­to­lique Sacræ dis­ci­plinæ leges, 25 jan­vier 1983.[]
  31. Voir 1 Pe 2, 6–8.[]
  32. « Et voi­ci qu’un ange du Seigneur appa­rut, et une lumière brilla dans l’appartement ; et l’ange, tou­chant Pierre au côté, l’éveilla, en disant : Lève-​toi vite (Surge velo­ci­ter). Et les chaînes tom­bèrent de ses mains » Ac 12, 7.[]

FSSPX Évêque auxiliaire

Mgr Bernard Tissier de Mallerais (1945 – 2024). Il fit par­tie des pre­miers sémi­na­ristes que Mgr Marcel Lefebvre accueillit à Fribourg en octobre 1969 et par­ti­ci­pa à la fon­da­tion de la Fraternité Saint-​Pie X. Il a assu­mé d’im­por­tantes res­pon­sa­bi­li­tés, notam­ment comme direc­teur du sémi­naire d’Ecône. Sacré le 30 juin 1988, il s’est dévoué durant ses 36 années d’é­pis­co­pat à ses fonc­tions d’é­vêque auxi­liaire de la FSSPX. Il fut char­gé de rédi­ger l’ou­vrage Marcel Lefebvre, une vie, bio­gra­phie de réfé­rence du fon­da­teur de la Fraternité.