Avant de choisir l’élu

Il y a des ques­tions très concrètes à se poser avant le mariage quant au choix de son conjoint.

Le mariage est un contrat. Ce contrat défi­nit les clauses qui unissent les époux dans le but de fon­der une famille. L’origine du mariage remonte à la Genèse. Dieu crée Adam mais, dit-​il, « il n’est pas bon que l’homme soit seul ». Alors, il prit une côte d’Adam avec laquelle il for­ma le corps d’Eve. En contem­plant la pre­mière femme, Adam s’écrit : « Voici l’os de mes os et la chair de ma chair (…). C’est pour­quoi l’homme quit­te­ra son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils seront une seule chair. » Ainsi fut ins­ti­tué le mariage. Dans le Nouveau Testament, Notre-​Seigneur Jésus-​Christ l’élève au rang de sacre­ment. Désormais, les époux trouvent dans cette ins­ti­tu­tion les moyens suf­fi­sants de sain­te­té. Par la grâce sacra­men­telle, ils ont en effet toutes les grâces pour accom­plir sain­te­ment les devoirs du contrat matri­mo­nial : pro­créa­tion, édu­ca­tion et sou­tien mutuel. C’est dans cette grâce sacra­men­telle qu’ils puisent leur force, leur espé­rance et leur fidé­li­té. Le mariage n’est pas une ins­ti­tu­tion comme une autre. En effet, celle-​ci est ordon­née au bien com­mun de la socié­té civile et ecclé­sias­tique de telle sorte que la sta­bi­li­té et la paix de ces socié­tés dépendent en grande par­tie de celles du mariage. C’est dire com­bien est impor­tant le fait de contrac­ter un bon mariage et par consé­quent de choi­sir le bon conjoint.

Avant de choisir

Il convient au plus haut point de consi­dé­rer la sain­te­té du mariage et de deman­der les lumières au Saint-​Esprit pour le choix impor­tant qui se pré­sente à nous. Il convient ensuite de consi­dé­rer le juge­ment de nos parents qui nous connaissent et veulent notre bien. De même que celui de nos frères et de nos sœurs ou encore de celui de nos amis. En géné­ral, ces per­sonnes sont plu­tôt très spon­ta­nées et simples dans leur avis. Enfin, notre direc­teur spi­ri­tuel a éga­le­ment un juge­ment éclai­ré puisqu’il s’appuie sur l’expérience de l’Eglise et du confes­sion­nal. Envisageons les ques­tions concrètes à se poser en cette matière à la fois si impor­tante et si délicate.

Les questions essentielles

Commençons par le début. Il faut se deman­der s’il paraît rai­son­nable de consi­dé­rer, dans la per­sonne fré­quen­tée, le futur père ou la future mère de mes enfants. Cette pers­pec­tive aide à mûrir notre juge­ment et sou­tient la ver­tu de pru­dence qui est un juste milieu entre la pré­ci­pi­ta­tion et l’indécision.

Ensuite, il faut se dire que le foyer sera d’autant plus saint qu’il sera stable et ordon­né. Cette sta­bi­li­té est prin­cipe de paix parce qu’il est le résul­tat de l’exercice habi­tuel de la cha­ri­té. C’est le secret de la sain­te­té conju­gale. Pour atteindre cette sta­bi­li­té, il faut donc une uni­té pro­fonde entre les conjoints. Comment savoir si nous par­vien­drons à la construire ensemble ?

La vie spirituelle et sacramentelle

Il s’agit tout d’abord de s’entretenir sur la vie spi­ri­tuelle et sacra­men­telle. Où mon conjoint souhaite-​t-​il aller à la messe le dimanche ? Quelle com­mu­nau­té veut-​il fré­quen­ter de manière habi­tuelle ? Il est en effet évident que cette ques­tion a une inci­dence sur la pré­di­ca­tion et le caté­chisme que rece­vront les enfants. Il est impé­ra­tif que ce sujet soit réglé (au moins pour évi­ter les dis­putes heb­do­ma­daires !). Dans le contexte de la crise de l’Eglise, il arrive que cette dis­cus­sion si sen­sible soit assez ani­mée à cause d’un désac­cord. Il faut alors au futur conjoint beau­coup de patience, de déli­ca­tesse et de clar­té pour réus­sir à éclai­rer l’autre sur sa posi­tion. La véri­té se trans­met en effet avec dou­ceur, humi­li­té et per­sé­vé­rance. Si ce point-​là n’est pas réglé avant le mariage, il ne le sera pas après. C’est une illu­sion de pen­ser le contraire. Et nom­breux sont ceux ou celles qui y tombent… et qui regrettent par la suite ! On ima­gine que le futur conjoint chan­ge­ra for­cé­ment, alors qu’en réa­li­té il ne le fera pas, ou rare­ment. On remarque par­fois que cette illu­sion est entre­te­nue volon­tai­re­ment pour évi­ter d’affronter le pro­blème. Attention, il ne faut pas oublier que le mariage étant un sacre­ment ordon­né au bien com­mun, une erreur volon­taire aura un impact sur la socié­té et, plus spé­cia­le­ment, sur les enfants ! Il faut donc tou­jours pen­ser aux consé­quences des choix posés.

Dans le domaine de la vie spi­ri­tuelle, sans se trans­for­mer en confes­seur, il faut obser­ver la vie reli­gieuse de la per­sonne fré­quen­tée : est-​elle fidèle à sa prière quo­ti­dienne, au cha­pe­let, à la com­mu­nion et à la confes­sion fré­quente ? A‑t-​elle déjà effec­tué une retraite (en faire une avant le mariage !) ? Connaît-​elle les prin­ci­pales notions de la doc­trine catho­lique ? N’oublions pas que nous serons demain des édu­ca­teurs et qu’il fau­dra trans­mettre à notre tour. Nous connais­sons cet adage : on ne donne que ce que l’on pos­sède. Il peut arri­ver que le conjoint soit en voie de conver­sion : il faut res­ter très pru­dent car c’est un che­min sou­vent long et labo­rieux tant cela demande un chan­ge­ment total de vie conforme à l’évangile. Pour savoir si le futur conjoint ne feint pas la conver­sion, obser­vons s’il se rend à la messe le dimanche de lui-​même, s’il conti­nue à étu­dier le caté­chisme, s’il pose des ques­tions sur la foi et la morale, s’il a même des objec­tions, signes de réflexion sur le sujet.

La personnalité du futur conjoint

Penchons-​nous main­te­nant sur la per­son­na­li­té de notre futur conjoint. Il est dif­fi­cile de ne vivre que sur des appa­rences. Chasser le natu­rel et il revient au galop. Pour obser­ver le futur conjoint dans la réa­li­té de ce qu’il est, il convient de se rendre plu­sieurs fois chez la future belle-​famille. Nous entre­voyons alors le futur conjoint dans son élé­ment natu­rel dans lequel, for­cé­ment, il sera vrai. Il est alors plus facile de répondre à ces ques­tions qui donnent un éclai­rage sup­plé­men­taire sur sa per­son­na­li­té : est-​ce que je le connais bien ? Depuis quand ? Quelles sont ses qua­li­tés ? Ses défauts ? Quelles sont mes qua­li­tés ? Mes défauts ? Quelles sont les dif­fé­rences de carac­tère entre lui et moi ? Ces dif­fé­rences me font-​elles peur ? Sont-​elles impor­tantes ? Est-​ce que je pense pou­voir les sup­por­ter et sur­tout aider mon conjoint à les sur­mon­ter ? Est-​ce que j’ai réflé­chi aux bons moyens qui me per­met­tront de l’aider dans ce sens ? Car c’est cela l’amour conju­gal : vou­loir le bien de l’autre. « J’exhorte sur­tout les mariés à l’a­mour mutuel que le Saint-​Esprit leur recom­mande tant en l’Ecriture », dit Pie XII dans un dis­cours aux jeunes mariés. Mais quel est cet amour que vous inculque le pieux maître de la vie chré­tienne ? Est-​ce peut-​être le simple amour natu­rel et ins­tinc­tif, comme celui d’une paire de tour­te­relles, écrit saint François de Sales, ou l’a­mour pure­ment humain connu et pra­ti­qué des païens ? Non, tel n’est point l’a­mour que le Saint-​Esprit recom­mande aux époux. Il leur recom­mande plus que cela : un amour qui, sans renier les saintes affec­tions humaines, monte plus haut, pour être dans son ori­gine, dans ses avan­tages, dans sa forme et dans sa manière « tout saint, tout sacré, tout divin », sem­blable à l’a­mour qui unit le Christ et son Eglise ».

Toutes les ques­tions doivent être posées : quelle édu­ca­tion a‑t-​il reçue ? Où a‑t-​il sui­vi sa sco­la­ri­té ? Est-​ce que les sujets de conver­sa­tions seront glo­ba­le­ment inté­res­sants ? Ses manières de vivre me conviennent-​elles ? Mon futur conjoint est-​il poli ? Sait-​il se tenir en socié­té ? N’oublions pas, nous vivrons tou­jours avec lui. La dif­fé­rence dans l’éducation reçue peut être un obs­tacle à la sta­bi­li­té conju­gale. Aussi, il faut bien véri­fier si ma famille et celle de mon futur conjoint ont à peu près le même rang social et la même manière d’éduquer.

Connaître la future belle famille est néces­saire car non seule­ment elle est un indice sup­plé­men­taire sur la per­son­na­li­té du futur conjoint mais, en plus, elle sera la deuxième famille que je fré­quen­te­rai régu­liè­re­ment. Ainsi donc : avez-​vous pas­sé quelques jours dans votre future belle-​famille ? Les séjours se sont-​ils bien pas­sés ? Que pensez-​vous de vos futurs beaux-​parents ? Les appréciez-​vous ? Pourquoi ? Vos futurs beaux-​parents sont-​ils heu­reux du mariage ? Si la réponse est néga­tive, – pour­quoi ? Il ne faut jamais négli­ger l’avis des beaux-​parents qui connaissent votre conjoint plus que vous-​même. Connaissez-​vous ses frères et sœurs ? Les appréciez-​vous ? Avez-​vous de bonnes rela­tions avec eux ? Que vous ont-​ils dit de votre futur ? Etes-​vous prêt à pas­ser des vacances avec eux ?

N’oubliez pas que vous allez for­cé­ment confier vos enfants à votre belle-​famille. Etes-​vous prêt à le faire ? Si non, pour­quoi ? Les beaux-​parents, les beaux-​frères, les belles-​sœurs ain­si que les futurs cou­sins auront une influence sur vos enfants. Partagez-​vous donc les mêmes convic­tions dans les domaines essen­tiels : reli­gion, édu­ca­tion, culture, politique ?

L’unité dans les convictions

La sta­bi­li­té conju­gale se fonde éga­le­ment sur l’unité dans les convic­tions qui touchent des domaines impor­tants. Tout d’abord la manière d’appréhender la vie conju­gale : où voulez-​vous habi­ter ? Avez-​vous par­lé sérieu­se­ment du pro­blème du tra­vail de l’épouse et de sa pré­sence au foyer [1] ? Votre conjoint sera-​t-​il sou­vent absent ? A cause de son tra­vail ou de ses occu­pa­tions asso­cia­tives ? Autre ? Il faut faire atten­tion aux mou­ve­ments asso­cia­tifs qui empiètent sur la vie de famille. L’engagement n’est louable que dans la mesure où il ne m’empêche pas d’accomplir les devoirs conju­gaux. La vie mari­tale contraint par­fois d’arrêter cer­taines activités. 

Tout sujet doit être abor­dé, y com­pris cer­tain sujet déli­cat comme la mora­li­té qui entoure les rela­tions conju­gales : avec géné­ro­si­té, suis-​je prêt à accueillir tous les enfants que Dieu nous don­ne­ra ? Votre futur est-​il dans les mêmes dis­po­si­tions ? Avez-​vous une cer­taine appré­hen­sion ? Pensez-​vous que la chas­te­té conju­gale sera dif­fi­cile à tenir ? Le mariage est certes un remède à la concu­pis­cence néan­moins il n’éteint pas toutes les ten­ta­tions contre la chair. C’est pour­quoi, il convient que la ver­tu de pure­té se per­fec­tionne avant comme pen­dant le mariage. S’il y a des ques­tions sur un point qui entoure la mora­li­té de ce sacre­ment, il faut abso­lu­ment trou­ver les réponses auprès du prêtre qui vous pré­pare. On ne reste jamais sur un doute, sur­tout dans un tel domaine tant pour enle­ver les scru­pules que pour évi­ter un laxisme qui ferait som­brer les époux dans le péché.

L’éducation des enfants

Dans le domaine édu­ca­tif, êtes-​vous en accord sur la manière de conce­voir l’éducation ? Avez-​vous suf­fi­sam­ment de connais­sances per­son­nelles pour trans­mettre la culture ? Pour éclai­rer le juge­ment de votre enfant dans le domaine reli­gieux, poli­tique et social ? Dans quelle école comptez-​vous ins­crire vos enfants ? Quel caté­chisme voulez-​vous pour eux ? Quelle est la manière idéale selon vous d’encourager la ver­tu chez l’enfant ? Chez l’adolescent ? Comment entrevoyez-​vous la manière de cor­ri­ger l’enfant ? L’adolescent ? Parlez de ces sujets est tou­jours très éclai­rant car il per­met de com­prendre l’éducation reçue par le futur conjoint. En géné­ral, nous avons ten­dance à repro­duire ce que nous avons vécu.

Les ques­tions pro­po­sées ne sont évi­dem­ment pas exhaus­tives. Il y en a d’autres qui se pose­ront natu­rel­le­ment au fur et à mesure de la pré­pa­ra­tion au mariage.

Qu’en ce domaine, les fian­cés soient tou­jours d’une grande sim­pli­ci­té et d’une grande pru­dence. D’une grande sim­pli­ci­té car il n’y a pas de conjoint idéal. Il y aura for­cé­ment des imper­fec­tions chez l’autre. Mais dans la mesure où celles- ci ne sont pas un obs­tacle majeur à la sain­te­té conju­gale, elles seront prin­cipe de ver­tus. De pru­dence car la fin du sacre­ment est grande.

Que les fian­cés se confient avec confiance à la Sainte Famille. Qu’ils sachent que leur mariage vau­dra ce qu’auront valu leurs fiançailles.

Source : Foyers Ardents n° 34

Notes de bas de page
  1. Cf. Foyers Ardents n° 15, 24 et 30[]