Seigneur, donnez-​nous beaucoup de saints prêtres !

« La mois­son est grande, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le maître de la mois­son d’envoyer des ouvriers à sa mois­son »
(Luc. X, 1–9).

Pour qu’Il règne – Mars 2025, n° 173

Éditorial de M. l’abbé Michel Poinsinet de Sivry

Dans sa der­nière lettre aux amis et bien­fai­teurs, Notre Supérieur Général lance une croi­sade de prières pour obte­nir de nom­breuses voca­tions sacer­do­tales et reli­gieuses tant il est vrai que nous man­quons de voca­tions. Lors de notre pré­cé­dent édi­to­rial, nous avions ouvert quelques pistes de réflexion sur les causes du manque de vocations. 

Voyons main­te­nant quelques moyens de les sus­ci­ter. Cette étude sera l’objet de plu­sieurs éditoriaux. 

Mais avant d’aborder cette ques­tion, disons quelques mots de la voca­tion. La voca­tion est un appel mys­té­rieux de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ à une âme pour l’élever à une digni­té par­ti­cu­lière : celle de prêtre, de reli­gieux ou de reli­gieuse. Elle est une invi­ta­tion à entrer dans son inti­mi­té pour une mis­sion pré­cise au sein de son Corps Mystique. L’âme appe­lée est ain­si reti­rée du monde pour exer­cer une fonc­tion essen­tiel­le­ment sur­na­tu­relle : le sacer­doce, la vie contem­pla­tive, l’œuvre du salut des âmes. La manière dont Notre-​Seigneur appelle une âme est variée. Chaque voca­tion a sa propre his­toire. Dans l’évangile, l’appel de saint Matthieu n’est par exemple pas le même que celui de saint Pierre ou de saint André. Lisons ce der­nier : « Comme Il mar­chait le long de la mer de Galilée, Il vit deux frères, Simon, appe­lé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et Je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, lais­sant leurs filets, ils Le sui­virent. » (Math. IV, 18–19). Cet appel est ici un choix de Notre-​Seigneur par lequel il sort ces âmes de leur condi­tion et du monde pour les faire entrer dans son inti­mi­té : elles seront prêtres et apôtres. Ce choix est une grâce. Il n’est le fruit ni d’une sain­te­té par­ti­cu­lière ni d’un mérite quel­conque. Il en est ain­si de toute vocation. 

Encore faut-​il que l’âme réponde favo­ra­ble­ment à l’appel du Christ ! Tout l’enjeu est là : faire en sorte que la per­sonne accepte ce regard par­ti­cu­lier de Dieu sur elle, regard par lequel il demande de le suivre. Nous connais­sons le refus du jeune homme riche de suivre le Christ sur le che­min de la per­fec­tion. La conclu­sion de Notre-​Seigneur est sans appel : « Qu’il est dif­fi­cile à un riche d’en­trer dans le Royaume des Cieux ! » (Math. XIX, 23). L’objet de la prière pour obte­nir des voca­tions est donc double : sus­ci­ter l’appel divin et obte­nir que l’âme appe­lée y réponde généreusement. 

Quels moyens la sainte Église encourage-​t-​elle donc pour dis­po­ser les âmes à l’appel divin ? La prière.

« La mois­son est grande, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le maître de la mois­son d’envoyer des ouvriers à sa mois­son » (Luc. X, 1–9). Notre Seigneur est très clair : le moyen prin­ci­pal par lequel Dieu donne des voca­tions est la prière. Dieu n’accorde cette grâce que si nous la Lui deman­dons. Bien plus, dans sa Providence, Dieu ne peut refu­ser cette grâce qu’Il veut nous octroyer par ce moyen. La prière est donc le seul recours effi­cace que nous ayons pour obte­nir des voca­tions. Elle plaît à Dieu car elle est un acte de foi au sacer­doce et à la vie reli­gieuse. Elle est un acte d’humilité car elle est la recon­nais­sance que nous ne pou­vons rien faire sans la grâce trans­mise par le prêtre et l’âme reli­gieuse. Elle est un acte d’espérance car elle répond à cette demande du Christ et elle a la cer­ti­tude de son accom­plis­se­ment. Que cha­cun prie donc pour que nous rece­vions une mois­son abon­dante d’ouvriers divins ! 

Dans ce devoir de prière, les familles sont en pre­mière ligne. Quel est en effet le rôle des familles ? Disposer l’âme de l’enfant à répondre favo­ra­ble­ment à l’appel du Christ. Rien de plus mais rien de moins. Et lorsqu’une famille obtient la grâce immense d’avoir une voca­tion, que les parents se sou­viennent de ces paroles de l’Enfant-Jésus à Marie et à Joseph : « Ne savez-​vous pas qu’il me faut être au ser­vice de mon Père ? » (Luc. II,49) A cet ins­tant, ils doivent répondre « fiat », à l’exemple de Marie qui s’est unie au sacer­doce de son Enfant et en a accep­té le prix. Pour les parents, le sacri­fice de la sépa­ra­tion peut être dur. Mais qu’ils se rap­pellent que leur enfant doit d’abord être au ser­vice de Dieu. Il doit tout quit­ter pour suivre cet appel divin. Que de grâces reçues dans une famille par une vocation ! 

Sans prière, il est rare de voir une voca­tion éclore dans un foyer. Alors qu’une famille où l’on prie régu­liè­re­ment est une famille où règne la grâce et la pré­sence de Dieu : « quand deux ou trois sont réunis en mon nom, Je suis au milieu d’eux » (Math. XVIII, 20). Quand elle est bien faite, la prière fait entrer chaque membre de la famille dans l’intimité du Christ. Au contact de Celui qui est Charité, l’âme de l’enfant est enflam­mée par l’amour de Dieu. Le ter­reau est alors favo­rable à écou­ter l’appel divin et il sera bien­tôt fer­tile. Que chaque famille prie le matin pour se recom­man­der à Dieu. Qu’elle prie le soir aux pieds de Jésus et de Marie pour rece­voir d’eux le par­don. Qu’elle prie pour retrou­ver la paix et enra­ci­ner la cha­ri­té, qui est le lien de toute perfection.

Une bonne habi­tude fami­liale est le cha­pe­let quo­ti­dien. Ce n’est certes pas le pro­pos d’en mon­trer tous les fruits dans le foyer mais disons que c’est sans doute la prière la plus effi­cace pour répondre à la voca­tion. Cette dévo­tion à la Mère de Dieu est essen­tielle pour obte­nir des voca­tions : Marie, média­trice de toutes grâces, aime en effet for­mer les âmes reli­gieuses et sacer­do­tales comme elle a for­mé en son sein le corps de Notre-​Seigneur. Elle qui a répon­du si promp­te­ment à l’appel de Dieu par son « fiat » donne la grâce d’entendre et d’accepter la volon­té de Dieu. Elle qui est abon­dante dans ses richesses accor­de­ra de nom­breuses voca­tions dans le foyer qui seront gages de son salut. 

Le temps est donc à la Croisade de prières pour sus­ci­ter de nom­breuses voca­tions dans nos rangs. Que cha­cun prenne ce com­bat au sérieux ! Il en va de l’édification de l’Église et du salut des âmes. 

La prière est notre meilleure alliée. Utilisons-​la chaque jour ! 

Nous abor­de­rons dans le pro­chain édi­to­rial, d’autres moyens de sus­ci­ter des vocations. 

Que saint Joseph vous bénisse !

Sommaire de ce numéro

- Éditorial
- Seigneur, donnez-​nous de saints prêtres !
- Sainte-​Praxède et Saint-​Pierre-​aux-​Liens, par Trémérius le pèle­rin
- Histoire : Le Père Valentin Paquay
- Pédagogie : l’es­prit de ser­vice
- Vie du prieu­ré – Chronique – Dates à rete­nir – Carnets paroissiaux

source : Pour qu’Il règne, n°173, mars 2025