Cette encyclique témoigne de la paternelle sollicitude de N. S. P. le Pape Léon XIII vis-à-vis des Eglises d’Orient. Le Souverain Pontife, en demandant à l’œuvre de la Propagation de la Foi de l’aider largement dans l’accomplissement de ses grandes pensées, adresse un appel pressant aux fidèles pour leur demander de combler le vide que les nouveaux besoins de l’Orient vont produire dans le budget annuel de la Propagation de la Foi.
A nos vénérables frères, patriarches, primats, archevêques, évêques et autres ordinaires en paix et communion avec le Siège Apostolique
Léon XIII, Pape.
Vénérables Frères, Salut et Bénédiction Apostolique
Porter le nom et étendre chaque jour davantage le royaume du Christ parmi les nations, amener ou ramener dans le sein de l’Eglise ceux qui en sont séparés ou lui sont devenus hostiles, certes, personne ne le méconnaît, c’est une des obligations sacrées entre toutes de la charge sublime à Nous confiée, et, inspiré par la charité apostolique, Nous en avons fait depuis longtemps l’objet de Nos préoccupations, et de Notre sollicitude. Aussi n’avons-Nous jamais cessé de favoriser, de multiplier les missions saintes qui répandent les lumières de la foi chrétienne parmi les peuples errant dans les ténèbres, et les œuvres qui les soutiennent par des subsides recueillis parmi les fidèles. Nous l’avons fait notamment, en la troisième année de Notre Pontificat, par Notre Encyclique : Sancta Dei Civitas, qui avait pour but d’augmenter l’amour et la générosité des catholiques pour l’œuvre illustre de la Propagation de la Foi. Il Nous plut alors d’exalter par nos recommandations une œuvre dont les humbles débuts avaient été suivis de développements si merveilleux et si rapides ; que Nos illustres prédécesseurs, Pie VII, Léon XII, Pie VIII, Grégoire XVI, Pie IX avaient comblée d’éloges et de faveurs spirituelles ; œuvre qui avait prêté aux missions du monde entier une aide si efficace et promettait pour l’avenir des secours plus abondants encore. Et, grâce à Dieu, Nos paroles obtinrent un heureux résultat ; les largesses des fidèles répondirent à l’appel empressé des évêques et l’œuvre si méritante fit, en ces dernières années, de notables progrès. Mais voici que des besoins plus urgents réclament de la part des catholiques un surcroît de zèle et de générosité et de vous, Vénérables Frères, toute votre intelligente activité.
Vous le savez, par Notre lettre apostolique Præclara, du mois de juin dernier, Nous avons cru obéir à la Providence divine en appelant avec instance les peuples de l’univers entier à l’unité de la foi chrétienne, car Nous arriverions au plein accomplissement de Nos vœux s’il Nous était donné de hâter la venue du temps promis par Dieu où il n’y aura qu’un seul troupeau et un seul pasteur. Avec quel amour particulier Nous pensons à l’Orient et à ses Eglises illustres et vénérables. Nos lettres apostoliques sur la nécessité de conserver et de défendre la discipline des Orientaux vous l’ont fait comprendre. Vous l’avez compris également par les dispositions que Nous avons adoptées en vue d’atteindre ce but, après en avoir conféré avec les patriarches de ces nations. Nous ne Nous dissimulons cependant pas les grandes difficultés de cette entreprise et Notre impuissance à en triompher ; aussi plaçons-Nous avec une confiance invincible tout Notre espoir et le succès de Nos efforts en Dieu. C’est sa sagesse qui Nous en a inspiré la pensée et fait aborder l’exécution ; sa bienveillance souveraine Nous donnera assurément la force et les moyens de l’achever. Nos prières pressantes ne cessent d’implorer de lui cette grâce et Nous exhortons instamment les fidèles à joindre pour la même intention leurs supplications aux Nôtres. Mais, au secours d’en haut que Nous sollicitons avec confiance, il faut ajouter les moyens humains et Nous devons ne rien négliger, en ce qui dépend de Nous, pour chercher et indiquer toutes les mesures propres à obtenir le résultat ambitionné.
Pour ramener à l’unique Eglise tous les Orientaux quels qu’ils soient qui s’en sont séparés, vous le sentez, Vénérables Frères, rien n’est plus essentiel d’abord que de recruter un nombreux clergé pris parmi eux-mêmes, un clergé recommandable par la doctrine et par la piété, et capable d’inspirer aux autres le désir de l’union ; puis de multiplier le plus possible les institutions où la science et a discipline catholiques seront enseignées en les mettant en harmonie avec le génie particulier de la nation. Aussi est-il très Opportun d’ouvrir, partout où la chose sera avantageuse, des maisons spéciales pour l’éducation de la jeunesse cléricale, des collèges en nombre proportionné à l’importance des populations, afin que chaque rite puisse s’exercer avec dignité et que la diffusion de leurs meilleurs livres initie tous les fidèles à la connaissance de leur religion nationale. – La réalisation de ces projets et d’autres semblables nécessitera, vous le comprenez facilement, de grandes dépenses, et, vous le comprenez aussi, les Eglises orientales ne peuvent subvenir par elles-mêmes à de si nombreuses et si lourdes charges, et il ne Nous est pas possible, au milieu des temps difficiles que nous traversons, d’y contribuer Nous-même dans la mesure que Nous souhaiterions. Il nous reste donc à demander, dans les bornes de la modération, la plus grande partie de ces subsides nécessaires à l’œuvre dont Nous venons de faire l’éloge et dont le but concorde parfaitement avec celui qui Nous tient au cœur. Seulement, pour ne porter aucun préjudice aux Missions apostoliques, en les privant d’une partie des ressources qui les font vivre, on ne saurait trop insister auprès des fidèles pour que leurs largesses envers cette œuvre s’augmentent en proportion de Nos besoins. – Il est juste de recommander aussi l’œuvre similaire et si utile des Ecoles d’Orient, dont les directeurs se sont également engagés à appliquer au même but la plus large portion possible des aumônes qu’ils recueilleront
Pour tous ces motifs, Vénérables Frères, nous réclamons spécialement votre concours, et Nous ne doutons pas que vous, qui, avec un zèle si constant, soutenez avec Nous et travaillez à promouvoir par tous les moyens la cause de la religion et de l’Eglise, vous ne Nous accordiez un secours efficace. Faites donc tous vos efforts afin que, parmi les fidèles confiés à vos soins, l’association de la Propagation de la Foi prenne les plus grands développements possibles. Nous sommes certain, en effet, qu’un nombre beaucoup plus considérable de fidèles donneront volontiers leur nom et apporteront des offrandes plus généreuses selon leur fortune, si, instruits par vous, ils comprennent clairement combien est noble cette œuvre, combien sont abondantes les richesses spirituelles qu’elle prodigue et quels avantages la cause chrétienne peut, à juste titre, en espérer pour le temps présent.
Et certainement les catholiques seront profondément touchés, quand ils sauront que rien ne peut être plus agréable à Nous-même et plus utile à l’Eglise que de rivaliser de zèle pour recueillir les ressources nécessaires, afin de mener à bonne fin les projets que Nous avons formés pour le bien des Eglises orientales. Que Dieu, dont la gloire est seule intéressée à la diffusion du nom chrétien et à l’unité de la foi et du gouvernement spirituel, daigne, dans sa bonté, bénir vos désirs, favoriser Notre entreprise, et, comme gage des plus précieuses faveurs célestes, à vous tous, Vénérables Frères, à votre clergé et à votre peuple, Nous accordons très affectueusement la bénédiction apostolique.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 24 décembre de l’année 1894, de Notre Pontificat la dix-septième.
LÉON XIII, PAPE.
Source : Lettres apostoliques de S.S. Léon XIII, tome 4, La Bonne Presse – Note de cette édition : « Nous empruntons le texte latin et la traduction française de cet acte pontifical important aux Missions catholiques qui l’ont publié dans leur numéro du samedi 19 janvier. »