Cette encyclique fut envoyée, comme l’indique le texte, à tous les orientaux schismatiques. Elle est le pendant de l’encyclique qui fut envoyée cinq jours plus tard, à tous les protestants, que le pape appelait à revenir à l’unité. Le Pape invite ici les schismatiques à être présent au Concile Vatican I qui était en préparation. Il s’agit d’un appel clair à revenir à l’unité catholique, conformément à la pratique constante de l’Eglise. D’où l’allusion aux Conciles de Lyon II (1274) et de Florence (1439–1445) où des schismatiques avaient accepté de revenir sous l’autorité suprême de Rome. Le pape y mentionne clairement la perspective d’une communion « restaurée » avec « ce Siège apostolique, centre de la vérité et de l’unité catholique ». Nous sommes clairement ici dans ce que l’on appele un « œcuménisme de retour ». La lettre fut cependant mal reçue par les schismatiques et eu peu d’effet.
Tout autre fut la perspective du Concile Vatican II. En rupture avec la pratique constante de l’Eglise, Vatican II ne mentionne plus le nécessaire retour des dissidents à l’Eglise. Des observateurs schismatiques y furent accueilli sans que l’on cherche à sceller une quelconque union. Vatican II inaugurait ainsi une nouvelle forme d” « œcuménisme de dialogue » où l’on ne cherche plus à convertir. Cela aboutissait aux tristement fameux accords de Balamand conclut avec les schismatiques en 1993, qui écarte explicitement la perspective traditionnelle d’un retour.
À tous les évêques des Églises de rite oriental qui ne sont pas en communion avec le Siège apostolique.
Pie IX, Pape.
Installés dans cette Chaire élevée par un mystérieux dessein de la Divine Providence, bien que sans aucun mérite de notre part, héritiers du Très Saint Prince des Apôtres qui, « en vertu de la prérogative que Dieu lui a attribuée, est le rocher ferme et inébranlable sur lequel le Sauveur a construit l’Église » [1], pressé par la tâche qui Nous est confiée, Nous sommes animé du désir profond de faire parvenir Notre sollicitude à tous ceux qui, en quelque partie de la terre, se reconnaissent dans le nom de chrétien, et de les pousser à embrasser la charité paternelle. En effet, nous ne pouvons, sans une grave atteinte à Notre âme, négliger aucune partie du peuple chrétien, qui, racheté par le sang très précieux de Notre Sauveur et rassemblé dans le troupeau du Seigneur par les eaux saintes du baptême, réclame à juste titre toute Notre attention. Aussi, comme Nous devons sans cesse diriger toute Notre sollicitude et Nos pensées pour procurer le salut de tous ceux qui professent et adorent Jésus-Christ, Nous avons tourné Nos regards et Nos sentiments paternels vers les Églises qui, une fois étroitement liées à ce Siège apostolique par le lien de l’unité, ont brillé par une grande sainteté et la magnificence de la doctrine céleste, et ont produit des fruits abondants pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. Mais maintenant, par les arts et les intrigues maléfiques de celui qui, le premier, a fait naître un schisme dans le ciel, ils se trouvent, à Notre grande douleur, séparés et écartés de la communion avec la Sainte Église romaine, qui est répandue sur toute la terre.
C’est précisément pour cette raison que, dès le début de Notre Suprême Pontificat, Nous vous avons adressé des paroles de paix et de charité, avec de vifs sentiments d’affection [2]. Bien que ces paroles n’aient en rien atteint le résultat que nous espérions de tout cœur, nous n’avons jamais perdu l’espoir que l’Auteur du salut et de la paix, plein de clémence et de bonté, daigne un jour accueillir nos humbles et ferventes prières. En effet, c’est Lui qui « a opéré le salut au milieu de la terre ; apparaissant d’en haut et manifestant la paix qui lui est agréable et qui doit être acceptée par tous, il l’a annoncée dès sa naissance aux hommes de bonne volonté par les Anges ; habitant parmi les hommes, il l’a illustrée par la parole et l’a prêchée par l’exemple » [3].
C’est pourquoi, étant donné que récemment, sur les conseils de Nos Vénérables Frères Cardinaux de la Sainte Église romaine, Nous avons appelé et convoqué un Synode œcuménique qui sera célébré à Rome l’année prochaine, à partir du 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, Mère de Dieu, Nous Vous adressons à nouveau Notre parole et, avec la plus grande ferveur possible de Notre cœur, Nous Vous en supplions, Nous Vous exhortons et Vous supplions d’être présent à ce Synode général, comme Vos Ancêtres l’ont été au Second Concile de Lyon, tenu par le Bienheureux Grégoire X, Notre Prédécesseur de vénérable mémoire, et à celui de Florence, célébré par Notre Prédécesseur Eugène IV d’heureuse mémoire, afin que, ayant renouvelé les lois de l’ancienne relation et ravivé une fois de plus la concorde des Pères [4], un don salutaire et divin qui s’est flétri avec le temps, après une si longue nuit d’affliction et les ténèbres lugubres et mornes d’une dissension sans fin, puisse la lumière splendide de l’union désirée briller à nouveau pour tous [5].
Que ce soit donc le fruit le plus doux de la bénédiction par lequel le Christ Jésus, Seigneur et Rédempteur de nous tous, console son Épouse immaculée et bien-aimée, l’Église, et qu’il apaise et sèche ses larmes en ces temps marqués par d’amers contrastes, afin qu’après avoir totalement supprimé toutes les divisions, les voix autrefois discordantes, en parfaite harmonie d’esprit, puissent louer Dieu qui ne tolère pas l’existence de schismes parmi nous, mais nous commande par la voix de l’Apôtre de maintenir l’unanimité des paroles et des sentiments. Des grâces infinies seront élevées au Père des miséricordes par tous ses Saints, mais surtout par ces glorieux anciens Pères et Docteurs des Eglises orientales, lorsqu’ils pourront contempler du haut du ciel que la communion avec ce Siège Apostolique, centre de la vérité et de l’unité catholique, a été réalisée et restaurée. En effet, au cours de leur vie terrestre, ils ont eu soin, avec un soin et une activité infatigables, de maintenir et de promouvoir chaque jour davantage cette unité, tant par l’enseignement que par l’exemple, ayant accueilli dans leur cœur, par l’Esprit Saint, la charité de Celui qui a enlevé le mur de ruines et qui, par son Sang, a réconcilié et pacifié toutes choses, a voulu comme signe de distinction de l’unité de ses disciples et a adressé au Père cette prière « Je prie pour que tous soient un, comme nous sommes un » [6].
Donné à Rome, à Saint-Pierre, le 8 septembre 1868, la vingt-troisième année de Notre Pontificat.
Source : Traduit de l’italien avec l’aide de deepl puis relu et corrigé par nos soins.
- St. Greg. Nyssen., Laudatio altera S. Steph. Protomart. apud Galland. VI, 600[↩]
- Epist. ad Orientales In suprema, die 6 Ianuarii anno 1848[↩]
- Epist. B. Gregorii ad Michaelem Palaeologum, Graec. Imper., die 24 Octobris an. 1272[↩]
- Epist. LXX, al. CCXX S. Basilii Magni ad S. Damasum Papam[↩]
- Défin. S. Oecum. Synodi Florent, in Bulla Eugenii IV, Laetentur Caeli[↩]
- Jn 17, 21[↩]