Pie IX

255ᵉ pape ; de 1846 à 1878

8 septembre 1868

Lettre encyclique Arcano divinæ

Invitation des schismatiques au Concile Vatican I pour leur retour à l'unité catholique

Cette ency­clique fut envoyée, comme l’in­dique le texte, à tous les orien­taux schis­ma­tiques. Elle est le pen­dant de l’en­cy­clique qui fut envoyée cinq jours plus tard, à tous les pro­tes­tants, que le pape appe­lait à reve­nir à l’u­ni­té. Le Pape invite ici les schis­ma­tiques à être pré­sent au Concile Vatican I qui était en pré­pa­ra­tion. Il s’a­git d’un appel clair à reve­nir à l’u­ni­té catho­lique, confor­mé­ment à la pra­tique constante de l’Eglise. D’où l’al­lu­sion aux Conciles de Lyon II (1274) et de Florence (1439–1445) où des schis­ma­tiques avaient accep­té de reve­nir sous l’au­to­ri­té suprême de Rome. Le pape y men­tionne clai­re­ment la pers­pec­tive d’une com­mu­nion « res­tau­rée » avec « ce Siège apos­to­lique, centre de la véri­té et de l’u­ni­té catho­lique ». Nous sommes clai­re­ment ici dans ce que l’on appele un « œcu­mé­nisme de retour ». La lettre fut cepen­dant mal reçue par les schis­ma­tiques et eu peu d’effet. 

Tout autre fut la pers­pec­tive du Concile Vatican II. En rup­ture avec la pra­tique constante de l’Eglise, Vatican II ne men­tionne plus le néces­saire retour des dis­si­dents à l’Eglise. Des obser­va­teurs schis­ma­tiques y furent accueilli sans que l’on cherche à scel­ler une quel­conque union. Vatican II inau­gu­rait ain­si une nou­velle forme d” « œcu­mé­nisme de dia­logue » où l’on ne cherche plus à conver­tir. Cela abou­tis­sait aux tris­te­ment fameux accords de Balamand conclut avec les schis­ma­tiques en 1993, qui écarte expli­ci­te­ment la pers­pec­tive tra­di­tion­nelle d’un retour.

À tous les évêques des Églises de rite orien­tal qui ne sont pas en com­mu­nion avec le Siège apostolique.

Pie IX, Pape.

Installés dans cette Chaire éle­vée par un mys­té­rieux des­sein de la Divine Providence, bien que sans aucun mérite de notre part, héri­tiers du Très Saint Prince des Apôtres qui, « en ver­tu de la pré­ro­ga­tive que Dieu lui a attri­buée, est le rocher ferme et inébran­lable sur lequel le Sauveur a construit l’Église » [1], pres­sé par la tâche qui Nous est confiée, Nous sommes ani­mé du désir pro­fond de faire par­ve­nir Notre sol­li­ci­tude à tous ceux qui, en quelque par­tie de la terre, se recon­naissent dans le nom de chré­tien, et de les pous­ser à embras­ser la cha­ri­té pater­nelle. En effet, nous ne pou­vons, sans une grave atteinte à Notre âme, négli­ger aucune par­tie du peuple chré­tien, qui, rache­té par le sang très pré­cieux de Notre Sauveur et ras­sem­blé dans le trou­peau du Seigneur par les eaux saintes du bap­tême, réclame à juste titre toute Notre atten­tion. Aussi, comme Nous devons sans cesse diri­ger toute Notre sol­li­ci­tude et Nos pen­sées pour pro­cu­rer le salut de tous ceux qui pro­fessent et adorent Jésus-​Christ, Nous avons tour­né Nos regards et Nos sen­ti­ments pater­nels vers les Églises qui, une fois étroi­te­ment liées à ce Siège apos­to­lique par le lien de l’u­ni­té, ont brillé par une grande sain­te­té et la magni­fi­cence de la doc­trine céleste, et ont pro­duit des fruits abon­dants pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. Mais main­te­nant, par les arts et les intrigues malé­fiques de celui qui, le pre­mier, a fait naître un schisme dans le ciel, ils se trouvent, à Notre grande dou­leur, sépa­rés et écar­tés de la com­mu­nion avec la Sainte Église romaine, qui est répan­due sur toute la terre.

C’est pré­ci­sé­ment pour cette rai­son que, dès le début de Notre Suprême Pontificat, Nous vous avons adres­sé des paroles de paix et de cha­ri­té, avec de vifs sen­ti­ments d’af­fec­tion [2]. Bien que ces paroles n’aient en rien atteint le résul­tat que nous espé­rions de tout cœur, nous n’a­vons jamais per­du l’es­poir que l’Auteur du salut et de la paix, plein de clé­mence et de bon­té, daigne un jour accueillir nos humbles et fer­ventes prières. En effet, c’est Lui qui « a opé­ré le salut au milieu de la terre ; appa­rais­sant d’en haut et mani­fes­tant la paix qui lui est agréable et qui doit être accep­tée par tous, il l’a annon­cée dès sa nais­sance aux hommes de bonne volon­té par les Anges ; habi­tant par­mi les hommes, il l’a illus­trée par la parole et l’a prê­chée par l’exemple » [3].

afin que, ayant renou­ve­lé les lois de l’an­cienne rela­tion et ravi­vé une fois de plus la concorde des Pères […] puisse la lumière splen­dide de l’u­nion dési­rée briller à nou­veau pour tous

C’est pour­quoi, étant don­né que récem­ment, sur les conseils de Nos Vénérables Frères Cardinaux de la Sainte Église romaine, Nous avons appe­lé et convo­qué un Synode œcu­mé­nique qui sera célé­bré à Rome l’an­née pro­chaine, à par­tir du 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, Mère de Dieu, Nous Vous adres­sons à nou­veau Notre parole et, avec la plus grande fer­veur pos­sible de Notre cœur, Nous Vous en sup­plions, Nous Vous exhor­tons et Vous sup­plions d’être pré­sent à ce Synode géné­ral, comme Vos Ancêtres l’ont été au Second Concile de Lyon, tenu par le Bienheureux Grégoire X, Notre Prédécesseur de véné­rable mémoire, et à celui de Florence, célé­bré par Notre Prédécesseur Eugène IV d’heu­reuse mémoire, afin que, ayant renou­ve­lé les lois de l’an­cienne rela­tion et ravi­vé une fois de plus la concorde des Pères [4], un don salu­taire et divin qui s’est flé­tri avec le temps, après une si longue nuit d’af­flic­tion et les ténèbres lugubres et mornes d’une dis­sen­sion sans fin, puisse la lumière splen­dide de l’u­nion dési­rée briller à nou­veau pour tous [5].

Des grâces infi­nies seront éle­vées au Père des misé­ri­cordes par tous ses Saints, mais sur­tout par ces glo­rieux anciens Pères et Docteurs des Eglises orien­tales, lors­qu’ils pour­ront contem­pler du haut du ciel que la com­mu­nion avec ce Siège Apostolique, centre de la véri­té et de l’u­ni­té catho­lique, a été réa­li­sée et restaurée

Que ce soit donc le fruit le plus doux de la béné­dic­tion par lequel le Christ Jésus, Seigneur et Rédempteur de nous tous, console son Épouse imma­cu­lée et bien-​aimée, l’Église, et qu’il apaise et sèche ses larmes en ces temps mar­qués par d’a­mers contrastes, afin qu’a­près avoir tota­le­ment sup­pri­mé toutes les divi­sions, les voix autre­fois dis­cor­dantes, en par­faite har­mo­nie d’es­prit, puissent louer Dieu qui ne tolère pas l’exis­tence de schismes par­mi nous, mais nous com­mande par la voix de l’Apôtre de main­te­nir l’u­na­ni­mi­té des paroles et des sen­ti­ments. Des grâces infi­nies seront éle­vées au Père des misé­ri­cordes par tous ses Saints, mais sur­tout par ces glo­rieux anciens Pères et Docteurs des Eglises orien­tales, lors­qu’ils pour­ront contem­pler du haut du ciel que la com­mu­nion avec ce Siège Apostolique, centre de la véri­té et de l’u­ni­té catho­lique, a été réa­li­sée et res­tau­rée. En effet, au cours de leur vie ter­restre, ils ont eu soin, avec un soin et une acti­vi­té infa­ti­gables, de main­te­nir et de pro­mou­voir chaque jour davan­tage cette uni­té, tant par l’en­sei­gne­ment que par l’exemple, ayant accueilli dans leur cœur, par l’Esprit Saint, la cha­ri­té de Celui qui a enle­vé le mur de ruines et qui, par son Sang, a récon­ci­lié et paci­fié toutes choses, a vou­lu comme signe de dis­tinc­tion de l’u­ni­té de ses dis­ciples et a adres­sé au Père cette prière « Je prie pour que tous soient un, comme nous sommes un » [6].

Donné à Rome, à Saint-​Pierre, le 8 sep­tembre 1868, la vingt-​troisième année de Notre Pontificat.

Source : Traduit de l’i­ta­lien avec l’aide de dee­pl puis relu et cor­ri­gé par nos soins.

Notes de bas de page
  1. St. Greg. Nyssen., Laudatio alte­ra S. Steph. Protomart. apud Galland. VI, 600[]
  2. Epist. ad Orientales In supre­ma, die 6 Ianuarii anno 1848[]
  3. Epist. B. Gregorii ad Michaelem Palaeologum, Graec. Imper., die 24 Octobris an. 1272[]
  4. Epist. LXX, al. CCXX S. Basilii Magni ad S. Damasum Papam[]
  5. Défin. S. Oecum. Synodi Florent, in Bulla Eugenii IV, Laetentur Caeli[]
  6. Jn 17, 21[]
13 septembre 1868
Appel au retour de tous les dissidents à rentrer dans l’Église catholique, unique bercail du Christ
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