Saint Pie X

257ᵉ pape ; de 1903 à 1914

12 juin 1913

Réponse de la Commission Biblique Sur les Actes des Apôtres et les épîtres de saint Paul

I. Auteur, date de composition et vérité historique des Actes des Apôtres 

Question 1 : Eu égard tout spé­cia­le­ment à la Tradition de l’Église uni­ver­selle uni­ver­selle qui remonte aux pre­miers écri­vains ecclé­sias­tiques, et en tenant compte des carac­tères internes du livre des Actes consi­dé­ré, soit en lui-​même, soit en rap­port avec le troi­sième évan­gile, prin­ci­pa­le­ment en ce qui touche l’affinité et la connexi­té mutuelle des deux pro­logues [Lc 1, 1–4 ; Ac 1, 1–5] doit-​on tenir pour cer­tain que le livre inti­tu­lé Actes des Apôtres, ou “Praxeis Apostolon”, a pour auteur l’évangéliste Luc ? 

Réponse : Oui. 

Question 2 : Peut-​on par des argu­ments cri­tiques, sug­gé­rés aus­si bien par la langue et le style que par la forme du récit, ain­si que par l’unité de but et de doc­trine, démon­trer que le livre des Actes ne doit être attri­bué qu’à un seul auteur, et que, par suite, est dénuée de tout fon­de­ment l’opinion de cri­tiques récents sui­vant laquelle Luc n’est pas l’auteur unique de ce livre mais qu’il faut recon­naître à cet écrit plu­sieurs auteurs distincts ? 

Réponse : Oui sur les deux points. 

Question 3 : Particulièrement les péri­copes prin­ci­pales des Actes où, aban­don­nant le dis­cours à la troi­sième per­sonne, on parle à la pre­mière per­sonne du plu­riel (Wir-​Stücke), infirment-​elles l’unité de com­po­si­tion et l’authenticité des Actes ? Ou doit-​on plu­tôt décla­rer que, consi­dé­rées his­to­ri­que­ment et phi­lo­lo­gi­que­ment, elles la confirment ? 

Réponse : Non sur le pre­mier point ; oui sur le second. 

Question 4 : Du fait que le livre lui-​même, après une men­tion rapide des deux ans de la pre­mière cap­ti­vi­té de Paul à Rome, se ferme brus­que­ment, a‑t-​on le droit de conclure que l’auteur a écrit un autre volume aujourd’hui per­du, ou qu’il a eu l’intention de l’écrire, et dès lors peut-​on repor­ter la date de la com­po­si­tion du livre des Actes long­temps après cette cap­ti­vi­té ; ou plu­tôt doit-​on légi­ti­me­ment et à bon droit en infé­rer que l’apôtre Luc a ter­mi­né son ouvrage aux der­niers jours de la pre­mière cap­ti­vi­té de Paul à Rome ? 

Réponse : Non sur le pre­mier point ; oui sur le second. 

Question 5 : Si l’on consi­dère tout à la fois les rela­tions fré­quentes et faciles que Luc eut cer­tai­ne­ment avec les pre­miers et prin­ci­paux fon­da­teurs de l’Église de Palestine, et aus­si avec Paul, l’Apôtre des nations, dont il fut le col­la­bo­ra­teur dans la pré­di­ca­tion évan­gé­lique et le com­pa­gnon de voyage ; son habi­tuelle saga­ci­té et le soin qu’il apporte à recher­cher les témoins et à consta­ter les choses de ses yeux enfin le très fré­quent accord, évident et admi­rable, du livre des Actes avec les épîtres de Paul et les monu­ments les plus véri­diques de l’histoire, doit-​on tenir pour cer­tain que Luc a eu en main des sources abso­lu­ment dignes de foi, qu’il les a uti­li­sées avec soin, pro­bi­té et fidé­li­té, et qu’il peut dès lors reven­di­quer à bon droit une pleine auto­ri­té historique ? 

Réponse : Oui. 

Question 6 : Quant aux dif­fi­cul­tés qu’on est accou­tu­mé de sou­le­ver de-​ci, de-​là, du fait des miracles racon­tés par Luc, ou de cer­tains dis­cours qui, rap­por­tés sous forme de résu­més, passent pour fabri­qués et appro­priés aux cir­cons­tances, ou de cer­tains pas­sages en désac­cord au moins appa­rent avec l’histoire pro­fane ou biblique ; ou enfin de quelques récits qui semblent en contra­dic­tion avec l’auteur même des Actes ou avec d’autres écri­vains bibliques, sont-​elles de nature à jeter des doutes sur l’autorité his­to­rique des Actes ou du moins à l’amoindrir de quelque manière ? 

Réponse : Non. 

II. Auteur, intégrité et date de composition des épîtres pastorales de l’apôtre Paul.

Question 1 : Si on consi­dère la Tradition ecclé­sias­tique qui depuis l’origine s’affirme par­tout et avec fer­me­té, ain­si qu’en témoignent de maintes manières d’antiques monu­ments ecclé­sias­tiques, doit-​on tenir pour cer­tain que les épîtres dites pas­to­rales, c’est-à-dire les deux à Timothée et l’épître à Tite, en dépit de l’audace de quelques héré­tiques, qui, les trou­vant contraires à leur ensei­gne­ment, les ont rayées, sans don­ner aucune rai­son, du nombre des épîtres pau­li­niennes, ont été écrites par l’apôtre Paul lui-​même et ont tou­jours été ran­gées par­mi les épîtres authen­tiques et canoniques ? 

Réponse : Oui. 

Question 2 : L’hypothèse dite des frag­ments, intro­duite et pro­po­sée sous diverses formes par cer­tains cri­tiques contem­po­rains qui, du reste, sans aucun motif plau­sible, et même en se contre­di­sant les uns les autres, sou­tiennent que les épîtres pas­to­rales ont été for­mées plus tard, par des auteurs incon­nus, de frag­ments d’épîtres ou d’épîtres pau­li­niennes per­dues et nota­ble­ment aug­men­tées, peut-​elle infir­mer quelque peu le témoi­gnage pré­cis et très ferme de la Tradition ? 

Réponse : Non. 

Question 3 : Les dif­fi­cul­tés qu’on est accou­tu­mé d’opposer diver­se­ment, ou du fait du style et de la langue de l’auteur, ou du fait des erreurs, prin­ci­pa­le­ment des gnos­tiques, décrites alors déjà comme des ser­pents qui s’insinuent, ou du fait de l’état de la hié­rar­chie ecclé­sias­tique sup­po­sée comme déjà déve­lop­pée, et autres objec­tions de même sorte, infirment-​elles d’une manière quel­conque la thèse qui tient pour éta­blie et cer­taine l’authenticité des épîtres pastorales ? 

Réponse : Non. 

Question 4 : Étant don­né que des argu­ments his­to­riques et la Tradition ecclé­sias­tique, conforme aux témoi­gnages des Pères d’Orient et d’Occident, non moins que des preuves tirées aisé­ment soit de la brusque conclu­sion du livre des Actes, soit des épîtres pau­li­niennes com­po­sées à Rome, prin­ci­pa­le­ment la seconde à Timothée, obligent à tenir pour cer­taine la double cap­ti­vi­té de l’apôtre Paul à Rome, peut-​on affir­mer avec cer­ti­tude que les épîtres pas­to­rales ont été écrites entre la fin de la pre­mière cap­ti­vi­té et la mort de l’Apôtre ?

Réponse : Oui.