Éditorial du N° 64 Avril 2022 – Aux Sources du Carmel

La per­sé­vé­rance vient à bout de tout.

Cher frère, chère sœur,
Dans un ser­mon sur la Cananéenne, saint Jean Chrysostome déclare : « Quand je dis à quelqu’un : Priez Dieu, conjurez-​le, suppliez-​le ; on me répond : j’ai prié une fois, deux fois, trois fois, dix fois, vingt fois et je n’ai jamais rien reçu. Ne ces­sez pas, mon frère, jusqu’à ce que vous ayez reçu ; la fin de la prière, c’est le don de ce qu’on a deman­dé. Cessez quand vous aurez reçu ; ou plu­tôt ne ces­sez pas ; même alors, per­sé­vé­rez encore. Si vous n’avez pas reçu, deman­dez pour rece­voir ; si vous avez reçu, ren­dez grâce pour ce que vous avez reçu. » [trad. de Hom. de Chananaea 10, PG 52, col. 458 a.].

Saint Thomas rat­tache la per­sé­vé­rance à la ver­tu car­di­nale de force. Elle fait figure de ver­tu spé­ciale qui a pour fonc­tion de sup­por­ter, d’endurer, de subir avec suc­cès l’épreuve du temps [2a2ae, q.137, a.1]. Elle rend les autres ver­tus durables et les empêche de suc­com­ber sous l’usure du temps. Car le mérite de la per­sé­vé­rance, c’est pré­ci­sé­ment de sup­por­ter les dif­fi­cul­tés qu’on ren­contre au long des jours et des années. « En ne per­sé­vé­rant pas, on n’arrive pas. C’est pour­quoi, affirme sainte Catherine de Sienne, la per­sé­vé­rance est néces­saire pour qui veut réa­li­ser son désir. » [Le livre des dia­logues, Paris, 1953, p. 169.].

La Cananéenne, écrit saint François de Sales [Sermon 56], accom­pa­gna sa confiance de la per­sé­vé­rance par laquelle elle conti­nua fer­me­ment de crier : « Seigneur, fils de David, ayez pitié de moi. » Et le saint pré­lat dit ailleurs : « La per­sé­vé­rance à tou­jours faire la même chose en reli­gion est un mar­tyre car on y mar­ty­rise conti­nuel­le­ment les fan­tai­sies de l’esprit humain et toutes les propres volon­tés. » En effet la per­sé­vé­rance affronte cette sorte de mort du moi qu’est la mono­to­nie, l’uniformité, l’anonymat de la vie com­mune… La per­sé­vé­rance aide à vaincre les ten­ta­tions de l’ennui.

Commentant saint Thomas, le R.P. Jean-​Baptiste Saint-​Jure, s.j., estime que « la ver­tu et la per­fec­tion de la bonne œuvre est la per­sé­vé­rance ; c’est à elle seule que la cou­ronne est ren­due ; car que pro­fite d’être bon, d’être sage, d’être fort, si on ne l’est pas jusqu’au bout ? » [De la connais­sance et de l’amour de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, Lyon, 1859, t. III, ch.24, p. 446.]. « On ne demande pas au chré­tien qu’il com­mence à bien faire, mais qu’il achève. » [Op. cit., p.447.].

La per­sé­vé­rance est un cou­rage qui dure. Elle est indis­pen­sable pour pour­suivre jusqu’à son terme une entre­prise de longue haleine, sans se lais­ser abattre par la las­si­tude, sans se lais­ser dépri­mer par les échecs. La per­sé­vé­rance vient à bout de tout. Elle est la patience dans son affron­te­ment avec les obs­tacles qui jalonnent la durée et qui se confondent même avec la durée. Deux défauts lui sont contraires : la mol­lesse qui cède à la moindre pres­sion, et l’opiniâtreté, l’attachement obs­ti­né à une opi­nion, l’entêtement, ou per­sis­tance dans un com­por­te­ment volon­taire sans tenir compte des cir­cons­tances et des chan­ge­ments de la situation.

Considérée du point de vue sur­na­tu­rel, la per­sé­vé­rance est une grâce, un don très pré­cieux à deman­der sans cesse. Elle per­met aux autres ver­tus de durer. Demandons-​la à la Très Sainte Vierge Marie qui nous la don­ne­ra avec la divine Sagesse.

† Je vous bénis.

Retraites carmélitaines

Retraites mixtes (hommes et dames), ouvertes prin­ci­pa­le­ment aux ter­tiaires du Carmel mais aus­si aux per­sonnes inté­res­sées par la spi­ri­tua­li­té du Carmel.

Inscriptions et ren­sei­gne­ments auprès de M. l’ab­bé Dubroeucq,
direc­teur du Tiers-​Ordre du Carmel.

M. l’ab­bé Dubroeucq
Séminaire Saint-​Curé-​d’Ars
rue Saint Dominique
21150 Flavigny-​sur-​Ozerain
tél : 03 80 96 20 74