Bulletin du Tiers-Ordre séculier pour les pays de langue française
Nous voyons à trois reprises le regard de Jésus se poser sur des hommes
Editorial de Monsieur l’abbé Louis-Paul Dubroeucq,
aumônier des tertiaires de langue française
Cher frère, Chère sœur,
Le regard établit un contact entre deux êtres : celui qui voit avec celui qui est vu ; or, dans les saints Évangiles, nous voyons à trois reprises le regard de Jésus se poser sur des hommes :
Près de Capharnaüm, Jésus aperçoit à son comptoir, dans l’exercice de son métier méprisé par les pharisiens, le publicain Lévi, le futur saint Matthieu ; ses yeux s’arrêtent sur lui.[1]
Un jeune homme vient Le trouver. En toute loyauté jusqu’à ce jour, il a gardé les commandements [2]. Il est plein de bons désirs :« Bon Maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ? » « Jésus, fixant son regard sur lui, l’aima. [3] » C’est la seule fois qu’un évangéliste note combien le regard du Sauveur était affectueux, non qu’il ne le fût toujours, mais parce qu’il exprimait une tendresse très particulière pour cette âme préservée.
Enfin, au sortir du Sanhédrin, Jésus cherche les yeux de Pierre, qui vient de Le renier indignement : « Et le Seigneur, se retournant, regarda Pierre. [4]» L’apôtre est bouleversé, et fond en larmes.
Le regard de Jésus est celui d’un Dieu qui connaît les âmes en profondeur, et agit sur elles avec douceur afin de les transformer parce qu’Il aime. Son regard invite à Le suivre, à tendre à la perfection comme aussi à se repentir de ses fautes en ayant confiance en sa miséricorde infinie.
Ce même regard de Jésus se porte sur chacun de nous. Il ne faut pas le fuir, mais le rechercher, le croiser, comprendre son langage, y répondre avec amour. Saint François de Sales disait : « Ô mon Dieu, pourquoi n’ai-je pas toujours les yeux attachés à vous contempler, comme vous les avez toujours à me regarder avec bonté ? [5]»
Dans le saint Rosaire nous rencontrons fréquemment le regard de Jésus ou celui de Marie. Laissons-nous transformer, fasciner par lui. Et apprenons de Jésus et de Marie à regarder aussi notre prochain avec bienveillance, condescendance et bonté, effets de la charité que le Saint-Esprit a déposée dans notre cœur
« Le regard, tout d’abord, est à surveiller, écrit le R.P. Philipon. Le Maître ne disait-Il pas : « Si votre œil vous scandalise, arrachez-le. Car si l’œil est simple, tout le corps est pur et vit dans la lumière. » [Mt. VI, 22]. L’impureté et une foule d’imperfections viennent de ce manque de vigilance dans les regards. [….] L’âme vierge ne se permet pas un seul regard en dehors du Christ. [6]»
Ce silence du regard est tout particulièrement frappant chez la bienheureuse Élisabeth de la Trinité : « Dès le premier exercice de Communauté, et jusqu’à la fin de sa vie, on ne surprit jamais un regard inutile chez sœur Élisabeth de la Trinité. Pour elle, l’effort eut été, semble-t-il, de lever les yeux. [7]»
Le renoncement à voir ce qui est inutile, préserve de bien des péchés notamment contre la charité. Aussi convient-il à une âme désireuse de se sanctifier, comme doit l’être tout tertiaire, de purifier son regard pour purifier sa pensée, son imagination et son cœur. Cela éviterait tellement les jugements sur le prochain ! Les yeux sont les fenêtres de l’âme. On parle par les yeux aussi bien qu’avec la langue. Quel bienfait il en résulte pour l’âme qui exerce ainsi la purification du regard ! Elle reste en présence de Dieu et garde l’humilité et la charité, car elle conserve la pureté du cœur.
« Il n’y a pas d’amour de Dieu sans humilité, et elle vient de Dieu. Il n’y a que Lui qui puisse la donner. Elle vient en regardant Dieu profondément, longuement : Vacate et videte quoniam Deus sum ego. L’oraison doit nous jeter en Dieu, dans l’adoration, et par le fait même dans l’humilité. […] Si nous aimions Dieu, nous ne ferions pas attention à ce que l’on fait de nous. À force de le regarder, de le contempler, nous deviendrons humbles. [8] »
« À travers toutes les nuits, tous les vides, toutes les impuissances, je veux vous fixer toujours et demeurer sous votre grande lumière ; ô mon astre aimé, fascinez-moi pour que je ne puisse plus sortir de votre rayonnement. [9] »
Marie immaculée vivait toujours en présence de son Dieu qui était toujours avec Elle. Regardons-La, adressons-nous à Elle en toute confiance. Son plus grand désir est de nous apprendre à vivre avec Dieu, à vivre comme Elle sous son regard, à porter sur Dieu et sur le prochain ainsi que sur toute créature un regard surnaturel empreint de bonté et de pureté.
Je vous bénis
Abbé L.-P. Dubrœucq †
Retraites carmélitaines
Retraites carmélitaines Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes principalement aux tertiaires du carmel mais aussi aux personnes intéressées par la spiritualité du carmel. Inscriptions auprès de M. l’abbé Dubroeucq au prieuré de Gastines tél : 02 41 74 12 78 Comme l’indique l’ordo de 2012,des messes sont célébrées au Mans Chapelle Notre-Dame de l’Annonciation Tél : au prieuré Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, 49380 Faye d’Anjou ou au 06 16 80 63 17 |
- Lc. V, 27. [↩]
- Mc. X, 20. [↩]
- Mc. X, 17 et 21. [↩]
- Lc. XXII, 61. [↩]
- Cité par Dom Placide de Roton, osb, sermon de chapitre, in Jésus c’est tout, Retraite de Verneuil, août 1950, Éditions Sainte Madeleine, Le Barroux, 2004, p.158. [↩]
- R.P. M.M.Philipon, La doctrine spirituelle de sœur Elisabeth de la Trinité, DDB, 1938, p. 73. [↩]
- cf. Sœur Élisabeth de la Trinité. Souvenirs, Carmel de Dijon, s.d., p.91 et Une âme de silence, Bibliothèque du Carmel thérésien, Desclée De Brouwer, 2ème éd., p.8.[↩]
- Cf. Dom Placide de Roton, Jésus c’est tout, op. cit., p. 327 suiv..[↩]
- Prière de sœur Elisabeth de la Trinité.[↩]