Lettre aux mamans sur l’éducations n° 6

N° 6 – Juillet 2006

hère Madame,

Dans ma pré­cé­dente lettre je vous disais qu’il y a deux siècles envi­ron, l’homme a chan­gé l’ordre vou­lu par Dieu et, de ce fait, par sa déso­béis­sance, il a répan­du des erreurs et des mau­vaises habi­tudes dans toute la socié­té, dans les familles et même dans l’é­du­ca­tion de l’en­fant. Ce désordre, je vais essayer de vous le démon­trer, pour vous aider dans votre voca­tion d’é­du­ca­trice de votre enfant, tâche ren­due si dif­fi­cile de nos jours, j’en conviens.

Vous le consta­tez, on ne parle de tous côtés que des droits de l’en­fant, à tel point que l’on vou­drait faire croire que les parents n’ont plus rien à dire. L’enfant le sait et il en pro­fite pour satis­faire ses caprices et ne plus obéir, quitte à se révol­ter à l’âge de l’a­do­les­cence. Mais,… lui a‑t-​on vrai­ment appris à obéir ? et tout petit ? Oui, cer­tains parents sont alors dému­nis et ne savent plus que faire.

Que nous enseigne le caté­chisme sur ce point ?

Tout d’a­bord, les trois pre­miers com­man­de­ments nous apprennent nos devoirs envers Dieu, qui est notre Créateur et le Maître de toutes choses ; à savoir :
– l’a­do­ra­tion qui est due à Dieu seul, Un et Trine (hono­rer Dieu Lui-même),
– le res­pect envers le saint Nom de Dieu (hono­rer son saint Nom),
– la sanc­ti­fi­ca­tion du Jour du Seigneur (hono­rer son saint Jour).

Le nom de Dieu est ins­crit dans ces trois commandements.

Puis viennent les sept autres com­man­de­ments qui nous enseignent nos devoirs envers le pro­chain et donc nos rap­ports avec lui. L’objet du 4ème com­man­de­ment nous concerne tous et nous dicte nos devoirs envers le pro­chain : nos parents, nos supé­rieurs, nos édu­ca­teurs, mais d’a­bord nos parents.

« Tu hono­re­ras ton père et ta mère. »

Dans l’Ecriture Sainte, au pas­sage de l’Exode (cha­pitre 20, V. 12), il est écrit :

« Honore ton père et ta mère, afin que tu vives long­temps dans le pays que le Seigneur ton Dieu te donne ».

Ce com­man­de­ment, dans cer­tains caté­chismes, est for­mu­lé comme suit : « Tes père et mère hono­re­ras, pour que tu vives lon­gue­ment ». Autrement dit, celui qui observe ce com­man­de­ment reçoit les béné­dic­tions de Dieu, même déjà sur terre.

Ce com­man­de­ment a pour prin­ci­pal objet les devoirs de l’en­fant envers ses parents ; mais il com­prend aus­si les devoirs des parents envers leur enfant, ain­si que les devoirs réci­proques des maîtres et des ser­vi­teurs, des maris et des épouses.

Je vou­drais, en pre­mier lieu, par­ler des devoirs des parents, car cela vous aide­ra dans la conduite à prendre vis-​à-​vis de l’en­fant pour l’ai­der à obser­ver, lui aus­si, ce 4ème com­man­de­ment. Il est bon que l’en­fant sache que, vous aus­si, vous avez des devoirs envers lui. Car l’en­fant étant ain­si aver­ti de l’o­bli­ga­tion pour les parents de le trai­ter comme je vais vous le dire, celui-​ci aura plus de consi­dé­ra­tion pour les conseils et même les reproches reçus des parents.

Quels sont les devoirs des parents vis-​à-​vis de leur enfant ?

Regardons la Sainte Famille et plus par­ti­cu­liè­re­ment dans le mys­tère de Jésus retrou­vé au Temple par la Très Sainte Vierge Marie et Saint Joseph.

Le pre­mier est de le nour­rir. Par nour­ri­ture, il faut entendre tout ce qui est néces­saire à la vie : ali­ments, vête­ments, habi­ta­tion… Ainsi, le père doit tra­vailler pour sub­ve­nir à toutes les néces­si­tés de sa famille. Il faut apprendre ici à l’en­fant le devoir de reconnaissance.

Le deuxième est de l’ins­truire. Il y a deux ins­truc­tions : l’or­di­naire reçue à l’é­cole, et la reli­gieuse don­née au caté­chisme. C’est à cette der­nière que Jésus fait allu­sion quand Il dit à sa Mère qui le retrouve au temple :

« Ne fallait-​il pas que je sois aux choses de mon Père ? »

La pre­mière ins­truc­tion donne à l’en­fant quelques « recettes » pour la vie ici-​bas. Elle a une véri­table valeur qu’il ne faut pas négli­ger, car un enfant qui a de l’ins­truc­tion a plus de faci­li­tés pour gagner sa vie. Mais la seconde apporte à l’en­fant les moyens de par­ve­nir plus tard à une éter­ni­té de bon­heur. C’est donc cette der­nière ins­truc­tion qui donne à l’en­fant le plus grand bien, et qui est la plus néces­saire, puisque la bonne ou mau­vaise éter­ni­té en dépend. Les parents qui la négli­ge­raient, seraient gra­ve­ment cou­pables (d’où l’im­por­tance du choix d’une école vrai­ment catholique).

Le troi­sième est de l’é­du­quer. C’est-​à-​dire le cor­ri­ger et l’en­cou­ra­ger, car il a des défauts qui sont les enne­mis de son âme et il a des qua­li­tés et des talents à faire fruc­ti­fier. Ceci n’a pas été le cas de la Sainte Vierge et de Saint Joseph, car ils n’ont pas eu à cor­ri­ger l’Enfant-​Jésus. Il n’a­vait que des ver­tus. Mais il fut le seul enfant de ce genre ; aus­si, le devoir de tout parent est de tenir compte de ces deux points pour l’é­du­ca­tion de l’en­fant. Que dit la Sainte Ecriture à ce propos ?

« N’épargne point la cor­rec­tion au jeune enfant ».

Et ailleurs :

« Un che­val indomp­té devient insup­por­table et l’en­fant aban­don­né à sa volon­té devient insolent ».

Ces paroles s’ap­pliquent très bien à l’en­fant gâté. Et je crois que beau­coup de parents gâtent trop leur enfant en négli­geant ce troi­sième devoir. Il ne suf­fit pas de cor­ri­ger, il faut bien le cor­ri­ger, c’est-​à-​dire, bien appro­prier la puni­tion à la faute. Trop sou­vent j’ai vu punir d’une manière incon­si­dé­rée ; soyez cer­taine qu’a­lors la puni­tion ne por­te­ra aucun bon fruit mais plu­tôt de mau­vais. La puni­tion a nor­ma­le­ment, pour pre­mier but, la cor­rec­tion, et donc, doit être pro­por­tion­née à la faute. Je compte abor­der ce point d’une manière plus éten­due dans une autre lettre.

Saint Pierre Damien disait :

« Celui qui ne répri­mande pas ses enfants quand ils volent des œufs, les ver­ra bien­tôt voler des che­vaux ; celui qui d’a­bord n’é­tait qu’un petit voleur devien­dra avec le temps un grand voleur ».

Un pro­verbe dit : « Qui aime bien, châ­tie bien ». En géné­ral, si vous ame­nez l’en­fant à recon­naître sa faute et à se repen­tir (c’est, à mon avis, le plus impor­tant) il accep­te­ra la puni­tion, car il a un grand sens de la jus­tice (sauf s’il est déjà défor­mé sur ce point).

Le qua­trième est de lui don­ner le bon exemple. Tel père, tel fils. Telle mère, telle fille. La conduite des parents est le livre dans lequel l’en­fant s’ins­truit. Un pro­verbe dit avec rai­son, qu’on apprend plus avec les yeux que par les oreilles. Le bon exemple des parents est le meilleur caté­chisme de l’en­fant. Il ne suf­fit pas que les parents évitent le mal ; il faut qu’ils fassent le bien, qu’ils prient Dieu matin et soir, qu’ils aillent à la messe le dimanche, reçoivent les sacre­ments régu­liè­re­ment, et qu’ils rem­plissent tous les devoirs chrétiens.

Et puisque nous sommes au début de ces vacances d’é­té, n’ou­bliez pas, Chère Madame, de mettre à pro­fit ces quelques lignes pour l’a­mour de Jésus qui règne dans l’âme de votre enfant bap­ti­sé. Apprenez-​lui la pudeur, le res­pect de son propre corps, celui-​ci por­tant la pré­sence divine dans son âme. Apprenez-​lui à s’ha­biller cor­rec­te­ment, comme s’ha­bille­rait Jésus. Et pour cela, faites en sorte que votre tenue ne contre­dise pas vos dires. L’enfant a un esprit logique. Votre exemple, il le voit. Vous lui ins­pi­re­rez le res­pect qu’il vous doit, si vous avez le cou­rage de lui mon­trer le bon exemple.

Que Notre-​Dame soit votre guide et votre modèle tout au long de ces vacances pas­sées en famille…..

(à suivre…)

Une Religieuse.

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