L’autorité parentale

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« Pourquoi me donnes-​tu des ordres ? », vous demande un de vos enfants en pleine crise d’ado.… Eh bien, abor­dons cette ques­tion, d’autant plus que de nos jours la notion d’autorité et son exer­cice sont en effet bien malmenés !

L’autorité paren­tale est de droit natu­rel ; elle se trouve dans la nature des choses vou­lues par le Créateur qui confie direc­te­ment une auto­ri­té aux parents dès lors qu’ils ont un enfant. L’autorité paren­tale est donc d’autant plus légi­time qu’elle a Dieu lui-​même pour origine.

L’enfant est comme un arbris­seau. Il ne se déve­lop­pe­ra pas sans une bonne terre, l’aide d’un tuteur et les bien­faits du soleil et de l’eau : la famille est ce ter­reau. L’école, qui ne se sub­sti­tue pas aux parents mais les aide dans leur mis­sion d’éducation, agit comme un tuteur. Et la grâce divine est pour l’âme ce que le soleil et l’eau sont pour les arbrisseaux.

Le mot « auto­ri­té » vient de auc­tus, par­ti­cipe pas­sé du verbe augere qui signi­fie accroître, faire croître, aug­men­ter, déve­lop­per, enri­chir… Ainsi : ple­bis liber­ta­tem et com­mo­da augere — (C345678, Sest., 137) se tra­duit par : déve­lop­per la liber­té et le bien-​être du peuple. Ou encore : tran­si­bunt et auge­bi­tur scien­tia (ins­crip­tion gra­vée sur un cadran solaire) signi­fie : elles pas­se­ront et la science sera enri­chie. L’autorité n’est donc pas l’art de mul­ti­plier les com­man­de­ments et les défenses, encore moins celui de brailler. Si c’est le cas, c’est que les parents manquent d’autorité morale, de cette force inté­rieure, cette influence édu­ca­tive qui pénètre l’âme de l’enfant pour la façon­ner, pour gui­der, encou­ra­ger, sou­te­nir celui qui n’est pas un simple subal­terne mais le petit être faible qu’ils ont engen­dré. Certes, il faut savoir, à l’occasion, sévir, mais jamais sous le coup de la colère, qui est pré­ci­sé­ment un défaut et qui est sou­vent l’injuste réac­tion à des sou­cis qui n’ont rien à voir avec le « che­vreau émis­saire ». L’enfant ne com­pren­dra pas que l’on exige de lui une per­fec­tion que l’on ne pra­tique pas soi-​même. La supé­rio­ri­té morale de l’éducateur doit s’exprimer avant tout par l’exemple et une grande maî­trise de soi.

Certes, l’autorité paren­tale ne s’exerce pas de la même façon aux dif­fé­rents âges de l’enfant. Ainsi, au cours des pre­mières années de l’existence, il faut impo­ser, sans le concours per­son­nel de l’enfant, des habi­tudes qui lui appren­dront à domi­ner ses impres­sions et ses caprices. Puis, les parents auront à cœur d’orien­ter l’enfant vers une connais­sance de plus en plus claire du bien et du mal et d’exercer en consé­quence son obéis­sance, qui est par­ti­cu­liè­re­ment « la sain­te­té des enfants ». Mais rire chaque fois que le « petit génie » fait le malin et se tient n’importe com­ment ne sera pas sans graves consé­quences pour son ave­nir. En revanche, plus tard, sous l’influence de l’admiration aimante que pro­voque l’autorité paren­tale par ses exemples et son élé­va­tion morale, l’adolescent acquer­ra de plus en plus le sens de la res­pon­sa­bi­li­té per­son­nelle et du devoir accom­pli pour des motifs supé­rieurs à la crainte d’une puni­tion ou l’espérance d’une récom­pense : l’amour de Dieu et du prochain.

L’éducation est bien l’art des arts. Il n’est pas aisé d’unir des dis­po­si­tions appa­rem­ment contraires comme une fer­me­té sans dure­té avec une dou­ceur sans fai­blesse pour obte­nir de son enfant à la fois res­pect et affec­tion. C’est dans une prière per­sé­vé­rante au Cœur de Jésus, à la sainte Vierge et à saint Joseph que les parents pui­se­ront les grâces qui leur sont nécessaires.