Lettre aux mamans n° 21 de janvier 2009

hère Madame,

Dans votre voca­tion de mère, Dieu vous appelle à exer­cer, au sein de votre foyer, votre rôle de femme chré­tienne. Quel est ce rôle ? C’est celui d’a­pôtre. En effet, il n’y a pas que les prêtres et les reli­gieux (ses) qui sont apôtres. Le caté­chisme défi­nit la confir­ma­tion comme étant un sacre­ment qui « nous rend par­faits chré­tiens, témoins et apôtres de Jésus-Christ ».

Or, quand Dieu veut for­mer des âmes pour l’a­pos­to­lat, Il les pétrit d’ab­né­ga­tion et de dévoue­ment. On ne peut pas com­prendre l’apôtre sans ces deux ver­tus qui le dépouillent de lui-​même, pour qu’il se consacre, se donne plei­ne­ment au ser­vice des autres. N’est-​ce pas la mis­sion de la maman auprès de son enfant ? On recon­naît faci­le­ment dans la nature de la femme un cœur que Dieu a créé pour se dévouer. L’abnégation, avec toute son exi­gence de sacri­fices, et le dévoue­ment, avec toutes les déli­ca­tesses de la cha­ri­té, consti­tuent le carac­tère spé­cial de la femme : c’est son ins­tinct, sa force, sa gran­deur et sa grâce. En avez-​vous suf­fi­sam­ment conscience ?

Dieu vous a donc des­ti­née à un apos­to­lat véri­table, lequel s’exerce dans la famille d’a­bord, mais éga­le­ment dans le monde, bien évi­dem­ment avec toute la réserve de pru­dence, de dis­cré­tion, de calme et de modes­tie.

Dans votre foyer, gar­dienne fidèle des tra­di­tions de famille – car il ne faut pas mépri­ser ce que nos mères et grand-​mères peuvent nous trans­mettre de leur expé­rience : avouons que ce point est trop négli­gé par les jeunes du fait des bou­le­ver­se­ments pro­vo­qués par « la vie moderne » ; il faut savoir dis­tin­guer) – la femme chré­tienne, dans son rôle de maman, doit s’at­ta­cher à main­te­nir la loi du res­pect de tout ce qui est sacré : la reli­gion, l’au­to­ri­té pater­nelle et l’a­mour filial. Il me semble que le manque de res­pect des enfants, à l’heure actuelle, vient de cette absence de trans­mis­sion de la part de la maman, par­fois par igno­rance ; c’est grand dommage !

Le charme que la maman chré­tienne sait répandre autour d’elle retient ses enfants au foyer ou les ramène tôt ou tard. Votre mari trou­vant en vous un tendre dévoue­ment, un grand amour du devoir et cet esprit de sacri­fice, ren­dra hom­mage à une pié­té qui ins­pire des ver­tus si solides et si aimables qu’il se sen­ti­ra entraî­né à les pra­ti­quer lui-​même. C’est en cela que consiste votre apos­to­lat : prê­cher par l’exemple et non par la parole, tel est votre res­pon­sa­bi­li­té de femme, d’é­pouse et de mère. Que de fois l’exemple sou­riant et dis­cret de l’é­pouse a suf­fi pour rame­ner le conjoint à la foi vivante.

Avec le prône trop répan­du du fémi­nisme, le monde a détruit dans la femme ce qui fai­sait sa beau­té et sa grâce. Dieu a créé la femme après l’homme parce qu’il ne pou­vait vivre seul (et non l’in­verse). Aussi, doit-​elle être sou­mise à l’homme comme l’homme est sou­mis à son Créateur de qui vient toute auto­ri­té. Elle n’est, en consé­quence, pas l’é­gal de l’homme (idée qui nous vient droit de la Révolution, l’é­ga­li­té n’exis­tant pas dans la créa­tion), elle est sa com­plé­men­ta­ri­té. C’est bien dif­fé­rent. Or, je ne com­prends pas bien cette manie actuel­le­ment à imi­ter l’homme en trop de cir­cons­tances y com­pris dans l’habillement.

Si vous voya­gez, obser­vez et comp­tez le petit nombre de femmes et de jeunes filles por­tant un habit fémi­nin. On a l’im­pres­sion de vivre exclu­si­ve­ment dans une socié­té mas­cu­line. Que se passe-​t-​il dans la tête d’un petit ? Y avez-​vous pen­sé ? Il n’y a pas long­temps, je par­lais avec une jeune fille qui ne connais­sait que le port du pan­ta­lon, comme toutes ses cama­rades, et uti­li­sait le même refrain : c’est plus pra­tique, sur­tout quand on tra­vaille dehors dans le jar­din, on est plus à l’aise dans ses mou­ve­ments, on peut faire du sport. Les bonnes rai­sons ne manquent pas. Si le pan­ta­lon peut être admis pour cer­tains sports, ce n’est que par condes­cen­dance. Or, le pan­ta­lon est actuel­le­ment de mise par­tout, y com­pris dans nos églises….. Pensez-​vous que nos mères ou grand-​mères de la géné­ra­tion des années 40, par exemple, ne tra­vaillaient pas ? Elles por­taient une robe. Il y a un pro­blème cer­tain : c’est le manque d’es­prit de sacri­fice. On rem­place le sacri­fice et la peine par le caprice, le confort, le côté pra­tique, et cela se réper­cute sur les enfants. A ce pro­pos, voi­ci une petite anec­dote : un jour une petite fille de 4 ans envi­ron accom­pa­gnait sa maman dans un super mar­ché. Comme vous le savez, il y a par­fois des embou­teillages vers la caisse avec les cha­riots rem­plis ! L’enfant se cogne contre une per­sonne et, bien poli­ment, dit « Oh ! par­don Monsieur ». Ce n’é­tait pas un mon­sieur mais une dame en pan­ta­lon. Pensons-​nous à nos enfants quand les femmes se mettent en pan­ta­lon ? L’enfant ne dis­tin­guait pas plus haut qu’elle ; pour elle pan­ta­lon = papa = homme. Quel mélange dans sa tête enfantine.

Un autre fait m’a été rap­por­té. Une dame en robe cir­cu­lant dans la rue, côtoie une maman tenant une pous­sette dans laquelle se trou­vait une petite fille qui jouait à défaire sa chaus­sure et à la jeter sur le sol. Cette dame la ramasse et s’ap­pro­chant de la pous­sette la remet à l’en­fant en lui sou­riant. Cette petite fille ten­dit sa main et sai­sit la robe. La maman gênée s’ex­cu­sa du déran­ge­ment de la petite. La dame ne bou­gea pas, atten­dant la réac­tion de l’en­fant qui cacha sa tête dans les plis de la robe. Que signi­fie ce geste sinon la pro­tec­tion ou le refuge que cher­chait l’enfant.

La tâche de la maman chré­tienne est si belle ! Souvenez-​vous que votre force est dans votre dou­ceur. C’est par elle que vous serez apôtre, car la dou­ceur attire les âmes vers Dieu. Notre-​Seigneur atti­rait les âmes par sa dou­ceur. L’énervement actuel des mamans stres­sées qui parlent sou­vent de façon aiguë irrite l’en­fant. « La patience obtient tout » aimait à répé­ter une grande sainte. Vous êtes dans la famille l’ange gar­dien de la prière et des pra­tiques saintes. Ainsi, c’est à vous qu’il appar­tient de sau­ve­gar­der la fidé­li­té reli­gieuse de vos enfants. Avant même sa nais­sance, offrant à Dieu l’en­fant que vous atten­diez, vous avez prié le Seigneur de le faire arri­ver vivant au saint bap­tême. C’est en le bénis­sant que vous l’a­vez embras­sé pour la pre­mière fois et, le jour de son bap­tême, com­pre­nant le sens pro­fond de ce sacre­ment, vous vous êtes réjouie de la grâce qui a trans­for­mé votre petit en fai­sant de lui un enfant du Père Céleste.

Vous êtes la pre­mière caté­chiste de l’en­fant. Ce petit, ne com­pre­nait rien encore, mais arri­vé à un cer­tain âge, chaque jour, en diri­geant sa petite main, vous lui fai­siez mar­quer son front du signe de la croix, qui est aus­si la pro­fes­sion du chré­tien ; en effet par ce signe bien com­pris, le chré­tien exprime sa foi envers les trois prin­ci­paux mys­tères de notre reli­gion, à savoir : le mys­tère de la Sainte Trinité, celui de l’Incarnation et celui de la Rédemption. Du sein de la Trinité, le Père envoie son Fils sur la terre (= Incarnation) afin de sau­ver les hommes en mou­rant sur la Croix (= Rédemption). D’où l’im­por­tance d’ap­prendre à l’en­fant à bien faire ce geste avec pié­té et len­te­ment, en le fai­sant vous-​même de cette façon. Que d’en­fants (et d’autres !) trans­forment en geste rapide de chasse-​mouches cet acte de foi qui nous fait ren­trer en contact avec Dieu dans la prière. La Sainte Vierge à Lourdes, lors d’une des pre­mières appa­ri­tions, apprit à la petite ber­gère com­ment faire ce signe : « Bernadette a vou­lu com­men­cer son cha­pe­let et faire le signe de la croix. Impossible. Le bras était comme para­ly­sé. Alors c’est la Dame elle-​même qui s’est signée len­te­ment, et ce mouvement-​là, jamais l’en­fant ne l’ou­blie­ra. Elle le sait. Elle le sent. Un geste large et d’une incom­pa­rable beau­té, comme si l’ap­pa­ri­tion eût vou­lu mesu­rer le ciel. Et quand la Dame se fut signée, Bernadette put en faire autant. » (cf. Bernadette et Lourdes de Michel de Saint Pierre). Quand votre enfant a été en mesure de dis­tin­guer, vous l’a­vez conduit devant une sta­tue de la Vierge Marie, et là, vous lui avez dit qu’elle est la mère du petit enfant qu’elle tient dans ses bras et qui se nomme Jésus. C’est sur vos genoux que l’en­fant appren­dra à bal­bu­tier ces noms de Jésus et de Marie avec celui de maman.

Comme Notre Dame, soyez, Chère Madame, pour votre enfant un modèle à imi­ter pour aimer Jésus, afin que, comme Sainte Bernadette, il soit mar­qué pour la vie par l’im­por­tance que vous avez appor­tée à la prière et qui tra­duit votre Foi.

(à suivre)

Une Religieuse.

Adresse cour­riel de la Lettre aux mamans sur l’éducation