Les origines. Le fertile vallon du Laus, qui tient son nom d’un lac aujourd’hui desséché, s’étend sur le territoire de Saint-Etienne-d’Avançon, non loin de Gap. C’est dans ce hameau des Alpes , où quelques familles à peine vivaient au XVIIe siècle, que naquit Benoîte Rencurel, le 29 septembre 1647. Ses parents de pauvres et bonnes gens, lui enseignèrent tout ce qu’ils possédaient comme science : le Pater et l’Ave Maria. Il n’en fallait pas plus à l’enfant qui récitait son Rosaire avec les Anges et qui, toute petite, voyait la Vierge Marie se pencher sur elle et sur ses compagnes.
En mai 1664, au dessus du village de Saint-Etienne d’Avançon, une Belle Dame apparaît à la jeune bergère illettrée de 17 ans. Cette Belle Dame lui déclare : « je suis Dame Marie ». En septembre, la Belle Dame apparaît de nouveau à Benoîte au lieu-dit Pindreau et lui dit : « ma fille, allez au Laus, vous y trouverez une chapelle reconnaissable à ses bonnes odeurs. C’est là que désormais vous me verrez et parlerez. » Ainsi, c’est au Laus, dans la chapelle de « Bon Rencontre », que Marie continue la formation spirituelle de Benoîte et lui dévoile son dessein : « je veux bâtir ici une église en l’honneur de mon Cher Fils. Beaucoup de pécheurs s’y convertiront ». Grâce aux dons des pauvres, l’église a été bâtie en 3 ans, de 1666 à 1669. Durant 54 ans, Benoîte, en lien étroit avec les prêtres du Laus, accueille, éclaire réconforte les pèlerins et les conduit aussi jusqu’au sacrement de réconciliation. Benoîte s’éteint le 28 décembre 1718, dans sa maison à l’entrée du hameau. Depuis lors, le sanctuaire Notre-Dame du Laus poursuit la mission de conversion des pécheurs qui lui a été confiée par la Mère du Christ.
Historique
La pauvreté des Rencurel devint une profonde misère à la mort du père de famille. Benoîte, troisième enfant, avait alors sept ans ; chassée avec les siens du logis où elle avait passé ses premières années, elle dut bientôt gagner son pain comme gardienne de troupeaux.
Chez Jean Roland, cultivateur brutal que sa douceur convertit et chez Louis Astier, homme de bien, que la fillette servait à la fois ; et ses deux maîtres, à tour de rôle, lui fournissaient le pain noir pour sa nourriture.
En mai 1664, Benoîte conduisait ses chèvres le long d’un bois, sur la montagne de Saint-Maurice quand un vieillards s’approcha d’elle : il se révéla comme étant Saint Maurice lui-même et annonça à la bergère qu’elle verrait la Mère de Dieu dans un vallon voisin.
Confiante et simple, comme elle devait l’être toute sa vie, l’enfant guida dès lors son troupeau dans une autre vallée, s’arrêtant dans la grotte dite « des fours » pour y réciter son chapelet. C’en en ce lieu que la Vierge Marie lui apparut, un jour, son Fils dans les bras. Quatre mois durant, la merveilleuse apparition se renouvela, laissant chaque fois Benoîte dans l’extase. En septembre, la Mère de Dieu ordonna à la bergère bergère de chercher au Laus une petite chapelle, où flottaient de suaves odeurs, et de venir l’y prier.
Benoîte, quelques semaines plus tard, découvrait sur la colline du Laus, située de l’autre côté de la Vance, un oratoire couvert de chaume, dédié à Notre-Dame de Bonne-Rencontre, et dont il ne restait guère que des ruines. De merveilleux parfums s’y faisaient sentir. Et voici que la Vierge apparut sur l’autel délabré que couvrait une couche de poussière. Le geste qu’eut la bergère, à cette vue, est exquis de naïveté : « Permettez que je mette mon tablier sous vos pieds » dit-elle à celle qu’elle appelait sa Bonne mère ; « il est tout blanc de lessive ». La Vierge, en refusant, lui sourit, puis lui annonça qu’une grande église serait bâtie, en ce lieu destiné à la conversion des pécheurs.
Dès lors les apparitions se succédèrent pour Benoîte, durant cinquante-trois années, et sur la foi de ses dires, les pèlerins affluèrent au Laus, vite encouragés par des grâces extraordinaires.
Les témoignages. Le bruit de ses faveurs divines s’étant répandu alentour, les magistrats et les théologiens voulurent constater leur exactitude. Ainsi s’en vint au Laus, à plusieurs reprises, l’avocat Grimaud, juge de paix de la baronnie d’Avançon : il ne découvrit ni supercherie ni illusion, dans les merveille de la petite chapelle. Bien mieux, sa relation, tenue pendant les deux premières années du pèlerinage, signale soixante guérisons miraculeuses.
Messire Pierre Gaillad, docteur en théologie, conseiller et aumônier du Roi, qui remplissait à Gap les fonctions d’archidiacre, rédigea pendant quarante-trois ans un journal consacré à ces faits ; chaque nouveau récit était soumis à Benoîte, devenue soeur Benoîte dans le Tiers-Ordre, dominicain, afin qu’aucune erreur ne put s’y glisser. L’abbé Peythieu, qui fut vingt ans durant attaché au pèlerinage, le Frère Aubin, ermite de Notre-Dame de l’Érable, notèrent ainsi les événements du Laus, du vivant de la bergère.
L’autorité diocésaine d’embrun ne pouvait manquer d’établir une enquête ; cette enquête, fait avec une extrême rigueur, constate à trois reprises des prodiges indéniables. C’est d’abord M. Antoine Lambert, administrateur du diocèse, qui, en septembre 1665, se rend au Laus, accompagné du P. André Gérard, plus tard grand pénitencier à Rome. Après un interrogatoire au cours duquel Benoîte ne peut être trouvée en défaut, l’éclatante guérison de Catherine Vial donne lieu à la constatation juridique du 18 septembre 1665, actuellement conservée aux archives du Laus. Le successeur de M. Lambert, M. Javelli fait plus tard venir Benoîte à Embrun et la tient au secret pendant les quinze jours d’interrogatoire. Chose inouïe : on s’aperçoit que la bergère ne prend aucune nourriture pendant cette réclusion, sans en paraître aucunement souffrir.
L’Archevêque Charles de Genlis, enfin, partit au Laus après sa nomination à Embrun en 1672 ; nettement incrédule avant ce voyage, il fut, sur place, émerveillé, tant par la solidité des réponses obtenues de Benoîte que par la protection vraiment miraculeuse accordée à un domestique au cours d’un terrible accident. Il revint plusieurs fois et obtint par lettres patentes du roi, enregistrées le 19 Décembre 1679, d’établir au Laus un séminaire.
Histoire des apparitions
Le Laus est à peine à 80 km de la Salette, Le village de St.-Étienne d’Avançon fait partie, actuellement du diocèse de Gap. À l’époque des apparitions, il appartenait au diocèse d’Embrun. Les guerres de Religion, au 16e siècle entre catholiques et protestants calvinistes laissent inutilisables 120 des 190 églises du diocèse de Gap.
Pendant quatre mois, début juin à la fin août 1664, presque tous les jours, la Mère et l’enfant Jésus rencontrent Benoîte Rencurel au Vallon des Fours.
Nous savons que pendant les deux premiers mois c’est le silence complet de la part de la Dame. Malgré ce silence, l’événement procure à Benoîte une paix qui la comble au-delà de ses attentes. Les deux mois suivants sont consacrés à la formation de la jeune bergère ; il lui faut apprendre à prier, à devenir patiente, à être détachée.
Au sujet du détachement, par exemple, la Dame dit à Benoîte : « Me donneriez-vous un mouton et cette chèvre ? »
« Belle Dame ! pour le mouton, je le compterai(paierai) sur mes gages, pour la chèvre, non ! Elle me fait besoin, me porte pour passer la rivière quand elle est grosse ; vous ne l’aurez pas pour 30 écus ».
La Dame lui dit qu’elle aimait trop sa chèvre, lui donnant du pain et des raisins ; il vaudrait mieux donner aux pauvres ce qu’on lui donne.
Le lendemain, Benoîte refuse encore une fois de donner sa chèvre. La Dame lui dit qu’elle ne la demandera plus, puisque cela te » fache « . Benoîte apprend ainsi de la Dame, les litanies de Notre-Dame de Lorette qu’elle enseigne ensuite aux jeunes filles de Saint-Étienne qui viennent, à chaque soir, les chanter à l’église comme l’a demandé à ses diocésains l’évêque d’Embrun, Mgr Aubusson de la Feuillade.
28 août 1664 ‑La Dame demande à Benoîte d’inviter les filles de Saint-Étienne à venir au Vallon des Fours le lendemain, fête de la Décollation de saint Jean-Baptiste.
Devant la piété qui se manifeste depuis quelque temps, le curé de la paroisse, l’abbé Jean Fraise invite non seulement les jeunes filles à la procession mais aussi tous les hommes, les femmes et les enfants. C’est vers midi que tout le monde arrive devant la grotte, en priant et en chantant. Un homme s’est joint aux gens du village, Monsieur François Grimaud. Il est juge de paix de la baronnie d’Avançon ; personnage officiel, homme de prière et de jugement qui jouera un grand rôle dans l’histoire du Laus. De par sa fonction de responsable de l’ordre public, il est au courant d’au moins une fausse apparition dans la région. Il arrive donc ici en homme d’expérience. Il raconte lui-même : « Je ne manquai point de m’y rendre pour voir s’il arriverait quelque chose de singulier, qui nous fit connaître que Dieu prend plaisir que la Sainte-Vierge fût honorée en ce lieu ».
Jusqu’ici les apparitions se sont déroulées, soit à Saint-Étienne d’Avançon, soit au Vallon des Fours, tous les deux situés sur la rive gauche de la rivière Avance et éloignés l’un de l’autre d’environ un kilomètre. Depuis que la Dame Marie s’est identifiée, Benoîte connaît une période de « solitude et de deuil ». Depuis un mois, la Vierge ne vient plus la rencontrer comme elle le lui avait dit lors de l’apparition du 29 août 1664.
La bergère est inconsolable. « Vers la fin septembre 1664 » nous fit Pierre Gaillard, vicaire général du diocèse de Gap, Benoîte est intriguée par une lumière plus étincelante que les rayons du soleil. Cette lumière frappe la colline plantée de vignes, droit devant elle. Elle doit être secrètement heureuse de ne pas avoir donné sa chèvre à Dame Marie, car pour se rendre au Pindreau, c’est le nom de la colline, elle doit traverser la petite rivière Avance qui est toute gonflée en ce temps de l’année : « le pont étant rompu, ne pouvant pas passer la rivière, Benoîte monte sur sa grosse chèvre ».
Benoîte reconnaît sa Dame à qui elle reproche presque d’avoir été si longtemps absente. « Quand vous me voudrez voir dès lors vous le pourrez dans la chapelle qui est au lieu du Laus où elle sentira bon ». Elle disparaît après avoir indiqué le chemin au Pindreau. Pourtant du vivant même de Benoîte, avant 1710, les gens y ont édifié un tout petit oratoire.
Le Laus est un hameau de 7 à 8 chaumières ; il fait partie de la paroisse Saint-Étienne d’Avançon située à trois milles. Dès 1640, les gens du Laus avaient bâti une petite chapelle afin de pouvoir prier, lorsque la crue des eaux les empêcherait de se rendre à Saint-Étienne. C’est cette chapelle abandonnée que la Vierge a désignée comme point de rendez-vous pour les années qui vont suivre. Une chapelle qui « sent bon » malgré la poussière accumulée au long de ses 24 années d’existence. Les gens du Laus avaient mis la chapelle sous la protection de « Notre-Dame de Bon-Rencontre » une désignation qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours.
Dès le lendemain, notre bergère part de Saint-Étienne de grand matin et se rend au bas de la colline du Laus où elle laisse son troupeau de moutons ; puis elle gravit péniblement la colline à la recherche du Laus.
Les 7 à 8 maisons du hameau ne sont pas nécessairement très rapprochées les unes des autres. La petite chapelle de 1640 ressemble plus à une maisons privée qu’à une église paroissiale. Benoîte n’a qu’une indication pour trouver la chapelle de Bon-Rencontre :
Dame Marie a précisé : « là où elle sent bon ».
Voilà donc cette jeune fille de 17 ans qui fait du porte à porte. Au sens le plus strict du mot, elle va « sentir » à chaque maison. Écoutons le récit qu’en fait P.Gaillard. « Elle y monte, cherche et sent à toutes les portes des maisons pour trouver la chapelle où elle sentira bon ».
Après avoir parcouru toutes les maisons, elle l’aperçoit, commence à sentir bon et la trouve à demi-ouverte. Elle voit la divine Marie sur l’autel nu « [pas de nappes sur l’autel, la pierre d’autel est à nu], qui lui dit qu’elle l’avait bien cherchée, mais le fallait faire sans pleurer ; qu’elle lui avait fait plaisir de ne pas s’impatienter ».
Benoîte trouve inconcevable que Marie soit debout dans la poussière qui recouvre l’autel de plâtre et lui offre de mettre son tablier propre sous ses pieds. Les dispositions de la bergère sont très louables, mais Dame Marie refuse et lui dit : « Dans peu de temps il n’y manquera rien, qu’elle y verrait linges, cierges et autres ornements… qu’elle veut faire bâtir là une église en l’honneur de son très cher Fils…beaucoup de pécheurs et de pécheresses s’y convertiront ».
Lorsque, le lendemain de l’apparition au Pindreau, Benoîte se rend au Laus, elle y trouve une toute petite chapelle qui desservait 7 à 8 familles. Nous pouvons supposer que cette église pouvait accueillir une trentaine de personnes. Mais déjà à l’été 1665, des processions arrivent des paroisses environnantes et la messe est dite presque régulièrement en pleine nature, sous les arbres.
Après l’enquête de septembre 1665, Antoine Lambert recommande d’agrandir la chapelle de 1640, afin de pouvoir abriter les foules qui se présentent de plus en plus nombreuses ; on réalise aussi le vœu exprimé par la Vierge à Benoîte dès la première apparition au Laus, fin septembre 1664. Gaillard nous dit : « Elle y veut faire bâtir une église à l’honneur de son cher Fils et d’elle, où beaucoup de pécheurs et de pécheresses se convertiront et c’est là où elle la verra très souvent ».
Les travaux de construction vont de 1666 à 1669 .Encore une fois, ce sont surtout les petits et les pauvres qui poussés par Marie vont relever ce nouveau défi doublement compliqué par des routes souvent impraticables et la pauvreté des gens de la région : chacun transportant une pierre à l’occasion d’un pèlerinage. Le coût des ouvriers spécialisés et des matériaux de construction est assuré par le denier du pauvre . Un des grands mérites des responsables fut de construire la nouvelle église par-dessus la chapelle primitive. Aujourd’hui encore, nous pouvons voir dans le chœur, la petite chapelle « où il sentait bon ».
Nous savons que Benoîte a reconnu le lieu du rendez-vous avec « Dame Marie » par l’odeur des parfums. François Grimaud nous dit qu’au temps pascal 1666 : « je sentais une odeur si suave pendant un demi quart d’heure, que de ma vie je n’ai rien senti de pareil ». C’est pour avoir senti cette « suave odeur » que le sculpteur Honoré Pela, de Gap, établi à Gênes depuis 1680, fit don en 1716, d’une belle statue en marbre de Garrare représentant la Vierge et l’enfant. Cette statue domine encore l’autel principal du sanctuaire.
Ce phénomène des parfums est vérifié occasionnellement par des pèlerins de toutes conditions : des jeunes, des vieux, des paysans, des citadins, des gens d’Église. On raconte même que du 24 mars à la fin mai 1690, l’église du Laus était si embaumée de parfum que tous les pèlerins en étaient témoins. Signalons que pour éviter toute tromperie, les fleurs sont ordinairement bannies du sanctuaire.
Depuis le 23 juin 1666, des guérisons sont rapportées après avoir fait usage de l’huile provenant de la lampe du sanctuaire. C’est Marie elle-même qui encourage à cette dévotion comme le rapporte le texte de Gaillard : « La bonne Mère dit à Benoîte, au commencement de la dévotion, que « l’huile de la lampe de la chapelle, si on en prend et qu’on s’en applique, et si on recours à son intercession et qu’on ait la Foi, qu’on guérira ».
Benoîte Rencurel a d’abord connu des années difficiles, mais remplies de joies spirituelles. Dès 1665, des prêtres exceptionnels s’intéressent à la vie pastorale du Laus naissant : l’abbé Jean Peytieu y passera les 24 années (1665–1689) d’un sacerdoce complètement donné au bien des âmes ; Pierre Gaillard exercera un ministère exemplaire pendant 50 ans (1665–1715); Barthélemy Hermitte, moins connu, il y consacrera de son côté, 28 années de sa vie jusqu’à son décès en 1693.
En juillet 1692, le duc de Savoie, Victor Amédée II, envahit la région avec 40.000 hommes. C’est la catastrophe ; presque tout est détruit sur son passage. Heureusement, Benoîte avertie par la Vierge met les biens précieux en sécurité et se réfugie à Marseille avec le personnel du Laus. L’exil va durer du 2 août au 20 septembre 1692.
Au retour c’est la désolation matérielle qui va se compliquer d’une désolation spirituelle. Les abbés Peytieu et Hermitte sont décédés. En l’absence de Mgr de Gentis, de nouveaux aumôniers sont nommés par le vicaire général d’Embrun, Gabriel Biola. Ces nouveaux pasteurs sont opposés au pèlerinage du Laus et placent Benoîte dans une position inconfortable.
Pendant 15 ans (1697–1712) elle sera en résidence surveillée dans son petit logis du Laus qu’elle habite depuis 1672. Défense lui est faite de parler aux pèlerins et elle ne peut assister à la messe que le dimanche. Durant toutes ces années, Benoîte souffre en silence et reste fidèle à l’Église. Comme il arrive souvent à l’occasion d’une apparition de la Sainte Vierge, une épidémie de voyants se déclare dans la région. Cela se produira aussi à Lourdes en 1858. Les ennemis du Laus font rejaillir sur Benoîte le ridicule de ces supposées apparitions, plus grotesques les unes que les autres.
Mgr de Malissoles, évêque de Gap, intervient auprès de Mgr de Genlis, évêque d’Embrun. Il est en mesure d’éclairer son confrère puisque Gap est plus près du Laus que ne l’est Embrun et que lui-même chaque année, à pied se rend en pèlerinage au Laus. Enfin, le 2 septembre 1712, Mgr de Genlis confie le sanctuaire du Laus à une communauté nouvellement fondée, les Missionnaires de la Sainte-Garde.
Tout redevient normal et Benoîte pourra mourir en paix le 28 décembre 1718.
Elle mourut le jour de la fête des Saints-Innocents, comme prédit par le ciel et colportés pas elle. Depuis la Saint – André, elle ne quittait plus le lit. Noël, cette année-là, 1718, tomba un dimanche. Sachant qu’elle n’avait plus que trois nuits à passer sur la terre, elle demanda le viatique et les saintes huiles, fit ses recommandations dernières. Elle conserva sa connaissance jusqu’au bout et n’eut point d’agonie. On s’aperçut qu’elle venait de s’éteindre au sourire qui se dessina soudain sur ses lèvres.
Les prodiges
Les fait miraculeux qui impressionnèrent si fort les contemporains de Benoîte Rencurel se produisaient en sa faveur comme en faveur des pèlerins. Mais si la visionnaire obtenait des guérisons et des bienfaits de toutes sortes pour les autres, elle ne demandait pour elle-même que des épreuves.
En juillet 1673, elle avait eu la vision de Notre-Seigneur fixé à la Croix et elle s’était sentie inondée de son sang. Depuis lors, Benoîte se trouvait brusquement raidie, chaque semaine dans la pose de crucifiée et y demeurait du jeudi au samedi, sans pouvoir faire un geste.
Elle s’effara, dans son humilité, de l’attention générale qu’attirait sur elle ce prodige et demanda que d’autres souffrances, moins visibles, lui fussent accordées.
Torturée alors par le démon, elle vécut des années terribles, consolée seulement par ses apparitions. Le 15 Août 1698, la Vierge lui apparut entourée par des Anges qui emportèrent jusqu’au ciel l’humble fille et la rapportèrent ensuite dans son hameau.
Favorisée des dons du ciel, Benoîte était consultée en toute circonstance. Elle savait d’avance si telle ou telle guérison pouvait être obtenue.
Un ange l’avertit de l’arrivée dans le pays des armées du duc de Savoie en lui ordonnant de sauver le mobilier de la chapelle et de partir pour Marseille, ce qu’elle fit. Le moment du retour lui fut de même indiqué par une voie merveilleuse.
Lisant dans les âmes, elle ramenait au bien les pêcheurs en leur disant le nombre et la gravité de fautes qu’ils croyaient ignorées de tous. A Marseille, elle montra à M. de Coulonge, alors vicaire-général, qu’elle connaissait sa pensée et le doute qu’il gardait en l’écoutant. En Provence comme au Laus, elle a laissé la réputation d’une sainte dont la vie entourée de faits merveilleux.