Il y eut un combat dans le ciel. Michel et ses anges combattaient contre le dragon ; et le dragon et ses anges combattaient ; mais ils ne purent vaincre, et leur place même ne se trouva plus dans le ciel. Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, celui qui est appelé le diable et Satan, le séducteur de toute la terre, il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui.
(Apocalypse 12,7)
Ainsi le livre de l’Apocalypse nous raconte le combat entre saint Michel et les anges rebelles guidés par Lucifer. À partir de ce moment-là, on peut dire que toute l’histoire de l’humanité est un vaste champ de bataille. L’enjeu, ce sont nos âmes, créées à l’image de Dieu et destinées à prendre au ciel la place des anges déchus. Par jalousie et haine de Dieu, les démons cherchent à nous perdre avec eux en enfer.
Saint Paul nous rappelle ce combat : « Nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes » (Eph 6,12). Et l’apôtre saint Pierre nous met en garde avec ces paroles : « Soyez sobres, veillez ; votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui dévorer. Résistez-lui, fermes dans la foi » (1 Pet 5,8).
Depuis le concile Vatican II, le démon est souvent considéré comme un simple symbole du mal et des injustices qu’on voit dans le monde. La meilleure tactique d’un ennemi est de faire croire qu’il n’existe pas… On peut dire que, de ce point de vue, le diable a bien réussi son coup. Dans un moment de lucidité, le pape Paul VI, lui-même, a pu affirmer que « la fumée de Satan est entrée dans le temple de Dieu » (29 juin 1972).
D’après la Révélation, le démon est bien un être personnel, pur esprit, ange déchu qui n’a rien perdu des perfections de sa nature, bien supérieure à celle des hommes. Jésus l’appelle menteur et homicide depuis le commencement (Jn 8,44).
Il nous pousse au mal par ses tentations, ses suggestions intérieures qui font levier sur les blessures de notre nature déchue. Parfois, quand Dieu le lui permet et, hélas ! quand les hommes lui ouvrent la porte, par de graves péchés comme la magie ou le spiritisme, son pouvoir est plus grand. C’est le cas de l’obsession diabolique qui se manifeste par une série de tentations plus violentes et durables et par une action sur les sens externes : apparitions, bruits, paroles obscènes, coups, etc. Dans des cas extrêmes, fréquemment évoqués dans l’Évangile, il prend possession du corps d’un homme.
L’Église nous donne les moyens pour nous défendre. Le premier et le plus efficace est de vivre habituellement en état de grâce et de mener une vie chrétienne fervente. L’utilisation des sacramentaux est aussi très utile : les bénédictions, l’eau bénite, la médaille de saint Benoît, la médaille miraculeuse. Quand il est nécessaire, on utilise les prières d’exorcisme confiées par l’Église à ses prêtres.
S’il est vrai que Satan existe et qu’il veut notre perte, nous ne devons cependant pas le craindre. Il est une créature et ne peut agir que dans la mesure où Dieu le lui permet. Saint Bernard nous dit qu’il est comme un chien attaché à une chaîne : il peut aboyer mais il ne peut pas mordre sauf… si on veut se laisser mordre ! C’est par le péché mortel que nous nous mettons volontairement sous son influence.
La dévotion à la sainte Vierge Marie, « terreur des démons », et à notre ange gardien, est un moyen très efficace pour contrer ses attaques. Nous profiterons alors des tentations elles-mêmes pour progresser dans la vie chrétienne, dans la pratique des vertus et dans l’amour de Dieu. C’est d’ailleurs pour cela que Dieu laisse agir le démon : dans le plan divin, le diable porte pierre.
Abbé Pierpaolo Petrucci
Source : Le Chardonnet n°361