I – L’infidélité empêche-​t-​elle de se marier ?

Parmi les cas où la nul­li­té de mariage serait « par­ti­cu­liè­re­ment évi­dente », le motu pro­prio indique « le manque de foi qui peut géné­rer la simu­la­tion du consen­te­ment ou l’erreur qui déter­mine la volon­té ». Or le mariage est avant tout une réa­li­té natu­relle même s’il a été éle­vé au rang de sacre­ment par Notre-​Seigneur. Il n’est donc pas néces­saire d’avoir la foi pour se marier !

Le fait que le mariage de per­sonnes bap­ti­sées soit tou­jours un sacre­ment ne pos­tule pas qu’elles aient la foi. Elles ne peuvent pas contrac­ter un mariage sans rece­voir le sacre­ment, mais elles n’ont pas besoin de le croire ! Même le pre­mier des sacre­ments, le bap­tême (pour­tant appe­lé le « sacre­ment de la foi »), pour­rait être reçu vali­de­ment sans la foi.

Qu’un faux caté­chu­mène, qui ne vou­drait le bap­tême que pour un motif tem­po­rel (pour pou­voir se marier, par exemple), se pré­sente volon­tai­re­ment à la céré­mo­nie, cela suf­fi­ra pour que le sacre­ment soit confé­ré vali­de­ment quoique infruc­tueu­se­ment. Le carac­tère bap­tis­mal serait impri­mé dans son âme, et pour rece­voir la grâce du sacre­ment, il lui suf­fi­rait de se confes­ser de son sacri­lège (en rece­vant le bap­tême dans de mau­vaises dis­po­si­tions) ain­si qu’éventuellement des autres péchés graves com­mis après la baptême.

L’Église recon­naît la vali­di­té du mariage de per­sonnes qui pour­tant pro­fessent de graves erreurs à son sujet : « La simple erreur au sujet de l’unité, de l’indissolubilité ou de la digni­té sacra­men­telle du mariage, même si elle est la cause du contrat, n’invalide pas le consen­te­ment matri­mo­nial. » (code de droit cano­nique de 1917, canon 1084).

Certes une fausse croyance pour­rait être à l’origine d’une inten­tion qui exclu­rait le mariage, mais ceci doit être prou­vé et n’est nul­le­ment « évident ». « C’est ain­si que se marient véri­ta­ble­ment, mal­gré leurs erreurs ou leurs pré­ju­gés : les infi­dèles qui croient que deve­nus riches il pour­ront épou­ser une seconde femme, les schis­ma­tiques orien­taux qui sont per­sua­dés que le lien conju­gal peut être rom­pu pour cause d’adultère, les Protestants bap­ti­sés qui consi­dèrent que le mariage n’est pas un sacre­ment, et tant de gens qui se trompent ou sont trom­pés » (Monseigneur Martin, Précis théo­lo­gique et cano­nique sur le mariage).

Il fau­drait plu­tôt se deman­der pour­quoi tant de gens se marient sans avoir la foi, sans savoir exac­te­ment à quoi le mariage les obligent. Au lieu de deman­der par­don pour les fautes du pas­sé, l’Église conci­liaire ferait mieux de deman­der par­don aux mil­lions de catho­liques qu’elle a tra­hi et conti­nue de trahir.

Pourquoi les prêtres n’offrent-ils pas un vrai caté­chisme aux bap­ti­sés qui se pré­sentent à eux pour leur mariage ? Comment des ecclé­sias­tiques qui ne parlent que de « pas­to­rale », sont-​ils capables de lais­ser pas­ser cette chance unique de prendre soin de ces âmes ?

Alors que l’enseignement de ceux qui sont igno­rants est une œuvre de misé­ri­corde, l’Église conci­liaire s’appuie sur cette igno­rance pour plon­ger encore davan­tage les âmes dans leur misère. Que Dieu nous pré­serve de cette « miséricorde » !

Abbé Thierry Gaudray, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X