Le Merveilleux : superstition et pratiques superstitieuses

Cours de yoga à la pagode de Vincennes. Crédits photo : Fred de Noyelle / Godong

Dans le monde actuel où régnent et se pro­pagent impu­né­ment l’er­reur et le vice au nom de fausses liber­tés, nous assis­tons à un recours de plus en plus fré­quent à des pra­tiques super­sti­tieuses, occultes, et même sata­niques. De plus, la nature humaine bles­sée par le péché est d’au­tant plus por­tée à tout ce qui pré­sente un côté mer­veilleux ou charme les sens, qu’elle s’af­fran­chit de la dépen­dance de Dieu.

Même chez des catho­liques, on cherche un savoir, on recourt à des pra­tiques qui sans être de la divi­na­tion ou de la vaine obser­vance, tendent à se rap­pro­cher de la super­sti­tion. Comment cela ? Nous vivons dans un monde où le spi­ri­tisme se pro­page sous dif­fé­rentes formes plus ou moins gros­sières ou sub­tiles, et nous pou­vons être conta­mi­nés par ces relents de soufre.

La super­sti­tion est défi­nie par saint Thomas comme un vice qui s’op­pose à la ver­tu de reli­gion par excès – toute ver­tu morale se trou­vant dans un juste milieu – non que l’on rende à Dieu plus d’hom­mage que ne le fait la vraie ver­tu de reli­gion, mais par le fait qu’on rend le culte divin à qui on ne le doit pas, ou d’une manière indue.

Elle se divise en trois espèces. 

  • La pre­mière est l’al­té­ra­tion du culte divin, c’est-​à-​dire l’of­frande à Dieu d’un culte avec quelque chose de men­son­ger ou de super­flu. Par exemple pour un culte men­son­ger, celui qui repren­drait des rites de l’Ancienne Loi ou chan­ge­rait les formes pres­crites par l’Eglise. Et saint Ambroise déclare indigne « celui qui célèbre les divins mys­tères sans se confor­mer à la tra­di­tion reçue du Christ ». Certaines messes du nou­vel ordo pour­raient s’en rap­pro­cher. Comme exemple de culte super­flu, ce serait une mul­ti­pli­ca­tion de pra­tiques exté­rieures qui va à l’en­contre de l’Évangile : « Le Royaume de Dieu est au-​dedans de vous », par exemple un exces­sif recours aux sacra­men­taux tel que por­ter tous les sca­pu­laires pos­sibles et inima­gi­nables, voire non auto­ri­sés par l’Église.
  • L’idolâtrie est la deuxième espèce de la super­sti­tion et consiste à rendre le culte divin à une créa­ture, ani­mée ou non. À regar­der le péché en lui-​même, les péchés contre Dieu sont les plus graves de tous, mais par­mi eux l’i­do­lâ­trie est d’une gra­vi­té suprême car elle dresse dans le monde un autre Dieu, et porte atteinte à la sou­ve­rai­ne­té de son empire.
  • Enfin, la troi­sième espèce de super­sti­tion regroupe les pra­tiques super­sti­tieuses. La divi­na­tion, la vaine obser­vance et la magie noire sont les pra­tiques les plus mani­fes­te­ment liées à la puis­sance pré­ter­na­tu­relle du démon. Mais il existe d’autres pra­tiques qui sans être néces­sai­re­ment super­sti­tieuses peuvent cepen­dant être dan­ge­reuses, et d’au­tant plus qu’elles sont en vogue actuel­le­ment, parce qu’elles pro­duisent un effet qui ne leur est pas natu­rel ou bien en rai­son d’une cir­cons­tance tel un rite ou une philosophie.

On y trouve les éner­gies, le magné­tisme, l’hyp­nose et le yoga. Le magné­tisme est une pra­tique éner­gé­tique qui repose sur l’i­dée que tout être vivant pos­sède un champ d’éner­gie vitale, sou­vent appe­lé fluide magné­tique. Il est pos­sible que ces faits soient natu­rels car la science n’ex­plique, ni ne connaît tous les détails de la Création. Il faut donc être pru­dent et dis­cer­ner selon des cri­tères tels que : le magné­ti­seur s’enrichit-​il ? ou est-​il bon catho­lique ? On peut avec fruit deman­der conseil auprès d’un prêtre. L’hypnose est un état voi­sin du som­meil pro­vo­qué par des manœuvres de sug­ges­tion. Elle n’est pas immo­rale mais peut l’être en rai­son d’une cir­cons­tance ou d’une fin mauvaise.

Cours de yoga à la pagode de Vincennes. Crédits pho­to : Fred de Noyelle /​Godong

Enfin, le yoga tel qu’on le trouve autour de nous, peut être consi­dé­ré comme une gym­nas­tique douce, une dis­ci­pline spi­ri­tuelle et cor­po­relle basée sur des exer­cices de pos­ture et de relaxa­tion. Mais il ne faut pas igno­rer que le yoga est inti­me­ment lié aux phi­lo­so­phies orien­tales qui enferment l’homme sur lui-​même et le décon­nectent de la réa­li­té. Il faut donc être pru­dent. Ainsi, la pra­tique du yoga peut être inof­fen­sive à la condi­tion que les aspects phi­lo­so­phiques et reli­gieux du yoga soient vrai­ment absents. Ces pra­tiques aux­quelles on peut rajou­ter le recours aux pierres, aux ver­tus des plantes ou autres méde­cines douces, sont des moyens natu­rels et peuvent aider la méde­cine tra­di­tion­nelle. Mais il faut faire atten­tion à ce que ces moyens res­tent à leur place de moyen et ne se sub­sti­tuent pas à une vie équi­li­brée et saine. Le contact avec la nature est le meilleur accès pour retrou­ver le bon sens qui manque cruel­le­ment à nos contemporains.

Le scou­tisme qui voit dans la nature l’œuvre de Dieu ain­si que les métiers manuels, sont une anti­dote à l’es­prit moderne maté­ria­liste et naturaliste.

D’autre part, les bles­sures du péché ori­gi­nel qui sont l’empiètement du sen­ti­ment sur la connais­sance, l’en­va­his­se­ment des pro­duits de l’i­ma­gi­na­tion fabu­la­trice et les dif­fi­cul­tés pour gui­der son action, rendent l’homme plus fragile.

Le grand remède est tout sim­ple­ment le retour à Dieu et au véri­table culte, à la Messe de Toujours, “ en esprit et en vérité ».

On conclu­ra avec le Père Mennessier o.p., qu’il faut remettre le tout dans le grand plan de la Théologie chré­tienne. Le rôle du Démon, père du men­songe, lui-​même à l’o­ri­gine de la déchéance de l’hu­ma­ni­té, prend alors tout son sens. La super­sti­tion c’est le grand drame de la créa­ture sen­sible que l’Esprit déchu tente d’en­ser­rer dans l’er­reur, après l’a­voir fait déchoir de cet état de spi­ri­tua­li­té qu’é­tait la jus­tice ori­gi­nelle. Mais c’est le grand drame aus­si de la Miséricorde infi­nie qui envoie la Vérité même pour éta­blir le culte par­fait : culte en esprit et en véri­té, d’où toute super­flui­té est ban­nie, et qui nous offre sous le voile des sym­boles la réa­li­té même de la Présence de Dieu.

Source : Notre-​Dame d’Aquitaine, prin­temps 2025.