31 août 95

Saint Lazare

Marthe, Lazare et Marie-​Magdeleine étaient nés de l’opulent Théophile et d’Eucharis((Au rap­port de saint Antonin ; Théophile, d’origine syrienne, Eucharis, juive d’origine prin­cière.)). Lazare, un peu plus jeune que Notre-​Seigneur, selon des tra­di­tions, mou­rut une pre­mière fois à l’âge de trente ans, plu­sieurs jours avant la Passion.

St Jean est le seul Evangéliste qui révèle l’existence de Lazare, parce qu’il écri­vit son Evangile, selon les saints Jérôme et Augustin, sous l’empereur Nerva (96–98), juste après le mar­tyre de Lazare à Marseille sous Domitien (81–96) ; or, selon la cou­tume des Evangélistes, les dis­ciples du Christ ne sont pas nom­més, à la dif­fé­rence des douze Apôtres et des saintes femmes, pour ne pas les flat­ter de leur vivant.

Ainsi, les autres Evangiles rap­portent que Jésus et ses apôtres furent reçus dans dif­fé­rentes pro­prié­tés de la fra­trie de Lazare, sans le nom­mer, tant en Galilée qu’à Béthanie près de Jérusalem. En effet, dans l’Evangile selon saint Jean, Jésus dit à ses dis­ciples, deux jours après l’annonce, par quelque mes­sa­ger, de la mala­die de Lazare : « Lazare, notre ami, dort ; mais je vais le tirer de son som­meil ». Lazare était à Béthanie, tan­dis que Jésus avait quit­té Jérusalem, où les juifs vou­laient le tuer, pour séjour­ner à l’autre Béthanie((Ou Bethabara, là où Jean-​Baptiste avait bap­ti­sé.)), de l’autre côté du Jourdain. La mala­die puis la mort de Lazare furent l’occasion pour Notre Sauveur de retour­ner vers Jérusalem afin de s’y livrer aux juifs. Ainsi, Jésus ajou­ta : « Retournons en Judée ». Les dis­ciples com­prirent la parole de Jésus, « Lazare dort », au pre­mier degré, « alors Jésus leur dit clai­re­ment : Lazare est mort ». Ils allèrent donc de Béthanie à Béthanie, de Transjordanie en Judée. A l’approche du bourg, accueilli par Marie-​Madeleine et les Juifs qui pleu­raient avec elle, « Jésus fré­mit en son esprit, et se troubla((Jésus-Christ, en tant qu’homme, avait des pas­sions dont il contrô­lait par­fai­te­ment le trouble, n’ayant rien héri­té du péché ori­gi­nel, à la dif­fé­rence de nous autres que les pas­sions affectent plus ou moins irré­sis­ti­ble­ment.)) lui-​même… Et Jésus pleu­ra. Et les Juifs dirent : Voyez comme il l’aimait ! Mais quelques-​uns d’entre eux dirent : Ne pouvait-​il pas, lui qui a ouvert les yeux d’un aveugle-né((St Sidoine, dont les reliques sont en la basi­lique Ste-​Madeleine de St-​Maximin.)), faire que celui-​ci ne mou­rût point ? Jésus donc fré­mis­sant de nou­veau en lui-​même, vint au sépulcre » de Lazare. « Jésus dit : Ôtez la pierre. Marthe lui dit : Seigneur, il sent déjà mau­vais, car il est de quatre jours ». Après avoir prié le Père, Jésus « cria d’une voix forte : Lazare, sors ! Et aus­si­tôt sor­tit celui qui avait été mort, lié aux pieds et aux mains de ban­de­lettes, et le visage enve­lop­pé d’un suaire. Jésus leur dit : Déliez-le… »

Six jours avant la pâque rituelle, saint Lazare se trouve invi­té avec Notre-​Seigneur chez Simon le Lépreux. « Une grande mul­ti­tude de Juifs y vinrent, non à cause de Jésus seule­ment, mais pour voir Lazare… Les princes des prêtres son­gèrent donc à faire mou­rir Lazare lui-​même, parce que beau­coup d’entre les Juifs se reti­raient d’eux à cause de lui, et croyaient en Jésus. »
Le len­de­main, la foule qui était avec Jésus lorsqu’il res­sus­ci­ta Lazare, accueillit avec des rameaux de pal­miers Jésus entrant dans Jérusalem.

Jésus conseilla-​t-​il à Lazare de se cacher, tan­dis que se pro­fi­lait sa propre pas­sion ? Toujours est-​il que saint Lazare fut l’un des cent-​vingt dis­ciples qui reçurent le Saint-​Esprit à la Pentecôte.

Saint Lazare fut sacré évêque de Béthanie, puis, devant fuir la persécution((Actes des Apôtres, c.VIII.)), gagna l’île de Chypre où il fut mal reçu par les juifs. De retour à Jérusalem, il est expul­sé avec ses sœurs et arrive aux Saintes-Maries-de-la-Mer((Lire l’Etoile de la Mer de juillet 2013.)).

St Lazare devint évêque de Marseille où d’abord sainte Marie-​Madeleine conver­tit le gou­ver­neur, lequel fit ren­ver­ser des temples et des idoles. Puis, comme à Rome((St Alexandre, jeune chré­tien de Brescia fuyant la per­sé­cu­tion de l’empereur Claude (41–54), visi­ta saint Lazare à Marseille.)), les pre­miers chré­tiens pho­céens y furent per­sé­cu­tés ; c’est pour­quoi ils se creu­sèrent deux cata­combes, dont une sous l’actuelle Abbaye St-Victor.

Sommé, sous Domitien, de sacri­fier aux idoles, Lazare confesse au contraire la foi au Dieu unique, et fut pour cela fla­gel­lé et traî­né jusqu’à une pri­son. Jésus lui appa­raît et redit cette parole de la para­bole du fes­tin : « Mon ami, mon­tez plus haut. » Trois jours après, le 31 août 95, Lazare, refu­sant de sacri­fier à Mars, est tué.

Environ mille ans après, son corps sera empor­té par des Bourguignons à Autun, le sau­vant peut-​être des incur­sions magh­ré­bines. Il gué­ri­ra spé­cia­le­ment des lépreux((D’où le nom des lazarets.)).

Le dio­cèse de Fréjus-​Toulon, agglo­mé­rat résul­tant notam­ment de démem­bre­ments de l’ancien dio­cèse de Marseille, conserve au 17 décembre le culte à saint Lazare comme à un « grand-​père » spi­ri­tuel. C’est ain­si que l’église de Méounes est sous son patronage.

Abbé L. Serres-Ponthieu