Les patients attendent à l’intérieur avec plus ou moins de patience.
Vendredi 12 février 2016
La semaine touche à sa fin et nos salles d’attente ne désemplissent pas. Après deux jours d’affluence moyenne, les patients viennent désormais par plusieurs centaines, entre 350 et 500 par jour. C’est énorme, compte tenu du nombre de médecins que nous avons : quatre généralistes, trois pédiatres, un dentiste. Soit environ cinquante patients pour chacun.
Ils sont d’abord enregistrés devant l’église, puis attendent à l’intérieur avec plus ou moins de patience. Notre amie Sophie, transformée en garde-frontière entre la salle d’attente et la zone des médecins, devient experte pour repérer les Philippins rusés qui essaient de passer avant tout le monde… Heureusement, les abbés et religieuses sont là pour bien occuper la majorité : ils rappellent quelques rudiments de pratique religieuse, et imposent beaucoup de scapulaires. Monsieur l’abbé Stehlin nous a rejoints jeudi. Avec nos quatre missionnaires, les patients sont sous bonne garde spirituelle, ils ont quatre anges gardiens qui prient pour eux tous les jours.
Côté médical, le travail est donc considérable. Même s’il y a beaucoup de pathologies bénignes, il ne faut négliger aucun symptôme. Et chaque consultation double de temps car il y a un interprète visaya-anglais entre le médecin et son patient. Par ailleurs, plusieurs personnes doivent se faire hospitaliser (aux frais de la mission), d’autres ont des radios, échographies ou analyses à faire ; elles reviennent donc le lendemain montrer les résultats, ce qui prend encore du temps et de l’énergie aux médecins. Enfin, il faut parfois pratiquer des interventions chirurgicales, avec les moyens du bord : le docteur Dickès, vieux baroudeur, n’a plus peur de rien et retire de nombreux kystes, avec l’aide efficace d’ infirmières confirmées. En revanche, un jeune docteur américain, qui fait dans ces conditions extrêmes sa première opération, manque de s’évanouir après… Ajoutons que vingt à trente personnes attendent dans la salle où les médecins consultent, vous imaginez sans peine l’agitation et le bruit qu’ils ont dans les oreilles de 9h à 19h. Bref, le calme, l’efficacité et la compétence ne sont pas des vains mots ici. Rendons un hommage spécial au corps médical qui vient se dévouer et s’épuiser une semaine, alors qu’il existe tant d’endroits paradisiaques aux Philippines, plus adaptés pour passer des vacances reposantes !
Passons au pôle pharmacie, qui mérite également toute notre admiration. Après le premier réconfort devant la nouvelle installation, les volontaires concernés ont vite compris que la semaine serait quand même un peu fatigante : debout toute la journée, avec des grappes d’enfants qui bougent et crient sous le comptoir, il s’agit d’avoir les idées claires pour bien préparer les médicaments, puis expliquer les posologies aux patients. Sans compter le dévoué charpentier qui scie des planches depuis le début de la semaine, juste à côté. Par ailleurs, les pharmacies enfant et adulte sont séparées, l’une dehors, l’autre au premier étage du bâtiment, ce qui complique les trajets fréquents entre les deux. Parfois, les ordonnances sont difficiles à comprendre, il faut attendre que le médecin soit disponible, lui expliquer le problème, avoir la solution, et vite revenir à sa boutique pour ne pas prendre trop de retard. Côté enfant, deux volontaires ont le rôle indispensable de nounou pour canaliser tout ce petit monde qui attend parfois des heures dans un espace restreint. Et côté adulte, tout le monde a adopté le port du masque car il y a plusieurs cas de tuberculose…
Bien sûr, tous les volontaires sont heureux et ne regrettent pas ce qu’ils font, mais il est important de souligner comme ils se donnent corps et âme pendant ces quelques jours. Les Dickès et leurs fidèles amis de Narbonne atteignent un âge respectable qui pourrait les dispenser de ce genre d’aventure. Pensez donc ! A moins d’être cloué au lit ou de se casser un membre, il n’est pas question de reculer ! Les Philippines sont devenues leur deuxième patrie.
Ce dévouement est encouragé par la reconnaissance des Philippins : qu’il s’agisse des militaires chargés de notre sécurité, des paroissiens qui nous aident énormément, ou des patients, tous n’ont de cesse de nous remercier d’être venus.
C’est une vraie Charité chrétienne qui règne dans la mission.
Jeanne de Vençay, « reporter-bénévole » de LPL aux Philippines – 12 février 2016
Suite et fin des reportages 2016
Reportage n° 06
Reportage n° 07
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