Une armature en bois, des bâches en guise de toiture, un maître-autel
sobre et priant. Juste ce qu’il faut pour célébrer Dieu dignement.
Mercredi 10 février 2016
Father Tim sonne le départ à 6 H 00, et pour les Philippins, c’est presque la grasse matinée… Deux infirmières, deux servants de messe, un autre aumônier, trois volontaires, quelques médicaments, et en route pour Kawas ! L’abbé a fait là-bas un travail extraordinaire. Après quelques excursions pour reconnaître les lieux et porter une aide alimentaire, puis quelques cours de catéchisme et de morale conjugale, il a fait construire une église pour y célébrer quatre mariages. Dans la foulée, avec l’aide de ses catéchistes, ils sont venus fréquemment instruire les gens et leur donner des habitudes de vie chrétienne. Et depuis, ce petit monde attend avec impatience chaque passage du prêtre. Nous sommes Mercredi des Cendres, et plusieurs enfants ne sont pas allés à l’école pour pouvoir assister à la messe et se confesser.
Une armature en bois, des bâches en guise de toiture, un maître-autel sobre et priant. Juste ce qu’il faut pour célébrer Dieu dignement. Les paroissiens habituels remplissent vite l’église, tandis que quelques curieux viennent observer de plus près ces gens à la peau blanche. Father Tim fait un sermon enthousiaste et convaincant, il essaie d’insuffler à son petit troupeau sa foi ardente. Le plus difficile, sachant qu’il ne peut venir chaque semaine, est de les rendre persévérants et réguliers dans leur pratique religieuse.
Après la messe, les deux infirmières installent une salle de consultation. L’église est le lieu public qui sert à tout : les bancs se transforment en salle d’attente, et la table de sacristie devient comptoir de pharmacie. Father Tim prend les coordonnées des personnes intéressées et les infirmières se mettent au travail. Sur cent patients, elles en envoient une quarantaine à la mission. Rien de très grave à signaler, si ce n’est un grand brûlé dont la greffe de peau a mal pris. Plusieurs mamans sont déçues quand on leur dit que leurs enfants vont bien, elles voudraient repartir avec des réserves de médicaments. A midi, on leur donne de la nourriture, c’est un peu la « carotte » nous dit l’abbé en souriant : ils sont des premiers chrétiens encore fragiles, aussi faut-il les attirer vers le monde spirituel par quelques secours matériels.
Tandis que les parents font la queue pour attendre leur tour, les autres volontaires occupent les enfants. Même sans parler leur langue, il est facile de jouer avec eux, tant ils sont contents qu’on s’occupe d’eux : distribution de ballons, jeu du chat, danse, chant, et même petit cours de français. Ce sont des enfants dociles et très respectueux des adultes ; nous remarquons qu’ils pleurent et se disputent peu, malgré les raisons qu’ils pourraient avoir de se plaindre. Dès qu’on leur demande un peu de discipline, ils obéissent volontiers et vite ! C’est une bonne terre qui ne demande qu’à être cultivée.
Pendant ce temps, le rythme s’accélère à la mission. De village en village, la nouvelle s’est transmise : venez vite, il y a tout près d’ici des médecins venus de très loin exprès pour nous, et qui soignent gratuitement ! L’affluence est telle que les médecins et pharmaciens ne s’accordent une pause qu’à 14h. Certains patients sont arrivés vers 10h et ils ne verront pas le médecin avant 15h. Beaucoup de lingères et de conducteurs de tricycles ont à la main une inflammation des tendons due à leur métier, qui peut à la longue les empêcher de travailler. La seule solution efficace est l’infiltration de cortisone, qu’ils reçoivent comme un antidote miraculeux. Nous avons également plusieurs cas de tuberculose : les gens viennent parce qu’ils sont faibles, amaigris, et qu’ils toussent depuis longtemps. C’est la seule maladie prise en charge par l’état, ce qui permet de vite envoyer les tuberculeux dans des dispensaires spéciaux, et d’éviter à l’Acim des frais de soins qui deviendraient vite exorbitants. En attendant, tous Les enfants jouent, rient, dessinent, se font peindre le visage en chat ou en princesse, et le temps s’écoule paisiblement. Dans l’église, les religieuses et catéchistes réunissent les gens en petits groupes et les enseignent. C’est beau de voir ces femmes zélées pour la bonne cause : elles ouvrent les âmes à Dieu avec tact et dévouement.
Ainsi, ce lieu jadis sauvage et inoccupé fourmille d’activités diverses. Tandis que les volontaires étrangers sont généreusement venus donner de leur temps, les volontaires philippins tiennent à les recevoir le mieux possible. Quant aux patients, ils sont touchés de ce déploiement de forces exprès pour eux.
Grâce à Dieu, de belles vertus fleurissent à l’ombre de la nouvelle église, sous la protection de la Vierge.
Jeanne de Vençay, « reporter-bénévole » de LPL aux Philippines – 10 février 2016
Suite des reportages 2016
Reportage n° 05
Reportage n° 06
Reportage n° 07
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