Sermon de Mgr Lefebvre – Pentecôte, Confirmations – 18 mai 1975

Mes bien chers frères

C’est sur­tout à ceux qui – dans quelques ins­tants – vont rece­voir le sacre­ment de confir­ma­tion que je m’adresse par­ti­cu­liè­re­ment. Cependant vous tous qui avez déjà reçu ce sacre­ment, ces quelques mots vous rap­pel­le­ront la grâce que vous avez reçue et les efforts que nous devons faire pour la res­sus­ci­ter en nous, sur­tout en ce jour de la Pentecôte qui est consa­cré à la dévo­tion au Saint-​Esprit. Et le sacre­ment de confir­ma­tion est lui aus­si tout par­ti­cu­liè­re­ment des­ti­né à nous don­ner tous les dons du Saint-​Esprit, dont nous avons besoin. Et Dieu sait si aujourd’hui nous avons besoin des dons du Saint-Esprit.

La vie chré­tienne est de plus en plus dif­fi­cile à pra­ti­quer dans le milieu où nous vivons aujourd’hui et il faut beau­coup de cou­rage, beau­coup de ver­tu, pour arri­ver à pra­ti­quer vrai­ment la loi du Bon Dieu au milieu de toutes les ten­ta­tions, de tous les scan­dales de ce monde. Dieu sait si le démon aujourd’hui est puis­sant par tous les moyens qui sont mis à sa dis­po­si­tion par les hommes eux-​mêmes, pour essayer de nous faire tom­ber dans le péché, pour essayer de nous éloi­gner du Bon Dieu.

C’est pour­quoi le sacre­ment de confir­ma­tion vous est bien néces­saire, car il est avant tout déli­vré pour nous confir­mer dans la grâce que nous avons reçue au bap­tême. Pour nous confir­mer dans cette récep­tion du Saint-​Esprit que nous avons déjà reçue au bap­tême, mais qui est com­plé­tée, qui est déve­lop­pée en nous par le sacre­ment de confirmation.

Vous ver­rez d’ailleurs, au cours de la céré­mo­nie, tout ce que signi­fie ce sacre­ment de confir­ma­tion. L’Église jus­te­ment par ses rites, a vou­lu nous mon­trer, nous expli­quer quelle était la signi­fi­ca­tion de ce sacrement.

Vous ver­rez d’abord que l’évêque après avoir évo­qué le Saint-​Esprit, comme nous venons de le faire, va étendre les mains sur vous en deman­dant à Dieu de faire des­cendre tous les sept dons du Saint-​Esprit qui cor­res­pondent aux sept ver­tus. Les quatre ver­tus car­di­nales : la pru­dence, la jus­tice, la force et la tem­pé­rance et les trois ver­tus théo­lo­gales : la foi, l’espérance et la cha­ri­té. Donc les sept ver­tus vont être com­plé­tées par sept dons du Saint-​Esprit. Vous les pos­sé­dez déjà certes par le bap­tême. Mais le Bon Dieu va leur don­ner une vita­li­té par­ti­cu­lière, une vita­li­té plus grande par la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion. Vous aurez davan­tage en vous ces dons du Saint-Esprit.

Et ces dons du Saint-​Esprit sont-​ils néces­saires ? Si nous avons déjà les ver­tus chré­tiennes, les ver­tus morales et les ver­tus théo­lo­gales, pour­quoi faut-​il encore y ajou­ter ? Eh bien, c’est que les ver­tus sont des habi­tudes que nous avons en nous. L’habitude de bien faire, comme les vices sont des habi­tudes de mal faire. Eh bien, nous avons besoin, non seule­ment d’avoir les ver­tus, mais encore faut-​il que ces ver­tus s’exercent au moment pré­cis où nous en avons besoin. Et donc, au moment où nous avons à pra­ti­quer la ver­tu de tem­pé­rance par exemple, ou la ver­tu de jus­tice, ou la ver­tu de pru­dence, à ce moment-​là nous avons besoin d’inspirations par­ti­cu­lières du Saint-​Esprit pour savoir exac­te­ment ce qu’il faut faire au moment pré­cis où nous avons à agir.

Et nous avons tout au cours de notre jour­née des déci­sions à prendre pour savoir ce que nous devons faire. Faire le bien, évi­ter le mal. Et les cir­cons­tances quel­que­fois nous rendent hési­tants, nous ne savons que faire, pour faire le bien.

C’est alors qu’agissent les dons du Saint-​Esprit. Si nous sommes vrai­ment sou­mis au Bon Dieu, si vrai­ment nous le prions, si vrai­ment nous avons la foi dans sa pré­sence en nous, si vrai­ment nous rece­vons sou­vent le sacre­ment de l’Eucharistie, le Saint-​Esprit est en nous en abon­dance comme il le sera par le sacre­ment de confir­ma­tion. Et alors vous serez aidé à faire les choix que vous devez faire, à évi­ter le péché.

Ainsi donc, vous allez rece­voir tous ces dons si pré­cieux que Notre Seigneur a vou­lu nous don­ner par ce sacre­ment de confirmation.

Ensuite, vous vien­drez vous age­nouiller cha­cun devant l’évêque afin que l’évêque impose sur vous sa main et dise la for­mule, qui est la for­mule sacra­men­telle. C’est à ce moment-​là que vous rece­vrez la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion. Parce que l’évêque va pro­non­cer ces paroles : « Je vous signe, du signe de la Croix et vous confirme du chrême du salut ; Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit ». Vous répon­drez : « Amen. Ainsi soit-​il, que le Saint-​Esprit des­cende en moi. Deo gra­tias. Je remer­cie le Bon Dieu d’avoir reçu cette grâce insigne du sacre­ment de confir­ma­tion ». C’est cela que vous direz tout à l’heure. Donc vous répon­dez : « Amen » lorsque l’évêque aura pro­non­cé ces paroles.

Que veulent dire ces paroles : « Je vous signe du signe de la Croix » ? Pourquoi signer du signe de la Croix ? Parce que la Croix est le résu­mé de notre foi. Lorsque l’on croit à la Croix de Notre Seigneur Jésus-​Christ, on croit au mys­tère de l’Incarnation, au mys­tère de la Sainte Trinité, au mys­tère de la Rédemption. Tout est com­pris dans la Croix. C’est pour­quoi nous avons la Croix par­tout, sur tous nos édi­fices reli­gieux, dans nos cha­pelles et j’espère dans nos mai­sons, dans vos chambres, par­tout le signe de la Croix.

Parce que le signe de la Croix est le résu­mé de toute notre foi. Et par consé­quent si vous êtes signé du signe de la Croix, c’est que vous êtes vrai­ment chré­tien, que vous avez la foi, que vous n’avez pas peur de mon­trer au monde entier que vous êtes chré­tien, que vous n’avez pas peur de mani­fes­ter votre foi. C’est pré­ci­sé­ment pour cela que l’évêque va vous signer du signe de la Croix.

Et pour­quoi le Saint-​Chrême ? Parce que lui, il est le signe de la force, de la dou­ceur, mais de la force en même temps. Le Saint-​Chrême a été béni au cours d’une grande céré­mo­nie solen­nelle le Jeudi saint, avec le baume. Toutes ces céré­mo­nies signi­fient jus­te­ment toutes les grâces que le Bon Dieu veut nous don­ner, grâces de force dont avons tant besoin.

Ensuite l’évêque va vous frap­per la joue droite d’un léger souf­flet. Pourquoi ? Là encore pour vous mon­trer que vous êtes capable de sup­por­ter les dif­fi­cul­tés et les épreuves. Parce que si le sacre­ment de confir­ma­tion vous fait sol­dat de Dieu, sol­dat de Jésus-​Christ, sol­dat de la Sainte Église, vous devez être capable de sup­por­ter les épreuves.

Un sol­dat qui n’est pas capable de sup­por­ter les dif­fi­cul­tés, qui n’est pas capable de sup­por­ter les obs­tacles dans son com­bat, n’est pas un vrai sol­dat. Alors ce souf­flet que vous donne l’évêque, signi­fie que vous pou­vez désor­mais, après la récep­tion de ce sacre­ment, après avoir reçu le Saint-​Esprit, être capable de résis­ter à toutes les ten­ta­tions, à toutes les dif­fi­cul­tés, à toutes les sug­ges­tions du démon.

Enfin, ensuite, ensemble, vous réci­te­rez le Je crois en Dieu, pour faire pro­fes­sion de votre foi. Redire, devant la com­mu­nau­té chré­tienne, devant l’Église, votre foi. Puis le Notre Père, la belle prière que Notre Seigneur nous a ensei­gnée et enfin le Je vous salue Marie. Car nous devons tou­jours, dans 68

toutes les grâces que nous rece­vons, remer­cier la Vierge Marie. La Vierge Marie est notre mère et c’est par elle que nous rece­vons toutes les grâces. Il n’y a aucune grâce que nous rece­vons ici-​bas, depuis la grâce du bap­tême jusqu’à la der­nière grâce que nous rece­vrons avant de mou­rir, qui ne passe pas par la très Sainte Vierge Marie.

Alors nous devons tou­jours pen­ser à la très Sainte Vierge lorsque nous rece­vons des grâces. Nous devons tou­jours l’invoquer et aujourd’hui encore par­ti­cu­liè­re­ment, invo­quez la très Sainte Vierge qui a été rem­plie du Saint-Esprit.

Ainsi la très Sainte Vierge, cer­tai­ne­ment, dis­po­se­ra vos cœurs, vos âmes, afin qu’il n’y ait aucun obs­tacle à ces grâces que vous allez recevoir.

Voilà ce qu’est le sacre­ment de confir­ma­tion. Et je suis per­sua­dé que toutes les per­sonnes qui sont ici, qui sont venues vous entou­rer, pour prier avec vous, le feront avec beau­coup de cœur et de géné­ro­si­té, afin que le Bon Dieu fasse des­cendre ces grâces dans vos cœurs en abondance.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.