Mes bien chers amis
Mes bien chers frères,
Au cours du saint Triduum qui prépare cette si émouvante fête de Pâques, nous avons éprouvé divers sentiments qui ont secoué notre âme dans cette magnifique liturgie que l’Église nous demande de vivre pendant ces trois jours.
Le Jeudi saint, c’était l’établissement de la Nouvelle Alliance, du nouveau sacerdoce, du nouveau Sacrifice. Les choses anciennes disparaissaient pour faire place à Notre Seigneur Jésus-Christ. Car c’est Lui qui est l’objet de la Nouvelle Alliance. C’est bien Lui qui réalise le nouveau sacerdoce et c’est bien Lui aussi qui est la victime du Sacrifice. Ainsi commençait le sacerdoce de Notre Seigneur Jésus-Christ qui désormais se prolongera jusqu’à la fin des temps.
Le Vendredi saint, nous étions émus jusqu’aux larmes par ces prières si déchirantes que Notre Seigneur Jésus-Christ avait sur ses lèvres lorsque l’on entend ces impropères :
Popule meus quid feci tibi ? : « Ô mon peuple que t’ai-je donc fait ? ».
En quoi t’ai-je contristé ? Est-ce parce que je t’ai fait sortir d’Égypte que tu m’as préparé une croix ? Est-ce parce que je t’ai nourri de la manne pendant quarante ans et que je t’ai préparé un royaume plein de richesses que tu m’as préparé une croix ?
N’est-il pas vrai, en effet, que Notre Seigneur pouvait dire au peuple d’Israël : « Qu’aurai-je donc dû faire que je n’aie pas fait pour toi ? »
Et voilà que tu me renies. Et voilà que tu me crucifies.
Et nous avons assisté à ce chemin de Croix et puis à toutes les prières que l’Église nous demande de chanter. Prières qui nous rappellent l’abandon dont Notre Seigneur Jésus-Christ a été l’objet, en ce jour douloureux du Vendredi saint.
C’est Judas qui le trahit. C’est Pierre qui le renie. Ce sont les apôtres qui l’abandonnent. C’est Pilate qui aurait dû empêcher qu’il soit crucifié ; il le livre lâchement dans les mains des Scribes et des Pharisiens qui se hâtent de le crucifier.
Mais nous savons par notre foi, que Celui qui est le Prince de la vie. Celui qui est l’auteur de la vie, qui a été crucifié sur la Croix, ne serait pas mort éternellement.
Et le Samedi saint, les chants respirent la paix, le repos : Caro mea requiesceret in spe : « Ma chair repose dans l’espérance ».
En effet, tout est espoir. Car bientôt les Saintes Femmes iront au sépulcre et s’apercevront que le corps de Notre Seigneur n’est plus là. Et elles apprendront qu’il est vraiment ressuscité.
Alors c’est la joie qui éclate, cette joie de Pâques que nous éprouvons aujourd’hui. Hæc dies, quam fecit Dominus : exultemus et lætemur in ea : « Voici le jour que le Seigneur a fait : passons-le dans la joie et dans l’allégresse ». En ce jour que le Seigneur a fait, réjouissons-nous, remplissons nos cœurs de joie.
Victimæ pascalii laudes immolent Christian ! : « Les chrétiens aujourd’hui, chantent la gloire de la Victime pascale », car alors que nous pensions que tout était fini, voici qu’au contraire tout commence.
Réjouissons-nous donc en ce jour de Pâques. Répétons cet Alléluia, gloire à Dieu ! Halleloujah (de l’hébreu) : Louez Yahvé ! Gloire à Dieu !
Mais n’aurions-nous pas tendance, peut-être et particulièrement aujourd’hui en lisant de nombreux écrits qui sont adressés aux fidèles, quelquefois, par des prêtres et par des écrivains catholiques, à avoir l’impression qu’en effet, tout est terminé pour nous, que notre vie éternelle est assurée, que nous n’avons plus qu’à avoir confiance en Dieu, en Notre Seigneur Jésus-Christ qui est ressuscité et que, sans coup férir, nous arriverons certainement à la vie éternelle quoi que l’on fasse au cours de cette vie. Dieu est bon. Dieu est ressuscité. Il a ressuscité toute l’humanité avec Lui et par conséquent, toute l’humanité marche vers la vie éternelle et vers son bonheur éternel. N’est-ce pas là une illusion complète et une erreur profonde ?
Sans doute Notre Seigneur est ressuscité et nous sommes remplis d’espoir d’être un jour auprès de Lui, dans la gloire de la Trinité Sainte. Mais notre chemin n’est pas terminé. Notre Seigneur est bien la tête du Corps mystique, sans doute et maintenant dans la gloire du Seigneur pour l’éternité et tous ceux qui ont été ressuscites par Lui, qui ont été régénérés, qui ont reçu cette participation à la nature de Notre Seigneur Jésus-Christ et à son Corps et à son Sang par le baptême et surtout par la Sainte Communion, si ceux-là sont morts unis à Notre Seigneur Jésus-Christ, alors ils participent aussi à sa gloire. Mais comme le disait très bien saint Paul ce matin, dans l’Épître de la messe de la nuit :
Si consurrexistis cum Christo, guæ sursum sunt quærite, ubi Christus est in dextera Dei sedens, quæ sursum sunt sapite, non quæ super terram : « Si vous êtes ressuscites avec Notre Seigneur Jésus-Christ (par le baptême) cherchez les choses d’en haut, ne cherchez pas les choses d’ici-bas ».
Nous n’avons pas terminé et Dieu sait si le démon qui a été vaincu au moment même où Notre Seigneur a remis son âme, à ce moment-là le démon a été vaincu. Mais il ne le sera définitivement qu’à la fin de ce monde, à la fin de ce temps.
Mais actuellement il a encore un pouvoir considérable. Le Bon Dieu lui laisse le pouvoir de lutter afin d’arracher les chrétiens à l’emprise de Notre Seigneur et de les entraîner avec lui. Dieu sait si nous le voyons. Dieu sait si nous le savons, que l’influence du démon est encore considérable. Et le combat n’est pas terminé. Nous devons donc lutter. Nous devons souffrir. Nous devons accepter nos épreuves. Et nous devons lutter contre nos mauvais instincts. Nous devons lutter à tout prix. C’est à cette condition que nous serons unis à Notre Seigneur et que nous pourrons alors vivre de l’espoir.
Et précisément, puisque dans cette cérémonie – dans quelques instants nous allons remettre l’habit religieux à quelques-unes des postulantes de notre société – bien chères postulantes, bien chères sœurs qui allez recevoir cet habit – vous manifesterez votre foi, vous manifesterez par cet habit que vous allez recevoir, vous manifesterez le détachement du monde et votre attachement à Notre Seigneur Jésus-Christ. Il faudra que vous le manifestiez au cours de votre vie, de votre existence, que toute votre vie soit vraiment signée de la Croix. Et par le fait même, signée du signe de l’espérance et de la charité, car c’est par charité que Notre Seigneur s’est immolé sur la Croix et Il veut que nous participions à sa charité.
Alors je souhaite vivement que cet habit que vous allez recevoir, soit pour vous une leçon constante, pour vous-mêmes et qu’il le soit aussi pour les autres et pour tous ceux et celles qui vous rencontreront, que ce soit un signe d’espérance, le signe de votre foi, le signe de la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ. Resurrexit Christus, est spes mea. « Dieu est ressuscité, Il est mon espoir ».
Eh bien, partout où vous irez, partout où vous serez envoyées, par votre habit vous rappellerez la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ et vous rappellerez justement l’espoir que les chrétiens doivent avoir en Notre Seigneur et en sa Résurrection.
Et puis, nous nous réjouirons aussi aujourd’hui, car l’un de nos frères, M. Ronald Sick ( ?) qui fut pasteur protestant, inspiré certainement par l’Esprit Saint ; conduit par l’Esprit Saint, est venu nous rejoindre pour demander la grâce du baptême, du baptême qui lui donnera certainement la grâce de Notre Seigneur.
Oh, je ne doute pas que dès avant son baptême, il était déjà rempli de grâce. Le seul fait qu’il ait désiré venir parmi nous est déjà un signe qu’il avait dans le cœur le désir d’aimer Dieu de toute son âme et de s’attacher à l’Église. Mais, par le baptême, il est désormais vraiment rattaché à la Sainte Église catholique, rattaché à Notre Seigneur Jésus-Christ. Et tout à l’heure il aura la joie de recevoir la Sainte Communion, Notre Seigneur.
Et nous espérons, nous prions et nous formons des vœux pour qu’un jour il monte lui aussi à, l’autel, comme il le désire. Nous souhaitons vivement qu’un jour, ce désir qu’il a dans son cœur, puisse se réaliser.
Et enfin, nous aurons aussi la joie de donner la Sainte Communion à deux enfants qui pour la première fois s’uniront à Notre Seigneur Jésus-Christ, recevront la Sainte Eucharistie.
Ce sont là des manifestations de la résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ, de ce que Notre Seigneur Jésus-Christ est venu nous apporter sur la terre. Il est venu nous régénérer, nous redonner la vie, la vraie vie, sa vie à Lui, la vie divine.
Ah si nous pouvions comprendre ce grand mystère qu’a fait le Bon Dieu pour nous ! Cet immense amour dont le Bon Dieu nous a aimés. Non seulement Il a voulu nous créer, mais Il nous a rachetés. Il nous a rendu cette vie divine que nous avions perdue par le péché originel. Et, désormais, si vraiment nous vivons en chrétiens, nous pouvons être assurés que Notre Seigneur Jésus-Christ et son Esprit Saint sont présents dans nos cœurs et dans nos âmes.
Quelle joie, quelle espérance, quelle consolation au milieu des épreuves et des difficultés, de savoir que Notre Seigneur est présent en nous et que nous sommes participants à sa nature divine. Voilà ce que le Bon Dieu a voulu faire de nous. Comme nous serions ingrats si nous vivions comme si nous ne le savions pas.
Demandons aujourd’hui à Notre Seigneur, demandons à la très Sainte Vierge Marie, à tous les apôtres qui ont vu Notre Seigneur, qui ont été les témoins de sa résurrection, demandons-leur d’avoir dans nos cœurs cette charité que les apôtres et la très Sainte Vierge Marie avaient en eux, surtout après le jour de la Pentecôte.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.