Sermon de Mgr Lefebvre – 21e dimanche après la Pentecôte – 8 octobre 1978

Mes bien chers frères,

Je vou­drais à l’occasion de ces quelques ins­tants qui me sont don­nés pour vous adres­ser la parole, vous recom­man­der quelques intentions.

Vous avez enten­du, il y a quelques ins­tants, que saint Paul nous dit que nous ne lut­tons pas contre la chair et contre le sang, mais que nous avons à lut­ter contre les esprits – les esprits mau­vais – qui sont dans le monde et qui sont dans l’air, dans l’atmosphère en quelque sorte. Ces esprits mau­vais, nous les connais­sons, c’est le démon et tous ses suppôts.

Eh bien je pense que nous assis­tons à notre époque à une phase de com­bat entre l’Église et le démon, comme rare­ment l’Église en a vécu. Et, pré­ci­sé­ment puisque nous sommes en ces jours de la pré­pa­ra­tion du Conclave, nous ne pou­vons pas ne pas tour­ner nos regards vers Rome et pen­ser à ceux, aux car­di­naux qui vont se réunir dans quelques jours, pour de nou­veau élire le suc­ces­seur de Pierre.

Et il nous faut bien consta­ter que depuis – par­ti­cu­liè­re­ment depuis le com­men­ce­ment du concile Vatican II et peut-​être déjà bien avant sans doute – le Vatican a été inves­ti et on peut dire, d’une cer­taine manière occu­pé, par ces esprits qui sont plus au ser­vice de Satan qu’au ser­vice de Dieu et de l’Église. Nous en avons les preuves par cette situa­tion incroyable dans laquelle l’Église se trouve aujourd’hui.

Nous l’avons tous les jours sous les yeux. Et c’est pour­quoi nous devons prier tout par­ti­cu­liè­re­ment au cours de ces pro­chaines jour­nées, pour deman­der au Bon Dieu d’inspirer ceux qui vont choi­sir le futur suc­ces­seur de Pierre. Que l’Église retrouve cette force dont parle saint Paul ; que l’Église puisse conti­nuer à agir comme elle l’a tou­jours fait pour gar­der la foi et pour com­battre le bon com­bat de la foi et qu’elle ne soit pas empê­chée d’agir par ceux qui l’occupent et par ceux qui lui font faire – ou qui lui font omettre – ce qui est néces­saire abso­lu­ment pour main­te­nir la vie dans l’Église et la vita­li­té de l’Église.

Alors nous adres­sons nos prières en ces jours à Dieu, à la très Sainte Vierge Marie sur­tout, elle qui est tout à fait oppo­sée au démon. Elle l’a été dès sa nais­sance. Cela a été le des­sein de Dieu et la très Sainte Vierge Marie a été choi­sie pour ter­ras­ser le démon. Alors demandons-​lui qu’elle conti­nue à nous aider pour que le démon qui est à l’intérieur de l’Église, soit ter­ras­sé et que l’Église enfin soit libre d’agir comme elle l’a tou­jours fait et de sanc­ti­fier les âmes pour leur salut.

Une autre inten­tion et qui fait par­tie – je dirai – du même com­bat, de la même his­toire de l’Église, c’est ce qui se passe actuel­le­ment au Liban.

Et n’imaginez pas, mes bien chers frères, que ce mas­sacre des catho­liques, de nos frères dans la foi, ce mas­sacre abo­mi­nable, affreux, que cela n’est pas fait consciem­ment, que cela n’est pas fait sciem­ment, et pré­pa­ré de longue date. Car si vous reli­sez l’Histoire du der­nier demi-​siècle – et depuis nous pou­vons dire la fin de la guerre 1914–18 – eh bien ce sont tous les États catho­liques qui ont été détruits.

On a rui­né tous les États catho­liques. Il ne reste presque plus de nations qui sont encore vrai­ment catho­liques. Le démon, par ses sup­pôts et qui ne sont pas seule­ment les com­mu­nistes, mais qui se trouvent dans nos pays ; qui se trouvent par­ti­cu­liè­re­ment dans l’Organisation des Nations-​Unies. Par l’intermédiaire de ces orga­nismes qui sont rem­plis d’ennemis de l’Église, disons-​le, de francs-​maçons, eh bien, ceux-​là ont déci­dé la ruine de l’Église. Et l’on peut remar­quer, soit en Afrique, soit en Europe, soit en Asie, par­tout, ce sont les États catho­liques qui sont rui­nés ; qui sont pour­sui­vis et non seule­ment par les com­mu­nistes, mais par ces gens qui devraient défendre la civi­li­sa­tion chré­tienne, mais qui, au contraire, prêtent main forte aux com­mu­nistes pour rui­ner les États catho­liques et les nations catholiques.

Dans ce Proche-​Orient, seule la com­mu­nau­té maro­nite du Liban, était encore une com­mu­nau­té puis­sante de plu­sieurs mil­lions d’âmes et qui vivait en bonne har­mo­nie avec la com­mu­nau­té musul­mane dans le Liban.

Mais cela évi­dem­ment, ne peut être tolé­ré par ceux qui veulent écra­ser l’Église. Après avoir écra­sé la com­mu­nau­té catho­lique du Vietnam, c’est main­te­nant cette petite com­mu­nau­té si fer­vente, si belle, si catho­lique, qui a tra­ver­sé tant d’épreuves, qui est main­te­nant rui­née com­plè­te­ment. Et cela avec l’appui de l’Organisation des Nations Unies et avec l’appui des com­mu­nistes, devant nos yeux, sans que per­sonne ne vienne au secours de ces gens qui sont mas­sa­crés sans autre motif que leur appar­te­nance à l’Église catholique.

Alors nous devons prier aus­si la très Sainte Vierge de venir au secours de ces pauvres gens et qu’au moins le Bon Dieu leur donne la grâce de souf­frir ce mar­tyre pour leur foi, qu’ils le fassent géné­reu­se­ment, afin que ces morts meurent vrai­ment comme sont morts les mar­tyrs. Car ce n’est pas quelques cen­taines de mille seule­ment, mais on parle d’un mil­lion et demi de morts mas­sa­crés par les Syriens, qui ne sont autres que les agents et du com­mu­nisme et de l’Organisation des Nations Unies. Alors prions de tout cœur pour nos frères dans la foi, pour ces chers Libanais catho­liques et deman­dons grâce à la très Sainte Vierge aus­si de leur venir au secours.

Et enfin, permettez-​moi de vous confier éga­le­ment une der­nière inten­tion. Nous sommes en famille en quelque sorte, la famille qui entoure l’œuvre d’Écône. Et vous n’êtes pas sans savoir, sans doute, que l’un des fon­da­teurs – on peut dire – d’Écône, M. Alphonse Pedroni, est peut-​être à ses der­niers moments.

Alors je vou­drais, lui aus­si, le recom­man­der à vos prières, car enfin, je pense qu’Écône n’existerait peut-​être pas s’il n’y avait pas eu cinq fon­da­teurs qui ont vou­lu qu’une Œuvre sainte soit ici accom­plie à Écône. Et je pense que par­mi ces cinq, M. Alphonse Pedroni a eu une influence toute par­ti­cu­lière. C’est tout par­ti­cu­liè­re­ment à lui que nous devons d’être ici, que l’œuvre d’Écône doit d’être ici dans cette mai­son et dans ce pays du Valais.

Alors je le recom­mande éga­le­ment à vos prières afin que le Bon Dieu lui donne toutes les grâces dont il a besoin pour sup­por­ter ses souf­frances et si le Bon Dieu l’appelle, eh bien, que le Bon Dieu le prenne dans son Paradis.

Demandons-​le aus­si à la très Sainte Vierge Marie afin qu’il soit pro­té­gé et qu’il reçoive la récom­pense de tout ce qu’il a fait ici-bas.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.