Mes chers chers frères,
Mes bien chers amis,
En cette fête de l’Épiphanie, comment ne pas penser à vous surtout, mes chers amis, qui revenez pour ce trimestre à Écône, qu’une grâce particulière vous a été donnée, comme l’Étoile qui a conduit les Mages jusqu’à Bethléem, ainsi cette lumière intérieure qui éclaire vos âmes, vous a reconduits ici à Écône. Toute proportion gardée, mes bien chers frères, il en est de même pour vous. Vous pouvez également vous demander pourquoi, le Bon Dieu vous pousse, par une grâce particulière, à venir à Écône. Je pense qu’en toute vérité, vous répondez dans vos cœurs : Nous revenons à Écône pour trouver Jésus.
Comme les Rois Mages, guidés par cette grâce particulière, par cette Étoile qui les a guidés jusqu’à Notre Seigneur, jusqu’à l’Enfant-Jésus et sa mère, vous aussi, poussés par la grâce de Dieu, vous venez à Écône pour chercher Jésus, pour trouver Jésus.
Au cours de ces vacances, mes très chers amis, vous avez certainement lu l’office du Saint-Nom de Jésus. Cet office admirable qui est une méditation, une véritable contemplation de ce Nom qui a été donné par Dieu, choisi par Dieu, pour nommer notre Sauveur : le Saint Nom de Jésus. Et rien que le nom de Jésus provoque dans nos âmes, cause dans nos âmes, une joie, une consolation profonde.
Si donc le seul nom de Jésus peut nous attirer, qu’est-ce que sera la réalité même de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et c’est cela que vous devrez chercher ici. Vous venez chercher Notre Seigneur, sa connaissance, son intimité, ses grâces, sa Lumière pour vos intelligences, sa force pour vos cœurs, son rayonnement pour pratiquer les commandements de Dieu ; pour vivre avec Notre Seigneur Jésus-Christ, dans son intimité, avec sa Mère la très Sainte Vierge Marie.
La joie qui fut celle des Mages, lorsqu’ils virent l’Enfant et sa Mère, est la vôtre quand vous revenez dans votre chapelle, auprès du tabernacle où se trouve également Jésus. Et tout au cours de ces mois, vous allez continuer dans vos études, dans vos prières, dans votre méditation, dans le silence de cette maison, vous allez chercher Notre Seigneur Jésus-Christ, le connaître davantage, être toujours plus intime avec Lui. Et vous viendrez Lui porter ces dons, les dons que les Rois Mages ont portés : l’or, l’encens et la myrrhe.
L’or comme à votre Roi. C’est ce que dit l’Écriture : l’or comme à votre Roi, car Jésus est votre Roi ; Jésus est notre Roi. Et nous venons lui apporter de l’or, l’or de notre amour, l’or de son règne. Il faut que Notre Seigneur Jésus-Christ règne : oportet autem regnum, regnare (1 Co 11,25). Car il faut qu’il ; règne. Il faut qu’il règne dans nos cœurs, dans nos âmes, dans nos esprits, dans nos intelligences ; que Jésus soit tout pour nous. Tout.
Il faut qu’il règne en nous. Il faut qu’il règne aussi dans nos familles ; il faut qu’il règne dans nos sociétés.
Nous Le prierons ; nous prierons Notre Seigneur afin que son règne arrive. Ce sera le premier don que vous ferez. Don de vos cœurs, de vos intelligences, à Notre Seigneur Jésus-Christ, afin qu’il soit le Roi de vos âmes.
Et vous y parviendrez par le règne de Marie. Comme il vous est bon, comme il vous est agréable, mes très chers amis, de prier la très Sainte Vierge Marie. Avec quelle dévotion vous vous agenouillez devant la Vierge Marie, Reine de la maison. Elle vous accueille ; elle demeure avec vous. Vous l’aimez et c’est par elle, par le règne de Marie, que vous arriverez au règne de Jésus.
Vous lui apporterez aussi l’encens. L’encens comme à votre Dieu. C’est encore l’Écriture qui nous le dit : comme à Dieu. Encens qui est votre offrande, vos prières, vos louanges et particulièrement l’offrande du Saint Sacrifice de la messe. Réunis ici dans cette chapelle, fréquemment pour y prier, pour réciter les psaumes, pour chanter ces psaumes et pour accomplir cette belle liturgie de l’Église catholique romaine. Vous chantez les louanges de Dieu comme un encens qui monte vers le Ciel, car vous adorez Notre Seigneur Jésus-Christ. Vous croyez que Notre Seigneur Jésus-Christ est votre Dieu.
Alors cette prière montera toujours avec plus de ferveur, avec plus de conscience : vous prierez toujours davantage Notre Seigneur Jésus-Christ, comme l’ont fait les Rois Mages.
Et vous offrirez également à Notre Seigneur, à Jésus, vous offrirez également la myrrhe. La myrrhe jette nos regards, notre contemplation, notre considération sur la Croix. La myrrhe représente la sépulture de Notre Seigneur Jésus-Christ. La myrrhe est employée pour la sépulture des corps. Et comment se fait-il que Celui que vous adorez comme votre Roi et comme votre Dieu, comment peut-Il être sujet à la mort ?
Cet Enfant-Dieu que les Mages ont adoré et que vous adorez aussi dans la Sainte Eucharistie, comment a‑t-il pu être sujet à la mort ? Alors, hélas, dans nos pensées, à cette mort est lié le péché : notre péché. Nous sommes pécheurs ; nous avons péché et voilà pourquoi l’Enfant-Dieu est venu mourir, mourir pour nous racheter ; mourir pour verser son Sang, pour le rachat de nos péchés.
Et là, c’est toute la spiritualité de la Croix qui se dresse devant nos yeux. Cette Croix vous l’aimerez, mes chers amis. Elle ne nous quitte pas. Elle ne nous quittera jamais. Elle ne doit pas nous quitter, parce qu’elle est le chemin du salut et le chemin de la Rédemption. Elle est le chemin du Ciel. Elle est la voie royale ; elle est la voie que Notre Seigneur Jésus-Christ a prise. Nous, ses disciples, nous ne pouvons pas prendre d’autre chemin. Il faut que nous portions la Croix avec Notre Seigneur Jésus-Christ.
Il faut que nous la portions tous les jours ; que nous l’aimions ; que nous l’embrassions comme saint André, qui disait : Ô bona Crux (…) diu desiderata, sollicite amata : Ô bonne croix (…) croix longtemps désirée (Saint André, IIe nocturne) tota amabilis : tout entière aimable – quantam deinde desiderata : tant désirée ; parce quelle est vraiment le chemin du Ciel.
Alors vous offrirez vos souffrances ; vous offrirez vos épreuves ; vous offrirez vos difficultés, vous vous mortifierez ; vous mortifierez vos péchés, vos tendances au péché, afin d’être tout entier à Notre Seigneur Jésus-Christ.
Voilà le programme que vous devez vous donner pour ce trimestre et en cela vous imiterez les Rois Mages. Et vous imiterez les Rois Mages, non seulement par les dons que vous donnerez à Notre Seigneur, l’or et la myrrhe, mais vous les imiterez aussi en ne revenant pas dans le monde.
Vous êtes passés par le monde. Ô certes, je ne veux pas signaler par là que vos familles avaient l’esprit du monde ; Ô non, je suis bien persuadé que vos familles étaient profondément chrétiennes et n’avaient pas l’esprit du monde, mais hélas, même les familles chrétiennes se trouvent dans le monde, au milieu du monde et par conséquent pénétrées plus ou moins par l’esprit du monde.
Eh bien, comme les Rois Mages qui eux aussi étaient allés s’adresser aux Princes de ce monde à Jérusalem, pour trouver Notre Seigneur Jésus-Christ, ils ne sont pas repassés par Jérusalem. Ils ont abandonné ce chemin du monde, car ce chemin était celui des persécuteurs de Notre Seigneur Jésus-Christ ; de ceux qui voulaient le mettre à mort. En assassinant ces enfants de Bethléem, ils croyaient mettre à mort Notre Seigneur Jésus-Christ.
Eh bien le monde n’a pas changé d’esprit. Le monde est toujours le même ; le monde veut toujours tuer Notre Seigneur Jésus-Christ, assassiner Notre Seigneur. Alors, vous, ne rentrerez pas dans ce monde. Vous prendrez un autre chemin. Vous prendrez désormais le chemin de la vertu, le chemin de la Croix, le chemin que Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même a voulu tracer et qui est votre guide. Voilà le chemin que vous prendrez :
Par aliam viam reversi sunt in regionem suam (Mt 2,12) : « Par une autre voie ils sont rentrés chez eux ».
Et vous aussi, par une autre voie vous irez vers la vie éternelle, prendre le chemin du Ciel. Voilà la grande leçon que nous donne l’Épiphanie.
Nous demanderons à la très Sainte Vierge Marie, qui a écouté les confidences des Mages, nous demanderons à la très Sainte Vierge qui a si bien compris le mystère qui s’est accompli alors, lorsque les mages ont dû lui confier qu’ils ne rentreraient pas à Jérusalem, mais qu’ils rentreraient par un autre chemin, la Vierge Marie a bien compris.
Demandons à la très Sainte Vierge Marie de nous aider dans ce chemin qui doit nous conduire à la vie éternelle.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.