La consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie : réponses à quelques questions

Statue de Notre-Dame de Fatima. Crédit photo : Mateus Campos Felipe / Unsplash, libre de droits

Réponses à plu­sieurs ques­tions impor­tantes concer­nant l’acte solen­nel
et public de répa­ra­tion et de consé­cra­tion de la Russie deman­dé
au Saint-​Père par Notre Dame à Fatima le 13 juillet 1917 et à Tuy le 13 juin 1929.

1° Notre Dame a‑t-​elle demandé la consécration du monde seul, du monde avec mention explicite de la Russie, ou de la Russie seule ?

La réponse est sans équi­voque : Notre Dame est venue deman­der la consé­cra­tion de la seule Russie à son Cœur Immaculé. Tant par des paroles que par écrit, Sœur Lucie a répé­té cela bien sou­vent tout au long de sa longue vie. En voi­ci quelques exemples :

Paroles de Sœur Lucie :

Entretien de Sœur Lucie avec le Père Jongen, à Tuy, le 03 février 1946 :

« Au cours de cet entre­tien, sans hési­ta­tion, la voyante déclara :

- « La Sainte Vierge deman­da la consé­cra­tion de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, par le Pape, en union avec tous les évêques du monde. »

  • « N’a‑t-elle pas par­lé de la consé­cra­tion du monde ? »
  • « Non ». [1]

Entretien de Sœur Lucie avec le Père McGlynn, en février 1947 :

« La mes­sa­gère de l’Immaculée lui répé­ta sur­tout avec force la demande pré­cise de consé­cra­tion : « Non ! Non ! Pas le monde ! La Russie, la Russie ! » » [2]

Entretien de Sœur Lucie avec Mgr Hnilica et don Luigi Bianchi, le 14 mai 1982, au Carmel de Fatima. Sœur Lucie fut bien sûr inter­ro­gée sur l’acte d’offrande effec­tué la veille, par le Pape Jean-​Paul II, à Fatima : 

« Elle fit remar­quer que la Russie n’avait pas été l’objet de la consé­cra­tion. Or, Dieu vou­lait « la consé­cra­tion de la Russie et de la seule Russie, sans aucune adjonc­tion. » » [3]

Textes de Sœur Lucie :

Je me bor­ne­rai à citer une lettre de Sœur Lucie au Père salé­sien Umberto Pasquale, datée du 13 avril 1980. Elle répond de façon très suc­cincte mais très claire à ce prêtre, qui était son confi­dent depuis 1939, et qui lui avait posé par écrit la ques­tion sui­vante : « Notre Dame vous a‑t-​elle jamais par­lé de la consé­cra­tion du monde à son Cœur Immaculé ? »

Voici la courte réponse écrite de Sœur Lucie :

« Révérend Père Umberto,
En répon­dant à votre ques­tion, je cla­ri­fie les choses : Notre Dame, à Fatima, dans sa demande, s’est seule­ment réfé­rée à la consé­cra­tion de la Russie. Dans la lettre que j’ai écrite au Saint-​Père Pie XII – selon l’indication de mon confes­seur – j’ai deman­dé la consé­cra­tion du monde avec men­tion expli­cite de la Russie. » [4]

Comme Sœur Lucie l’indique clai­re­ment, la requête de consé­cra­tion du monde avec men­tion expli­cite de la Russie n’appartient pas au mes­sage de Notre Dame de Fatima. Il s’agit d’une demande annexe et sur­ajou­tée au mes­sage du Ciel, faite à Pie XII selon ce que son confes­seur lui avait indiqué !

La conclu­sion s’impose d’elle-même : Notre Dame a deman­dé la consé­cra­tion de la Russie et de la seule Russie à son Cœur Immaculé, à Tuy le 13 juin 1929. Elle avait annon­cé le 13 juillet 1917, à Fatima, qu’elle vien­drait deman­der cette consécration.

2° Pourquoi est-​il demandé la consécration de la Russie, et non d’un autre pays ?

Il y a bien sûr une part de mys­tère dans la réponse à cette ques­tion, puisque la Providence de Dieu nous échappe en grande par­tie, à nous pauvres mor­tels d’ici-bas. Cependant, plu­sieurs rai­sons per­ti­nentes peuvent être avan­cées, qui nous aident d’ailleurs à mieux com­prendre le carac­tère mon­dial du Message de Fatima, ain­si que les des­seins de l’infinie misé­ri­corde de Dieu sur notre temps si rem­pli de mal­heurs et de confusion.

- Il convient de repla­cer cette demande du Ciel dans sa pers­pec­tive his­to­rique, en rap­pe­lant quel était le plan ini­tial des révo­lu­tion­naires mar­xistes pour gagner tout le conti­nent euro­péen, et à par­tir de là le monde entier. Voici un extrait du « Mot de l’aumônier » que j’ai rédi­gé pour Le Lien, bul­le­tin tri­mes­triel de la Croisade du Rosaire, [5] :

(…) Le plan de ces révo­lu­tion­naires, dont le but était de détruire la foi catho­lique dans les âmes et aus­si toute la chré­tien­té euro­péenne, consis­tait à prendre le Vieux Continent en tenaille, en fomen­tant des révo­lu­tions simul­ta­nées pour s’emparer des gou­ver­ne­ments en même temps dans trois pays : les deux pays les plus à l’ouest de l’Europe (Espagne et Portugal) et le grand pays de l’est de l’Europe, la Russie. Ce plan res­sort clai­re­ment des pro­pos de Lénine à Trotsky, à Paris, dans les pre­miers jours de la conspi­ra­tion mar­xiste : « Notre révo­lu­tion est inter­na­tio­nale. Nous com­men­ce­rons simul­ta­né­ment dans la Péninsule Ibérique et en Russie, et un jour la révo­lu­tion s’étendra à tra­vers toute l’Europe »

Propos rap­por­tés par M. John Haffert, en page 42 de son livre très inté­res­sant : « Encontro de tes­te­mun­has », Edition por­tu­gaise de l’Armée Bleue, Fatima, Portugal, année 1961, 155 pages.

L’année choi­sie pour les révo­lu­tions simul­ta­nées à l’est et à l’ouest de l’Europe fut 1910. Et de fait, c’est bien cette année-​là que triom­pha la révo­lu­tion au Portugal, par la chute de la monar­chie mul­ti­sé­cu­laire et l’instauration de la répu­blique vou­lue par tous les révo­lu­tion­naires du pays. Mais en Russie, la situa­tion n’était pas mûre, et les révo­lu­tion­naires durent y attendre sept ans pour plei­ne­ment triom­pher, en 1917.

C’est pré­ci­sé­ment cette année-​là que la divine Providence choi­sit d’intervenir direc­te­ment dans la marche du monde, en envoyant la très Sainte Vierge Marie sur la terre, pour appa­raître à trois pauvres enfants et leur déli­vrer un mes­sage qui serait le puis­sant anti­dote de toutes ces menées révo­lu­tion­naires.

En effet, ce sont bien les appa­ri­tions de la Reine du Ciel à Fatima, que Dieu déci­da de mar­quer d’un sceau divin aus­si éblouis­sant qu’incontestable (le grand miracle du soleil du 13 octobre 1917, devant une foule de 70 000 à 100 000 per­sonnes), qui per­mirent l’échec de la révo­lu­tion au Portugal. De 1910 à 1921, le pays s’enfonça dans une ter­rible déca­dence , les groupes révo­lu­tion­naires les plus radi­caux éli­mi­nant pro­gres­si­ve­ment les élé­ments les plus modé­rés. Ce fut une véri­table atmo­sphère de « ter­ro­risme abso­lu » qui régna ces années-​là. (…) Pourtant, en quelques années, grâce aux appa­ri­tions de Fatima et au miracle du soleil, un très pro­fond chan­ge­ment moral s’opéra à tra­vers tout le pays, sou­te­nu par l’immense élan de tout un peuple vers Fatima qui devint rapi­de­ment le véri­table centre spi­ri­tuel du pays, drai­nant des foules impres­sion­nantes de pèle­rins. La conver­sion du pays s’opérait, et eut des consé­quences poli­tiques en 1926 : le 28 mai, un Coup d’Etat mili­taire, mené par le Général Carmona, triom­phait sans aucune effu­sion de sang, tant la popu­la­tion était lasse de la déroute totale où quinze années de régime répu­bli­cain et révo­lu­tion­naire avaient conduit le pays. Était ain­si scel­lée, à l’ouest du conti­nent, la défaite du com­plot marxiste.

Mais à Fatima, Notre Dame ne s’est pas conten­tée de mettre en échec l’une des deux mâchoires de la tenaille révo­lu­tion­naire qui mena­çait l’Europe ; elle a aus­si énon­cé, le 13 juillet 1917, le grand moyen sur­na­tu­rel qui devait mettre en déroute l’autre mâchoire de cette tenaille : « la consé­cra­tion de la Russie à mon Cœur Immaculé, et la com­mu­nion répa­ra­trice des pre­miers same­dis du mois. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se conver­ti­ra et l’on aura la paix ». Malheureusement, ces deux demandes n’ont pas été écou­tées par les auto­ri­tés de l’Eglise, et, alors que l’ensemble des évé­ne­ments sur­na­tu­rels de Fatima conte­nait tout ce qui pou­vait conduire à un triomphe total de la foi catho­lique sur l’athéisme mar­xiste, la déso­béis­sance aux demandes de Notre Dame concer­nant la Russie n’a conduit qu’à une demi vic­toire, bien sym­bo­li­sée par la divi­sion du conti­nent euro­péen en deux blocs après la Seconde Guerre mon­diale, la moi­tié de l’Europe (celle de l’Est, celle qui était du côté de la mâchoire de la tenaille qui n’avait pas été ter­ras­sée par Fatima) pas­sant alors pour plu­sieurs décen­nies sous la domi­na­tion du com­mu­nisme athée. »

- La Russie appa­raît, dans la deuxième par­tie du secret du 13 juillet 1917, comme le fléau de Dieu sur le monde. Notre Dame aver­tit gra­ve­ment que, si l’on n’écoute pas ses demandes, la jus­tice de Dieu se ser­vi­ra de ce pays pour « punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et des per­sé­cu­tions contre l’Eglise et le Saint-​Père ». Un moyen essen­tiel­le­ment sur­na­tu­rel est donc don­né par la Providence pour arrê­ter ce fléau : la consé­cra­tion de ce pays au Cœur Immaculé de la Mère de Dieu, acte qui entraî­ne­ra sa com­plète conversion.

- A cela Sœur Lucie semble ajou­ter une troi­sième rai­son, apo­lo­gé­tique celle-​là, qui regarde l’immensité du ter­ri­toire de la Russie, pays ayant la plus grande super­fi­cie au monde. Elle décla­ra en effet à Mgr Hnilica et à don Bianchi, le 14 mai 1982 au Carmel de Fatima : « La Russie est un immense ter­ri­toire, bien cir­cons­crit, et sa conver­sion se remar­que­ra, appor­tant ain­si la preuve de ce qu’on peut obte­nir par la consé­cra­tion au Cœur Immaculé de Marie » [6].

3° L’acte de réparation et de consécration doit-​il être fait au Cœur Immaculé de Marie seul, ou bien aux saints Cœurs de Jésus et de Marie ?

Les demandes directes de Notre Dame, tant le 13 juillet 1917 à la Cova da Iria que le 13 juin 1929 à Tuy, évoquent une consé­cra­tion de la Russie au seul Cœur Immaculé de Marie.

La dif­fi­cul­té vient de deux lettres de Sœur Lucie au Père Gonçalves, son confes­seur, en mai et juin 1930. La voyante y trans­met le mes­sage de Tuy du 13 juin 1929 en par­lant d’un « acte solen­nel et public de répa­ra­tion et de consé­cra­tion de la Russie aux très saints Cœurs de Jésus et de Marie ».

La solu­tion à cette dif­fi­cul­té semble nous être four­nie par un autre mes­sage du Ciel, reçue par Sœur Lucie au prin­temps 1936, et révé­lé au Père Gonçalves, son confes­seur, dans une lettre du 18 mai 1936 :

(…) D’une manière intime, j’ai par­lé à Notre-​Seigneur de ce sujet et, il y a peu de temps, je lui deman­dais pour­quoi il ne conver­ti­rait pas la Russie sans que Sa Sainteté fasse cette consé­cra­tion : « Parce que [dit Notre-​Seigneur] je veux que toute mon Eglise recon­naisse cette consé­cra­tion comme un triomphe du Cœur Immaculé de Marie, afin d’étendre ensuite son culte et pla­cer, à côté de la dévo­tion à mon Divin Cœur, la dévo­tion à ce Cœur Immaculé ».

Frère François de Marie des Anges, op. cit., p : 220.

Ces paroles de Notre-​Seigneur nous donnent les lumières néces­saires pour répondre de manière adé­quate à la ques­tion posée :

1°) Notre-​Seigneur semble consi­dé­rer comme éta­blie dans le monde la dévo­tion à son Sacré Cœur, et ses paroles indiquent impli­ci­te­ment que l’établissement de cette dévo­tion s’est effec­tuée grâce à une consé­cra­tion déjà faite, qui ne peut être que la consé­cra­tion du genre humain au Sacré Cœur, faite par le Pape Léon XIII le 11 juin 1899 ;

2°) Pour éta­blir la dévo­tion au Cœur Immaculé de Marie, le Ciel vient deman­der une nou­velle consé­cra­tion, non plus du genre humain mais, pour des rai­sons bien pré­cises et aus­si très graves, d’un seul pays, la Russie, à ce Cœur Immaculé. Cette consé­cra­tion devra être faite par l’autorité suprême de l’Eglise : le Saint-Père.

3°) Une fois cette consé­cra­tion de la Russie au Cœur Immaculé de Marie effec­tuée, les deux dévo­tions aux saints Cœurs de Jésus et Marie, com­plé­men­taires, seront éta­blies côte à côte dans le monde et dans l’Eglise, y appor­tant de grands bienfaits.

Sœur Lucie avait sans doute une intel­li­gence très vive de tout cela, et c’est pour­quoi elle trans­met le mes­sage de Tuy en par­lant d’une consé­cra­tion « aux très saints Cœur de Jésus et Marie ». Frère François de Marie des Anges fait d’ailleurs ce com­men­taire à pro­pos de cette trans­mis­sion du mes­sage de Tuy par la voyante : « En rap­por­tant la demande divine de consé­cra­tion de la Russie, Sœur Lucie parle tan­tôt d’une » consé­cra­tion de la Russie aux très saints Cœurs de Jésus et de Marie », tan­tôt d’une simple consé­cra­tion « au Cœur Immaculé de Marie », qui néces­sai­re­ment s’adresse en même temps au Cœur Sacré de Jésus. Tant il est vrai que « … venir au Cœur de Marie, c’est venir à Jésus ; hono­rer le Cœur de Marie, c’est hono­rer Jésus, invo­quer le Cœur de Marie, c’est invo­quer Jésus… » [7] ; cf saint Louis-​Marie Grignion de Montfort, » Traité de la vraie dévo­tion », n° 148. » [8]

4° Pour quelles raisons est-​il demandé l’union de tous les évêques catholiques avec le Pape dans l’accomplissement de l’acte de consécration de la Russie ?

Les paroles de Notre-​Seigneur au prin­temps 1936, citées plus haut, sont une pre­mière expli­ca­tion : « Parce que je veux que toute mon Eglise recon­naisse cette consé­cra­tion comme un triomphe du Cœur Immaculé de Marie… ». Pour que toute l’Eglise catho­lique recon­naisse le triomphe du Cœur Immaculé de Marie, il est logique qu’elle ait été appe­lée toute entière à par­ti­ci­per à l’acte de consé­cra­tion qui doit assu­rer ce triomphe ! Ainsi tout le corps épis­co­pal est-​il appe­lé à s’unir au Saint-​Père dans cet acte de répa­ra­tion et de consécration.

Mais il y a aus­si une deuxième expli­ca­tion, plus fon­da­men­tale encore. Dans les deux lettres qu’elle adres­sa au Père Gonçalves en mai 1930, Sœur Lucie exprime ain­si la demande du Ciel : « Le bon Dieu pro­met de mettre fin à la per­sé­cu­tion en Russie, si le Saint-​Père daigne faire, et ordonne aux évêques du monde catho­lique de faire éga­le­ment, un acte solen­nel et public de répa­ra­tion et de consé­cra­tion de la Russie… » [9]. Le Pape qui se déci­de­ra à faire cette consé­cra­tion devra donc user de son auto­ri­té suprême, et faire acte d’autorité pour ordon­ner au corps épis­co­pal tout entier de s’unir à lui. C’est sans doute là la rai­son for­melle de cette demande, et en fili­grane, nous pou­vons légi­ti­me­ment pen­ser que le Pape qui fera cette consé­cra­tion ne joui­ra plus que d’une auto­ri­té très amoin­drie, très limi­tée. Tout laisse donc pen­ser que cet acte de consé­cra­tion entraî­ne­ra une res­tau­ra­tion rapide et totale de l’autorité pon­ti­fi­cale, par les grâces immenses et immé­diates qu’il atti­re­ra sur la Russie d’abord, puis sur l’Eglise et sur le monde entier : le Pape ayant mis toute son auto­ri­té suprême dans cet acte, avec un par­fait esprit sur­na­tu­rel et une confiance totale dans les pro­messes de la très Sainte Vierge, sera ample­ment payé de retour par une res­tau­ra­tion magni­fique de toute l’Eglise, qui com­men­ce­ra par le réta­blis­se­ment de l’autorité, et donc de l’ordre et de la dis­ci­pline ecclésiastiques.

C’est pour cette rai­son qu’il semble hors de doute qu’un acte de répa­ra­tion et de consé­cra­tion de la Russie au Cœur Immaculé de Marie effec­tué par un Pape qui aurait ordon­né à tous les évêques de s’unir à lui serait plei­ne­ment agréé par le Ciel, même si une grande majo­ri­té d’évêques n’obéissait pas au Pape.

L’argument qui consiste à dire que la demande du Ciel est impos­sible à réa­li­ser de nos jours car il est impos­sible que tous les évêques catho­liques obéissent au Saint-​Père et s’unissent à lui pour effec­tuer cet acte, n’est donc pas un argu­ment sérieux pour qui com­prend clai­re­ment et exac­te­ment la demande du Ciel. Mais il a mal­heu­reu­se­ment été abon­dam­ment (et abu­si­ve­ment) uti­li­sé pour dis­sua­der le Pape de poser cet acte de consé­cra­tion, et aus­si pour jeter le dis­cré­dit sur le mes­sage de Fatima et ses demandes.

5° Quelle est la nature des promesses faites par Notre Dame et énoncées par elle comme des fruits de l’acte de consécration de la Russie à son Cœur Immaculé ?

Les pro­messes faites par Notre Dame le 13 juillet 1917, dans la deuxième par­tie du secret, sont au nombre de trois :

  1. « beau­coup d’âmes se sau­ve­ront et trou­ve­ront la paix » [10] ;
  2. « la Russie se convertira » ;
  3. « il sera concé­dé au monde un cer­tain temps de paix ».

Ces trois pro­messes sont clai­re­ment condi­tion­nées : elles se réa­li­se­ront, déclare Notre Dame, « si l’on fait ce que je vais vous dire », ou encore « si l’on écoute mes demandes ».

Il est donc très clair que ces pro­messes seront des fruits indu­bi­tables de l’acte de répa­ra­tion et de consé­cra­tion de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, ain­si que de l’engagement des plus hautes auto­ri­tés de l’Eglise à « approu­ver et recom­man­der la pra­tique de la dévo­tion répa­ra­trice » [11] des pre­miers same­dis du mois. Ces pro­messes sont si liées aux demandes de Notre Dame que leur absence com­plète dans le monde depuis 1929 suf­fit pour démon­trer que l’acte de répa­ra­tion et de consé­cra­tion de la Russie au Cœur Immaculé de Marie n’a jamais été effectué.

6° L’acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie sera t‑il effectué un jour ?

D’après plu­sieurs mes­sages du Ciel reçus par Sœur Lucie après le refus du Pape Pie XI d’accomplir l’acte de répa­ra­tion et de consé­cra­tion de la Russie, et plu­sieurs affir­ma­tions sans aucune ambi­guï­té de Sœur Lucie, il n’y a aucun doute à avoir : cet acte solen­nel et public de répa­ra­tion et de consé­cra­tion de la Russie sera effec­tué un jour par un Pape qui aura ordon­né à tous les évêques de s’unir à lui.

- Les mes­sages du Ciel :

Communication de Notre-​Seigneur à Sœur Lucie, en août 1931 à Rianjo :

Sœur Lucie a rela­té plu­sieurs fois cette révé­la­tion de Rianjo, d’une impor­tance capi­tale dans l’économie du mes­sage de Fatima, étant don­né le refus per­sis­tant des Papes suc­ces­sifs à obéir à la demande du Ciel :

  • Lettre du 29 août 1931 à Mgr Correia da Silva, évêque de Leiria : « … il me sem­bla que sa divine Majesté me dit : (…) « Fais savoir à mes ministres, étant don­né qu’ils suivent l’exemple du roi de France, qu’ils le sui­vront dans le mal­heur. Jamais il ne sera trop tard pour recou­rir à Jésus et Marie ». »
  • Lettre de 1936 de Sœur Lucie au Père Gonçalves : « Plus tard, par le moyen d’une com­mu­ni­ca­tion intime, Notre-​Seigneur me dit, en se plai­gnant : » Ils n’ont pas vou­lu écou­ter ma demande !… Comme le roi de France, ils s’en repen­ti­ront, et ils le feront, mais ce sera tard. La Russie aura déjà répan­du ses erreurs dans le monde, pro­vo­quant des guerres et des per­sé­cu­tions contre l’Eglise. Le Saint-​Père aura beau­coup à souffrir ».»
  • Entretien du 3 février 1946 avec le Père Jongen : « En 1931, de Rianjo où, par ordre de mes supé­rieures je suis allée me repo­ser un mois, j’écrivis une lettre à S. Exc. l’évêque de Leiria, en insis­tant sur cette même demande, et j’y men­tion­nai les paroles de Notre-​Seigneur : “Comme le roi de France, ils n’écoutent pas mes demandes ; le Saint-​Père consa­cre­ra la Russie, mais ce sera tard”. » [12]

Communication de Notre-​Seigneur à Sœur Lucie au cours du printemps 1936 :

J’ai déjà don­né plus haut la pre­mière par­tie de cette com­mu­ni­ca­tion du Ciel, pour répondre à la troi­sième ques­tion. Voici la deuxième par­tie de cette communication :

- Mais mon Dieu [dit Sœur Lucie], le Saint-​Père ne me croi­ra pas si vous ne le mou­vez vous-​même par une ins­pi­ra­tion spéciale.

- Le Saint-​Père ! Priez beau­coup pour le Saint-​Père. Il la fera, mais ce sera tard ! Cependant le Cœur Immaculé de Marie sau­ve­ra la Russie, elle lui est confiée. [13]

- Les affir­ma­tions de Sœur Lucie :

Je me limite à rela­ter trois affir­ma­tions fortes et claires de Sœur Lucie, qui nous montrent bien qu’elle n’a jamais dou­té que l’acte de répa­ra­tion et de consé­cra­tion de la Russie sera effec­tué un jour :

  • Lorsqu’en 1946 John Haffert deman­da à Sœur Lucie si la conver­sion de la Russie sui­vrait cer­tai­ne­ment la consé­cra­tion de cette nation, la voyante décla­ra : « Oui, c’est ce que Notre Dame a pro­mis. Cela arrivera. »
  • Quand le Père McGlynn, en février 1947, vou­lut savoir si la pro­messe de la conver­sion de la Russie était abso­lue ou condi­tion­nelle, Sœur Lucie répon­dit : « “A la fin”, dans le texte du secret, signi­fie qu’elle est absolue. »
  • Lorsque le Père Alonso la ques­tion­na sur la parole de Notre-​Seigneur : « Le Pape consa­cre­ra la Russie, mais ce sera tard », la voyante lui indi­qua que « la consé­cra­tion de la Russie et aus­si le triomphe final du Cœur Immaculé de Marie qui lui fera suite sont abso­lu­ment cer­tains et se réa­li­se­ront en dépit de tous les obs­tacles ». [14]
Notes de bas de page
  1. Frère François de Marie des Anges : « Fatima, joie intime, évé­ne­ment mon­dial », Edition CRC, 2° édi­tion revue et cor­ri­gée en décembre 1993, p : 274.[]
  2. Frère François de Marie des Anges, op. cit., p : 276.[]
  3. Frère François de Marie des Anges, op. cit., p : 359.[]
  4. Frère François de Marie des Anges, op. cit., p : 392–393. La page 393 pré­sente le fac-​similé de la lettre manus­crite de Sœur Lucie, datée de sa main du 13 IV 1980.[]
  5. Numéro 82, octobre–décembre 2006[]
  6. Frère François de Marie des Anges, op. cit., p : 359.[]
  7. d’après Saint Jean Eudes : » Le Cœur admi­rable », tome II, chap. 5[]
  8. Frère François de Marie des Anges, op. cit., p : 199, note 3.[]
  9. Frère François de Marie des Anges, op. cit., p :199.[]
  10. D’après la tra­duc­tion lit­té­rale du manus­crit por­tu­gais de la deuxième par­tie du secret. Une tra­duc­tion qui nous semble fau­tive s’est mal­heu­reu­se­ment impo­sée en fran­çais, qui dit ceci : « Beaucoup d’âmes se sau­ve­ront et l’on aura la paix ». Ce n’est pas le sens du texte por­tu­gais ; en effet, dans cette deuxième phrase de la deuxième par­tie du secret, le mot paix se rap­porte sans équi­voque pos­sible aux âmes men­tion­nées juste avant, et non au monde entier. Il s’agit donc là d’une paix spi­ri­tuelle, inté­rieure, paix des esprits et des cœurs dont béné­fi­cie­ront « beau­coup d’âmes » qui se seront récon­ci­liées avec Dieu, suite à la consé­cra­tion de la Russie.
    En revanche, la « paix » men­tion­née dans la der­nière phrase de la deuxième par­tie du secret, qui est l’objet de la troi­sième pro­messe, est bien une paix civile (ou absence de guerre mili­taire) qui est pro­mise au monde entier pour « un cer­tain temps ».[]
  11. Termes mêmes d’une lettre de mai 1930 de Sœur Lucie au Père Gonçalves, son confes­seur.[]
  12. Frère François de Marie des Anges, op. cit., p : 213 pour ces trois extraits de lettres.[]
  13. Frère François de Marie des Anges, op. cit., p : 220.[]
  14. Ces trois affir­ma­tions de la voyante se trouvent rela­tées en page 435 du livre du Frère François de Marie des Anges, op. cit.[]