Aucun des huit actes faits par les papes ne remplit les six conditions demandées par Notre Dame à Fatima

Chers amis,

Concernant la consé­cra­tion de la Russie, deux demandes dis­tinctes ont été for­mu­lées par le Ciel : une pre­mière [1] en 1929 et 1930 par Notre-​Dame ; puis, le pape n’ayant pas réagi, une deuxième [2] par Notre-​Seigneur, plus facile mais avec des fruits différents.

Les condi­tions asso­ciées à ces deux consé­cra­tions sont éga­le­ment dif­fé­rentes. À Alexandrina da Costa, Notre-​Seigneur ne deman­da qu’une consé­cra­tion par le pape. Par contre, Notre-​Dame assor­tit sa demande de plu­sieurs condi­tions que nous connais­sons par les lettres de sœur Lucie à son confes­seur. Le 29 mai 1930, elle lui écrivit :

« Le bon Dieu pro­met de mettre fin à la per­sé­cu­tion en Russie, si le Saint-​Père daigne faire, et ordonne aux évêques du monde catho­lique de faire éga­le­ment, un acte solen­nel et public de répa­ra­tion et de consé­cra­tion de la Russie aux très Saints Cœurs de Jésus et de Marie, Sa Sainteté pro­met­tant, moyen­nant la fin de cette per­sé­cu­tion, d’approuver et de recom­man­der la pra­tique de la dévo­tion réparatrice. »

Deux semaines plus tard, elle lui écri­vit à nou­veau, répé­tant mot pour mot la demande expri­mée dans la lettre pré­cé­dente. Le père Gonçalvès en infor­ma lui-​même Pie XI.

Plus tard, sœur Lucie pré­ci­sa com­ment faire par­ti­ci­per les évêques. En effet, le 21 mars 1982, le nonce apos­to­lique du Portugal, Monseigneur Sante Portalupi, se ren­dit à Coïmbra accom­pa­gné de l’évêque de Leiria, Monseigneur do Amaral, et de M. Cardoso de Lacerda, pré­sident hono­raire de la Ligue Eucharistique. Il inter­ro­gea sœur Lucie qui lui pré­ci­sa les condi­tions dans les­quelles devait se faire la consécration :

« Pour que les évêques du monde soient unis à lui lors de la consé­cra­tion de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, le pape devrait ou bien convo­quer tous les évêques à Rome ou en un autre lieu, à Tuy par exemple, ou bien ordon­ner aux évêques du monde entier d’organiser, cha­cun dans sa cathé­drale, une céré­mo­nie publique et solen­nelle de répa­ra­tion et de consé­cra­tion de la Russie aux très Saints Cœurs de Jésus et de Marie. »

Pour la deuxième solu­tion qui avait sa pré­fé­rence, elle ajouta :

« Certains évêques feraient la consé­cra­tion le jour, d’autres la nuit, au cours d’une veillée de prière. (…) Si les gou­ver­ne­ments com­mu­nistes empê­chaient les évêques catho­liques de faire des céré­mo­nies publiques et solen­nelles, ces pré­lats pour­raient accom­plir la consé­cra­tion dans de petites cha­pelles. Et si l’ordre du pape n’atteignait pas cer­tains évêques à cause du manque de liber­té reli­gieuse, le bon Dieu le com­pren­drait, car il veut l’unanimité morale des évêques et non pas obli­ga­toi­re­ment la tota­li­té arithmétique. »

Remarquons au pas­sage que les termes employés par sœur Lucie indiquent clai­re­ment qu’en mars 1982, date de l’entretien, la consé­cra­tion n’était tou­jours pas faite comme Notre-​Dame l’avait deman­dé.

La Sainte Vierge demande donc au pape :

1) d’ordonner aux évêques du monde entier,
2) de consa­crer avec lui,
3) la Russie,
4) au Cœur Immaculé de Marie,
5) avec un acte public de réparation,
6) et la pro­messe de recon­naître la dévo­tion répa­ra­trice des pre­miers same­dis du mois.

Par contre, Notre-​Seigneur deman­da sim­ple­ment une consé­cra­tion du monde au Cœur Immaculé de Marie par le pape seul, sans autre condition.

Depuis la demande de Notre-​Dame, on recense huit actes réa­li­sés par les papes : trois par Pie XII, un par Paul VI et quatre par Jean-​Paul II.

Voici com­ment cha­cun de ces actes véri­fie les condi­tions pré­ci­sées par Notre-​Dame (tableau tiré du livre de Joseph de Belfont, Mystères et véri­tés cachées du troi­sième secret de Fatima, Nouvelles Éditions Latines, octobre 2016, page183) :

On voit qu’aucun des huit actes ne rem­plit les six condi­tions deman­dées par Notre-​Dame. En par­ti­cu­lier il n’y eut ni acte de répa­ra­tion, ni pro­messe d’approuver la dévo­tion répa­ra­trice des pre­miers same­dis du mois.

Par contre, la plu­part de ces actes rem­plissent les condi­tions deman­dées par Notre-​Seigneur. Et il est exact que ces actes ont por­té les fruits pro­mis dans ce cas : la fin de la guerre dans le cas de Pie XII [3] et la fin des per­sé­cu­tions en Russie et la chute du mur de Berlin dans le cas de Jean-​Paul II.

Le cadre de cette lettre ne per­met de détailler plus lon­gue­ment cette ques­tion. Pour ceux qui sou­hai­te­raient l’approfondir, nous leur sug­gé­rons de lire le livre de Joseph de Belfont pré­cé­dem­ment cité.

En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie.

Yves de Lassus

Sources : Cap Fatima 2017

Notes de bas de page
  1. La demande de consé­cra­tion de la Russie a été annon­cée dans l’ap­pa­ri­tion du 13 juillet 1917 : « Pour l’empêcher [la seconde guerre mon­diale dont Notre-​Dame a par­lé juste avant], je vien­drai deman­der la consé­cra­tion de la Russie à mon Cœur Immaculé et la com­mu­nion répa­ra­trice des pre­miers same­dis du mois. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se conver­ti­ra et l’on aura la paix. (…) À la fin, mon Cœur Immaculé triom­phe­ra. Le Saint-​Père me consa­cre­ra la Russie qui se conver­ti­ra, et il sera accor­dé au monde un cer­tain temps de paix. »[]
  2. En août 1931, le Ciel fit connaître à sœur Lucie son mécon­ten­te­ment de ce que la consé­cra­tion de la Russie n’é­tait tou­jours pas faite. Comme je deman­dais à Dieu la conver­sion de la Russie, de l’Espagne et du Portugal, il me sem­bla que sa divine majes­té me dit : « (…) Fais savoir à mes ministres, étant don­né qu’ils suivent l’exemple du Roi de France en retar­dant l’exé­cu­tion de ma demande, qu’ils le sui­vront dans le mal­heur. » (Lettre à Monseigneur da Silva du 29 août 1931) []
  3. La guerre sévis­sait depuis deux ans lorsque, en mars 1942, sœur Lucie eut l’ins­pi­ra­tion de faire une ten­ta­tive auprès du Saint-​Père pour deman­der la consé­cra­tion de la Russie au Cœur Immaculé de Marie. Elle en fit part à son direc­teur spi­ri­tuel, Monseigneur Ferreira : « Durant cette nuit du 5 mars 1942, Notre-​Seigneur a sem­blé me faire sen­tir plus vive­ment qu’Il refu­sait d’ac­cor­der la paix, à cause des crimes qui conti­nuent à pro­vo­quer sa jus­tice, et aus­si parce qu’Il n’est pas obéi dans ses demandes, spé­cia­le­ment pour la consé­cra­tion au Cœur Immaculé de Marie, bien qu’il ait mû le cœur de Sa Sainteté à l’ac­com­plir. » Le pape deman­da alors au car­di­nal Schuster, arche­vêque de Milan, de publier la demande de Notre-​Dame, ce qu’il fit dans une lettre pas­to­rale en date du 13 octobre 1942. Car le Saint-​Père vou­lait que cette demande soit connue avant de pro­non­cer la consé­cra­tion qu’il envi­sa­geait. Ensuite, le pape consul­ta le Saint-​Office sur l’op­por­tu­ni­té d’une telle consé­cra­tion, lequel répon­dit « qu’il n’exis­tait aucune objec­tion théo­lo­gique à ce sujet, mais que cette consé­cra­tion ne sem­blait pas oppor­tune ». Pie XII déci­da de pas­ser outre le conseil du Saint-​Office et, le 31 octobre 1942, dans une allo­cu­tion radio­dif­fu­sée, il consa­cra « l’Église et le monde au Cœur Immaculé de Marie », men­tion­nant la Russie de la façon sui­vante : Aux peuples sépa­rés par l’er­reur et par la dis­corde, et spé­cia­le­ment à ceux qui pro­fessent pour vous une sin­gu­lière dévo­tion et chez les­quels il n’y avait pas de mai­son qui n’ho­no­rât votre véné­rable icône, aujourd’­hui peut-​être cachée et réser­vée pour des jours meilleurs, don­nez la paix, et reconduisez-​les à l’u­nique ber­cail du Christ, sous l’u­nique et véri­table Pasteur. » Il renou­ve­la la consé­cra­tion de façon solen­nelle, le 8 décembre sui­vant. Ainsi, juste après la consé­cra­tion faite le 31 octobre, sur les trois prin­ci­paux fronts, l’Afrique du Nord, la Russie et l’Atlantique, les alle­mands essuyaient de sérieux revers. Et les trois mois qui sui­virent mar­quèrent le véri­table tour­nant de la guerre. Très vite, sœur Lucie fit savoir que ces vic­toires étaient le fruit de l’acte du Saint-​Père.[]