Pure technique ou pieuvre de l’âme ?

« Des moyens modernes à la puis­sance et à la tech­ni­ci­té de plus en plus pro­di­gieuses pla­cés à la dis­po­si­tion des hommes. »
« Faire le point avec luci­di­té sur l’ir­rup­tion d’Internet dans la vie de sa famille et dans la sienne propre. »

Chaque fois qu’ap­pa­raît un nou­veau moyen tech­nique, bon et utile en lui-​même, mais dont on sait qu’il sera inévi­ta­ble­ment exploi­té aus­si pour la dif­fu­sion du mal, il se pose la ques­tion de savoir si l’on doit en favo­ri­ser l’u­sage ou au contraire cher­cher à le res­treindre et, dans cer­tains cas, le décon­seiller voire l’interdire.

Que l’on pense par exemple à l’im­pri­me­rie et à la presse. L’imprimerie a per­mis la dif­fu­sion pro­di­gieuse de nom­breux livres excel­lents mais, dans le même temps, elle a éga­le­ment déver­sé dans le monde entier des livres impies et mal­fai­sants. Cependant, si l’Église avait bou­dé ce moyen de l’im­pri­me­rie, au motif de tous les mau­vais livres qui n’al­laient pas man­quer de se répandre, ces mau­vais livres se seraient tout de même répan­dus et les bons livres n’au­raient même pas été là pour en contrer la nocivité.

Il en a été de même pour la presse. Son essor a vu tant les fils de lumière que les arti­sans d’i­ni­qui­té déployer d’im­menses éner­gies pour créer et dif­fu­ser de nom­breux jour­naux. S’il faut bien recon­naître que les mau­vais jour­naux ont fini par l’emporter sur les bons, faut-​il pour autant consi­dé­rer que des père Vincent de Paul Bailly ou des saint Maximilien Kolbe ont per­du leur temps en entrant dans cette furieuse mêlée ? Personne ne pour­rait rai­son­na­ble­ment tenir cette opinion.

La réflexion si pro­fonde que le pape Pie XII a por­tée sur son époque a révé­lé ce pon­tife, à son tour, dési­reux et plein d’es­poir de voir mis au ser­vice de la reli­gion et de la foi d’autres moyens nou­veaux de son temps, tels que la télé­vi­sion. Il semble donc que, tou­jours, l’Église fait bon accueil à la décou­verte des nou­velles tech­niques et cherche à les tour­ner et à les faire tour­ner au ser­vice du bien.

Cependant, au fur et à mesure que ces moyens modernes à la puis­sance et à la tech­ni­ci­té de plus en plus pro­di­gieuses se trouvent pla­cés à la dis­po­si­tion des hommes, nous consta­tons qu’il fau­drait à ceux-​ci une sagesse et une ver­tu crois­sant en pro­por­tion pour leur évi­ter d’en deve­nir esclaves, les aider à en demeu­rer maîtres et faire réel­le­ment concou­rir ces moyens à l’ob­ten­tion de leur fin.

Bien mal­heu­reu­se­ment, c’est tout le contraire qui se pro­duit : le for­mi­dable déve­lop­pe­ment de la machi­ne­rie coïn­cide avec une ter­rible régres­sion spi­ri­tuelle, qui laisse les hommes de moins en moins capables de domi­ner leurs machines. Le rêve de Pie XII de faire de la télé­vi­sion un nou­veau véhi­cule de civi­li­sa­tion et de foi, loin de se réa­li­ser, a été sui­vi d’une réa­li­té sor­dide : la télé­vi­sion, véri­table taber­nacle du démon et du monde, est deve­nue le nou­vel âtre des foyers pour la cor­rup­tion des âmes et l’hé­bé­tude des esprits.

Qu’en est-​il d’Internet ? Notre dos­sier vient pas­ser au crible cette nou­velle avan­cée de la tech­no­lo­gie, qui nous laisse inter­dits par la place qu’elle a conquise en quelques années dans toute la socié­té, jus­qu’à se rendre bien­tôt indis­pen­sable, à la dif­fé­rence de la télé­vi­sion, et qui par ailleurs a déjà été pour plu­sieurs le che­min de la conver­sion ! Mais, dans le même temps, com­ment ne pas conve­nir que jamais sans doute n’a encore exis­té un tel moyen de rava­ger et détruire en pro­fon­deur la nature humaine ?

Il est urgent de lan­cer un grand cri d’a­larme ! Les arti­fi­ciers savent qu’il leur faut prendre de très grandes pré­cau­tions pour manier leurs ter­ribles explo­sifs. Internet en est un pour les âmes, pro­ba­ble­ment le plus dan­ge­reux et le plus meur­trier qui soit. Tout adulte res­pon­sable, et a for­tio­ri tout édu­ca­teur conscient des comptes qu’il aura à rendre devant Dieu au sujet de ceux qui lui ont été confiés, se doit d’ac­cep­ter de faire le point avec luci­di­té sur l’ir­rup­tion d’Internet dans la vie de sa famille et dans la sienne propre.

Abbé Régis de Cacqueray †, Supérieur du District de France

Source : Fideliter n° 190

Capucin de Morgon

Le Père Joseph fut ancien­ne­ment l’ab­bé Régis de Cacqueray-​Valménier, FSSPX. Il a été ordon­né dans la FSSPX en 1992 et a exer­cé la charge de Supérieur du District de France durant deux fois six années de 2002 à 2014. Il quitte son poste avec l’ac­cord de ses supé­rieurs le 15 août 2014 pour prendre le che­min du cloître au Couvent Saint François de Morgon.

Fideliter

Revue bimestrielle du District de France de la Fraternité Saint-Pie X.