Le pape François François nomme une commission d’étude sur les femmes diacres

Le pape en avait par­lé en mai der­nier1 et a tenu parole : il vient d’ins­ti­tuer, après « une prière intense » et une « mûre réflexion » « une com­mis­sion offi­cielle d’é­tude sur le dia­co­nat fémi­nin ». Le pape François a nom­mé aujourd’­hui une com­mis­sion d’é­tude très atten­due sur les femmes diacres dans l’Eglise catho­lique, a annon­cé le Vatican. Elle sera pré­si­dée par Mgr Luis Francisco Ladaria Ferrer, arche­vêque de Tibica, secré­taire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Composée de 13 membres ((Composition de la Commission. President : Ecc​.mo Mons. Luis Francisco Ladaria Ferrer, S.I., Arcivescovo tit. di Tibica, Segretario del­la Congregazione per la Dottrina del­la Fede. Membres : Rev.da Suor Nuria Calduch-​Benages, M.H.S.F.N., Membro del­la Pontificia Commissione Biblica ; Prof.ssa Francesca Cocchini, Docente pres­so l’Università « La Sapienza » e pres­so l’Istituto Patristico « Augustinianum », Roma ; Rev​.do Mons. Piero Coda, Preside dell’Istituto Universitario « Sophia », Loppiano, e Membro del­la Commissione Teologica Internazionale ; Rev​.do P. Robert Dodaro, O.S.A., Preside dell’Istituto Patristico « Augustinianum », Roma, e Docente di patro­lo­gia ; Rev​.do P. Santiago Madrigal Terrazas, S.I., Docente di Ecclesiologia pres­so l’Università Pontificia « Comillas », Madrid ; Rev.da Suor Mary Melone, S.F.A., Rettore Magnifico del­la Pontificia Università « Antonianum », Roma ; Rev​.do Karl-​Heinz Menke, Docente eme­ri­to di Teologia dog­ma­ti­ca pres­so l’Università di Bonn e Membro del­la Commissione Teologica Internazionale ; Rev​.do Aimable Musoni, S.D.B., Docente di Ecclesiologia pres­so la Pontificia Università Salesiana, Roma ; Rev​.do P. Bernard Pottier, S.I., Docente pres­so l”«Institut d’Etudes Théologiques », Bruxelles, e Membro del­la Commissione Teologica Internazionale ; Prof.ssa Marianne Schlosser, Docente di Teologia spi­ri­tuale pres­so l’Università di Vienna e Membro del­la Commissione Teologica Internazionale ; Prof.ssa Michelina Tenace, Docente di Teologia fon­da­men­tale pres­so la Pontificia Università Gregoriana, Roma ; Prof.ssa Phyllis Zagano, Docente pres­so la « Hofstra University », Hempstead, New York. (press​.vati​can​.va) )) – pour la plu­part euro­péens ou amé­ri­cains - dont six femmes, elle sera sera char­gée d’exa­mi­ner le rôle des femmes diacres aux « pre­miers temps de l’Eglise« 2, même si cer­tains en attendent aus­si des recom­man­da­tions sur la manière de don­ner plus de res­pon­sa­bi­li­tés aux femmes aujourd’hui.

Ces membres sont spé­cia­listes en patris­tique, ecclé­sio­lo­gie, théo­lo­gie dog­ma­tique ou spi­ri­tuelle. Plusieurs par­mi eux font éga­le­ment par­tie de la Commission théo­lo­gique inter­na­tio­nale, à l’ins­tar du père Bernard Pottier, ensei­gnant à l’Institut d’Etudes théo­lo­giques de Bruxelles. Parité oblige, la com­mis­sion est com­po­sée de 6 femmes et de 6 hommes. Si ces der­niers sont tous des ecclé­sias­tiques, deux reli­gieuses diplô­mées et quatre pro­fes­seurs laïcs com­posent l’équipe féminine.

Outre leur C.V. réel­le­ment impres­sion­nant, elles ont un point com­mun impor­tant : elles sont toutes, plus ou moins, pré­oc­cu­pées ou acteurs de la fémi­ni­sa­tion de l’institution ecclé­siale et de la socié­té : par leur situa­tion pro­fes­sion­nelle au sein des grandes uni­ver­si­tés euro­péennes ou romaines, et leurs hauts postes dans les Commissions vati­canes, et par leurs décla­ra­tions per­son­nelles et publiques.

Ainsi, par exemple, Sœur Nuria Calduch-​Benages, membre de la com­mis­sion pon­ti­fi­cale biblique, évoque la dis­cri­mi­na­tion dont elle a pu être vic­time par « des per­sonnes à la men­ta­li­té fer­mée ou vic­times des pré­ju­gés » au sein de l’Université Grégorienne où elle est pro­fes­seur. Quant à Sœur Mary Melone, l’autre reli­gieuse de la Commission, elle est la pre­mière femme Recteur de l’Université pon­ti­fi­cale anto­nienne de Rome. Elle est aus­si le sym­bole de « la révo­lu­tion rose » du pape François. En mai der­nier, elle avait applau­di à l’idée d’une étude sur le dia­co­nat fémi­nin lan­cée par Jorge Bergoglio :

« L’affirmation de François exprime encore une fois sa volon­té sérieuse d’assurer aux femmes un rôle effec­tif, déci­sion­nel, dans l’Église (…) Je res­pecte beau­coup tant de femmes culti­vées et amou­reuses de l’Église qui reven­diquent le sacer­doce et sou­vent pour cela ont payé de leur per­sonne. Par ma for­ma­tion, tou­te­fois, je ne par­tage pas cette aspi­ra­tion. Je ne pense pas que l’ordination sacer­do­tale soit la seule condi­tion pour garan­tir un rôle signi­fi­ca­tif aux femmes. »

Radio Vatican insiste sur le fait qu’il s’a­git bien d’une com­mis­sion d’é­tudes, qui se pen­che­ra sur le rôle des femmes-​diacres, aux pre­miers temps de l’Église. Le « dia­co­nat » fémi­nin pri­mi­tif, tel qu’il a pu exis­ter, n’é­tait pas un minis­tère en vue du sacer­doce, mais un ser­vice ins­ti­tué, notam­ment, pour assis­ter les femmes caté­chu­mènes lors du bap­tême. Le sujet n’est donc pas nou­veau et a déjà fait l’ob­jet de réflexion.

En 2003 déjà, la com­mis­sion théo­lo­gique inter­na­tio­nale mena une enquête his­to­rique sur la ques­tion, à la demande du pape Jean-​Paul II. Un docu­ment impor­tant, inti­tu­lé « Le Diaconat. Évolution et pers­pec­tives », avait été publié dans la foulée.

En 2006, Benoît XVI avait pour sa part affir­mé que « plus d’es­pace et plus de res­pon­sa­bi­li­té peuvent être confiés aux femmes dans le ser­vice minis­té­riel ».

Les pro­pos du Pape François sur le dia­co­nat fémi­nin avaient eu un écho reten­tis­sant, cer­tains médias en avaient même tiré des conclu­sions hâtives, affir­mant que François s’é­tait pro­non­cé en faveur de l’or­di­na­tion de femmes diacres. Ce mal­en­ten­du avait néces­si­té une mise au point du Saint-​Siège : « l’or­di­na­tion de femmes diacres ((Avec une cen­taine d’or­di­na­tions par an, la France comp­tait 2 681 diacres per­ma­nents en 2014 ; ce sont, depuis le Concile Vatican II, soit des hommes qui choi­sissent le céli­bat, soit des hommes mariés.)) n’est abso­lu­ment pas à l’ordre du jour, encore moins celle de femmes prêtres », avait pré­ci­sé à l’é­poque le père Federico Lombardi, rap­pe­lant que les pré­dé­ces­seurs de François avaient lon­gue­ment exa­mi­né cette pro­po­si­tion avant d’y répondre par la néga­tive3.

Sources : Medias​-presse​.info/​R​a​dio Vatican/​Le Monde/​Le Figaro/press.vatican.va

  1. Lire : Le car­di­nal Kasper estime que la ques­tion des « dia­co­nesses » divise l’Eglise en deux. - 14 mai 2016 []
  2. Lire : Vous avez dit dia­co­nesses ?, abbé Patrick de La Rocque – 09 juin 2016 []
  3. Interrogé le 12 mai der­nier sur le dia­co­nat des femmes lors d’une ren­contre avec des supé­rieures géné­rales de congré­ga­tions de reli­gieuses, le pape François s’é­tait décla­ré favo­rable à l’ins­ti­tu­tion d’une com­mis­sion d’é­tude. La petite phrase avait fait vive­ment réagir dans l’Eglise, où l’ac­cès des femmes aux res­pon­sa­bi­li­tés reste un sujet explo­sif. Il a tou­jours cher­ché à encou­ra­ger l’in­fluence théo­lo­gique des femmes et a répé­té qu’une femme pour­rait un jour pro­chain diri­ger un dicas­tère de la Curie. « Les femmes sont comme les fraises dans un gâteau, il en faut tou­jours plus », plaisantait-​il ain­si devant des théo­lo­giens en décembre 2014. []