Canada : Polémique autour d’une conférence de Mgr Fellay du 28 décembre 2012

Le Supérieur géné­ral de la Fraternité Saint-​Pie X, Mgr Bernard Fellay, a don­né une confé­rence en Ontario, au Canada, le 28 décembre 2012, au cours de laquelle il a décla­ré que par­mi les oppo­sants à une régu­la­ri­sa­tion cano­nique de la Fraternité se trou­vaient des per­son­na­li­tés étran­gères à l’Eglise, connues pour leur oppo­si­tion à la doc­trine catho­lique, dési­gnant les « juifs, les maçons et les moder­nistes ». L’expression ‘enne­mis de l’Eglise’ employée par le pré­lat a été dénon­cée par la presse et le Centre Simon Wiesenthal. Le 5 jan­vier 2013, le dis­trict des Etats-​Unis de la Fraternité Saint-​Pie X a fait paraître un com­mu­ni­qué où l’on pou­vait lire :

« Le mot ‘enne­mis’ uti­li­sé ici par Mgr Fellay est évi­dem­ment un terme reli­gieux qui ren­voie à toute asso­cia­tion ou mou­ve­ment reli­gieux qui s’oppose à la mis­sion de l’Eglise catho­lique et à ses efforts pour l’accomplir : le salut des âmes. Ce contexte reli­gieux s’appuie sur les paroles de N.S. Jésus-​Christ, telles qu’elles sont rap­por­tées dans les saints Evangiles : ‘Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui n’amasse pas avec moi dis­perse.’ (Mt. 12,30). En fai­sant réfé­rence aux juifs, le com­men­taire de Mgr Fellay visait les res­pon­sables d’organisations juives, et non le peuple juif, comme l’ont lais­sé entendre les journalistes ».

A ce pro­pos, il n’est pas inutile de rap­pe­ler que deux res­pon­sables juifs sont publi­que­ment inter­ve­nus pour faire savoir ce qu’ils pen­saient des rela­tions entre Rome et la Fraternité Saint-​Pie X.

Le 26 jan­vier 2010, le grand rab­bin de Rome Riccardo Di Segni avait lan­cé cet ulti­ma­tum : « Si la paix avec les Lefebvristes signi­fie renon­cer aux ouver­tures du Concile (Vatican II, ndlr), l’Eglise devra déci­der : eux ou nous ! ». C’était quelques jours après la visite de Benoît XVI à la syna­gogue de Rome (17 jan­vier 2010, sur la pho­to), et à la veille de la Journée de la Mémoire consa­crée aux vic­times de la shoah.

Le 10 novembre 2011, le rab­bin David Rosen, res­pon­sable du dia­logue inter­re­li­gieux pour l´American jewish com­mit­tee, avait affir­mé que l’éventualité d’un retour de la Fraternité Saint-​Pie X dans l’Eglise catho­lique ne devait pas com­pro­mettre la décla­ra­tion conci­liaire Nostra Aetate (28 octobre 1965) qui sert de base au dia­logue inter­re­li­gieux. « Nous avons déjà expri­mé nos pré­oc­cu­pa­tions », avait-​il révé­lé à l´issue de l´audience accor­dée par le pape au Conseil des chefs reli­gieux d´Israël. A cette occa­sion David Rosen a tenu à faire connaître qu´il avait obte­nu de la part du car­di­nal Kurt Koch, pré­sident de la Commission pour les rela­tions avec le judaïsme, des garan­ties sur le fait que le texte de Vatican II concer­nant les rela­tions de l´Eglise avec les reli­gions non-​chrétiennes n´était pas en dis­cus­sion. « Cela ne signi­fie pas qu´une recon­nais­sance expli­cite de Nostra Aetate fasse par­tie du Préambule doc­tri­nal sou­mis par le Saint-​Siège à la Fraternité sacer­do­tale Saint-​Pie X », avait expli­qué le rab­bin, même si cette accep­ta­tion devra avoir lieu dans la pra­tique car, selon lui, « cette accep­ta­tion est requise pour toute réconciliation ».

Ignorant ces faits La Vie ex-​catholique, relayée par l’Apic du 7 jan­vier 2013, ne voit dans la confé­rence de Mgr Fellay que l’illustration d’une « théo­rie du com­plot » plus ou moins fantasmagorique.

A pro­pos des moder­nistes éga­le­ment cités par le Supérieur géné­ral de la Fraternité Saint-​Pie X, il est ins­truc­tif – en pas­sant – de se remé­mo­rer la pré­sen­ta­tion des Nouveaux sol­dats du pape, paru en 2008, sous la plume de Caroline Fourest et de Fiametta Venner. Ces deux mili­tantes gau­chistes de la cause homo­sexuelle n’hésitaient pas à se faire, aux côtés des ultra-​progressistes, les avo­cates du concile Vatican II mena­cé par ceux qu’elles qua­li­fiaient d’« intransigeants » :

Le catho­li­cisme donne par­fois le sen­ti­ment d’avoir réus­si son aggior­na­men­to. Pourtant l’élection de Benoît XVI signe le triomphe des intran­si­geants au détri­ment des catho­liques moder­nistes. Jusqu’où ce virage réac­tion­naire de l’Eglise (sic) catho­lique ira-​t-​il ? Jusqu’à faire du concile de Vatican une paren­thèse bien vite refer­mée ? Jusqu’à Vatican moins II ? »

– On peut noter que l’expression « Vatican – 2 » était éga­le­ment employée par Christian Terras de Golias : « 50 ans après le concile – 22 jan­vier 2009. De Vatican II à Vatican moins II ». Golias que Fiametta Venner défen­dait dans le quo­ti­dien com­mu­niste L’Humanité du 11 sep­tembre 2008 : « Dès que Témoignage chré­tien ou Golias font un dos­sier trop mili­tant, il y a une reprise en main de l’évêché (elle veut dire ‘de l’épiscopat’, ndlr), avec des pra­tiques de mises à l’écart, de dif­fa­ma­tions envers des catholiques

Sources : FSSPX-​USA/​DICI/​Apic/​La Vie – DICI n°268 du 18/​01/​13