Une vue d“ensemble du
La Porte latine : Cher monsieur l’abbé le Roux, votre nom « sonne » français, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de La Porte Latine ?
Abbé Yves Le Roux : Très volontiers mais si vous le voulez bien, ce sera sous forme de CV simplifié ! Car, reprenant les termes du comte de Chambord, si le principe du prêtre est tout, ma personne n’est rien. Ainsi :
Né le 22 août 1964 à Paris.
Habité 20 ans en région parisienne.
Après ma scolarité, un an en philosophie à l’Institut Saint-Pie X.
Rentré à Écône en octobre 1983, merveilleuses années qui ont complété ma première formation familiale.
Ordonné le 29 juin 1990 à Écône, nommé à Genève et resté 5 ans.
Un an directeur de l’école de Salvan en Valais, Suisse. ( 1995 – 1996 )
Sept ans directeur de l’école Sainte-Famille à Lauzon en face de Québec. ( 1996 – 2003 )
Depuis le 15 août 2003, recteur du séminaire Saint Thomas d’Aquin à Winona.
La Porte latine : Vous avez donc pris, il y a un peu plus d’un an, la succession de Monseigneur Williamson au séminaire de Winona aux États-Unis. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste exactement votre tâche ?
Abbé Yves Le Roux : Avant de répondre à votre question, il me paraît important de situer notre séminaire tant dans son contexte géographique qu’historique. Notre maison est sise dans le Minnesota près de la source du Mississipi, dans cette partie des États-Unis que l’on nomme communément le Mid-West qui se situe au centre du pays. Cette région se trouve exposée aux vents glacials du pôle nord l’hiver et à la chaleur moite du golfe du Mexique l’été !
Notre maison a été bâtie par les Dominicains dans les années cinquante en vue d’en faire le noviciat de la Province dominicaine pour le centre des États-Unis. Mais quelques années après, les vocations se raréfiant, les dominicains furent obligés de mettre en vente leur maison qui représentait une lourde charge.
En 1988, la Fraternité Saint-Pie X recherchant une maison plus vaste que la maison de Ridgefield près de New York – qui servait alors de séminaire – pour recevoir les demandes d’entrée au séminaire décida d’acheter cette maison religieuse à Winona. Désormais cette maison s’avère elle-même un peu petite. Nous allons devoir l’agrandir ( en veillant à ne pas altérer son cachet particulier ) ou devoir émigrer ailleurs aux États-Unis pour accueillir les vocations toujours plus nombreuses. Il serait regrettable de ne pouvoir recevoir toutes ces bonnes volontés. Nous allons devoir prendre une décision dans un avenir prochain, certainement le nerf de la guerre sera-t-il un élément déterminant lors de notre choix !
En attendant, nous continuons de veiller à l’administration du domaine qui fait un peu plus que 123 hectares. Nous avons une petite ferme que nous louons à un fermier des environs et un petit bois que nous tentons d’entretenir et qui nous fournit le bois pour notre chauffage.
Outre l’aspect administratif lié à cette tâche de recteur du séminaire, je donne quelques cours de philosophie et de doctrine et j’assure la plus grande part des conférences spirituelles du séminaire.
Nous avons l’honneur et la joie de pouvoir au séminaire refaire avec la grâce de Dieu, ce que le Christ a fait Lui-même le premier en formant le collège des apôtres !
Perpétuer, au delà de nos misères, l’apostolat du Christ ne peut que réjouir nos cœurs de prêtres et nous maintenir dans une grande humilité. Aussi espérons-nous que vos lecteurs sauront nous prendre dans leurs prières afin que nous puissions, comme de simples instrument de Notre Seigneur, travailler à sa vigne en préparant pour demain les prêtres dont le monde a un si grand besoin.
La Porte latine : Alors justement, et spécialement aux Etats-Unis, comment analysez-vous le nombre des vocations, sachant que vous gérez 60 séminaristes dont 22 entrées pour cette année, 10 pré-séminaristes et 12 séminaristes de 1ère année ?
Abbé Yves Le Roux : La phrase de Notre Seigneur est toujours d’actualité :
« La moisson est grande, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson . »
Nous n’aurons jamais assez de vocations ! Cependant, depuis quelques années, le nombre des vocations est en augmentation ainsi que nous l’avons brièvement noté. Cette augmentation est certainement liée au travail que nos confrères du District des Etats-Unis effectuent, particulièrement dans le cadre des écoles.
Nous trouvons aussi aux États-Unis de belles familles qui n’hésitent pas à se regrouper autour de ces écoles. Cette tendance est remarquable et encourageante car les familles et les écoles sont appelées à travailler de concert afin de former des chrétiens solides.
La Porte latine : En d’autres termes, vos principaux fournisseurs de vocation se trouvent être ?
Abbé Yves Le Roux : Certainement. Mais il ne faudrait pas croire que la recette soit automatique ! Les familles doivent donner une véritable éducation catholique à leurs enfants à base d’esprit de sacrifice et de joie chrétienne. Il serait insuffisant de mettre son enfant à l’école et de penser que la charge de parents est ainsi remplie. Elle ne fait, en réalité, que commencer.
Cependant, nous recevons aussi un certain nombre de vocations de convertis. Ainsi, parmi les vingt deux nouveaux rentrés cette année, trois garçons viennent du protestantisme.
La Porte latine : En terme de communication, outre votre nouveau site du séminaire dont nous rappelons l’adresse « www.stas.org », éditez-vous des lettres ou des revues que les lecteurs anglophones de La Porte Latine pourraient se procurer ?
Abbé Yves Le Roux : Nous publions une lettre mensuelle à l’intention de nos Amis et Bienfaiteurs ( elle se trouve être disponible en sa version française sur notre site Internet ). Nos séminaristes éditent quant à eux quatre fois par an, une revue rendant compte des divers évènements qui émaillent la vie du séminaire. Elle s’intitule Verbum.
Vos lecteurs trouveront tous les renseignements pratiques à ce sujet sur notre site Internet.
La Porte latine : Une dernière question avant de vous laisser retourner à votre séminaire : la Tradition est une grande famille universelle, avez-vous un message à lui faire passer ?
Abbé Yves Le Roux : Permettez-moi de rectifier quelque peu votre expression de « grande famille universelle ». Je dirais plus simplement que les catholiques romains que nous sommes, fidèles à sa tradition, doivent, par leurs exemples, se révéler comme les témoins de la Charité divine. Dieu n’a pas craint de livrer Son Fils unique pour sauver les âmes. Que faisons-nous aujourd’hui de cet héritage ?
Ne sommes-nous pas trop happés par l’esprit matérialiste du monde ? Oublieux trop souvent de notre héritage, nous nous épuisons dans des démarches stériles qui caressent notre propension à l’activisme mais nous éloignent de l’essentiel qui est de nous unir à Dieu par Notre Seigneur dans et par la prière et le sacrifice.
Nous devons, en effet, être les témoins de la Charité du Christ par notre vie de prières et de sacrifices. Le chrétien est un consacré dont le premier et plus important devoir est d’adorer. Notre vie doit être un témoignage de la souveraineté de Dieu et sa louange doit être notre occupation constante.
« Outre les 60 séminaristes, le séminaire de Winona compte 7 prêtres, 4 Frères et plusieurs fidèles qui aident au fonctionnement. »
La chrétienté a été le fruit de la prière des bénédictins. La liturgie des monastères a été l’instrument de la civilisation chrétienne parce que la vie des moines a été le rayonnement de la vie liturgique. Les barbares sont devenus chrétiens par la force et le rayonnement du Christ à travers la vie liturgique des moines bénédictins. Pourquoi n’en serait-il pas de même aujourd’hui où nous sommes confrontés à une nouvelle forme de barbarie ? Nous sommes impuissants à enrayer la décadence présente car nous nous épuisons en de vaines querelles qui manifestent, hélas, que notre âme est un forum où seul celui qui crie plus fort que les autres est apte à vendre sa marchandise. Notre âme n’est point une place de marché et notre apostolat la criée, notre âme est un sanctuaire et notre apostolat son rayonnement normal.
Voilà ce que nous essayons d’apprendre à nos séminaristes afin qu’ils sachent, plus tard, éviter de se laisser engloutir par tous ce fatras de vains propos et qu’ils sachent défendre intégralement le dépôt de la foi par leur célébration de la messe et leur fidélité à la vivre chaque jour. Dieu fasse que leur vie ne soit pas celle d’un fonctionnaire récitant des patenôtres, mais celle d’une âme consacrée qui se laisse saisir par l’immensité de l’amour divin afin que Notre Seigneur puisse continuer dans leur vie Sa divine agonie rédemptrice.
Le prêtre est l’officier du Christ, sa vie doit se consumer dans le seul combat digne de sa vocation : faire régner le Christ dans les sociétés, les familles et les individus.
Yves Le Roux †
Localisation du séminaire de Winona
U.S.A (Etats-Unis) |
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St. Thomas Aquinas Seminary 21077 Quarry Hill Rd. Winona. Minnesota 55987 USA |
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