Simple lecture de la chronique du monastère Sainte-Madeleine.
En août 1988, Dom Gérard indiquait dans le journal Présent qu’il avait mis deux conditions à la signature d’un accord avec le Saint-Siège : il demandait dans la première que « cet événement ne soit pas un discrédit porté sur la personne de Mgr Lefebvre », dans la seconde « que nulle contrepartie doctrinale ou liturgique ne soit exigée de nous et que nul silence ne soit imposé à notre prédication antimoderniste ». Le journal de Jean Madiran publiait le même jour la notification officielle de la réintégration de l’abbaye du Barroux dans l’Église conciliaire, dans laquelle il était stipulé qu’il était accordé à la communauté de l’abbaye « le droit pour les fidèles de recevoir les sacrements selon les livres octroyés dans les maisons des communautés, compte-tenu des canons 878, 896 et 1122 du droit canonique »[1].
Que reste-t-il 35 ans après de ce refus de toute contrepartie doctrinale ou liturgique ? La lecture des deux derniers numéros du bulletin Les Amis du monastère nous en donnera un aperçu.
Samedi 6 mai : Père Matthieu et Père Irénée accompagnent « nos » 24 confirmands à la cathédrale Notre-Dame des Doms, où Mgr Fonlupt a décidé de donner le sacrement en latin selon la forme ordinaire, au cours d’une messe dans le vetus ordo, célébrée par l’abbé Denis Le Pivain. Note de LPL : L’abbaye envoie sans sourciller ses fidèles recevoir le sacrement de confirmation dans le nouveau rite.
Lundi 26 juin : Père Abbé et Père Luc passent à Chémeré-le-Roi et chez l’abbé Lucien, avant d’assister à l’ordination sacerdotale conférée par Mgr Batut à Jean-Baptiste Ermeneux, neveu de Père Luc, et à six autres des 100 séminaristes d’Évron, maison de formation de la Communauté Saint-Martin. Note de LPL : Messe et sacrement de l’ordre célébrés pour la communauté Saint Martin, dans le nouveau rite.
Le Mont Athos. Voilà le titre du dernier éditorial du Père Abbé du Barroux qui y raconte ce qu’il appelle son « pèlerinage ». Il y a été émerveillé par la fidélité aux traditions monastiques et le respect de la discipline du silence. Et de conclure : « À juste titre, la spiritualité orientale insiste sur la grâce de la divinisation par laquelle une âme reflète l’image de son Dieu. Je l’avais lu dans des livres, mais au mont Athos j’en ai été le témoin ». Note de LPL : attachés indéfectiblement à certaines traditions, les monastères du Mont Athos sont aussi très détachés de la Tradition catholique puisqu’ils sont séparés de Rome par le schisme depuis des siècles – ce qui n’apparaît jamais dans ces lignes. Un œcuménisme monastique par-delà le dogme ?
Image : CC BY-SA 2.5 Deed
- Yves Chiron, Dom Gérard, Editions Sainte Madeleine, p. 498 et 496.[↩]